LE MARIAGE

C’est l’âge de se marier… Le temps venu de témoigner dans sa relation à l’autre d’une croissance (un ordre de grandeur et non une grandeur) suffisante pour faire naître la vie dans sa relation à soi comme à l’autre ; « il faut se laisser pénétrer du Yod de la Semence divine et la laisser croître en nous » dit Annick de Souzenelle. Dieu se fait tout petit en l’homme pour que l’homme devienne grand. Tel est le mystère de l’Incarnation qui renferme le mystère de la vie, de l’évolution de la nature humaine…

L’enfant est le symbole de «  l’humain » : il renferme en lui la potentialité des valeurs morales de justice, de tempérance, de prudence et de force, rappelées et données par l’éducation parentale, par les parents, ceux qui se sont rendus ensemble au Père, ceux qui se sont rendus à la Justice pour devenir bons. Les valeurs morales sous tendent les vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité. L’enfant naît pur et ne devient impur que sous l’influence de la matérialité de son existence si ses parents ne veillent pas à ce qu’il demeure dans l’esprit en suivant la Loi de l’Esprit qui le met sans cesse dans l’écoute et la vision  de l’amour.

Il est donc nécessaire à l’humain qui est dans la chute, dans le conditionnement de sa vie à la matière, de retourner au divin qui est en lui ; il redevient Homme, créé à l’Image de Dieu, pour marcher vers Sa Ressemblance sur le Chemin de l’Amour, de l’acte créateur constant et permanent et pas que procréateur. « L’éros sexuel (l’étreinte entre deux créatures) sans l’amour (l’Eros) n’est qu’animal ; et, avec lui, sacré. », dit Annick de Souzenelle. Le faire divin est ce qui crée (le sacré) la vie dans la création. C’est consacrer sa vie (par la Grace de l’Esprit) à la création.

Plus que jamais aujourd’hui, l’avoir l’emporte sur l’être par une quête effrénée du besoin de posséder pour tenter de combler les vides croissants de soi, en soi, pour soi comme pour l’autre. La fuite perpétuelle dans la matérialité a pour but de mettre l’homme en exil de son intériorité, de sa capacité à se vivre pour pouvoir vivre l’autre. Aujourd’hui,  les enfants naissent toujours plus « en exil », c’est-à-dire en dehors de toute écoute, vision, compréhension de ce qu’il est juste et bon pour l’homme d’être, de dire, de faire…

Faire naître des enfants à la vie ne signifie pas, malheureusement pour eux, être capable de faire naître de la vie en eux, pour eux. Une naissance limitée à l’acte procréateur d’une progéniture  fait  de cette nouvelle créature un enfant de l’homme et non un Fils de l’Homme! Ces troubles mentaux, comportementaux, psycho- affectifs ne sont que le reflet du vide, du manque d’amour de ses parents et bien avant eux de leurs arrières- arrières grands-parents…La chute de l’homme continue !

Sans le retour à la Terre sainte de son intériorité, l’homme perd son âme et son esprit dans les goûts, les envies, les besoins d’une psyché de plus en plus infantile. L’éducation se voulant la meilleure possible ne peut remplacer l’élévation. Sans la croissance, la verticalité de l’homme, son élévation, son évolution, cet enfant ne peut progresser et comme le dit Confucius : « Qui ne progresse pas chaque jour, régresse chaque jour. » Le progressisme promis par les gens de la « res publica » n’est que le progrès du cynisme, du détournement des lois originelles nécessaires à la vie de l’homme, voire de leur renoncement catégorique par le reniement des lois de la vie et de la nature, pour faire des lois à des fins strictement politiciennes et/ou mercantiles . L’homme n’a toujours pas fait son écologie : le travail de purification de son âme, de son esprit, de sa vie. Il ne cesse de créer des pollutions qui sont d’abord mentales, comportementales, conjugales, familiales, physiques à travers tout un tas de sorte d’abus, dont il ferait bien de s’occuper tout en s’occupant, bien sûr mais pas seulement, de celles de la planète. La preuve de l’amour c’est le témoignage et « charité bien ordonnée commence par soi-même » !

Le formatage collectif aux goûts et aux envies de quelques uns, aux besoins de reconnaissance de ceux qui ne sont pas dans la Connaissance (dans la capacité à faire naître en eux comme autour d’eux de la vie) génère un obscurantisme personnel, une occultation des capacités intrinsèque de chacun, pour valoriser toujours l’apparition d’un être qui présiderait aux destinées de tous ou d’un état carrément providentiel. Or toutes les « grandes civilisations », grecque, romaine, inca…etc , toute ces « démocraties », ces « républiques » ont disparues du fait de leur manque de Sagesse, qui n’est pas la rationalité, et d’Amour. Le normatif n’est qu’une acceptation de ce qui apparaît comme normal ; en aucun cas le témoignage du recours aux normes ontologiques (aux lois créatrices de vie) que l’homme reçoit au cœur de lui-même de l’Esprit universel des Sages, des Maîtres, des Prophètes, des Saints, de toutes les cultures et les traditions. L’Ego, l’orgueil de l’homme l’amène à renier Dieu pour pouvoir se croire dieu. Il veut profiter de la satanée triade (du satan diabolique : principe diviseur, séparateur) : jouissance,  possession, pouvoir. Le sentiment est humain ; l’Amour est divin. Le sentiment c’est ce qui ment. L’Amour est Vérité car il est seul créateur de vie. Il est source de vie constante, éternelle car il est le seul sens de l’Au-delà. Confucius rappelle que « celui dont la clairvoyance ne s’étend pas loin sera bientôt dans l’embarras ». « L’être ordinaire se mortifie à l’ombre du fait, l’être éclairé ressuscite à la lumière de l’esprit » dit Sénèque.  L’homme dans le fait raisonne à partir du fait ; l’homme dans l’esprit cherche à la lumière de son cœur ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire pour créer de la vie.

Le désir d’un enfant le fait naître « en exil » si aucun désir de vie pour cet enfant ne l’entoure. C’est la présence de ses parents unis dans leur principe masculin et féminin, homme comme femme, dans cette union retrouvée entre leur être extérieur et intérieur, dans ces épousailles de la vie retrouvée, sauvée de la séparation de ces deux entités énergétiques, de cet Adam retrouvant son Ève pour ne faire plus qu’un, que l’enfant divin (le Fils de l’Homme) peut naître pour que vive l’enfant extérieur (l’enfant de l’homme), fruit de cette union dans l’esprit comme dans le fait. La mort de cet enfant divin a pour conséquence la mort de la vie de cet enfant extérieur ; vie qui n’est pas limitée à son fait. La présence de ses parents, de ses parents en esprit, le font naître en devenir. Sa vie devient dès lors perfection dans sa relation à lui comme à l’autre, selon la Loi : « Aime ton prochain comme toi-même ». Sans l’accession à la Lumière de son cœur, à cette Lumière divine, de création, l’enfant n’accèdera pas au 7e jour de sa création (le 7, le chiffre de la perfection). Occultant sa nature divine originelle d’être créateur dans la création, il retournera au 6e jour de sa créature dont la potentialité inaccomplie le range au rang des animaux. Le détournement par l’homme de ces lois ontologiques l’amène à opter pour des lois à la source d’une véritable jungle, avec la bonne conscience d’en mettre quelques uns en cage. L’humanité devient de plus en plus un cirque, mais sans « la piste aux étoiles » ! Le culte retrouvé de divinités, à travers l’affairisme désinformateur, coupant l’être de l’information de son cœur, permet le plus grand reniement de Dieu, du Principe unificateur des êtres de Sa Création. L’humain, demeurant extérieur à lui fait le choix délibéré du « diabolos » des grecs, de la division, de la séparation, dans une soif de plus en plus inassouvie du « par rapport », au détriment « du pour », signifié par les oppositions, les réactions.

Pour faire naître des enfants à la vie nous avons maintenant recours pour ceux qui ne sont pas capables, ou pire qui ne s’en croient pas,  à un assistanat politique et médical. L’homme n’œuvrant plus dans l’amour, sa vie vide d’un esprit qui lui est propre, perd sa raison d’être à la recherche de systèmes compensatoires qui l’avilissent en le rendant de plus en plus indigne. Esclave de ses goûts, de ses envies, de ses besoins, dont il ne maîtrise ni le sens, ni la portée, il vit le « après moi, le déluge ! » malgré Noë et le premier Arche d’Alliance depuis la chute. Malheureusement la chute continue et le déluge aussi.

 L’un des textes fondateurs de toute civilisation, diront certains, est le récit biblique d’Adam et Ève. C’est le récit de l’Androgynie originelle, qui n’est pas que physique, comme aujourd’hui, mais essentiellement spirituelle c’est-à-dire génératrice et créatrice de vie. Le sens de « la côte d’Adam à partir de laquelle Ève aurait été créée » n’a de sens que de séparer le côté masculin du côté féminin de chaque être en vue de la reconnaissance de ces deux principes dans le face à face à l’autre pour ne faire qu’une seule chair (ce qui est cher au regard de Dieu) et laisser s’établir l’Unique dans la grâce de l’unité. L’Homme et la femme côte à côte, ne faisant qu’une seule chair, sont seuls à pouvoir enfanter, à leur tour, l’Image, et pouvoir la guider ensemble sur le chemin de la ressemblance. C’est sa ressemblance dans l’amour de Dieu qui propulse l’enfant dan le bonheur de ressembler au Père comme à la Mère. Tel est le sens de la vie éternelle. Malheureusement l’homme s’oriente de plus en plus vers une sexualité animale et n’est plus sexuellement spiritualisé. C’est parce que l’homme aime son principe féminin et que la femme aime son principe masculin qu’il peut le reconnaître dans l’intimité de l’autre quand l’armure du faux chevalier tombe. Cette reconnaissance du lien intime de la vie en soi comme en l’autre, sans privilégier un principe (masculin ou féminin) plus que l’autre, a pour but la création de la vie dans la Création et pas que la procréation . Il nécessite la présence de l’Être dans le renoncement de l’Ego qui conditionne la vie au besoin d’avoir. C’est l’absence de connaissance qui conduit l’homme vers un besoin constant de reconnaissance ! La thématique du chapitre de la Genèse d’Adam et Ève est celle de la tension existentielle entre  la nécessité de la loi- qui rend les relations possibles et structure l’être humain –et l’incapacité foncière de l’être humain à s’y plier. L’intention profonde n’est pas d’expliquer comment le monde en est arrivé à une telle comédie sociale,  mais à mettre à nu les circonstances qui mènent, partout et de tout temps (ce n’est pas d’aujourd’hui !), à la transgression, ainsi que les conséquences qui en découlent. Les conséquences de la transgression se résument dans la notion d’aliénation. Quand l’être humain ne reconnaît pas les limites qui lui sont imposées dans le cadre de la vie défini par la Loi (« l’Arbre de la Connaissance du Jardin d’Éden», les relations se disloquent : relations avec Dieu, qui n’est non seulement plus reconnu mais renié, et par voie de conséquence, dans le couple, entre êtres humains et animaux et avec la nature entière.

 Le détournement de sa nature originelle, « quand le cœur s’en va où la passion l’entraine », dit Confucius, écarte pour l’homme toute possibilité de maintenir l’équilibre et l’harmonie entre son esprit, son âme et son corps, comme dans sa relation à l’autre par voie de conséquence. «  Point de salut sans combat dans son intériorité » dit Saint Augustin ; l’existence n’étant que le reflet de la vie intérieure cette absence d’équilibre dans sa relation à soi ne peut que se traduire par un déséquilibre relationnel au monde environnant. Sans l’unité en soi il ne peut y avoir d’unité dans sa relation à l’autre. C’est pourquoi les lois sociales ne sont pas là pour garantir un ordre naturel des choses, mais sous tendues par l’égo de l’humain à en justifier son détournement par une recherche d’intérêts et de compromissions qui dépassent de plus en plus l’entendement. Coupé du mystère de l’Incarnation, l’humain, étranger aux lois ontologiques, adopte un comportement de plus en plus étrange, étranger à ce qu’il est sensé être originellement. Coupé de Dieu, il se coupe de Son Fils, de sa capacité à recevoir l’Esprit Saint, de tout principe créateur. L’union à Dieu seule, permet l’union entre les êtres et évite les désunions, les divorces, par la capacité à vivre toujours dans l’au-delà, à ne plus « mortifier sa vie à l’ombre du fait, mais à ressusciter à la lumière de l’esprit », comme dit Sénèque dans « la vie heureuse ». Seules les lois universelles de sagesse et d’amour peuvent garantir dans leur application inconditionnelle l’unité entre les êtres. Le culte de la précipitation dans le temporel efface de l’esprit de l’homme le sens de l’universel et la paix qui en découle.

Les voiles se lèvent de plus en plus des comportements inversés masculin comme féminin depuis des générations qui n’ont cessé de traverser l’existence dans le jeu compensatoire  insensé (vide de sens) de la perte de capacité de chaque homme et de chaque femme à se vivre comme tel dans sa relation à lui ou à elle, comme à l’autre. Le détournement de sa réalité première l’empêche de vivre toute autre réalité. La complicité de deux êtres ne s’établit qu’à travers leur complémentarité et non leur quête d’égalité ou de liberté. L’une se situant dans l’établissement du « pour l’un comme pour l’autre » ; les deux autres dans « le vécu de l’un par rapport à l’autre ». Les déviances sexuelles ne doivent nullement être jugées ou condamnées mais comprises comme émanant d’une multitude de compensations, le plus souvent inconscientes, depuis des générations. Seul le retournement aux lois d’amour et de sagesse amène l’homme à se rendre à la Justice divine pour que la vie lui soit rendue dans tous ses principes. La vie émane de son cœur et permet à l’homme de passer de la créature à l’être créateur…

La vie mariale (la vie en « Marie ») crée le Matriarcat qui préside au Patriarcat ; la mère et le père, archétypes ontologiques, créent les conditions de l’Alliance retrouvée. Chaque être, homme comme femme, vivant centré sur lui, vit en Mère – réceptacle de la Lumière divine – et en Père – émetteur de cette Lumière. « L’anneau d’or » (le métal le plus pur signifiant dans sa circonvolution – le cercle- l’esprit de l’universalité) repasse au doigt de celui et de celle qui retendent leur main vers Dieu, espérant recevoir la Grace d’aimer. Le paradigme fondamental de l’ontologique est l’Amour ! Le sentiment est humain et s’accompagne régulièrement de ressentiments qui ne manquent jamais de lui faire suite. Seul l’amour est créateur de vie.

Faire naître un enfant à la vie a pour corollaire ontologique, naturel à l’homme, de faire naître de la vie en cet enfant. Malheureusement le fait d’avoir un enfant occulte souvent de par son entourage sa capacité à être. Ainsi le fait d’avoir un enfant, comme de l’adopter, ne signifie pas toujours pour lui de la part de ses parents la capacité à s’aimer véritablement pour l’aimer selon la Loi : « Aime ton prochain comme toi-même ». La preuve de l’amour étant le témoignage de l’écoute, de la vision, de la compréhension de ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire pour soi comme pour l’autre. Aucun père ni aucune mère ne peut demander à son enfant ce qu’il n’exige pas de lui-même ou d’elle-même. L’absence de stérilité biologique n’exclut pas la stérilité ontologique. C’est une des raisons pour lesquelles la stérilité masculine augmente dans nos civilisations existentialistes, matérialistes. La femme étant amenée à vivre de plus en plus à travers son être extérieur, son principe masculin, elle se détourne de son principe intérieur féminin. L’homme de l’exil, à tendance à se féminiser, dans un rapport de force, de volonté, de courage, de responsabilité qu’il abandonne. « L’homme en exil est un divorcé de sa vie » dit A. De Souzenelle. Il ne peut donc que se séparer de l’autre ! « L’homme ordinaire est en vie ; seul le sage est vivant » dit Confucius. Le sage étant celui redevenu capable de vivre l’intériorité de sa vie. Interrogeons- nous : ne sommes nous pas des tueurs, souvent les premiers auteurs inconscients de nos meurtres ? Le premier homme né dan cette situation d’exil, Qaïn, se vit en rapport de force avec son frère et le tue. Les villes qu’il construit, les civilisations qu’il édifie, si admirables soient-elles, les systèmes philosophiques érigés en certitudes auxquelles il oblige, les découvertes scientifiques dont il ne contrôle plus les applications, l’ensemble de ses œuvres mues par un orgueil insensé qui préside à son illusion d’être devenu Dieu, tout est source de mort. Que d’êtres sacrifiés dans les retombées ignorées des lois ontologiques transgressées ! Paradoxe absolu qui n’est autre que l’affrontement de nos deux natures en chacun de nous : l’homme animal a si peur de l’autre, l’Homme ontologique présent en lui, et dont il a la nostalgie et qu’en même temps il redoute. L’homme en exil a peur. L’homme en devenir n’a que de la volonté et du courage pour « courir le risque d’aimer » en apôtre du Christ vivant et ressuscité en lui. Qui sait aujourd’hui que, dans sa liberté fondamentale, l’homme a choisi l’éloignement de Dieu, et donc l’ignorance, la douleur et la mort ? Sa relation magique au Dieu tout extérieur à lui, qu’il s’appelle Bouddha, Jésus, Mahomet ou Shiva, Incarnations vivantes qu’il s’invente toutes puissantes pour les convoquer, dans ses croyances, à l’obligation de l’arracher à son drame, cette relation illusoire continue  de s’effondrer au fil du temps ; ayant perdu la foi en lui autrement dit la Foi que Dieu place en lui. Mais avec elle s’effondre toute relation car, incapable de se reconnaître responsable de ses maux et d’accepter une autre logique que la sienne qui n’est qu’intellectuelle ou basée sur l’affect ou le non-affect, le Logos (le vécu selon la Parole de Dieu) qui le conduirait vers Dieu, il rejette Dieu. Par rapport à l’infantilisme primaire du concept qu’il a encore de Dieu, il est de plus en plus dans une phase réactionnelle de même niveau, car c’est avoir encore un concept de Dieu que de se penser capable de pouvoir le rejeter. Et la mort continue de mordre en l’homme son cœur enveloppé des voiles de son égo qui le sécurisent faussement pour mieux étouffer sa vie. Il ne pose sur ses épaules que les têtes illusoires des nouveaux principes que lui dictent ses éthiques, ses idéaux, ses désirs, momentanés, les projections mentales inconscientes que lui fixent les buts qu’il donne à sa vie animale, tout objet derrière lequel il se cache. L’Histoire d’Adam et Ève cachant leur sexe, devenu symbole de la honte, derrière la feuille du figuier, après avoir abandonné l’Arbre de la Connaissance se répète sans fin… Heureusement pour l’homme que dans sa vie animale se déploie une présence divine, subtile, aimante et aimantant la vie insensée, inconsciente de l’homme vers une proposition de sens et de conscience. Ce sont les deux mains tendues de Dieu, les deux branches de l’Aimant, qui redonnent à l’homme le signe de l’Espérance, de l’Attente de Dieu de l’Homme au Ciel, au Royaume de l’Esprit, de son salut et de sa sortie du monde. Pour cela l’homme perdu dans les ténèbres du fait a souvent recours à un être ou plusieurs êtres charismatiques qui, vouant entièrement leur vie à Dieu, sont les témoins de Sa Présence sur terre et frappent à la porte du cœur de ceux qui ont des oreilles pour entendre, comme dit Jean à chaque chapitre de son Apocalypse. Si l’homme ne révèle (apocalypse) pas de la vie, c’est la maladie et la  mort qui se révèlent à travers lui ! Tout apôtre du Christ est un Être sauvé pour être sauveur. « Qui m’aime me suive » a dit le Christ aux Apôtres : celui qui s’aime peut aimer, créer de la vie. « Quant aux autres laissez les morts (à l’écoute, à la vision) enterrer les morts ». Parce que l’homme n’est pas entré dans une dimension d’Homme, il ne peut faire naître son Fils intérieur et son enfant extérieur alors meurt. C’est la croissance de la Semence divine en l’Homme qui fait naître en lui, pour lui comme pour le monde qui l’entoure une grandeur d’âme et d’esprit. Sans l’Amour de Dieu pour l’homme sa vie est stérile et mortifère, perdant le Sens jusqu’à ne plus avoir de sens. Nous assistons à une fin d’humanité mais pas de l’Humanité. « Beaucoup d’appelés, peu d’élus » dit la Bible. La multitude des Êtres concerne tous ceux qui vivent en symbiose dans le passé comme le présent et l’avenir.  La loi du nombre ( de la troupe) dans leurs différentes manifestations n’a pour but qu’un besoin de reconnaissance généré par leur peur de la solitude. La solitude pour l’être spirituel est tout autre ; elle est l’attitude du Seul, de l’Unique : de l’Être dans son face à face à Dieu. Le sentiment de solitude de l’être humain n’est procuré que par l’absence de Dieu dans le cœur et l’esprit de celui qui s’en est détourné librement. C’est le renoncement à son libre-arbitre qui l’attache à son égo, qui le libère et le fait sortir de son esclavage. Ainsi peu d’êtres se rendent capables d’élire l’Amour dans leur cœur, la Sagesse dans leur esprit et tant que l’homme se pensera, il ne sera pas. Tel est le sens de l’homme redevenu Être. Seule l’humilité (l’humus, la terre fertile de la spiritualité) rend possible la Semence divine et lui permet de croître en chaque homme qui en fait preuve ; sa vie en témoigne.

 Les lois du cœur et de l’esprit sont les cadres de la vie sociologique –et non sociale qui en découle-les sources de la vie en société. Or le microcosme de la société c’est la famille. L’absence ou la déstructuration de la famille détruisent la société. Sans le microcosme il n’y a plus de macrocosme. Les lois de la famille encadrent le temps présent- le temps défini par la présence d’esprit des parents à travers l’esprit de leurs enfants. Sans ce temps présent il n’y a pas de devenir pour eux possible. Elles sont le garant de la Culture et de la Tradition, en reconnaissance d’un aujourd’hui fruit du passé, et source d’un futur possible, à la lumière de l’éternel recommencement de l’humanité. Elles garantissent la maîtrise et la confiance pour tous. L’Homme ne retrouve la Foi (la certitude) que par la Grace de l’Amour témoignant de la Loi : « Aides-toi et le Ciel t’aidera ».

 La véritable Filiation est une filiation spirituelle de l’homme, sans laquelle il meurt à toute autre filiation possible. Il est donc temps pour l’homme qu’il retrouve le chemin de son cœur car il est la source de la vraie vie pour la création. Le mariage est pour cela le garant de la Tradition judéo-chrétienne avec  toutes les autres traditions et cultures depuis la nuit des temps. Mais qui dit Culture et Tradition dit conservation du passé dans le  présent pour l’avenir. La matérialité de la vie par des goûts, des envies, des besoins temporels mène l’homme dans le «diabolos » des grecs,  le diviseur, le séparateur. La vie spirituelle de l’homme le transforme en « monos », en unificateur. Le retour à la Terre Sainte de son intériorité (Ancien Testament) en suivant les Sages et les Prophètes, jusqu’à la Jérusalem terrestre de son cœur, dans lequel il pénètre en christ, fait de l’homme comme de la femme une épousée du Christ, de Dieu, l’Époux. Sauvé de notre attachement au fait, de notre esclavage en terre d’exil, notre vie en christ voit et témoigne du Sauveur de l’humanité. Le mariage témoigne véritablement des épousailles et de toutes leurs promesses de Vraie Vie. S’il est un engagement dans la dignité de l’Image retrouvée, le mariage est sens de la Prière de Dieu pour l’homme : «  Partout où vous vous réunirez en mon Nom, Je serai parmi vous ». Sans le recours au bon sens de l’Homme, l’humain tombe de plus en plus dans l’insensé ; et au lieu de créer de la vie, se créent à travers lui le mal, la maladie et la mort…

Les lois sociales ne sont que temporelles et non éternelles et ne servent qu’à promouvoir l’égo de l’homme et son cortège d’involutions, de régressions qu’il se plaît à nommer pourtant comme acceptation d’une soi-disant évolution. Tout devient illusion, songe et mensonge, virtuel et non réel (re-El, Lui, Dieu en Hébreu) car séparé de la nature originelle de l’Homme, ontologique (génératrice de vie) c’est-à-dire divine, éternelle.

Le mariage véritable (dans l’esprit) est le témoignage de l’amour de l’homme pour la Vie et de sa volonté de le partager, selon la Parole du Christ : « Il n’y a pas d’amour sans partage, sans pardon, sans sacrifice (sa capacité à faire le sacré-ce qui crée) ».  Or, qu’y a-t-il de plus sacré que la Vie ? Et renaître à la Vraie Vie c’est retrouver la capacité à faire naître la vie dans le « Ici et Maintenant » du Christ.

Le mariage avec l’autre est un engagement avec l’autre pour la Vie, pour sa création dans la Transcendance, dans un au-delà qui ne le limite plus, qui ne l’enferme pas dans des concepts, au nom de leur nouveauté, mais le libère. Il est volonté créatrice au-delà de la procréation. La véritable volonté c’est de ne plus avoir de volonté pour que la Volonté puisse s’accomplir !

 La vocation de l’homme à Dieu, au Principe Créateur de toute chose, fait de l’Homme en croissance un roi- prêtre et prophète, patriarche dans sa famille vivante en esprit, sauveur d’une humanité perdant son âme dans des lois humanistes, qui sont autant de chemins qui mènent à l’inconscient collectif en cherchant à perdre celui qui n’est personne sans les Trois Personnes : le Père- le Fils et le Saint-Esprit.  

Toute loi humaine n’a de sens (de valeur) que dans le respect de la Sainte Loi. En dehors d’Elle toute décision n’est que la traduction de la dégénérescence et de la décadence constante de l’humanité. « Toi, dis le Christ, qui accomplis tes devoirs dans le respect des Droits de l’homme, sans l’amour tu n’es qu’un serviteur inutile »… L’Amour n’a pour but que d’éviter à l’homme de privilégier le sentiment qui préside à ce monde de pleurs et de grincements de dents.

Que l’homme retourne à la Vraie Vie, en suivant le Christ (en vivant en christ) affirmant : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » et l’humanité et ses enfants sera sauvée… De personnelles que sont ces énergies au départ du chemin, elles touchent soudain au collectif, car plus l’Homme s’accomplit et tend à l’unité, plus il devient universel. En « Terre promise » qui recèle le Noyau de l’Être, il libère l’énergie nucléaire qu’il est et devient YHWH, « Je Suis », l’ultime Réel, la Vérité, Un avec tous, pour tous. L’Homme repositionné à la verticale de l’Arbre de la Connaissance est connaissance totale…

 

LA RESURRECTION

La résurrection signifie le renouveau, la renaissance, le printemps de la vie, le retour à la beauté de la vie originelle .

La résurrection rythme le retour à la Réalité de la Vie. C’est l’éveil de tout ce qui sommeillait en nous et qui n’était pas encore manifesté.

La résurrection est le salaire de la foi. Elle témoigne du salut toujours possible en condamnant la mort du fait. La Résurrection du Christ manifeste l’Amour de Dieu au-delà de la mort dans le principe de la Vie : l’éternité. La Résurrection justifie le chemin de l’ Evangile qui ramène le pèlerin à la vraie vie. Par Sa Vie, Sa Mort et Sa Résurrection, réunies dans le principe d’unité de l’Esprit de Dieu, le Christ est la manifestation de l’immortalité.

La mort pour le chrétien n’est pas naturelle, ce n’est pas une fatalité mais une ascèse nécessaire de l’appartenance pour connaître la liberté. Pour comprendre la mort il faut saisir la globalité de la vie. L’ego sépare le corps de l’âme  et de l’esprit.

Le Christ n’appartient pas au passé, Il est nôtre avenir au-delà de ce que nous pouvons être. Il est la promesse qui (qu’Il) nous est donnée de vivre. Intégrer la Vie c’est accomplir sa vie dans sa plénitude à l’image du Christ. Le but de la vie c’est la Vie. Ne plus s’appartenir pour appartenir à la Vie.

Vivre la résurrection c’est quitter son enveloppe charnelle pour prendre corps à la vie en faisant corps avec le Christ. Le corps vivant est le corps dans sa plénitude. Le corps est tout ce qui prend forme, tout ce qui a du sens, tout ce qui génère la vie par la transcendance du fait. Le corps est tout ce qui donne de la consistance à nôtre vie. La chair c’est le noyau de cette vie que renferme le corps. C’est parce que  la chair est tellement chère à nôtre cœur que l’Amour triomphera toujours de la mort. La mort c’est la rupture avec le «  Je suis »,Yahvé, le Nom qui nous donne un autre nom : celui de Vivant. La mort c’est l’absence totale de foi. La Miséricorde de Dieu c’est Sa Foi et son Amour qu’IL place en l’homme pour le rétablir dans son intégrité. Le corps vivant c’est le corps dans la plénitude du « Je suis » ; le Je et l’Etre c’est Jésus. L’Alliance du Non-manifesté et du manifesté. La mort c’est la rupture avec le je suis, le corps fondamental. Dieu est le fondement de ce qui prend corps, de ce qui fait corps. Ce qui prend corps c’est ce qui prend du sens ; le sens de la vie c’est le retour à Dieu. Le sens de la résurrection c’est le passage du fait à l’Esprit. L’abandon de l’ego pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse transforme le cœur de l’homme en véritable réceptacle de l’Esprit Saint, ferment de la vie nouvelle. L’humilité, la simplicité, sont les conditions nécessaires pour participer, dès maintenant, à la vie du Christ.

Le scandale de la chute (et non sa tragédie), tient à la résignation. L’innocence et non l’inconscience permet au corps de devenir adulte et ainsi de faire l’expérience de la création, comme un enfant dans sa pureté fait l’expérience de la vie. Le mystère de la résurrection se révèle dans la désaliénation au moi pour appartenir à la vie. Le Christ est celui par qui l’orgueil est terrassé. La résurrection est le fondement de la Parole de l’Evangile. La Parole est la preuve de la Résurrection. La Vérité tient au triomphe de l’Esprit sur le fait, de la Vie sur la mort.

Le christ par sa mort, en terrassant l’orgueil, nous a donné un nouveau corps. Thomas en voulant voir le cadavre du Christ touche à la résurrection. C’est le passage de la vue à la vision, le témoignage du retour au non-manifesté, de la Présence de la Sur-nature au- delà de la nature. La Résurrection transforme la vue obscure du fait en vision claire de l’Esprit. Elle manifeste le point de  rencontre de la Volonté de Dieu sur terre comme au ciel. Le Royaume, la vision de Dieu et l’union à Christ sont les privilèges du vouloir.

Grâce à la Résurrection du Christ le mur de la séparation disparaît. Ainsi le « Ou » s’efface devant le « Et ». L’Unité entre les deux mondes est rétablie. L’Œuvre de la Résurrection nécessite du temps ; le temps de l’accueil, de la culture de la Parole, de la conscience universelle pour préparer Nôtre résurrection, la Résurrection du Corps que nous formons avec l’Autre. En effet le salut passe par l’Autre. Saluer l’Autre c’est témoigner le Vivant dans l’autre. Comprendre le Mystère de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ c’est intégrer à sa propre vie son message d’Amour universel, en ne laissant personne sur le bord du chemin. Saluer l’Autre est une bénédiction qui témoigne de la victoire de l’Espérance sur le désespoir, de la Transfiguration sur l’imagination. Nous nous sauvons en saluant l’Autre, en mettant en lui toute nôtre espérance, en rompant avec la tragédie de nôtre ego.

Pour le chrétien la mort n’est pas naturelle ! C’est son espérance de vie nouvelle. Sa première mort et résurrection c’est le baptême : de l’immersion du vieil homme émerge l’homme nouveau, purifié pour vivre avec le Christ. Par l’onction il reçoit l’Esprit saint et se trouve transformé. Par l’eucharistie il fait corps avec la vie du Christ : la Vie en Christ, grâce à ces trois sacrements, c’est quand le Christ vit en soi. Le « Ici et maintenant » du Christ est ainsi accompli pour vivre la Beauté de sa Vie (Sa plénitude), la sagesse de Sa Passion, la promesse de sa Résurrection dans la mort.

Dieu aime tous les siens. Les athées comme les croyants seront ressuscités mais seuls les témoins de Son Amour vivront dans la Béatitude. Dès cette vie sur terre il nous faut affirmer la Volonté de Dieu, pour que Sa Volonté s’accomplisse.

La Parole bénit, affirme, confirme le salut… (Le Verbe incarné, Sa Vie, Sa mort et Sa Résurrection, les Apôtres et tous les Saints et maintenant nous-mêmes pour  donner un sens à nôtre vie).La vie nouvelle est une vie conforme à nôtre nature profonde, à nôtre essence et non nôtre apparence. C’est le point de rencontre de sa nature humaine exempte de tout pêché, et de sa nature divine. La résurrection n’est pas seulement fait, elle est porte de passage où nous recevons de nouveaux dons, de nouvelles possibilités de vie.

Saint Grégoire Palamas dit dans son Homélie sur la Transfiguration : « La lumière de la Transfiguration du Seigneur n’a pas  commencé et n’a pas pris fin, elle resta incirconscrite (dans l’espace) et imperceptible pour les sens, bien qu’elle fut contemplée par les yeux corporels… Mais par une transmutation de leur sens les disciples du Seigneur passèrent de la chair à l’Esprit ». Pour voir la Lumière divine avec les yeux corporels, comme l’ont vu les disciples sur le Mont Thabor, il faut participer à cette lumière, être transformé par elle dans une mesure plus ou moins grande ; Dans une autre Homélie, Saint Grégoire de Théssalonique dit : « Celui qui participe à l’ énergie divine devient lui-même Lumière ; il est uni à la Lumière, et avec la Lumière il voit, en pleine conscience, tout ce qui reste caché à ceux qui ne reçoivent pas cette grâce ».

De l’image de l’Homme créé par Dieu, en passant par la création de l’Homme à Sa Ressemblance, la Résurrection participe au Principe du retour à la vie éternelle auprès de Dieu, à l’accomplissement total du renouveau perpétuel de la Vie. Vie éternelle ou vie n’ayant plus besoin d’être renouvelée puisqu’à La Source, elle est devenue en Unité, Source de Vie.