L’IMMACULEE CONCEPTION

L ‘IMMACULÉE CONCEPTION, ou le Sens de la Vie de l’Au-delà (Céleste) dans l’au-delà (Terrestre) pour la Vie de l’Au-delà (la Vie dans la Création)

L’Immaculée Conception est une conception que l’homme ne peut avoir , car elle est exigence du Sens Absolu que l’Homme ne peut recevoir qu’au Cœur de lui-même dans la pleine et parfaite présence de son être. Il incarne alors la pureté de son âme, la simplicité de son esprit, la virginité de sa vie de tout concept. C’est le Temps du Bonheur des « pauvres de cœur et d’esprit » entrant maintenant dans le Royaume de Dieu. Voyant l’Homme, maintenant, demeurer en lui, Dieu établit Sa demeure en l’Homme. C’est le retour du Fils prodigue qui permet à chaque enfant de Dieu, qui suit cette Filiation Terrestre, de voir le Père courir à sa rencontre… C’est la Voie Sacrée de la Parole Vivante qui est le Chemin de la Vérité de la Vie : l’au-delà de l’existence; sa Transcendance.

 Avec le Nouvel Adam, le Christ-Jésus, le Père Tout Puissant féconde la « Vierge- Mère », la Nouvelle Eve qui va générer le père Terrestre. Marie a enfanté Jésus; le Christ a généré Marie qui a engendré Joseph: la pleine et parfaite verticalité du Fils sur la Croix pour son retour vers le Père Céleste, met la Femme divine en conscience de la Nouvelle filiation Terrestre en présence de Jean, de l’Apôtre vivant dans le « En Je » de la Vraie Lumière du « Je Suis ce que Je Suis »: Face à la Croix, l’Homme se retrouve face à l’Arbre de Vie du « Parfait Mystère de l’Incarnation »!

Marie incarne pour le chrétien (pour l’être qui vit en christ) l’Immaculée Conception par la pureté de son âme : Elle est sans tâche; sans « souillures, flétrissures, ordures, de ce monde. Elle « qui avait été accordée en mariage à Joseph », se retrouve dans l’étonnement lors de la visitation de l’archange Gabriel, le messager de Dieu,venu lui annoncer l’enfantement d’un fils qui siégera sur le trône de David. « Comment serait-ce possible, puisque je ne connais pas d’Homme ?» affirme Marie.

En fait ce que veut dire Marie c’est : «  je ne suis pas Homme (à l’Image et à  la Ressemblance de Dieu) dont le masculin de son être épouse le féminin de son être et enfante la Vraie Vie ». « Je ne suis pas Homme à faire naître en moi comme en l’autre de la vie ( la Co-naissance)! ». Cette humilité de Marie la place sous le regard et la Volonté de Dieu pour en faire une Matrice de la Vraie Vie pour le monde et, d’une simple personne, la Mère de tous les Hommes…

« Dans l’ordre des principes divins qui nous construisent, la Maternité précède le Mariage ! Dans cette perspective seul peut-être appréhendé le mystère chrétien de la virginité-maternité de Myriam, de celle qui unit en elle le monde divin Mi à celui de la Création Ma, reconstituant les Eaux matricielles primordiales Mayim. » Annick de Souzenelle.

 De ces Eaux naît le Fils divin (Un: Céleste comme Terrestre). Alors Marie est couronnée : épousée de Dieu ; distingués l’un de l’autre sans être séparés, le Père et Sa Création, « Sa Fille (filiation céleste) bien-aimée ». A l’instar de Jésus devenu Christ, Nouvel Adam de l’Humanité, lorsque l’Homme laisse venir à Lui les « petits enfants », Marie devient la Nouvelle Eve (la Vivante).

Chacun de nous est « vierge d’Israël », demeurant « stérile » jusqu à la pleine maturité de sa virginité : le détachement immuable au Cœur de l’être! Tout être doit chaque jour s’éveiller, en enfant de Dieu  à sa vocation, à sa mission d’aimer. Sa transformation d’enfant de l’homme en enfant de Dieu le  mène jusqu’à sa transfiguration, avec Marie, en  Vierge-Mère qui peut désormais être épousée de Dieu-Père. Tout être au cœur de lui-même, femme comme homme, devient une épousée de Dieu, l’Époux Véritable. Marie, comme Jésus, comme le Christ, comme tous les sages, tous les maîtres, ne sont plus étrangers (extérieurs) à son Cœur.

Sans le Divin Époux, l’Homme ne peut épouser pleinement la vie en lui comme en l’autre et le mariage n’est plus qu’un sacrement d’un jour qui n’est guère longtemps Lumière du Sacré. L’inconstance, l’instabilité des sentiments humains sans le retour à son cœur (la Conversion), reprennent , malheureusement très vite, le pas sur l’élévation à la conscience de l’Unique nécessaire pour la Vie: l’Amour et Sa Toute Puissance Créatrice; Dieu Lui-Même! C’est pourquoi l’homme dans le fait, incapable de revivre en lui, avec lui, pour lui, divorcé de sa propre vie ne peut que divorcer de la vie de l’autre, pour ne plus pouvoir marcher ensemble et dans la même direction.

Ce mystère de la Vierge-Mère est commun à la conscience de tous les peuples. Il s’exprime dans leurs livres sacrés, leurs chants, leurs danses, leurs iconographies.Il s’exprime dans leur inconscient collectif par un comportement extérieur obéissant à un instinct compensatoire de la vocation intérieure non assumée. Comme si l’homme était condamné à tomber dans le culte de divinités passées, sans voir ces mêmes divinités avec son Cœur, dans son Cœur : ce Point qui est tout parce qu’il est le Tout qui hurle son éternelle affirmation, depuis le Mythe de la Chute : « Un Seul Être vous manque; et tout est dépeuplé! »

Une telle relation paraîtrait incestueuse si elle ne relevait pas d’une relation Père-Fille, purement ontologique de la Création pour toute l’Humanité. Le sens de la naissance de Jésus à Bethléem, ce qui signifie « la demeure de Dieu », nous est donné par Jean, 1 : « Celui qui demeure en lui voit le Fils comme le Père demeurer en lui…et sa maison est une demeure de Dieu ! »

Par sa soumission à la Parole de Dieu et l’Incarnation du Verbe de Dieu qui s’ensuit, Marie signifie la Toute Puissance de Dieu à travers l’Homme intérieur…La Jérusalem Terrestre de son cœur est pénétrée de la Lumière de la Jérusalem Céleste : toutes les réalités d’En- Haut deviennent les réalités d’en Bas. Le monde phénoménal est éclairé de la Lumière du monde nouménal ; l’éphémère se transforme en éternel  à la Lumière des 12 tribus d’Israël et des douze Apôtres. C’est pour cette raison que la fête de l’Immaculée Conception se situe le 8e  jour du 12e mois de l’année. C’est la porte de passage de la finitude terrestre à l’Infinitude Céleste (le 8 : « la verticalité de l’être » que ne retrouve que l’Homme retourné à son Cœur-centre intelligible avec le « Viens et suis-moi » de Jésus…)

Ainsi la conception pleine et parfaite d’un enfant ne peut plus se concevoir qu’avec le Cœur. « Sil faut 9 mois pour faire l’enfant extérieur il faut une vie tout entière pour faire l’enfant intérieur » dit Annick de Souzenelle. L ‘enfantement de la Vie Éternelle ne se fait, depuis la venue du Christ, qu’au Cœur de l’Homme dès cette vie sur Terre: Il est cette 7e Jarre vide qui, remplie de l’Amour de Dieu, participe au Sang de l’Alliance Nouvelle et Éternelle. « Maintenant que tout est accompli, J’ai soif » dit le Christ. La quête du Saint Graal de l’Homme se termine dans sa Mort ontologique, dans laquelle Il ressuscite en 8 e Jour de la Création. Il n’ y aura plus de jour; il n’ y aura plus de nuit; il n’y aura plus qu’Un Seul et Même Jour: Vous tous, au Cœur de vous-mêmes. C’est l’enfantement de la Nouvelle Humanité.

L’Immaculée Conception est au yeux de l’Initié, du disciple, contenue dans le Saint Nom de Dieu : YHWH ; du Masculin de l’être unit au Féminin de l’être (les deux « H’) pour recevoir la Lumière( le Yod) et enfanter la Vie.

Le Christ au cœur de l’Homme est ce « Soleil de Justice »que l’Humanité tout entière attendait pour le Pardon du péché originel (la tentation de l’extériorité, de l’étrangeté)) et le retour au Père (la Fidélité). 

« Ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi » dit Saint Paul dont la conversion (« Qui m’aime me suive.. ») nous ramène à l’Espérance vivante de Dieu (le Père qui vient, à travers Son Fils, sortir l’homme de l’errance) pour lui éviter de plonger en plein désespoir. Ainsi, « Celui qui se fixe en Dieu ne peut se fixer sur aucune créature »dit Jean… et celui qui bâtit sa maison sur le rocher ( la solidité, la fermeté), ne va plus la bâtir sur le sable (l’incertitude).

L’Immaculée Conception n’appartient qu’à Dieu : Elle émane de Dieu- manifeste  Dieu-ramène tout à Dieu ! Elle est Sa Volonté au-delà de toute volonté. Elle n’est là que pour rappeler à l’Homme l‘exigence de Sens Absolu qui l’habite (la quête de l’Unité) : d’abandonner sa créature (sa création) pour redevenir « à l’Image et à la Ressemblance de Dieu »: créateur… « Vous devez renoncer à tout  ce que vous avez, à tout ce que vous êtes y compris vous mêmes, pour porter Ma Croix dans le monde dit Jésus  aux Apôtres ». La Croix c’est la Sainte Trinité qui crie de tout Son Cœur (le centre de la Croix dans lequel s’accomplit la Tri-unité) : »le Sacré Cœur ») à la « Femme : voici ton Fils; et au Fils : voici Ta Mère!’ . C’est l’Arbre de Vie qui porte l’Espérance, la Foi et la Charité de Dieu: les fruits de Son Amour. C’est quand l’homme « abandonne  » son humanité qu’il retrouve sa divinité!

Et bien au-delà encore, c’est quand l’Homme repasse du créé à l’incréé qu’il retrouve l’Image qu’il était bien avant qu’il ne soit, pour un retour à un face à face avec Dieu ! L’ordre de la Genèse est rétabli en vue de la Création…Et le retour à l’Un, à la Source, figure Son Assomption, le Parfait Au-delà de cette Matrice de Vie Infinie et Éternelle, pour que tout dans cette Filiation Céleste comme Terrestre soit Manifestation du Principe Un à travers Son Enfantement maintenant Divino-Humain, depuis son retour auprès de Son Fils : celui de la Nouvelle Humanité…

Par Son élévation, Marie n’est plus une divinité qu’on vénère et qu’on prie; Elle est la pureté , la simplicité, la virginité (de tout concept), la fécondité, de notre âme! C’est  en ce sens qu’Elle est Mère de tous les Hommes...

« Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme? C’est pour que l’Homme devienne dieu! dit St Paul; « Par l’ Amour (la Grâce) nous sommes des dieux auprès (au regard) de Dieu » dit St Jean. Quand l’Homme est confirmé de la Présence, il ne peut plus affirmer.

« Seigneur ouvre ma bouche pour que Ta Parole soit vivante dans ce monde » St Paul, et que « les tiens me pardonnent si quelque chose vient de moi ». « Et maintenant , je garde mon âme dans le Seigneur comme un enfant dans les bras de sa mère; comme St Augustin.

L’EPREUVE DU LABYRINTHE

L’épreuve du labyrinthe :

Thésée et le Minotaure :

L’épreuve du labyrinthe constitue l’élément central du mythe de « Thésée et le Minotaure ».

A travers le mythe, nous recherchons le symbole pour accéder à la symbolique, qui est la lumière que nous recevons afin de donner du sens à la vie du monde qui nous entoure.

Le mythe évoque ce qui était ;

Le symbole évoque ce qui est ;

La symbolique évoque ce qui vient.

C’est la conscience de l’être qui nous appelle à lever les voiles que renferme le mythe, qui nous donne le sens du mythe, qui au cœur de l’être va se transformer en symbolique.

Au regard de Dieu, les 3 temps que sont le passé, le présent et l’avenir, ne sont qu’un seul et même temps.

D’où l’importance de l’étude des mythes pour en découvrir les symboles, et en recevoir la symbolique.

Toute lecture et toute écoute ne pourra s’effectuer que dans la connaissance du Saint Nom de Dieu, YWHW.

Le centre du labyrinthe est le symbole du mythe de « Thésée et le Minotaure ».

Le fil d’Ariane est un fil qui ne mène à rien (le nom d’Ariane s’apparentant à « A rien ») parce qu’il ne mène pas au tout.

Pourquoi ne mène-t-il pas au tout ? C’est parce qu’il n’amène pas Thésée au centre de sa vie. Si ce fil lui permet de sortir d’un fait, d’un labyrinthe existentiel, ce sera pour retomber dans un autre labyrinthe existentiel, sans sauver ni sa vie ni celle du monde qui l’entoure.

Ce fil n’est que la compensation de la négativité d’un état de fait, pour se transformer en décompensation dans une vie relative à de nombreux autres faits.

Ce qui symbolise ce système de compensation et de décompensation, c’est que Thésée suit tellement le fil d’Ariane, qu’il en oublie Ariane !

Sans Ariane, Thésée aurait peut-être pu arriver au centre du labyrinthe, tuer le Minotaure et finir par mourir dans le labyrinthe.

Comment, sorti du labyrinthe, l’être sauvé peut-il oublier son sauveur ?

Tout simplement parce-que n’étant pas parvenu au centre du labyrinthe de sa propre existence qui est son cœur, n’étant pas redevenu connaissant de la Vie, il ne peut pas être re – connaissant.

Le fil d’Ariane symbolise cette filiation terrestre que reproduit inconsciemment Thésée, c’est-à-dire la séparation du père et de la mère, de l’homme et de la femme, du fils et de son père.

Se souvenir, se rappeler, c’est signifier ce cheminement intérieur, qui fait passer l’homme du vide, du manque et de l’absence, à la plénitude de la vie dans sa relation à soi comme dans sa relation à l’autre.

« Zakor » en Hébreu signifie cette force de pénétration mâle qui rejoint au cœur de lui-même son principe femelle, pour une fécondité infinie, éternelle et transcendantale, symbolisée par l’élévation, la verticalité de l’être dans la grandeur de son âme et la toute puissance créatrice de son esprit.

L’homme ne sort du labyrinthe de son existence que pour la genèse et la création d’une vie meilleure, dont sa descendance sera le témoin vivant de cette filiation céleste, qui distinguera mais ne séparera pas.

Dans le plan spirituel, céleste, tout est un, tout est père, et mère, et fils et fille, de l’Être Suprême.

L’homme matériel, existentiel, peut se sortir d’une situation périlleuse sans pour autant avoir sauvé la vie en lui, comme autour de lui.

Le retour du fils prodigue ne s’effectue qu’en la présence du Père, du Fils et du Saint Esprit, lequel vient visiter toute âme égarée, perdue, se voyant et se pensant, en pleine détresse, abandonnée par sa conscience pure et véritable.

Le fils (Thésée) ne peut retourner au père (Egée), ce qui est son but fixe, qu’en passant par son cœur, dans lequel aucun oubli ne peut trouver place : ni Ariane, ni le drapeau blanc, ni rien d’autre qui ne soit nécessaire pour la vie.

Dans sa relation au monde, l’homme s’oubliant, se perdant de vue lui-même, en arrive à ne plus voir ni la mère, ni le père, ni même celle qui est désirée par son cœur sensible.

Le père qui se nomme Egée, et non pas Agé, parce qu’il n’a pas l’ancienneté de l’écoute de la Parole, salvatrice de la vie en lui comme autour de lui, va plonger mentalement et moralement, dans le concept intellectuel du blanc et du noir, pour noyer sa vie dans une vie relative au fait, au lieu de se comporter en père, en source d’eau vive. Ainsi son corps existentiel va disparaitre dans l’océan de la négativité de ce monde.

La personne âgée est celle qui garde en toute circonstances le «A»-leph (Aleph : principe créateur) de l’âge-nèse ; et qui ne peut donc tomber dans l’immédiateté du besoin.

Egée coupé de la vie infinie et éternelle n’aura d’autre choix que la mort.

Le vrai fil, c’est la fil-iation céleste, le sens de la verticalité.

Mais attention :  Ariane n’est pas rien ! Car elle existe, mais Thésée reste tellement dans le fait, qu’alors Ariane n’est rien.

Nous pouvons également faire le rapprochement entre Ariane et l’Arianisme, qui constitua, en son temps, un schisme, et donc une dualité.

Thésée sort de manière horizontale du labyrinthe.

De même, il ne peut sortir du labyrinthe que par l’extérieur.

Le labyrinthe de la Cathédrale de Chartres n’offre comme issue que son centre, c’est-à-dire le Christ, au cœur de nous-même.

Quand l’homme se contente de suivre le fil de son existence, qu’il se laisse mener par une vie relative au fait, il perd le fil, c’est-à-dire la conscience de ce qui est juste et bon pour la vie de monde.

Et l’existence n’est plus qu’un labyrinthe où l’on se perd définitivement.

Cette extériorité fait que Thésée en oublie Ariane ; autrement dit la connaissance est bien en lui, mais ne la vivant pas, il ne peut donc vivre et partager cette connaissance avec Ariane, ce qui établirait le lien de la Re-connaissance.

Son besoin de reconnaissance va tuer la Connaissance.

Ce besoin de reconnaissance du fils va aussi tuer le père.

Il n’y a pas d’amour sans partage, donc on ne peut partager en vérité qu’avec des gens connaissant de la Parole, de l’Epée d’Or.

Sans cette connaissance de la vie, c’est la mort. La connaissance de Dieu est genèse et création ; donc l’homme a tort de ne pas aller au cœur de lui-même, car il va se retrouver miné par tout un tas de faits ; et à l’image du Minotaure avec sa tête de taureau, il n’a pas fini de ruminer ses erreurs, qui ne sont que le fruit de ses errances extérieures.

Thésée suit tellement le fil d’Ariane, qu’il en arrive à oublier Ariane !

De la même manière, nous connaissons tous des gens qui suivent tellement leur docteur, qu’ils en oublient leur santé ; car le médecin n’est pas le docteur, qui a oublié de remédier à tous ses maux pour permettre à l’autre de remédier aux siens.

Pour être sauvé, il faut être sauveur ; et pour être sauveur il faut être sauvé.

L’oubli d’Ariane par Thésée révèle que Thésée s’oublie lui-même.

L’être au cœur de lui-même, tel le fils prodigue qui retourne au père, va ressusciter, contrairement à Thésée qui ne connaissant pas son père, ne pourra donc pas retrouver ce sens de la filiation qui établit l’unité, sur la terre comme au ciel.

Donc, en oubliant Ariane, il perd ce fil qui le relie à la Vie.

Le père terrestre n’est et ne se doit d’être que l’incarnation du Père Céleste suivant la phrase : « Qui a vu le Fils voit le Père ».

Le fil d’Ariane, lorsque l’homme retourne vers le Père, symbolise l’union de toutes les âmes et de tous les esprits, de tous les êtres demeurants au cœur d’eux-mêmes pour recevoir la vision de ce qui est juste et bon.

Ce sont les membres de la famille céleste, de la Sainte Famille ontologique, et non de la famille uniquement terrestre, biologique. La Sainteté de l’homme est la véritable écologie de sa mère nature.

Thésée a oublié de retourner au cœur de lui-même pour retrouver le féminin de son être, et réintégrer ce royaume dans lequel tout est union, et où rien n’est divisé, ni séparé.

Lorsque l’autre n’est qu’un besoin, une compensation de nos vides et de nos manques, et que nous avons tellement plongé dans ce besoin qui nous fait nous oublier nous-mêmes, nous finissons toujours par oublier l’autre. Ce n’est qu’en suivant le chemin de la Vérité de la Vie que ne s’oubliant plus, l’homme ne peut plus oublier l’autre.

Cette union entre Ariane, Thésée, Egée et la mère de Thésée, reproduit le schéma familial.

Malheureusement, Egée avait abandonné la mère de Thésée, et Thésée a délaissé Ariane.

Le mythe symbolise ce que nous étions avant notre conversion.

Le fil d’Ariane, c’est tout ce qui nous ramène à ce qui n’était pas : lorsque l’homme n’est pas, il ne peut pas retourner à ce qui était pour aller à ce qui vient ; s’il ne rétablit pas l’unité dans sa relation à l’autre dans le présent, il ne peut rétablir cette unité dans sa relation à l’autre dans le passé, avec les sages, les maîtres, les théologiens, les apôtres, les mystiques, sans la connaissance desquels il ne peut aller dans cet au-delà, à la rencontre de l’autre, établie par la Volonté de Dieu.

Après avoir oublié Ariane, Thésée oublie aussi de hisser le drapeau blanc lors de son retour, ce qui va provoquer la perte son père.

Le drapeau noir qui est reste hissé en haut du mat, signifie que Thésée n’est que ténèbres.

Dans l’horizontalité, lorsque l’on tue l’autre, on meurt à soi-même.

Thésée tue le minotaure avec la massue de cuir, et ne se sert pas de l’épée d’or.

La massue assomme, parce-que Thésée n’assume pas. Ceci parce qu’il n’est pas sorti du labyrinthe par le centre, mais par la porte extérieure, celle de la dualité ; et nous avons maintenant le fils à la place du père.

Cette épée d’or, c’est l’amour qui est fort comme la mort, qui nous coupe de la mort.

La massue est la force relative au fait.

L’épée d’or est la force d’aimer.

L’épée d’or ainsi que les sandales d’or avaient été cachées sous le rocher.

Ce rocher, c’est le cœur de l’Homme sous lequel se retrouve voilée la Lumière de la Révélation.

Egée reconnaitra son fils à l’épée d’or, et aux sandales d’or, qui symbolisent toute la richesse de la Parole et de la démarche pure et simple de l’être pénétré de la lumière de la Connaissance.

Ce sont les potentialités divines que l’homme retrouve lors de son retournement au cœur de lui-même, le préparant à son exode céleste pour son retour comme fis prodigue.

Thésée tue le minotaure avec la massue de cuir confisquée au brigand.

Etant méconnaissant de la Parole, il ne peut se servir de l’épée d’or, autrement dit du glaive.

Il se sert de la massue de cuir, donc animale, qui ne lui permet que de mener un combat extérieur, alors que l’épée d’or lui aurait imposé de mener le combat intérieur.

Le besoin de satisfaire son ego, car personne en dehors de lui n’avait pu tuer le Minotaure, anéantit en lui toute espérance de vie dans l’exigence de sens absolu qui l’habite.

C’est le combat intérieur que mène l’homme, qui lui ouvre la porte du salut, de lui comme de l’autre.

Car avec les sandales d’or et l’épée d’or, on tue le Minotaure ; mais ce Minotaure, c’est nous !

Autrement dit, on va tuer notre bestialité.

L’or dont il est question ici n’est pas l’or matériel, qui va plomber la vie de l’homme.

L’or matériel n’est qu’une conséquence chimique ; l’or spirituel résulte de la transformation alchimique.

Le masculin de l’être (Thésée) a donc oublié de retrouver le féminin de l’être (Ariane).

Si Ariane avait suivi Thésée dans le labyrinthe (pour éviter d’être oubliée), toute l’humanité aurait été détruite.

Elle est restée en dehors du labyrinthe, et ainsi la femme est restée l’avenir de l’homme.

Ariane, en dehors du labyrinthe, symbolise la résilience du féminin de l’être. 

Le Minotaure tué par Thésée était endormi.

Le Minotaure qui dort ne s’attend pas à ce que l’on rentre dans son labyrinthe. Donc Thésée ne remporte aucune victoire pour la vie ; Netzah dans l’Arbre des Séphiroth.

Ce Minotaure endormi n’avait plus qu’à mourir.

Cette « victoire » n’a rien à voir avec la conversion.

Si nous nous souvenons de Jésus rendant vivant Lazare : Jésus transforme la mort de Lazare en sommeil, alors que le Minotaure passe du sommeil à la mort, car Thésée ne peut rendre vivant personne !

Dans une vie relative au fait, l’homme n’est pas en sommeil, il est mort.

Dans la filiation céleste, il n’y a plus d’attachement au fait, symbolisé ici par le fil d’Ariane.

  • Filiation terrestre : sommeil symbole de mort.
  • Filiation céleste : mort symbolique de vie

La verticalité de l’être est le symbole du fil qui nous ramène au père.

Les sandales d’or devaient permettre à Thésée d’entreprendre cette démarche qui consiste à retourner vers le père. Mais pour que l’unité s’établisse entre le retour du fils, et son père, il est nécessaire que la démarche du fils soit pure. Mais en choisissant la voie terrestre (la voie sèche) au lieu de la voie maritime (la voie humide), autrement dit l’océan céleste ou les eaux d’en haut, Thésée, symboliquement, va se priver de toute possibilité de conversion.

N’ayant pas reçu la Parole de son père terrestre, Thésée, par son retour vers son père, ne peut rétablir l’unité car il est coupé de son  principe céleste et, comme pour tout homme menant une existence relative au fait, il participe au sacrifice de son père et des Saints Innocents ( les 7 jeunes garçons et les 7 jeunes filles) sacrifiés sur l’autel de l’inconscience de tout être qui, n’étant pas retourné au cœur de lui-même pour rétablir son unité de vie, ne peut établir le sacré : la vie infinie et éternelle. Ces 7 jeunes garçons et ces 7 jeunes filles symbolisent le 7ème jour, le jour du Shabbat, le Jour où Dieu se repose en l’homme pour voir l’Homme à Son Image et à Sa Ressemblance.

Le cœur de l’homme est le sanctuaire, le temple de Dieu dans sa relation au Père et au Fils.

La massue, l’instrument du massacre, est le symbole des fatalités qui tombent sur le monde extérieur, quand l’humanité n’a pas pris le chemin de la conversion qui lui permet d’incorporer pour dominer, et maîtriser son animalité (son ignorance des lois et des règles de justice, de bonté et de vérité), représentée par la monstruosité du Minotaure. La rectification du chemin intérieur est le « droit fil céleste » qui mène à l’Agneau triomphant au sommet de la Montagne de Sion (la vie paisible et douce de l’être éclairé, initié, dans le Royaume de l’Intelligible). Pour l’homme extérieur il en va autrement : il voit son âme dévorée par les « loups » de la finance, de la corruption, des intérêts particuliers qui compromettent l’avenir des jeunes générations : c’est le sacrifice des « Saints Innocents ».  Le Pardon est celui de la conversion de tous ceux « qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient ». La filiation Céleste est celle de la Maîtrise retrouvée, à la suite du Seul et Véritable Maître, par l’appel de la Grâce à la « Quête de l’Absolu ».

Thésée, au contraire, enfermé inconsciemment dans un schéma parental mortifère, est rentré dans un royaume terrestre dans lequel les rois et les princes se succèdent ; toujours en quête de pouvoir existentiel, matériel, le futile et l’éphémère leur donnent toujours plus l’illusion de détenir des vérités qui ont pour conséquences d’infantiliser une populace malheureuse au plus haut point de son inculture de la parole des sages et des maîtres. « Le droit civil », profane, laïc, se pense, se croit, se veut tout puissant, dans une dictature volontaire démocratique, face aux « maîtres compagnons du devoir » de la nécessité « d’aimer son prochain comme soi-même. Car, celui qui n’aime pas demeure dans la mort ! » Jean, 4.

La mort d’Égée symbolise la chute et la disparition de tout royaume terrestre qui n’est pas le royaume des Cieux, dont les portes s’ouvrent sur « le règne de l’Imaginal », des Principautés, Souverainetés, Dominations, Puissances Célestes, Des Anges, Des Archanges…de Dieu lui-même.

Thésée n’étant pas un fils spirituel, il n’est que le symbole de la continuité de l’œuvre satanique de l’intellect de l’homme vidé du sens sacré de la vie. Les discussions stériles et donc mortifères en sont la traduction de plus en plus évidente… entretenues par des thèses (Thésée), des antithèses, des synthèses, qui n’aspirent qu’à encore d’autres thèses coupées (comme le fil d’Ariane) de toute genèse, de toute création de vie meilleure …C’est l’écoute, avec son cœur, de la Parole Vivante qui  « coupe court » à toute discussion relative, égotique, égocentrique, belligérante, car ne pouvant plus, ne sachant plus, comment établir  l’Union Sacrée entre la Vie et Son Principe !

LA FOI

«  Jamais rien de créé ne rassasie le désir de l’homme.

Dieu seul rassasie, et au-delà : à l’infini.

C’est pourquoi on ne se repose qu’en Dieu. » (St Thomas d’Aquin)

La Vérité première n’est pas le seul objet de la Foi.

L’objet de la Foi est d’une part la motivation pour l’homme (dans l’extériorité) dans l’humanité du Christ, dans les sacrements de l’église, et dans la condition des créatures… et d’autre part la Vérité qui se crée : le Réel.

Dieu revêt le plan humain pour que l’homme revête Dieu : la Réalité apparaît pour que l’apparence soit transformée en réalité. «  Quittez votre tunique de peau pour revêtir le Christ ! » (Saint Paul)

Dieu revêt l’apparence de l’homme pour que l’homme revête la Vérité de Dieu. Car toute apparition (ce qui apparaît au regard de l’homme, d’un seul homme) n’est relative qu’à une disposition particulière et momentanée, éphémère, par rapport à l’Absolue Vérité de Dieu qui ne cherche qu’inlassablement de vouloir se donner à la vision du cœur de chacun . Si Dieu n’était qu’apparence pour les uns , Il ne serait pas Vérité  Absolue !

Jésus n’est pas l’apparence de Dieu, car il est Dieu, sinon il ne serait qu’une apparition de Dieu, et non pas l’Éternel Présent…

Par le Christ, sa vie en christ avec le Christ, l’homme passe de l’illusion, fruit du sentiment humain, à la Vérité. « Par Lui , avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père Tout Puissant, tout Honneur et toute Gloire pour les siècles des siècles. Amen ! »

La Manifestation de Dieu sur Terre est la Naissance, la Vie, la Mort et la Résurrection de Son Fils Unique. Un seul et même Esprit, un Seul et Même Être ; Un Seul et Même Temps  : L’Éternel Présent.

« Être ou ne pas Être » au cœur de soi. Ce n’est qu’ au cœur de lui-même que l’Homme se retrouve en présence de l’Être Suprême. Le sens de « l’être » est signifié dans le passage du fait à l’esprit, de l’existentiel au spirituel et à son  Au-delà, sa Source originelle, Infinie et Eternelle.

Nous disputons encore une fois Thomas d’Aquin ; c’est une grâce transmutée, transformée en  enrichissement : la Parole non encore manifestée dispute avec la Parole déjà manifestée. La manifestation n’est Manifestation que si elle amène à une nouvelle manifestation : Son Au-delà.

Citons Thomas d’Aquin :

L’objet d’Habitus Cognitif contient 2 choses : ce qui est matériellement connu et ce par quoi l’objet est connu qui en est la raison formelle. Si nous regardons la raison formelle de l’objet ce n’est rien d’autres que la Vérité 1ere, c’est-à-dire Dieu lui-même. La Foi dont nous parlons ne donne pas en effet son assentiment à une chose si ce n’est parce que Dieu l’a révélée.

Toute manifestation est révélation. Tout ce qui se passe dans le monde matériel de manière dramatique catastrophique est révélation de la perte de la Foi en Dieu et appel à la nécessité du retournement à la Foi en Dieu. La Foi en Dieu est la pleine et parfaite présence de l’Homme au cœur de lui même. Cette présence de l’Homme au cœur de lui-même redonne à l’Homme la Foi en Dieu grâce à la Présence de Dieu en l’Homme.

 La Fidélité infinie et éternelle de Dieu est signifiée et témoignée par sa Pleine et Parfaite Présence dans le cœur de l’Homme. L’Homme n’a pas foi en Dieu car seul Dieu est fidèle. C’est la Fidélité de Dieu en l’Homme pour l’Homme qui ramène l’Homme à Sa Fidélité. L’Homme n’a pas la Foi, il reçoit la Foi, il L’accueille dans son cœur, et le témoignage de cette Foi est la Charité.

Dieu témoigne de sa Foi en l’Homme, dans la grâce de Son Amour. Dieu a Foi en l’Homme  parce qu ‘ Il est Foi en l’Homme.

Dieu n’a foi en l’Homme que lorsque l’Homme n’est plus, pour permettre à Dieu d’être en l’Homme : « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-mêmes, pour porter Ma Croix dans le monde » dit le Christ aux Apôtres.

La verticalité de l’être dans son immutabilité est cause de l’ Incarnation du Verbe de Dieu pour que l‘Homme soit dieu. « Au commencement était le Verbe, le Verbe était avec Dieu, le Verbe était Dieu. » Prologue de Saint Jean.

Comme il était au Ciel, Il a été  aussi en l’Homme ; et comme Il est  au Ciel, IL est et sera aussi en l’Homme. Telle est la Foi de Dieu en l’Homme pour l’Homme !

Saint Paul dit « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes, sans l’Amour vous ne faîtes rien » Cet Amour c’est Sa Présence dans la Mort spirituelle, ontologique et essentielle de l’Homme.

Dieu dit « Je suis qui Je suis », alors que Jésus dit « Je suis ce que je suis » : le Non -Manifesté est devenu et devient pour l’Homme retourné à sa Vie en christ en suivant le Chemin de la Sagesse de Dieu, Sa Parole, Manifestation de la Vraie Vie.

Le cœur de l’Homme devient le Seigneur : là où règne la Lumière, le 8e Jour de la création. « Autrefois vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur vous êtes Lumière. Conduisez-vous comme les enfants de Lumière…3 ( Saint Paul)

C’est la Foi qui ordonne la vie de l’Homme dans sa relation à Dieu. La Foi est pleine et parfaite expression de la Volonté de Dieu pour l’Homme. L’exposé de la Foi est contenu dans le symbole. Or dans le symbole, il n’y a pas des énoncés mais des réalités = l’Homme n’annonce pas sa foi en Dieu, il est témoin de la Foi de Dieu en l’Homme. La Foi n’est donc pas une vérité à énoncer personnellement, mais une Réalité qui se donne à vivre et à se partager. Le miracle de la Foi est celui de la vision d’un face à face à Dieu.

L’Homme infidèle manque à la Foi, il ne manque pas de foi.

Les 3 vertus cardinales de Clémence, Tempérance et de Prudence symbolisent le plan humain de l’Homme. Les 2 vertus de Justice et de Force symbolisent le plan divin de l’Homme. Ces 5 vertus cardinales dans la relation de l’Homme à lui, puis de l’Homme à l’Autre sont sous tendues par les vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité. L’Espérance ramène l’homme au cœur de lui-même, la Foi est la Présence Fidèle c’est-à-dire Infinie et Éternelle de Dieu dans sa relation à l’Homme ; et la Charité est la plénitude de Son Amour.

La Charité est la plus grande des vertus car elle signifie la genèse et la création de la Vie éternelle et infinie. La Charité est la présence sur terre de l’Infini, de l’Éternel : «  Caritas in Veritate » ; la Charité est Manifestation de la Vérité.

Quand l’Homme soumet sa vie à la Parole, il rentre dans le Silence de Dieu, comme son corps rentre dans une cathédrale pour faire taire son égo qui voudrait encore et toujours l’amener à penser et à croire. Il est alors pénétré pleinement et parfaitement du Son du Silence.

La Cathédrale n’est symbole dans la vie de l’Homme que lorsque la vie de l’Homme symbolise cette cathédrale. La symbolique reflète le symbole comme le symbole témoigne de la symbolique ; du sens donné  de la Vie à la vie. C’est le « Grand Pardon » !

Dans le cœur de l’Homme, le symbole (l’abbaye) devient symbolique (être l’abbaye) pour que la symbolique intérieure (genèse) devienne symbolique extérieure : création (L’Abbaye). La symbolique est genèse et création, à partir du symbole, d’une nouvelle genèse et d’une nouvelle création, au Nom de la Création. C’est le Saint Nom de Dieu, YHWH, qui porte en Lui le Nom de tout nom. L’Homme ne choisit pas, il ne veut plus : il est choisi, appelé, amené, rendu juste et bon à la conscience de l’Être, reflet de la Présence de l’Être : «Partout où vous vous réunirez en Mon Nom, Je serai parmi vous ! »

La symbolique de la Bonne Nouvelle de la nouvelle humanité (être l’Abbaye) est genèse et création à partir du symbole (être l’abbaye) d’une nouvelle genèse et création (l’Abbaye). Le déjà manifesté (l’abbaye déjà existante et donc en partie détruite) dans sa symbolique révélée à l’homme qui retourne au cœur de lui-même au cœur de cette même abbaye, appelle à la Manifestation de l’ Abbaye (la Nouvelle Humanité) à partir du non- encore  manifesté ( l’abbaye dans le devenir de son être : la Présence de l’Être Suprême Pleine et Parfaite  en son  sein).

L’abbaye, le symbole, génère la symbolique, dans le cœur de l’Homme (être l’abbaye), pour la genèse et la création de la nouvelle Abbaye. C’est la Bonne nouvelle pour l’homme dans sa vie en Christ.

Retourné au Père tout puissant, le Verbe Créateur s’incarne en l’Homme qui vit en Christ pour la création de la nouvelle Humanité.

Devenez des pierres vivantes pour participer à la construction de l’édifice signifie que lorsque l’Homme rentre dans le Temple de sa vie intérieure, il est transformé en cathédrale de la Vie Infinie et Éternelle ( Le Point définit le Cercle de la Révélation ; le Cercle signifie le Centre ; la présence pleine et parfaite de l’Homme au cœur de lui-même : son immutabilité . C’est le plan divin dans lequel il passe, dans un Seul et Même Temps, du manifesté au non manifesté.

La Foi est le Cœur Mystique du Christ. Le Cœur mystique du Christ n’est autre que le Christ lui-même qui voyant l’Homme au cœur de lui-même s’incarne en lui. L’Être Christique n’est Esprit Âme et Corps que parce que le Christ vit pleinement et parfaitement dans son cœur.

Lorsqu’on écoute la Parole d’un maître, c’est pour signifier à ce maître, en toute humilité, en parfaite simplicité, et en humble reconnaissance que ce n’est pas nous qui vivons mais que ce maître vit en nous.

Quand nous parlons  de Thomas d’Aquin et de Me Echkart, ce sont bien Thomas d’Aquin et Me Echkart qui parlent à notre cœur mystique selon la Volonté de Dieu : C’est le parfait mystère de l’Incarnation dans sa Manifestation comme dans Sa non-encore Manifestation.

Le Principe de la Foi définit le caractère nécessaire de l’infaillibilité (quand tu es fidèle, tu ne peux faillir à la Parole).

L’Être spirituel veille à ce que toute sa vie demeure fidèle à la Parole, c’est la condition unique et nécessaire à la pleine et parfaite Présence de Dieu. L’écoute de la Parole est à la fois porte de salut de l’humanité, et Sagesse et Amour de la divinité.

Le sens de l’au-delà est une Grâce que nous donne Dieu ; l’au-delà c’est la vie, et le sens en est la Source. L’Homme au cœur de lui-même est la source de la vie pour tous ceux qui ont déserté leur cœur. C’est l’amour de l’autre qui signifie notre fidélité à Dieu par la Grâce de Dieu : le Seul et Véritable Fidèle.

Lorsque l’Homme est au cœur de lui-même, il est dans la pureté de cœur et d’esprit qui manifeste l’exigence de sens absolu qui l’habite. Cette exigence de sens absolu n’est là que pour le couper d’une vie relative au fait le concernant, comme tous ceux qui l’entourent. Lorsque on est un homme droit, personne avec nous n’a le droit de discuter ce qu’il est juste et bon d’être, de dire ou de faire pour que la vie soit meilleure et le monde meilleur : c’est l’Exigence du plein et parfait Amour.  

« Celui qui n’exige rien de lui ne peut rien demander à l’autre » dit Confucius. Il n’y a donc pas de plus grand bonheur que d’être dans l’exigence absolue  de vivre en Dieu, pour que Dieu vive en soi. C’est « Être Dieu en Dieu » dit Me Echkart.

L’acte de Foi est la pleine et parfaite Présence de  Dieu qui se traduit par l’Amour. Une Présence qui est Source de la Présence et Au-delà de La Présence !

Saint Paul dit « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes, sans l’Amour vous ne faîtes rien »

Lorsque l’homme pense qu’il a la foi c’est qu’il n’est pas fidèle, c’est qu’il ne s’est pas laissé rendre fidèle par la Présence de Dieu qui est toujours le Seul et l’Unique.

L’Homme doit demeurer dans le 7eme Jour (les vierges sages) du Shabbat, parce qu’il doit devenir le 8eme Jour de la genèse et la création, l’enfantement de la vie.

 Dieu se rend fidèle dans le cœur de l’Homme pour appeler et ramener l’Homme à sa fidélité et à Dieu : c’est l’Homme-dieu, qui n’est pas Dieu, mais qui est en qualité d’être dieu dans Sa Manifestation. En effet, quand l’Homme part à la rencontre de lui-même, Dieu vient à sa rencontre dit Saint Bonaventure.

La Loi est la voie, le chemin qui mène à la Foi ; et la Foi est la Grâce qui signifie la Loi.

La judéité mène à la chrétienté ; la chrétienté justifie la judéité.

Selon cette parole des hébreux 11,6 : « Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu », la Foi devient un précepte plus qu’obligatoire,absolument nécessaire. Le Nouveau Testament est contenu dans l’Ancien, comme une réalité figurée dans sa figure. Mais dans le Nouveau Testament il y a des commandements qui touchent expressément à la Foi comme on le voit en Saint Jean 14, 1 : « Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Le Nouveau comme l’Ancien ne font qu’Un ! Exode 20, 3 : « Tu n’auras pas devant moi de dieux étrangers . » Toujours dans l’Exode 12,26,  il est prescrit que les Israélites, à la demande de leurs enfants, définissent bien le sens de l’observance pascale. La Parole du Christ : « Laissez venir à moi les petits enfants… » prépare à la Pâque juive, du pain sans levain (la Parole de Dieu) qui ouvre la porte de passage ( la Pessah) de l’Exode Céleste. La Parole qui fait Loi dans le cœur du Juste est indissociable de la Foi que Dieu place en l’Homme !

L’observance de la Loi n’est pas assujettissement mais libération dans la perspective de la réalisation de la Foi. La Foi est présupposée aux préceptes de la Loi (Exode 20,2 : « Je suis le Seigneur, ton Dieu, c’est Moi qui t’ai tiré du pays d’Égypte ; Deut 6,4 : Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’Unique). Israël est la première révélation de l’existence de Dieu dans son retournement, son Baptême ! La relation de l’homme à Dieu n’émane pas de l’homme mais de la Volonté de Dieu : c’est le fruit de Son Esprit de Genèse et de Création Infinie, Éternelle et Universelle.

Le principe de vie spirituelle émane de la Foi pour un retour à la Foi , à Dieu , au Seul et Véritablement Fidèle. La Foi de Dieu en l’Homme, pour l’Homme est contenue dans le Mystère de l’Incarnation où « Dieu se fait tout petit pour que l’Homme devienne grand ». Or rien ne peut être aussi grand que Dieu. Cette grandeur tient à la Présence de Dieu en l’Homme qui accomplit pleinement, parfaitement le Principe Un : ce n’est plus Dieu ou l’homme, mais l’Homme et Dieu. C’est la grandeur de l’être, l’au-delà de Sa Manifestation en l’Homme, l’Essence Même de son Arbre de Vie : son élévation. La Foi est porte de passage de la dualité à l’Unité dans le plan céleste de l’être comme dans le plan terrestre de l’Homme. Par la Grâce de la Foi, « Tout se passe sur la Terre comme au Ciel ». L’élévation est cause de la fructification !

La Foi est Connaissance selon la prescription du Deutéronome (4,9) : « Tu apprendras cela à tes enfants, et aux enfants de tes enfants. » « Avoir la Foi », ce n’est pas la posséder, mais la recevoir et la donner. Elle est le parfait symbole de la Maîtrise, du Seul et Parfait et Véritable, et donc Vénérable Maître. « Veni-Vidi-Vici »… Deut (4,2) : « Vous n’ajouterez rien à La Parole que je vous dis, vous n’en retrancherez rien. » L’Amour a vaincu  la Mort ! La Mort spirituelle nous ouvre les portes de la Vraie Vie…essentielle et ontologique. L’image retrouve tout son sens dans la ressemblance...

La Loi est science ; la Foi, conscience. Malachie : «  Les lèvres du prêtre gardent la science et c’est de sa bouche qu’on attend la loi. » « Quand ils connaîtront ces lois, tous diront : « Voici un peuple sage (Hokhmah) et intelligent (Binah)» Deut (4,6). La Loi est le Chemin qui mène du sensible à l’intelligible ; la Foi est la Voie Sacrée qui conduit  (la Main de Dieu : le YAD) de l’intelligible au règne de l’Imaginal. L’homme qui place son âme et son esprit dans la Main de Dieu ne peut plus subir les manipulations existentielles de son égo et celui des princes de ce monde.

Recevoir la science de la Parole  et l’intelligence se fait par l’enseignement des maîtres ; Il est dit en effet dans le Deutéronome (6,6) : « Ces paroles que je te prescris seront dans ton cœur. » Il appartient au disciple de bien appliquer cela à son cœur! « Tu le raconteras à tes enfants » concerne l’enseignement du maître qui reçoit, vit et transmet. L’usage de la science et de l’intelligence se traduit par la méditation. Au cœur de l’homme la mémoire ne peut plus s’effacer : « N’oublie pas les paroles que tes yeux ont vues, et ne les laisse pas sortir de ton cœur un seul jour de ta vie ; » Deut (4,9) L’enseignement prophétique, évangélique, apostolique est celui de la Parole vivante, de la parole du Vivant. La Connaissance de la Parole des fidèles de Dieu en est leur science et leur intelligence. La discipline serait l’affaire des « enfants de Dieu » ; l’enseignement de la Loi doit être l’affaire « des Fils et des Filles de Dieu ». Le drame de l’humanité tient toujours au fait que les « grands «  de ce monde  assoit leur autorité au-dessus du peuple dans le domaine du temporel, sans être instruit par des prêtres de la conscience et de l’intelligence de l’universalité du Royaume de l’intemporel.

La méditation de la Loi s ‘accomplit dans l’ acte de Foi qu’est l’Amour.

(Novembre 2022)

L’ESPERANCE

L’ESPERANCE

L’Espérance est une Volonté de Dieu, du Père de « faire sortir l’homme de l’errance », ce qui est rappelé par Saint Paul « Le Christ viendra ouvrir vos tombeaux pour vous en faire sortir, il viendra libérer vos âmes et vos esprits enfermés dans des terres d’exil », les terres d’exil étant la vie matérielle de l’homme.

Le Mystère de l’Incarnation réside dans la Sagesse de Dieu d’avoir envoyé son Fils, Sagesse vivante et manifestée, pour ramener l’homme à la Conscience Suprême de l’Esprit.

Les vertus théologales, qui n’appartiennent qu’à Dieu, d’Espérance, de Foi et de Charité, sous-tendent les vertus cardinales de Clémence, de Tempérance, de Prudence, de Justice et de Force, sans lesquelles l’Homme ne peut combattre les forces du mal qui entrainent sa chute. Les vertus théologales sont Principes et les vertus cardinales sont manifestations du Principe

L’espoir est tout autre, il appartient à l’homme qui sent au fond de lui-même les potentialités freinées, bloquées, inhibées. Potentialités qu’il voudrait bien libérer, depuis la chute, ce qui lui est impossible sans l’aide de Dieu dont il n’a jamais cessé de se détourner. L’espoir n’est que souhait éphémère d’une volonté, d’un désir ponctuel de sortir d’une situation de mal-être pour retrouver une situation de bien-être. Alors que l’Espérance de Dieu est Volonté pour l’Homme en quête d’Absolu, de vie infinie et éternelle : de Vraie Vie.

L’Espérance de Dieu ne s’applique qu’à l’Homme qui n’a plus de volonté propre pour que Sa Volonté s’accomplisse. Il ne se sauve que par l’écoute de la Sagesse du Fils : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » et de son affirmation : « nul ne peut retourner au Père sans passer par moi ». Ce retour au Père étant la conversion de la créature à l’Etre Créateur, le Baptême, pour retrouver sa nature divine originelle.  

« N’ayons pas besoin de passer par le jeu des expériences amères » disent tous les sages et les maîtres. C’est pourquoi tous ceux qui ont succombé à la tentation (les goûts, les envies, les besoins) ne peuvent plus que mettre leur espoir en Dieu.

L’Espérance de Dieu est une grâce qui ne fait que signifier la soumission des êtres purs et simples à Sa Parole. L’élévation de leur âme et de leur esprit par la main de Dieu à la Conscience de l’unique nécessaire qu’est l’Amour, les plonge pleinement et parfaitement dans cette attente de Dieu pour l’Homme.

L’espoir de l’homme signifie d’une part qu’il ne peut plus compter que sur lui-même, « la chance ou la hasard », d’autre part qu’il garde en lui, au plus profond de lui-même, l’Espérance de Dieu. Ce qui signifie que l’homme n’a rien à espérer de véritable, de durable en dehors de la Volonté de Dieu : l’espérance d’être dieu en Dieu.

Si l’homme garde espoir, sans la véritable volonté de se soumettre à Dieu et à ses exigences, son espoir demeurera vain ; sans le Père, il ne sortira pas des ténèbres de son existence égotique, qui plonge de plus en plus son âme dans la nuit profonde de la désespérance.

La grande Miséricorde de Dieu se manifeste dans et par la venue de Son Fils sur Terre qui n’est autre que le Sauveur de toute l’humanité. Si Dieu est le Sauveur c’est parce qu’il n’a pas besoin d’être sauvé. L’homme, au contraire, vit dans l’espoir d’être sauvé. C’est pourquoi L’Homme n’est sauvé de manière essentielle, infinie et éternelle, qu’en Dieu.

Si l’espoir concerne l’homme, l’Espérance ne concerne que Dieu et l’Homme (l’homme vivant en Christ)

Pourquoi l’Espérance est la première des vertus théologales, avant la Foi et la Charité ?

C’est la Volonté du Père, à travers la venue du Christ que de faire sortir l’homme de l’errance, pour retrouver l’Intelligence de la Foi et la nécessité de la Charité.

L’Espérance de Dieu pour l’Homme témoigne de sa prédestination. Elle est le fruit de la Connaissance de Dieu de l’homme bien avant qu’il soit. Elle est le symbole du Saint Nom YHVH, de « ce qui est, ce qui était et ce qui vient ».

« Dieu ne donne pas son bien le plus précieux qu’est la Vie à la sensualité ; elle n’est pas capable de la recevoir » selon Jean Tauler. Cette Vie c’est la Charité de Dieu consacrée uniquement à l’Unité. L’Homme intérieur, vivant dans l’Espérance et de l’Espérance de Dieu, ne peut plus séparer (dualité) la Création de son Principe.

Les 3 vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité se révèlent pleinement dans le Yod, le Germe Divin, et l’Incarnation du Verbe, le don de Dieu lui-même.

Si Dieu ne se donne pas en totalité à l’homme, l’homme ne peut retrouver ce qui fait sa totalité. C’est dans cette unité de Dieu à l’Homme et de l’Homme à Dieu que l’Unité est rétablie et que s’accomplit la Vie infinie et éternelle.

C’est le Christ qui symbolise cette unité de vie infinie et éternelle entre Dieu et l’Homme.

C’est le Christ vivant, ressuscité d’entre les morts, en tout homme vivant dans son imitation par le recouvrement de Son Image et de Sa Ressemblance.

L’Espérance de Dieu a pour but de ramener l’Homme à Son Image et à Sa Ressemblance. Dès lors, au regard de l’homme vivant sur Terre, si l’espoir demeure toujours horizontal, l’Espérance, elle, est verticale. La science a verticalisé l’homme dans son corps, la Connaissance de Dieu l’a verticalisé dans son cœur. Tel est le symbole de la Croix du Christ, de la verticalité de son être tout entier tendu vers l’Intelligence Suprême de l’Au-delà. La vision spirituelle de l’Homme est celle de la perfection de la vie au-delà du fait et non d’un scientisme qui se veut toujours plus perfectionniste. La Perfection n’est vraiment pas de ce monde !

Le premier sens de l’Espérance est de libérer l’âme et l’esprit de l’Homme, entraîné dans sa chute mortelle par une vie relative au fait et dont la servitude croissante se manifeste à travers de plus en plus de goûts, d’envies de besoins.

C’est l’Espérance de Dieu qui permet à l’homme d’entrevoir la lumière de sa quête de l’Absolu.

L’Espérance de Dieu donne à l’Homme le pouvoir de soumettre sa sensualité à Sa Volonté afin de recevoir la Vérité. « Les sens, en effet, ne sont pas capables de recevoir la vérité, ils ne peuvent donner que la mort » Jean Tauler.

Aux cours des siècles et au regard de l’homme, l’Espérance a revêtu un sens différent.

Pour le grec qui juge le présent et oriente son action en conséquence, la mort ouvre sur un monde meilleur, pour celui qui vit dans le respect d’une certaine sagesse.

Tandis que pour le juif, fondant son espérance sur Dieu dont il se sent totalement dépendant, la mort ne laisse place à aucun avenir individuel.

Avec la venue du Christ, l’Espérance a changé de statut. Sans doute y avait-il de l’espérance dans l’Ancienne Alliance, une espérance collective, toute soumise à Dieu, mais dont l’horizon ne dépassait que rarement les désirs terrestres.

Dieu s’adressant à Noé lui dit « toi seul a été juste car toi seul a conformé ta vie à Ma Parole ; je te sauverai toi et toute ta descendance quant au reste de l’humanité je submergerai la terre des océans et je l’emporterai » C’est donc une espérance terrestre.

Avec la Résurrection, la vision de l’espérance est transformée. La Foi (la fidélité à la Parole du Dieu Vivant) entraîne le chrétien vers un monde divin auquel le Christ lui a donné accès et ce monde divin est le Christ Lui-même, porteur de l’Espérance du Père.

Si le juif fonde son espérance sur Dieu, le chrétien est l’Espérance de Dieu en Dieu pour Dieu.

L’Espérance vivante de Dieu selon saint Paul est l’apôtre du Christ : le chrétien vivant dans la plénitude de la Grâce de l’esprit Saint à l’Image et à la Ressemblance de Dieu.

Saint Paul nous dit : « Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme, c’est pour que l’Homme devienne Dieu » La béatitude pour Me ECKART c’est d’être dieu en Dieu. Or i n’y a que Dieu qui puisse être en Dieu.

« Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-mêmes pour porter ma croix dans le monde » dit le Christ aux Apôtres. La croix symbolise la verticalité de l’être porté à écouter, à voir, à comprendre pour être, pour dire, pour faire : en un mot aimer.

Cette Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint Esprit au coeur de l’Homme (dans le cœur du chrétien) est et devient chaque jour davantage Espérance, Foi et Charité par l’Amour de Dieu qui est infini, éternel et immuable pour l’humanité tout entière.

Si le juif fonde son espérance sur Dieu, dans le vécu de Sa Parole, Dieu fonde son Espérance en l’Homme, dans l’Homme et pour l’Homme.

L’Espérance de Dieu pour l’Homme est à la fois la source, la potentialité et la parfaite réalisation de la vie du chrétien.

La vie en Christ n’est que la porte qui s’ouvre sur un au-delà de l’au-delà (le Baptême)

L’homme ne peut aucunement concevoir le monde divin puisque la matérialité de son être le limite à ce que ne peut être à ses yeux que genèse et création.

Toute élévation de sa conscience par la Main de Dieu n’est qu’un ennuagement de son âme et de son esprit, de ce que peut être la Véritable Conscience c’est à dire la Volonté de Dieu. L’orgueil empêchant l’homme de voir sa conscience élevée à la Conscience de Dieu l’amène à le renier.

Or, si l’homme avait conscience de Dieu il ne pourrait pas être conscience de Dieu. L’être spirituel est un être conscientisé.

La Conscience de Dieu est bien pour l’Homme passage de l’avoir à l’être.

Selon les dires de Thomas d’Aquin, « le chrétien doit-il désespérer de ce monde plutôt que de s’y salir les mains ? » Le chrétien doit-il désespérer de ce monde et ne plus porter de regard sur lui ?

Le monde symbolise la vie extérieure de l’homme, et le royaume sa vie intérieure. Le chrétien établit cette unité de vie « par Lui, avec Lui et en Lui », tel est le sens de la liturgie et de son appel à la communion d’âme et d’esprit de l’Homme en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.

Thomas d’Aquin veut nous rappeler ici que ce qui symbolise l’être spirituel au regard de ce monde est signifié par le port des gants blancs au cours des cérémonies religieuses. Ces gants blancs signifiant la pureté intentionnelle de l’être éclairé, initié. Ils symbolisent le détachement du fait sans lequel l’homme ne peut faire. Ce détachement signifie l’inconditionnalité de la volonté d’aimer.

Me Eckart « ce qui fait que Dieu est Dieu, cela repose sur son détachement impassible, de là sa pureté, sa simplicité, son immutabilité. Si donc l’Homme doit devenir semblable à Dieu cela ne peut être que par le détachement ; de là sa pureté, simplicité et immutabilité. Et ces qualités produisent une ressemblance entre Dieu et l’Homme. Cette ressemblance est produite par la Grâce qui ne fait qu’élever l’Homme au dessus du temporel, et le purifie de tout ce qui est passager ».

La vie du chrétien n’est qu’unité entre le Royaume (la vie céleste de l’homme, les eaux d’en haut, le Mi) et le monde (la vie terrestre de l’homme, la matière, les eaux d’en bas, le Ma).

Le chrétien ne peut désespérer de ce monde car pour lui tout est matière, depuis la venue du Christ sur terre, à une écoute nouvelle, vision nouvelle, compréhension nouvelle, selon la Volonté de Dieu de placer l’Homme au cœur de Sa Création, pour être à son Image et à Sa Ressemblance, un être créateur.

Pour le véritable chrétien, l’homme parvenu au cœur de lui-même pour vivre purement et simplement en Christ, tout se passe sur la Terre comme au Ciel.

Le Chrétien doit-il désespérer de ce monde ? La réponse constitue un bon test de la théologie de l’Espérance. La clé réside dans la distinction de l’avoir et de l’être. L’objet de notre espérance est l’accomplissement de notre être personnel en Dieu, c’est-à-dire de sa réalisation trinitaire dans laquelle il ne se réalise pas, mais voit la Volonté de Dieu se réaliser.

Tout ce qui promeut l être intérieur de l’homme, divinisé par l’Esprit du Christ, l’Espérance y travaille nécessairement. L’espérance de l’homme en Dieu est de ne plus rien vouloir pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse. L’expression de l’espérance de l’homme s’effectue à travers le renoncement de tout avoir, ou être, selon la Parole du Christ aux Apôtres : « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-même, pour porter ma croix dans le monde ». La Main de Dieu élève l’âme et l’esprit à une verticalité où l’écoute et la vision atteignent une telle pureté, une telle simplicité qui ne sont rien d’autre qu’une conscience toujours plus belle, toujours plus haute, recevant chaque jour davantage la seule et vraie lumière du Royaume qu’est l’Au-delà. Dans l’Au-Delà tout est Principe car il n’y a plus de fait. C’est le Principiel, le Principe qui vient du Ciel

Dans l’Espérance, les Eaux d’en Bas rejoignent les Eaux d’en Haut, ce qui fait qu’il n’y a pas contradiction mais continuité entre l’élévation de son âme et de son esprit et le désir de corporéité d’un monde meilleur sur Terre : c’est Jésus marchant sur les eaux, la Paix du Christ, paix intérieure qui se traduit par la paix extérieure. Ce n’est que par l’Amour de Dieu que l’homme se met en paix. Jean Chap 1 nous rappelle le commandement de Dieu « Aime ton prochain comme toi-même, car celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». L’Espérance est pour l’Homme Résurrection.

La vie sur terre du chrétien, de l’Homme élevé à la Conscience de Dieu, n’est que le reflet de l’élévation de son âme et de son esprit, pénétré dès lors de la Volonté de Dieu, d’exprimer tout Son Amour dans une Véritable Charité. C’est par l’Espérance de Dieu que l’Homme atteint la Foi qui s’exprime dans la Véritable Charité.

Selon Saint Augustin, « la vertu, Dieu l’opère en nous sans nous ». Grâce au Maitre d’Epone, nous comprenons pourquoi les vertus cardinales, pour l’homme vivant dans ce monde sont bien sous-tendues par les vertus théologales qui trouvent leur source dans le Royaume. (sous-tendues, signifiant qu’elles ne concernent que les hommes qui se placent sous la tente des Prophètes de l’Ancien Testament, en marche vers leur divinité)

Les vertus théologales dans leur totalité (Espérance, Foi, Charité) attestent le retour plénier de l’homme à sa divino-humanité. Saint Paul « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » et « Pourquoi Dieu s’incarne en l’homme, c’est pour que l’homme devienne dieu », à l’image selon Sa Foi, et à sa ressemblance selon Sa Charité.  « Dieu se fait tout petit pour que l’homme devienne grand ». L’arche d’Alliance nouvelle et éternelle s’établit.

La vertu est une qualité propre à un être parfait d’après Aristote. Dès lors, l’Espérance est bien cette vertu qui appelle l’homme à la perfection. Au regard de l’Espérance, la vertu répond bien à cette qualité de l’être (sa perfection) dans le « Va vers toi » de Dieu à Moïse. Moïse symbolise la prophétie dans le passage de l’extériorité à l’intériorité. La quête de la vertu est passage de la faiblesse de l’homme à la force et à la dignité de l’Homme dans son retour à la Force et à la dignité de sa divinité. L’Espérance est bien cette vertu théologale qui rend l’homme à nouveau de plus en plus vertueux.

Elle fait sortir l’homme de son besoin de reconnaissance d’être vertueux au regard des hommes, pour se mettre humblement sous le regard de Dieu. C’est le besoin de reconnaissance qui coupe l’homme orgueilleux de toute connaissance de Dieu.

L’Espérance de Dieu est le passage du sensible à l’intelligible, du futile et l’éphémère à l’essentiel et éternel, de la fausseté à la vérité, du sentiment à l’Amour.

L’Espérance est principielle, elle est principe céleste du salut de l’homme tombé dans le péché originel.

L’Espérance est Exode dans l’Ancien Testament, pour devenir Passion dans le Nouveau testament. Elle n’est vertu pour l’homme que si elle répond à une attente de Dieu pour l’homme.

L’Espérance ne s’adresse qu’à l’homme qui n’a plus d’espoir, qui n’espère plus des ténèbres de ce monde.

L’Espérance de Dieu est de ramener l’homme des ténèbres du fait à la Lumière de l’Esprit, par le détachement impassible.

L’Espérance de Dieu est attente de l’homme par Dieu pour l’Homme. Dieu ne nie pas le fait, il est transcendance du fait. Dieu n’attend rien car il est le Tout.

L’Espérance de Dieu est rappel de l’homme à Dieu, de l’homme en Dieu, de Dieu en l’homme pour l’Homme : l’Amour de Dieu est infini, éternel et inconditionnel, ce qui parait paradoxal quand on parle de l’Incarnation de Dieu en l’Homme pour l’homme. C’est le scandale et la folie de l’Amour de Dieu pour l’Homme.

Inconditionnel signifiant au regard de Dieu d’un Amour pur, absolu sans aucune relativité. Cet Amour absolu s’est manifesté il y a 2000 ans par la venue du Fils de Dieu sur Terre pour être dans le temps eschatologique du Christ pleinement et parfaitement symbolisé par le « Ici et Maintenant du Christ », signifiant que désormais tout se passe sur la Terre comme au Ciel. Les Eaux d’en Bas pénétrées des Eaux d’en Haut sont à nouveaux rétablies dans leur unité dans le seul et même Amour : C’est le passage sur l’autre rive de l’humanité à la divinité.

Grâce à l’Espérance, il n’y a plus l’Amour de Dieu et l’amour de l’Homme, il y a un Seul et même Amour de Dieu en l’Homme, avec l’Homme et pour l’Homme, et de l’Homme pour Dieu. Comme Dieu s’incarne en l’Homme pour vivre en lui, avec lui et pour lui, l’Homme peut s’incarner en Dieu. Or comme nous le rappelle Me ECKART : « Il n’y a que Dieu qui puisse s’incarner en Dieu, et si Dieu s’incarne en l’Homme c’est pour que l’Homme ne soit plus Homme mais Dieu. L’humilité de l’être s’efface devant l’Etre Suprême : Rendons Gloire à Dieu, c’est l’Amour de Dieu qui fait de l’Homme son serviteur.

Dieu est le point culminant de la vie de l’Homme élevé à sa conscience pour ceindre ses reins de Sa ceinture, le point a défini le cercle. Dès lors le cercle signifie le centre, le Un définit le Tout, le tout signifie le un : « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». L’apôtre est devenu Apôtre. L’apostolat de l’homme d’aujourd’hui témoigne l’Espérance de Dieu.

L’Espérance est folie pour l’homme car sa seule raison est suprême et transcendante : Dieu Lui-même.

L’Espérance n’a d’autres raisons que d’amener l’homme et donc de permettre à l’homme de renoncer à toute volonté pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse.

Si la Tempérance redonne à l’homme le sens de l’intemporalité, l’Espérance est le chemin qui le mène à l’éternité.

Si celui qui espère est imparfait, celui qui vit dans l’Espérance est parfait car sa vision est celle de Dieu.

L’objet de l’Espérance est-il la béatitude éternelle ?

La béatitude éternelle est le fruit de l’Espérance de Dieu. Si la béatitude éternelle était une espérance de l’homme, elle ne serait qu’un vain espoir ; puisque l’Espérance de Dieu est de faire sortir l’homme de l’errance, c’est-à-dire d’une vie relative au fait.

La béatitude éternelle ne se donne qu’à l’Homme qui demeure centré sur lui pour contempler la vie que Dieu crée à travers lui.

L’Espérance est-elle une vertu théologale ?

Lorsque l’on parle de vertus théologales, l’Espérance, la Foi et la Charité, c’est parce qu’elles sont indissociables. Le sens de l’Espérance est la Foi et celui de la Foi, la Charité.

L’Espérance de Dieu ramène l’homme au cœur de lui-même dans lequel Il a placé Sa Foi. Par la parfaite fidélité à Sa Parole déjà manifestée, le Verbe peut s’incarner dans son « Ici et Maintenant », telle est la Charité.   

Saint Paul nous dit « nous avons une espérance qui pénètre », c’est-à-dire qui nous fait pénétrer à l’intérieur du secret par la levée du voile de la Béatitude Céleste.

L’Espérance est de transformer, transfigurer l’homme en Homme-dieu.

La Béatitude Eternelle pour l’homme est de contempler l’Esprit et la Vie de Son Créateur.

L’Espérance est une attente de Dieu exprimée dans la Profession de Foi : « J’attends la Résurrection des morts et la Vie du monde à venir »

Il est commun de distinguer dans l’esprit de l’homme les trois vertus théologales. Au regard de Dieu, il est utile et nécessaire de voir qu’elles ne font qu’une.

C’est ce que l’Homme éclairé, initié peut s’aventurer à envisager comme étant l’Intelligence Suprême de Dieu.

La Foi, étant comme nous le rappelle l’Apôtre « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme »

L’Espérance est un appétit infini et éternel de Dieu de la vie de l’homme.

Elle est un bonheur de l’âme qui lui permet de rendre gloire à Dieu.

L’Espérance est une puissance appétitive de Dieu qui rend l’âme impassible et immortelle.

L’Espérance est ce qui mène l’Homme à la jouissance du cœur, en le remplissant de Foi et de Charité.

L’Espérance de Dieu est l’espérance en l’homme de l’Homme (le Baptême), de l’Homme en Dieu (la Communion) et de Dieu en l’Homme (la Confirmation)

Saint Paul aux Romains Chap 4, « Car ce n’est pas en vertu de la Loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham et à sa descendance, mais en vertu de la justice obtenue par la foi. » En effet, si l’on devient héritier par la Loi, alors la foi est sans contenu, et la promesse abolie. Voilà pourquoi on devient héritier par la Foi : c’est une Grâce et la promesse demeure ferme pour tous les descendants d’Abraham, non pour ceux qui se rattachent à la Loi  mais ceux qui se rattachent à la Foi d’Abraham, lui qui est notre Père à tous, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas. Espérant contre toute espérance, ainsi est-il devenu le Père d’un grand nombre de nation selon cette Parole : « Telle sera la descendance que tu auras. »

Commentaire : La Foi est une grâce qui appelle l’Homme à l’Espérance de Dieu au-delà de toute espérance (Dieu qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas) ; ce qui fait de la descendance un principe céleste.

  1. Saint Augustin d’Epone « regardez les Apôtres eux-mêmes : s’ils n’avaient pas eu une grande Foi, ils n’auraient pas renoncé à tout ce qu’ils avaient, ils n’auraient pas foulé au pied les espoirs terrestres pour suivre le Christ et pourtant leur Foi n’était pas parfaite car ils n’auraient pas dit au Seigneur « augmente en nous la Foi »

Commentaire : L’Espérance de Dieu est au-delà (l’augmentation) de tout fait consacré à Dieu.

  • Saint Paul, Ephésiens Chap 1 : « Bénis soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a béni et comblé des bénédictions de l’Esprit au Ciel, dans le Christ. Il nous a choisi dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons faits, immaculé devant lui dans l’amour. Il nous a prédestiné à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de Gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous a donnée dans le Fils Bien Aimé. En lui nous sommes devenus domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de Celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa Gloire, nous qui avons espéré dans le Christ. »

Commentaire : Parole du Christ aux Apôtres  « Vous ne m’avez pas choisi, c’est moi qui vous ai choisi afin que vous alliez et que vous portiez du fruit »

L’Espérance de Dieu consacre cette 2eme Parole « Nul ne peut retourner au Père sans passer par moi » Parole qui concerne tout, ce tout espéré de Dieu pour avoir reçu la grâce d’avoir d’avance espéré dans le Christ

L’Espérance de Dieu devient dès lors pure vision au-delà de toute conception de ce qui était bien avant qu’il ne soit. Si le sens de l’être émane de Dieu, il ne peut être que si Dieu n’est pas, telle est la Seule et Véritable Espérance de Dieu.

  • Méditation de Benoit XVI : « Le Christ a tué la mort qui tuait l’homme grâce à l’Esprit qui ne pouvait mourir » Ecrit un père de l’église.

Le Fils de Dieu a ainsi voulu partager notre condition humaine pour l’ouvrir à nouveau à l’Espérance. Il est né, non pour mourir mais pour pouvoir mourir.

Commentaire : C’est ce pouvoir de mourir qui libère de l’esclavage de la mort. Avec le Christ, la mort n’est plus douleur, malheur, mais libération porte de passage vers la vraie Vie ; vers une vie pure, simple, fécondée par la Grâce de l’Esprit. Tout cela symbolisé en Marie, l’Immaculée Conception qui par la Grâce, de femme devenue Epouse, nous invite à participer aux Noces du Christ. Par les Epousailles du Christ (de l’homme en l’Homme, de l’Homme en Dieu et Dieu en l’Homme) les Miracles commencent à s’accomplir.

  • Saint Paul, Corinthiens Chap 1 : « L’Amour ne passera jamais », les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, les prophéties sont partielles, ce qui demeure aujourd’hui c’est l’Espérance, la Foi, la Charité, mais la plus importante des trois, c’est la Charité.

            L’Espérance, c’est Dieu, la Foi c’est l’Amour, et la Charité, la Genèse et la Création. 

Commentaire : ce qui est cher au regard de Dieu, c’est l’unité. L’Espérance de dieu, c’est sa Foi autrement dit sa fidélité en ce qui était ce qui est et ce qui vient. La Charité dans la Vérité. La Vérité c’est l’amour de Dieu infini et éternel.

  • Pierre, Chap 1 : « Bénis soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ : Dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaitre pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. » Cet héritage vous est réservé dans les cieux à vous que la puissance de Dieu garde par la Foi pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps.

Commentaire : La mort et la résurrection du Christ c’est le temps escathologique, c’est à dire la finitude du temps de la finitude : le temps de la finitude s’efface devant le temps infini et éternel de la plénitude du Seul et même temps.      

  • Saint Paul, Colossiens Chap 1 : « Dieu vous a reconcilié avec lui dans le corps du Christ, son corps de chair, par sa mort, afin de vous introduire en sa présence. Saints Immaculés, Irréprochables, tout cela se réalise si vous étiez solidement fondé dans la Foi, sans vous détourner de l’Espérance que vous avez reçue en écoutant l’Evangile proclamé à toute créature sous le Ciel.

Saint Paul, Ephésiens Chap 4 « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent.

Commentaire : L’espérance de tous trouve son fondement dans l’amour de l’autre.

  • L’Espérance de Dieu ou le retour du fils Prodigue, Luc Chap 15

En corolaire Jean Chap 1 « celui qui demeure en lui voit le Fils comme le Père demeurer en lui et sa maison est une demeure de Dieu ».

  • Saint Paul Romains Chap 5, « Frères, nous qui sommes devenus justes par la Foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Allez dans la Paix du Christ. Nous mettons notre fierté dans l’Espérance d’avoir part à la Gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance, la persévérance produit la vertu éprouvée, la vertu éprouvée produit l’espérance, et l’espérance ne déçoit pas puisque l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».

Commentaire : Saint Paul, « l’épreuve vous fait faire l’expérience du Salut, elle vient vérifier votre Foi. La Foi vous ramène (et non vous redonne) à l’Espérance pour vivre dans la Charité ».

Le vivant n’est vivant que pour le Vivant.

L’espérance de l’homme est l’Espérance de Dieu en l’Homme, qui n’est autre que le Christ lui-même.

Le christ est porteur, avec sa croix (la Passion), de l’Espérance de Dieu en l’Homme, avec l’Homme et pour l’Homme. L’Homme est le symbole vivant de l’Espérance de Dieu, car il est Charité, Amour. 

LA RESURRECTION (A. DE SOUZENELLE)

LA  RÉSURRECTION (A. DE SOUZENELLE)

Lorsque Dieu se fait Homme, Il entre dans les catégories de l’Histoire ; en employant nos mots humains inadéquats à Lui, je dirai qu’Il « se brise » pour s’y modeler et y cacher Sa Gloire. L’histoire Le conçoit et L’annonce dans ce qu’elle en voit ; elle Le consigne dans ses archives au même titre que les sages et les prophètes ; elle se rassure en annonçant aussi Sa Mort à laquelle assiste une foule d’hommes et de femmes, à la suite d’un procès qui a réuni les plus hautes autorités de l’époque.

Mais qu’Il ressuscite est pour elle scandaleux ; qu’elle ait à  réviser ses normes et ses lois pour intégrer en elle ce phénomène nouveau, c’est du délire ; que l’Homme ait à casser les « protections » bétonnées de son cœur, qui paradoxalement le retiennent prisonnier de lui-même, pour appréhender le nouveau, voire le libérant, cela est impossible !

Et lorsqu’il croit faire sienne l’idée de la Résurrection, cet homme, ce n’est plus généralement que dans une superstructure intellectuelle ou émotionnelle d’ordre religieux, qui ne change rien à son cœur ni à sa vie ; il croit que quelque chose de fou s’est passé, il y a deux mille ans, à laquelle il veut bien admettre qu’il y accédera seulement après sa mort, mais sa vie n’en est pas moins identifiée à l’Histoire et à ses valeurs: il n’ y a pas de place en lui pour Le Ressuscité !

Il n’y a nulle place pour le souffle de l’Esprit qui fait de chaque instant de l’Histoire l’espace réel de la Résurrection. Et pourtant, si l’actuelle réalité de la Résurrection n’est pas posée en postulat de chaque instant qui constitue le « Ici et Maintenant » du Christ, celui-ci n’est que mort.

Naissance, vie, mort, résurrection, participent d’un seul et même Temps : d’un temps hors du temps, d’un temps prédestiné, d’un temps qui  n’existe pas et qui existe ; d’un temps qui ne nous appartient pas mais qui nous est donné ; d’un temps que l’on n’a pas mais qui est ; d’un temps qu’on a perdu, qu’on aura plus jamais, parce qu’on ne l’a jamais eu ; d’un temps que l’on ne rattrapera plus parce que nous n’avons pas su le saisir ; d’un temps qui nous échappe parce que la Vie est tout simplement un Temps qui échappe au temps…

La Résurrection fonde et vainc toute mort, elle explique son énigme, lève le voile de son absurdité, apaise la révolte qu’elle soulève, donne sens à la « Vraie  Vie » en l’arrachant aux ténèbres ; elle brise les tombeaux et ouvre les cœurs à la vision du tout autre, à l’expérience de l’impossible rendu possible, à l’ivresse d’un amour qui participe au banquet divin…

Elle ouvre les eaux de la Mer Rouge, et le cri d’Israël, l’enfant naissant, jaillit comme un éclat de rire !

Mais l’Histoire, elle, reste en Egypte ; et nombreux sont aujourd’hui les chrétiens qui y retournent et l’y retrouvent. Le rire se brise et laisse place au sou-rire, ou même à la moquerie.

La porte de la Sagesse divine est plus étroite que le chas d’une aiguille !

Michel Laclaverie: Janvier 2020 d’après l’éternelle inspiration d’Annick de Souzenelle (L’Égypte intérieure ou les dix plaies de l’âme 1991).

LEVER LE VOILE…

Lever le voile…

Dans le fait, le voile est fait pour cacher quelque chose au regard du monde ; dans l’esprit il est le symbole d’une intériorisation, d’une intimité profonde, secrète…

Il signifie une volonté propre de vivre en soi, avec soi, pour soi ; d’entrer dans une relation intime à soi, dans un véritable désir de Dieu. La religion est « ce qui relie » et charité bien ordonnée commence par soi-même !

Celui qui n’intègre pas le sens propre de sa vie ne peut intégrer ce qui fait le sens de sa vie dans sa relation à l’autre. Celui qui n’a pas intégré que celui qui n’est pas juif, (juste), qui n’écoute pas la Parole de Dieu avec son cœur, ne peut pas être chrétien et vivre dans l ‘amour de son prochain comme de lui-même selon le premier commandement de Dieu : « Aimes ton prochain comme toi-même ; car celui qui n’aime pas demeure dans la mort »Jean, 1. Et celui qui n’est pas chrétien ne peut pas être musulman(« celui qui se met sous le regard de Dieu »)selon la Parole de Saint Paul : « Au lieu de regarder les réalités d’en bas, vous feriez bien de regarder les réalités d’en haut ! ». Saint Paul annonce la troisième et dernière des prophéties !

Nous comprenons dès lors que l’intégration pleine et parfaite de la Vraie Vie se fait au cœur de l’Homme et avec son cœur et par l’élévation de son âme… « Qui s’élèvera sera abaissé et qui s’abaissera sera élevé ! »

L’intégration pour l’homme qui était étranger à son cœur et à son esprit se fait par son intériorisation et son retour au féminin de son être dans des épousailles divines, infinies et éternelles ! La puissance du masculin de son être rejoint dans sa vie intérieure la douceur et la paix du féminin de son être. L’homme intérieur est à l’écoute de Saint Paul : «  L’homme extérieur court à sa ruine ; l’homme intérieur se renouvelle sans cesse ! ».

Le voile symbolise l’intimité dans laquelle tout se crée dans sa relation à l’autre. Il oriente la vie vers la révélation de l’unité entre l’esprit, l’âme et le corps ; évitant la tentation de succomber à la  prostitution de son corps exhibé au regard de tous les autres… La revendication occidentale de la féminité consiste à ne vouer qu’un culte à son corps au détriment et au risque d’y perdre son âme.

A l’opposé de ce monde perverti par l’homme (qui ne retourne pas au Père), la féminité de certaines se voit affublée d’un carcan idéologique, intégriste : la burqa ! Elle symbolise l’emprisonnement de la volonté propre de ces femmes, la victimologie de tous, dans des pensées et des croyances diaboliques d’une masculinité vouée au culte de la mort. Cet intégrisme dit « religieux » n’est que le fruit de la non -intégration de chacun de ce qu’il est juste et bon d’être, de dire et de faire pour qu’à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme, de créature retournée au cœur d’elle-même, redevienne créateur de vie meilleure et d’un monde meilleur.

Pour l’être spirituel, la différence est source d’enrichissement ; pour l’être matériel c’est le prétexte à la séparation, l’opposition, le conflit…

Les trois religions monothéistes revendiquent le Principe d’un Seul et Même Dieu. Ces commandements sont pour son peuple élu : celui qui a été choisi par Lui pour aimer. Celui qui aime n’appartient à personne il n’appartient qu’à l’Amour c’est-à-dire à Dieu. La faiblesse de l’humanité s’exprime dans les sentiments et les ressentiments. La force de la divinité dans l’Amour : la genèse et la création d’une vie meilleure infinie et éternelle.

« Tous les chemins mènent à Rome ! » et à Jérusalem, où vivent et se tolèrent les trois communautés c’est le Grand Pardon de Dieu. Elle est le symbole éternel sur terre du Shalom (du salut) par le retournement au Je (Dieu).

Tous les sages et tous les maîtres de toutes les cultures et de toutes les traditions affirment que le salut de l’homme passe par son intériorité ; son extériorité n’aboutit toujours qu’ à l’affrontement d’égos.

Le voile de Marie est  celui de la séduction de la Grâce qui offre à l’Homme la pureté, la virginité, la fécondité infinies et éternelles…

Il faut lever le voile de l’inculture de la Parole ou de son interprétation erronée à des fins diaboliques, pour que le voile de Marie, la Mère de tous les hommes, nous dise : « Heureux les cœurs purs ; le Royaume des cieux est à eux ! » « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car Il m’a vêtue des vêtements du salut, Il m’a couverte du manteau de la Justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux ». Isaïe 61, 10. Désormais,avec le Christ, son Fils, l’Homme (tout homme) au cœur de lui-même, « Tout se passe sur la Terre comme au Ciel… » « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » et tous les voiles seront levés…Dans « l’ennuagement du cœur » le maître soufi Ruzbehan parle des 70 voiles qui mènent à Dieu. De même dans la Sainte Loi il est écrit : « Tout vous sera pardonné 70 fois 7 fois ! ». Ce qui signifie que c’est dans la Connaissance de Dieu que s’accomplit la perfection ; c’est à la Lumière de l’Esprit de Dieu ( le Yod, le 10) que Dieu établit l’Homme à Son Image et à Sa Ressemblance (le 7, la perfection).

Dans le monde matériel, la res publica, certains demandent à d’autres d’enlever le voile ! Comme si le voile musulman n’était pas le voile juif ou chrétien ? Comme si la religion s’arrêtait au palier des maisons, des immeubles ou des foyers…

Dans le monde spirituel, « lever le voile » c’est vivre :

1) en suivant la Sagesse de Dieu : en conformant sa vie à Sa Parole

2) en écoutant Sa parole avec son cœur, en incarnant Marie : la pureté, la simplicité,la fécondité…

3) en vivant selon Sa Volonté de Genèse et  de Création d’une Vie meilleure, d’un monde meilleur…

Mais, c’est encore et peut-être toujours : « Beaucoup d’appelés et peu d’élus !» Car « seulement quelques uns sont appelés à la conscience de la nouvelle humanité !» dit Annick de Souzenelle ; 

Accomplir son retour à sa divinité c’est se convertir au travail en soi, sur soi ; c’est cheminer intérieurement ; « Lever le voile » c’est s’intérioriser pour « découvrir » la beauté de son âme. Ce qui permet d’inverser l’involution en évolution personnelle, puis familiale et par voie de conséquence sociétale ; car « de vivre c’est bien encore faut-il que ce soit beau ! » disent tous les théologiens. Et ce, peu importe le chemin extérieur dicté par l’essence, la culture, la tradition ancestrale de chacun. L’extériorité n’est que le reflet de notre intériorité ; et le retour à la Justice de Dieu en son cœur, en son âme et conscience permet d’accomplir le Commandement de Dieu : « Tu ne jugeras point ! »

La non-intégration par chacun de l’écoute, de la vision, de la compréhension nécessaire à la Vie génère l’intégrisme de la haine, de la violence et de la mort. L’absence de culte de la vie engendre dans l’inconscient collectif le culte de la mort !

Lever le voile c’est intégrer le sens de la nécessité de la vie de chacun pour tous pour construire l’Assemblée constituante d’un Seul Corps dans un même Esprit…

LE TOMBEAU VIDE

LE TOMBEAU VIDE

Evangile de Jésus Christ selon Saint Luc   24, 1-12

 Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés.

Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau.

Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.

Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant.

Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol.

Ils leur dirent : « Pourquoi  cherchez – vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pêcheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite. »

Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.

Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres.

C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux apôtres.

Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.

Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls.

Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

Les aromates que portent les femmes qui vont au tombeau n’ont trait qu’au corps.

La pesanteur de la manifestation nécessite des aromates pour atténuer l’odeur de la putréfaction.

La « légèreté » de la résurrection porte en elle la délicate senteur de l’Amour de Dieu.

Jésus ressuscité signifie que la résurrection est le parfum de l’Amour de Dieu.

Le tombeau respire ce parfum de l’Amour Divin qui l’a embaumé ; et qui n’a nécessité aucun aromate …

  • Marie Madeleine symbolise la conversion.
  • Jeanne figure le féminin de l’être de Jean, le Fils de la Lumière.
  • Marie, mère de Jacques fait référence à saint Jacques, le symbole de l’Eglise.

Les trois femmes sont les Vierges noires ; et Marie qui en apparence n’est pas là, est partout à travers ces trois Marie.

Les trois femmes symbolisent le féminin de l’être (l’intériorité) et reçoivent la vision des deux hommes en habit éblouissant (la dualité), mais pas lumineux (l’unité).

C’est bien le féminin de l’être qui va enfanter la vie de l’Eglise, autrement dit le passage de la dualité à l’unité pour que nous soyons tous membres d’un Seul et Même Corps !

La pierre roulée sur le côté du tombeau c’est l’Eglise qui vit et se transforme, et ceci en sortant du tombeau, et en se libérant de tout concept religieux ! Car l’Eglise qui resterait dans sa religiosité ne serait plus religion, et resterait enfermée, prisonnière de son tombeau.

Pierre se leva et courut au tombeau signifie que Pierre est appelé et élevé …

« Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ! » Saint Jean : ce qui est important dans le tombeau vide, c’est de ne plus voir ; de cesser de voir avec ses yeux de chair pour voir avec son cœur …

« Au lieu de regarder les réalités d’en bas (Pierre se pencha et vit les linges et eux seuls), vous feriez mieux de regarder les réalités d’en haut. » Saint Paul

Pierre se pencha et vit les linges et eux seuls : « Vous devez quitter votre tunique de peau pour revêtir le Christ » Saint Paul

Pourquoi alors cette incrédulité chez les apôtres ?

Parce – qu’ils étaient littéralement incroyants, autrement dit, ils (leur ego) n’étaient pas morts : leur cœur n’était pas vide de tout concept comme l’était le tombeau !

Qu’est devenu le corps de Jésus ? Il s’est transmuté, transformé, transfiguré en Corps du Christ : c’est la Pierre roulée (le Cercle qu’a défini le Point).

Le mot tombeau fait référence à celui qui tombe vers le haut, qui s’abandonne à Dieu : il plonge alors dans l’abîme de Dieu …

Par la grâce du tombeau vide, la résurrection de Jésus devient Incarnation du Verbe.

Le tombeau vide est l’invitation, pour celui qui cherche la Lumière, à passer du visible (les linges et eux seuls) à l’invisible, et grâce à Dieu voir ainsi l’invisible se rendre éternellement visible.

Pour cela, il faut être appelé, invité à rentrer dans le tombeau : c’est-à-dire mourir spirituellement.

Les apôtres n’ont pas cru ce que leur disaient les femmes parce – qu’ils n’en avaient pas encore  la vision.

La Vision n’est donnée qu’à celui qui renonce à ce qu’il est pour que Dieu soit ; à l’image des apôtres de Jésus qui ne devinrent Apôtres que par la résurrection du Christ.

C’est le symbole du tombeau vide qui fait que les apôtres de Jésus sont devenus Apôtres du Christ.

Ceci parce – qu’ils sont Apôtres pour nous, c’est-à-dire pour que nous soyons apôtres.

La Vision de Dieu est celle de l’au-delà !

Ceci préfigure le Corps Mystique du Christ, autrement dit la plénitude de la Vie Spirituelle.

« Le Christ viendra ouvrir vos tombeaux pour libérer vos âmes et vos esprits enfermés et emprisonnés dans des terres d’exil … » Saint Paul

C’est Dieu Lui-même qui a fait  rouler la Pierre ! C’est le Point qui définit le Cercle …

LE CHEMIN DE LA LUMIERE

LE CHEMIN DE LA LUMIERE

LE PREMIER JOUR : Le Principe Unique de toute chose – l’Appel- l’éveil à la conscience de la divinité endormie au cœur de l’Homme. C’est le Jour de l’Initiation au Baptême, de la conversion (du détachement) : « Laissez venir à moi les petits enfants » (les humbles de cœur et d’esprit) dit Jésus aux Apôtres. Dans les miracles du Christ, Jésus réveille ceux qui n’étaient pas morts mais seulement endormis…

LE DEUXIÈME JOUR : Le regard de l’Autre. « Saluer l’autre c’est saluer Dieu qui est en l’autre ! » affirme Saint Paul. C’est le marcher ensemble : la dualité se transforme, avec le cœur, l’Amour de Dieu, en unité de vie…Le 2 se meurt dans le 1 pour donner le 3 !

LE TROISIÈME JOUR : « Celui qui va au cœur de lui-même voit le bois du supplice se transformer en Arbre de Vie ! »Saint Paul. « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » dit Jésus. La Sainte Trinité éclaire les pas de celui qui rentre sur le chemin du : « Viens et suis-moi ! » Le culte de la Parole vivante devient récolte de vie infinie et éternelle…

LE QUATRIÈME JOUR : La persévérance dans la constance amène à la stabilité ; La Lumière devient genèse et création : le Manifesté (le 4) reçoit le 10 (le Yod : la Lumière des Hébreux). C’est l’Arche d’Alliance, de la Présence dans la traversée du désert de l’intériorité …

LE CINQUIÈME JOUR : La Quintessence de la Vie : La main de l’Homme tendue à nouveau vers Dieu- La Main de Dieu donnée à l’Homme. La Quintessence c’est la main de Dieu qui redonne sens à la vie de l’Homme. « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes ; sans l’Amour de Dieu vous ne faites rien ! » Saint Paul.

LE SIXIÈME JOUR : Le jour du non-encore accompli. Chaque nouveau jour (le 2) se transforme en Jour nouveau grâce à l’Esprit (le 3) : c’est la vie parfaite ; de l’être parfaitement dans l’esprit. L’Amour a vaincu la Mort. Le non encore-accompli fait passer l’Homme de la vue du fait à l’infinitude de la vision du cœur, à la Lumière de la Sainte Trinité. Le nombre se transforme en son au-delà : la multitude…

LE SEPTIÈME JOUR: Le jour du Sabbat ; le jour du repos. Le Jour de la Communion ; de l’Incorporation, de l’Incarnation du Verbe. L’Homme repose en christ, reçoit le Christ, la Lumière infinie et éternelle : « Il n’y aura plus de jour ni de nuit, ni le soleil ni la lune, mais une Seule et Même Lumière : le Christ »…  « Je suis ce que je suis » et « J’étais bien avant qu’Abraham ne fut » : le vieil Adam annonce ( la Prophétie) le Nouvel Adam ..

LE HUITIÈME JOUR : Le sens de l’Au-delà : l’élévation, la verticalisation de l’être parti à la rencontre de l’Être suprême.  C’est le Jour de la Résurrection (le 8 : l’Infini céleste) avec le Christ Vivant et Ressuscité d’entre les morts ; et maintenant assis à la droite du Père. Saint Paul aux chrétiens : « Au lieu de regarder les réalités d’en bas, vous feriez bien de regarder les réalités d’en haut! ». C’est le jour de la Révélation, de la transformation de la vue en vision ; de la Transfiguration du Christ en vue de l’Evangélisation … « Qui a vu le Fils voit le Père ! ».

LE NEUVIÈME JOUR : Le jour de la Sanctification, de la Confirmation de la Grâce de l’Esprit Saint : « Celui qui vient après moi accomplira des œuvres bien plus grandes que moi » dit le Christ. Désormais tout se passe sur la Terre comme au Ciel ! L’Homme redevient à l’Image et à la Ressemblance de Dieu : c’est la sainteté de son humanité. L’Homme devient sur terre l’au-delà du Christ… C’est la Béatitude : « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des Cieux est à eux !

LE DIXIÈME JOUR : Le face-à-face avec Dieu : « Seigneur ce n’est que devant ta face que mes yeux seront ouverts » dit Saint Augustin. Le jour du Seigneur : de Sa Seule Volonté. Le jour de la levée des 70 voiles qui ennuageaient le cœur (Ruzbehan) : le jour de son inconnaissance … La rencontre de l’Alpha et de l’Oméga : il n’y a plus ni commencement ni fin ; il n’y a plus qu’un Seul et Même Jour : Dieu Lui-même ! La Lumière de l’Au-delà …

LES NOCES DE CANA

THEOLOGIE ET MYSTIQUE DU MIRACLE DES NOCES DE CANA

« Le troisième jour, il y eut un mariage » : le troisième jour symbolise la trinité, mais aussi le temps présent, qui était et qui vient.

Le temps présent, qui était et qui vient ; c’est-à-dire les trois temps qui en présence de Jésus, qui n’est pas encore le Christ, ne font qu’un.

Ce qui préfigure le temps de Marie qui vient, mais n’est pas encore venu …

« Il y eut … » : ce n’est pas encore le temps présent.

« La mère de Jésus était là » : la présence de Marie à ce mariage symbolise bien la pureté de l’intention, la simplicité, l’humilité, la virginité, et signifie que c’est une volonté de Dieu qui s’accomplit. En effet, l’homme « se marie » pour la vie car c’est Dieu qui unit. Marie symbolise déjà les épousailles du Christ bien que la « mère de Jésus » ne soit pas encore Marie, la Mère de Dieu, de tous les vivants.

« Jésus aussi avait été invité » : c’est la reconnaissance inconsciente de Dieu qui fait que Jésus et ses disciples sont invités. Dieu est invité à travers Jésus, mais à travers Jésus  c’est l’Homme qui est invité. Comme Jésus répond à cette invitation, l’homme devra répondre à l’invitation de Dieu, comme Dieu a ici répondu à l’invitation de l’homme. Cette invitation est exprimée par Saint Luc 18, 18-27 : « viens et suis-moi ».

« On manqua de vin » : « on » signifie l’homme encore impersonnel, qui n’est rien sans les trois personnes qui transforment l’eau en vin, ce qui préfigure la transformation de l’homme en Dieu. Il n’a pas été visité comme Marie par l’archange Gabriel. Par le détachement du fait, l’homme va au cœur de lui-même et le vin qui symbolise le partage, est le premier signe d’amour.

« La mère de Jésus dit : ils n’ont pas de vin » : ils n’ont pas encore été transformés parce qu’ils n’ont pas reçu la Lumière. La mère de Jésus veut signifier : ils n’ont pas encore été transformés comme moi, autrement dit, ils ne sont pas encore disciples de Dieu. La conversion de l’homme par l’Eau du Baptême, le ramène à sa divinité, à son principe créateur symbolisé par l’eau transformée en vin.

« Femme que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue » : la mère de Jésus lui parle « d’avoir » alors que Jésus symbolise l’homme appelé à être.

« Mon heure n’est pas encore venue » : signifie que Jésus qui renferme en lui le Y (iod) des hébreux, la Lumière Divine, n’a pas encore suivi Sa Passion pour être Christ et passer véritablement, au regard des hommes éclairés, conscientisés, de l’avoir à l’être; et dont le sens est de ne plus être pour que Dieu soit. Jesus symbolise le pouvoir de la transformation, du miracle qui s’accomplit en l’Homme, à travers l’Homme. Le Christ symbolise la Transfiguration: la Foi de ce « que l’homme n’a pas vu, n’a pas entendu, n’est pas venu à l’esprit de l’homme » selon Saint Paul.

« Sa mère dit à ceux qui servaient : tout ce qu’il vous dira, faites-le » : sa mère (qui n’est plus la maman de Jésus), signifie ainsi sa soumission à la Parole de Dieu. Sa soumission est une invitation à l’autre à se soumettre à cette même Parole. Quand l’homme est à l’écoute de la Parole de Dieu, tout se transforme (« faites tout ce qu’il vous dira »). Ce mariage qui s’arrêtait faute de vin va pouvoir se poursuivre. La mère de Jésus qui en est consciente préfigure Marie, Mère de Dieu et Mère de tous les Hommes. Le besoin d’avoir du vin, se transforme avec Marie appelée à être la Mère de toute l’humanité, en nécessité d’être.

« Tout ce qu’il vous dira » : ce totum exclut toute pensée, croyance, discussion.

« Six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures » : les six jarres symbolisent les 6 jours de la Création et l’Homme encore inaccompli. Elles servaient aux baptêmes des Juifs c’est-à-dire à la purification du corps des souillures du monde. Ces ablutions devaient être rituellement répétées. Elles symbolisent le besoin de purification pour les Hébreux avant chaque cérémonie, eux qui n’ont pas encore connu le seul baptême pour le chrétien,  accompli par Jean le Baptiste.

Si le jour du Shabbath pour les Hébreux est le jour de l’inactivité, pour le Chrétien c’est le jour du repos, le jour où l’homme se repose, se recentre dans son cœur pour rentrer en religion avec Dieu. C’est sa vie en Christ au cœur de lui-même qui lui apporte la vision du Christ de la Lumière du monde qui constitue le septième jour, l’Homme parfait, c’est-à-dire perfectionné chaque jour davantage par l’amour inconditionnel, infini et éternel de Dieu le Père, car « qui a vu le Fils voit le Père » Jean 1.

Le Baptême pour le Chrétien n’est pas purification du corps des souillures du péché originel, mais libération de l’âme et de l’esprit par le détachement du fait, en l’absence de tout jugement. Le Baptême chrétien dans son intégralité symbolise le Principe Divin : le Principe Unique de toute chose.

Le Baptême n’est pas don d’une bonne conscience, mais élévation de la conscience à une toute autre Conscience; une Conscience au-delà de toute conscience : La Volonté de Dieu!

La Puissance de Dieu incarnée par Jésus et l’eau transformée en vin, symbolisent le passage de l’Ancien au Nouveau Testament. Le fait que Jésus se serve de ces jarres de pierre signifie qu’il ne renie  pas l’Ancien Testament, mais qu’il l’intègre, l’incorpore pleinement pour le transcender en vin c’est-à-dire en sang de l’Alliance Nouvelle et Eternelle qui sera versé une fois pour toute l’humanité. Le sang versé est la vie du chrétien dans sa relation à l’autre (qui va « vers » le « et »)

L’eau symbolise le Baptême, ou libération.

Le vin symbolise la Communion, ou transformation de l’homme en Christ.

L’homme est confirmé en Dieu par le sang versé du Christ : du flanc droit transpercé par la lance du Centurion Romain, s’écoule l’eau et le sang.

Ce sang versé du Christ, c’est la Communion d’âme et d’esprit entre Jésus et l’Homme.

C’est alors la Confirmation de l’Homme vivant en Christ et dont la vie est totalement consacrée à Dieu par la Grâce qui lui est donnée et à laquelle il rend grâce éternellement.

Le « sang versé » est la vie de l’Homme tourné vers le Et, vers l’Unité : « aimer l’autre, c’est aimer Dieu qui est en l’autre » Saint Paul.

L’Homme ne peut se figurer ce qu’est l’Amour de Dieu, c’est pourquoi il en est transfiguré.

Si la Communion est la Théologie de l’Amour, la Confirmation en est la Mystique.

Le temps du mariage préfigure (« mon heure n’est pas encore venue ») les épousailles du Christ.

La préparation du mariage prédispose aux épousailles du Christ, de la vie en soi comme en l’autre.

L’être éclairé n’épouse pas l’autre, il épouse la vie en lui comme en l’autre, pour lui comme pour l’autre, selon le commandement de Dieu d’aimer son prochain comme soi-même. L’Amour est l’acte créateur de la vie: l’écoute nouvelle, la vision nouvelle, l’action nouvelle, qui transforme chaque jour en Jour (en Lumière) Nouveau.

L’Amour transforme la créature en être créateur : la seule et véritable transfiguration.

L’homme ne sait pas ce à quoi Dieu l’appellera, l’amènera, l’invitera à être, à dire, à faire, pour la vie de l’autre.

« Chacune contenait deux à trois mesures » : certains sont naturellement et volontairement selon Dieu, prédisposés. D’autres demeurent encore dans la dualité et nécessitent d’être convertis.

Le cœur de l’homme n’est Temple de Dieu que si celui-ci est Juif (juste) pour devenir Chrétien (amour) et ensuite Musulman (purement spirituel). Car selon Saint Paul, au lieu de chercher à plaire aux hommes (à quelques hommes seulement) vous feriez bien de plaire à Dieu (à tous les hommes).

« Les jarres furent remplies jusqu’au bord » : c’est le plérome de l’esprit, c’est-à-dire la plénitude de l’esprit ; autrement dit quand l’homme est pleinement dans l’esprit, c’est la grâce de l’Esprit Saint qui s’accomplit.

« Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas » : les serviteurs de Dieu portent en eux l’écoute, la vision et la compréhension nécessaire à celui qui veut devenir maître pour pouvoir partager (le repas).

Les serviteurs des hommes à travers le sens de l’eau transformée en vin, autrement dit du Baptême, sont devenus des serviteurs de Dieu, et sans le seul et véritable Maître qu’est le Christ, aucun homme ne peut se prétendre maître.

Le Seul et Véritable Maître, c’est Dieu ; et aucun homme ne peut être maître si ce n’est Dieu qui est Maître en lui.

Jésus par le miracle des noces de Cana vient appeler les faux maîtres et les faux prophètes à la Vérité.

« Le maître du repas ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau » : celui qui ne va pas puiser au plus profond de son être ne peut pas savoir, c’est-à-dire ne peut pas recevoir la Lumière (l’Intelligence Suprême) car il n’a pas l’intelligence du cœur. Le maître du repas symbolise l’homme dans le fait, condamné à ne faire que constater le fait en bien comme en mal,  sans en comprendre le sens (il ne savait pas d’où venait ce vin).

Le devenir de l’être n’est défini que par le sens qu’il reçoit au cœur de lui-même. L’homme ne peut rien voir et donc rien savoir s’il ne va pas au coeur de lui-même (le Baptême), s’il n’est pas (la Communion), et s’il ne demeure pas (la Confirmation) pleinement et parfaitement en lui. C’est son passage du futile et de l’éphémère, à l’essentiel et à l’éternel : des noces de Cana aux Epousailles du Christ.

C’est parce que l’homme continue à participer aux noces de Cana que Dieu espère le voir participer à nouveau aux noces de la vie céleste.

« Alors le maître du repas appelle le marié » : comme le maître du repas a été appelé à voir, il appelle le marié à comprendre ; cela signifie le passage de l’illusion et du sentiment, de la dualité de la fonction à la compréhension de la nécessité du partage.

Par la présence de Jésus, l’ivresse de l’homme, son avidité, se transforme en soif de Dieu. Le marié symbolise l’homme qui vient épouser et qui n’accomplit parfaitement son mariage que par la grâce de la Présence de Dieu qui l’appelle à participer aux épousailles du Christ, c’est-à-dire à épouser la vie en lui comme en l’autre.

Les noces de Cana préfigurent les épousailles du Christ pour la vie éternelle.

  • L’ivresse de l’homme : le besoin
  • La soif de Dieu : la nécessité

La présence de Marie symbolise véritablement le mariage de l’homme qui se prépare à épouser la pureté, la virginité, la simplicité, la fécondité. C’est dans ce sens que Marie est la mère de tous les hommes.

« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » : Jésus était Dieu, il est à la fois l’alpha et l’omega, le commencement et la fin. Ce miracle des noces de Cana n’est que le symbole et la synthèse de tous les autres miracles que Jésus a accomplis dans son Christ historique et qu’il ne cessera jamais d’accomplir dans son Christ ontologique, c’est-à-dire au cœur de tout homme vivant et ressuscité en Dieu.

Le miracle des noces de Cana symbolise le commencement de l’écoute, de la vision et de la compréhension nécessaire au mariage : à l’unité des hommes qui constitue l’Eglise.

Les jarres de pierre remplies d’eau symbolisent la transformation du cœur de pierre en cœur de chair. Sans la vie spirituelle, qui émane de Dieu, l’homme ne peut répondre à l’injonction du Christ lui demandant de devenir une pierre vivante pour participer à la construction de l’édifice. Les noces de Cana invitent, comme Jésus a été invité, à la participation du sens de l’au-delà. Le miracle ne s’accomplit pas dans le fait, dans le futile et l’éphémère, mais dans la révélation de la connaissance de l’essentiel : « heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » Jean 20, 24-29.

LA FORCE

La Force

Après l’étude de la Justice vient logiquement celle de la Force, qui se subdivise ainsi :

  • La Force en elle-même
  • Son acte principal qui est le Martyre
  • Les vices qui lui sont contraires

La Force est-elle une vertu ?

Il semble que non car « La vertu ne se déploie que dans la faiblesse » Saint Paul 2 Cor 12:9.

De même : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » Saint Paul 2 Cor 12:10.

Quand Saint Paul écrit « dans la faiblesse », il faut comprendre « dans mon humanité ».

C’est dans mon humanité que Dieu déploie sa Force (c’est-à-dire exprime sa Force).

La conscience de la faiblesse est la reconnaissance d’une humanité qui ne trouve sa force qu’en Dieu.

La Force de l’Esprit de Dieu ne s’exprime pas dans un  par-rapport à la faiblesse, mais pour  transcender et  transformer celle-ci en force. Cette transformation est le passage pour l’homme de son humanité à sa divinité. C’est une force qui aspire l’homme vers une transcendance de son fait (sa faiblesse) en Dieu (sa force).

C’est quand l’homme prend conscience de sa faiblesse qu’il libère son âme de sa condition humaine.

La véritable force ne trouve pas son expression dans le fait, mais pour la vie au-delà du fait. L’homme ordinaire se place toujours dans un rapport de force, de pouvoir, de potentialité de l’un par rapport à l’autre.

L’homme ordinaire se plaçant dans l’éphémère, ce pouvoir n’est que potentialité éphémère et temporaire.

L’homme retourné (par la conversion) au plan divin, devient l’expression même de la Force de Dieu, de sa puissance créatrice, (référence au Grand Architecte), qui est infinie et éternelle. C’est cette Force même (cette Force qui aime !) qui fait passer l’homme de l’image à la ressemblance.

La notion de force, pour l’homme encore dans le manifesté, apparait comme une dimension temporelle émanant de la limitation due à son existence terrestre. Ce n’est que dans les cœurs purs que cette dimension, dès cette vie sur terre, devient éternelle.

La force de l’homme éclairé et initié est qu’il n’a plus de raison particulière. Il n’a plus à faire preuve de raison car il n’a plus de volonté propre, et qu’il tient sa force uniquement de la Volonté de Dieu. Il n’y a donc strictement aucune force dans celui qui pense ou qui croit. Il n’y a qu’un besoin illusoire de penser la force. Or la force ne se pense pas, elle se donne !

Saint Thomas d’Aquin : « Que l’homme reconnaisse sa propre faiblesse, cela relève de la perfection que l’on appelle l’humilité ».

L’humilité est la conscience de l’homme ; l’orgueil son inconscience.

Dans le Livre de la Sagesse 8-7, il est dit que la sagesse enseigne tempérance et prudence, justice et vertu ; ce mot désignant ici la force.

Il est donc normal que la force soit considérée comme une vertu au regard des hommes.

Toujours au regard des hommes, la force apparait comme expression d’une solidité, d’une fermeté. Ce que confirme Aristote disant que toute vertu doit être ferme.

Pour l’être éclairé et initié, la force n’est que la traduction d’une fermeté de l’âme à qui Dieu a conféré la Force.

C’est dans l’agir ferme et inébranlable que se traduit l’immutabilité de l’âme.

Il revient à la vertu de force d’écarter l’empêchement qui retient la volonté de suivre la raison.

La raison, dit Jean Tauler (disciple de Maître Eckhart, mystique du moyen âge), est le stade intermédiaire tout puissant qui ramène à Dieu.

C’est pourquoi la force s’appuie sur la crainte de Dieu, qui libère l’âme de la crainte des choses difficiles, susceptibles de retenir la volonté de suivre la raison.

Au fur et à mesure que l’homme se détache du fait pour arriver au détachement impassible, la force est le soutien indispensable à l’âme et à l’esprit pour atteindre le cœur de l’homme.

La crainte de Dieu est donnée par la force, qui libère l’âme et l’esprit de la crainte des hommes.

Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas : l’homme parvenu au cœur de lui-même a rejoint la Justice de Dieu et sa toute puissance créatrice, devant laquelle s’efface la nécessité de la force qui conduit la raison jusqu’à Lui.

Saint Grégoire parle de la force des justes quand il dit : « Aimez les épreuves de ce monde, en vue des récompenses éternelles. » C’est la force des hommes qui se rendent à la Justice. La force du juste a pour vocation les récompenses éternelles. Elle est alors le fruit de l’Espérance de Dieu ; du Père qui a fait sortir l’homme de l’errance.

La véritable force n’est pas une opposition à la contrainte, elle est capacité de libération en vue du salut.

Tel est le sens du martyre.

Saint Augustin déclare que « la force est un amour qui supporte facilement tout pour ceux qui l’aiment », et que « c’est un don qui ne craint ni la mort ni aucune adversité. »

Par la force, (par la grâce de l’Esprit), Dieu s’est emparé de l’âme pour la sauver.

Thomas d’Aquin écrit : « Il faut que toutes les passions de l’âme soient amenées au juste milieu par une vertu. » Cette vertu, c’est la force. Aucune vertu ne se situe aux extrêmes. Or la crainte de la mort qui est  la crainte la plus forte chez les hommes, est à l’extrême, selon Aristote. Donc la vertu de force ne se limite pas aux craintes mortelles. Il revient à la vertu de force de protéger la volonté de l’homme afin qu’elle ne recule pas devant un bien raisonnable par crainte d’un mal corporel.

La justice, pour l’être éclairé et initié, est de bénéficier de la force qui, dès cette vie sur terre, le fait passer de la mort à la vie, du fait à l’esprit, alors que le but de la faiblesse est de faire de l’homme un humain. Nous pouvons définir l’humain comme étant l’homme qui a perdu la main (de Dieu) c’est-à-dire l’amen ! Ayant perdu l’humilité de se laisser amener par la main de Dieu à l’écoute et à la vision de ce qui est juste et bon pour la vie, il donne au Satan le pouvoir de s’emparer de son âme et de son esprit pour le faire tomber en enfer. La faiblesse de l’humain le prive d’un retour possible à l’image en vue de recevoir la grâce de la promesse qui lui a été faite à l’origine de vivre selon la ressemblance.

L’homme n’est pas appelé fort au sens absolu, parce qu’il supporte bien les plus grands maux ; mais parce qu’il les transcende. Il est le témoin de l’inconditionnalité de la force.

Ce qui est dur me rend fort, l’épreuve me fait faire l’expérience du salut. D’où la compréhension de la soumission du martyr à son supplice.

Le supplice du martyr est la porte de salut de toute l’humanité. En effet, pour être sauvé, il faut être sauveur ; mais pour être sauveur, il faut être sauvé.

Le martyre est le symbole de l’humanité sauvée de son inhumanité dans son retour à sa divinité. C’est pour cette raison que le martyr prie pour ses bourreaux en reconnaissance de la volonté suprême de Dieu de faire le Sacré. Le Sacrifice de Dieu est de faire le Sacré, l’unité entre les hommes selon sa Foi : la certitude que demain sera meilleur.

Le meilleur pour l’homme, c’est son cœur. Il n’y a rien d’autre de meilleur.

Dieu donne l’exemple de ce qui est bien et de ce qui est mal ; à l’homme libre de faire son choix.

L’homme éclairé et initié, libéré de tout concept humain, retrouve la pleine conscience que c’est là sa propre liberté. Liberté qui ne consiste qu’à exprimer la Parole en paix : « Père, Ta Volonté et non la mienne. » L’homme ne retrouve sa pleine liberté qu’au jardin d’Eden symbolisé par son cœur.

La liberté de l’homme n’est rien d’autre que sa libération de plus en plus juste, de plus en plus pure, de plus en plus vraie, selon la Parole du Christ : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. »

Il s’en suit que si l’homme ne s’enfuit pas devant les dangers mortels, c’est que sa vie se place déjà dans l’au – delà.

Il faudrait que l’homme soit dépourvu d’esprit pour pouvoir craindre la mort.

Jean Tauler : « Pour l’être spirituel, l’esprit guide le corps ; pour l’être matériel, le corps commande la tête. » La vie spirituelle étant l’au-delà de la vie matérielle.

Les martyrs ne peuvent supporter les sévices corporels que par la connaissance du Souverain Bien qui est Dieu. Ils ne font que signifier que si leur corps appartient à la terre, et encore de manière éphémère et temporelle, leur âme et leur esprit, dès cette vie sur terre, n’appartiennent qu’à Dieu.

Cette appartenance à Dieu est la seule véritable raison de leur persécution par des gens, (tous ceux qui n’ont pas été appelés à être), qui appartiennent au Satan.

Dieu a créé le Satan, l’Adversaire (le Satan Ontologique) qui se dresse devant l’homme pour que l’homme se redresse et pour le mettre à l’épreuve de la tentation. Le Satan, c’est ce qui tend vers l’extériorité.

Confucius : « Quand le cœur s’en va où la passion l’entraîne, le cœur n’est pas réglé mais agité et troublé ».

C’est pour cette raison que Dieu le Père a envoyé son Fils sur terre pour que cette passion que l’homme a de l’extériorité soit transformée, par le rappel de l’homme à Dieu, en Passion du Christ.

« Nul ne pourra retourner à Dieu sans passer par moi » dit le Christ.

Dans la Passion du Christ, la faiblesse de l’humain se transforme et est transcendée par la Force du Divin.

L’humain tombé en tentation donne au Satan le pouvoir qui était en lui pour en faire le diable.

Et comme l’exprime Jean Tauler : « Si le démon pouvait retourner à Dieu et se remettre sous son obéissance, il ne resterait pas dans l’affreux malheur du péché .Or les hommes qui eux ont cette volonté, lorsqu’ils le refusent sont réellement pires que le démon. »

C’est la Passion du Christ qui permet à l’homme de recouvrer les forces de sa nature divine originelle, sa surnature.

Le Christ est venu sur terre pour révéler dans Son humanité la nature divine de l’homme.

La Passion du Christ n’est que le rappel de l’homme à la Vraie Vie (une vie qui n’est plus relative au fait). L’homme vivant en suivant les pas du Christ retrouve la force, c’est-à-dire la possibilité de combattre le Satan.

Saint Augustin : « Point de salut sans combat dans son intériorité ».

L’homme qui a combattu et vaincu le Satan par le Sang de l’Agneau, c’est-à-dire sa vocation divine, et par son témoignage de la Parole, ne peut plus exprimer que de l’amour. Il ne peut rien faire d’autre que d’aimer ses ennemis.

 

La force procure à l’homme la possibilité de combattre. En effet, pour l’homme déchu, il est plus difficile de combattre que de supporter. Supporter ses faiblesses comme celles de l’autre, c’est signifier le manque de la force d’aimer. C’est exprimer le pouvoir du diable dans le reniement de Dieu.

La force de l’homme n’est qu’une manifestation de la Toute-Puissance de Dieu.

La plus grande et la plus belle preuve de la force est l’amour de son prochain.

C’est ainsi que la force émane de l’intérieur et s’exprime à l’extérieur dans l’amour de la vie : sa genèse et sa création.

L’homme fort est celui qui a reçu le pouvoir d’aimer. La seule et véritable force est la force d’aimer. L’homme fort ne fait qu’exprimer sa nature divine.

Saint Ambroise : « Les œuvres des vertus, et en particulier de la force, sont appelées des fruits parce qu’elles réconfortent l’esprit de l’homme par une délectation sainte et pure. »

Dans tout acte, l’homme fort n’éprouve aucune délectation particulière. Tous ses actes ne sont que les fruits d’un Esprit de charité, de paix et de joie.

La beauté de la force trouve sa pleine expression dans le Véritable Amour, l’amour désintéressé du fait.

Avec la force, l’homme touche au sens véritable de la vie. C’est la force d’aimer qui crée la vie ; le sens du sacrifice, c’est de faire le sacré c’est-à-dire que ce qui est cher au regard de Dieu, ce qui importe, ce n’est pas le fait mais toujours l’au-delà du fait. Tel est le sens du plan divin, du Grand Architecte de l’Univers.

« La conversion de l’homme est chose bien plus admirable que la création du ciel et de la terre » selon Jean Tauler, mystique du moyen-âge et disciple de Maître Eckhart. Pourquoi ? Parce-que Dieu a créé l’homme à Son Image et que par l’amour, il est à Sa Ressemblance ; et que Dieu selon le livre de la Genèse, au commencement de l’humanité, a placé l’homme au centre de Sa Création. Le Centre de Sa Création est le cœur de l’Homme, et le cœur de l’Homme c’est le Christ. Tout homme vivant en christ voit le Christ vivant et ressuscité d’entre les morts.

Jean Tauler : « Lorsqu’un homme vit dans la Passion du Christ, le Christ s’empare de lui, en fait un autre christ, l’unit au Christ ; et tant que son âme demeure dans cette union amoureuse, elle ne peut ni errer, ni déchoir, ni s’arrêter ».

Jean Tauler ne fait qu’évoquer cette parole de Saint Paul (1-Corinthiens) : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ».

Le salut de l’homme le mène à son apostolat.

Nous comprenons mieux Marc 5,18 : « Vous avez des yeux et vous ne regardez pas, vous avez des oreilles et vous n’écoutez pas parce-que l’amour vous fait peur ».

Cette parole du Christ aux apôtres les rappelle à la foi exprimée par cette injonction : « Ne craignez plus, un monde nouveau s’offre à vous ».

L’homme rendu vertueux par la grâce de la vie de son âme, ne connait plus que la force d’aimer.

Le vice est d’accepter que sa vie soit toujours relative au fait. La vertu consiste à signifier que la vie c’est l’au-delà du fait.

Le retour à la force est symbolisé par la maîtrise en toutes circonstances. Cette maîtrise est le fruit du détachement, jusqu’au détachement impassible qui peut, au regard des humains, paraitre indifférence ou  insensibilité alors qu’il n’est que pureté et capacité à recevoir la Seule et Véritable Lumière capable d’aimer : le Christ.

Le témoignage de la force n’est que paix, calme, sérénité, fermeté.

Quand la porte du ciel est ouverte (le cœur de l’homme), c’est parce-que les portes de la fragilité, de l’affectivité, de la faiblesse, sont fermées.

L’homme ne retrouve la vraie vie qu’au cœur de lui-même.

La force est-elle une vertu cardinale ?

Une vertu cardinale concerne les problèmes autour desquels tourne la vie humaine, de même qu’une porte tourne sur ses gonds (du latin « cardine »). Cependant  la force ne concerne pas les périls mortels mais le pouvoir recouvré de la création d’une vie et d’un monde meilleurs.

Pour cette raison, Saint Grégoire, Saint Ambroise et Saint Augustin comptent la force parmi les quatre vertus cardinales, c’est-à-dire primordiales.

Depuis la chute de l’homme sur terre, la primauté des vertus cardinales redonne à l’homme la possibilité de l’Imitation de Jésus Christ selon sa Parole.

L’ensemble de ces vertus de tempérance, de clémence, de prudence, de justice sont unies et rassemblées dans la force. Cette force est le cœur, le centre ontologique de ces quatre vertus qui vont faire passer progressivement de l’humain à l’homme, de l’Homme au Christ, et du Christ à Dieu.

Ces quatre vertus centralisées par la force préfigurent les trois vertus théologales, car émanant purement et uniquement de Dieu, c’est-à-dire d’Espérance, de Foi et de Charité. Ces trois vertus à venir sont l’expression de l’Amour éternel et infini de Dieu.

Ces quatre vertus cardinales empêchent l’homme de tourner en rond dans le fait, et lui permettent de sortir de la quadrature du cercle (de l’esprit enfermé, emprisonné dans la matière) en retournant au centre ontologique de sa vie qui est son cœur. Ce qui nous est confirmé par la parole de Saint Paul Corinthiens 1 : « Le Christ viendra ouvrir vos tombeaux pour vous en faire sortir. Il viendra libérer, sauver vos âmes et votre esprit enfermés, emprisonnés dans des terres d’exil. »

De même pour Plotin (néo Platonicien du IIème siècle) : « Cessons de tourner en rond autour du fait, prenons le rayon qui nous ramène au centre. »

Comparaison entre la force et les autres vertus cardinales :

Selon Saint Ambroise : « la force est plus élevée que les autres vertus. La vertu concerne le difficile et le bon ; or la force concerne ce qu’il y a de plus difficile pour l’homme qui est d’aimer. »

La force est la plus élevée de toutes les vertus cardinales car si elles sont toutes relatives au fait, seule la force concerne l’au-delà du fait par la genèse et la création de la vie.

La véritable force ne concerne que l’amour

Elle est à la mesure de la bonté par la sauvegarde de la justice. La force sans la justice favorise l’iniquité, l’opposition. Dans les mains de la justice, la force procure la bonté, l’équilibre, l’harmonie, la vérité. « Ce qui est juste est bon ! » : le livre de la genèse nous rappelle que la bonté ne se réfère qu’à la création.

A propos du martyre, le sens du martyre est d’être témoin du Christ (martyr voulant dire témoin).

Les souffrances corporelles des martyrs subies jusqu’à la mort, rendent témoignage non à une vérité quelconque, mais à la vérité religieuse que le Christ nous a révélée. Aussi sont-ils appelés martyrs du Christ, comme étant ses témoins. Le martyre ne concerne pas l’individu, mais l’ensemble de la communauté fraternelle vivant en christ. De plus ce n’est pas une volonté propre de subir, mais un témoignage d’une possibilité qu’a l’homme, de vivre pleinement et parfaitement en christ avec le Christ, en se détachant de tout fait, y compris de son propre fait.

Jean Tauler : « La volonté est parfaite quand l’homme a renoncé à tout ce qui n’est pas Dieu, et qu’il s’est éloigné de toutes les créatures. »

Le Christ aux apôtres : « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes y compris vous-mêmes,  pour porter ma croix dans le monde. »

Aussi : « Vous serez tous jugés, condamnés et traînés devant les tribunaux, à cause de mon nom. »

Tout véritable chrétien dans la force d’aimer, est un martyr du Christ. Ce qui le concerne ne peut être que le salut de l’autre et non le sien.

La foi seule est cause du martyre.

Matthieu 5,10 : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. »

Au – delà de sa volonté, le martyr témoigne de l’imitation la plus pure de la vie en christ, allant jusqu’à sa mort et sa résurrection.

Saint Maxime de Turin dit dans un panégyrique : « Il est vainqueur en mourant pour la foi, alors qu’il aurait été vaincu en vivant sans la foi. »

L’œuvre du martyre nous propose de mépriser le monde visible, quand l’homme n’a pas su s’en détacher à l’écoute de l’intelligence de Dieu, selon la Lettre aux Hébreux (11.34).

Si le bourreau peut prendre le corps du martyr, il ne peut lui prendre ni son âme, ni son esprit, qui appartiennent depuis toujours à Dieu.

Galates 2,19b-20 : « Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. »

Le martyre symbolise la méditation constante et permanente de la Passion et de la mort de notre Seigneur.

Celui qui vit en martyr est sauvé. Celui qui ne vit pas en martyr est martyrisé.

Il semble que la mort ne soit pas incluse dans la raison de martyre car Saint Jérôme écrit : « Je dirais à bon droit que la Mère de Dieu fut vierge et martyr, bien qu’elle ait terminé sa vie dans la paix. »

Saint Grégoire : « Bien qu’il y manque l’occasion de mourir, la paix a son martyre, car si nous ne livrons pas notre tête à l’arme du bourreau, nous mettons à mort, par le glaive spirituel, les désirs de notre chair. »

Saint Augustin : « Le martyre est un acte de la vertu de force, et il appartient à celle-ci de ne pas craindre non seulement la mort, mais non plus les autres adversités. » Il y a en effet beaucoup d’adversités autres que la mort, que l’on peut supporter pour la foi au Christ. Le martyre est un acte méritoire, mais un acte méritoire ne peut être postérieur à la mort. Il la précède donc, et ainsi la mort n’est pas essentielle au martyre. Le martyre pour la foi est donc essentiellement une mort symbolique à tout ce qui n’est pas Dieu.

Saint Augustin évoque ici la Passion du Christ qui est le chemin, qui d’étape en étape remet l’homme sur le chemin de la vérité pour se retourner et recouvrer la Vraie Vie.

« Est appelé martyr celui qui est témoin de la foi chrétienne, qui nous propose de mépriser le monde visible pour les réalités invisibles », selon la Lettre aux Hébreux 11,34.

Il appartient au martyre que l’homme témoigne de sa foi, en montrant par ses actes qu’il méprise toutes les choses présentes, pour parvenir au bien futur et invisible.

D’où cette insinuation de Satan contre Job (Jb 2,4) : « Peau pour peau, tout ce que l’homme possède, il le donnera pour son âme » ;  c’est-à-dire pour sa vie physique. C’est pourquoi, afin de réaliser parfaitement la raison de martyre, il est requis de choisir la mort pour le Christ : le détachement du fait, de tout fait y compris de son propre fait ; la mort pour vivre en christ afin que le Christ soit, ce qui est la condition nécessaire à sa deuxième venue sur terre.

Cette volonté n’est parfaite que parce qu’elle émane de Dieu.

Cette raison de martyre n’est déterminée que par l’utilité de la mort pour atteindre à la résurrection.

« Pour Dieu qui pénètre les cœurs, la raison de martyre a valeur de récompense », comme le dit Sainte Lucie.

Le mérite du martyr (ce qui lui mérite sa place au Ciel), ne se situe ni dans la mort ni après la mort, mais dans l’acceptation de la mort infligée par les hommes et tant désirée par les chrétiens. La mort du martyr n’est là que pour signifier aux yeux des hommes sa volonté de ne plus s’appartenir pour n’appartenir qu’à Dieu. De ce fait, ne peut être appelé chrétien que celui qui n’a pour toute vie que la foi au Christ.

Si Jésus signifie le « Je Suis », autrement dit la Présence de Dieu sur terre, le Christ symbolise la seule porte de passage de la mort à la Résurrection. Si le Christ est vivant et ressuscité d’entre les morts, ce n’est que pour ramener l’homme de la mort à la Vraie Vie car Lui seul ici, maintenant, et depuis toujours, est et demeure éternellement vivant. Nous comprenons ainsi que  martyr signifie témoin de ce qui était, de ce qui est, et de ce qui vient ; car on ne rend témoignage qu’à la Vérité.

La conscience du martyr de la Vraie Vie fait qu’il ne connait pas la mort. Si la mort vient se faire connaitre à lui, ce n’est que pour qu’il soit ressuscité d’entre les morts. Il passe d’une simple mort existentielle à une mort et à une résurrection.

Si la mort physique est nécessaire à la plupart des hommes, pour que leur âme et leur esprit soient libérés d’un corps attaché au fait, le martyr dont la chair accède, dès cette vie sur terre, à la résurrection, voit sa mort mener son âme et son esprit au paradis pour s’assoir à la droite du Père et du Fils. Celui qui voue sa vie à Dieu se voit rectifié par la foi, qui le mène tout droit pour vivre désormais après la mort auprès de Dieu. L’homme d’aujourd’hui, initié et éclairé, ne peut plus perdre la mémoire du jugement dernier où le Christ viendra sur terre pour juger les vivants et les morts.

« Si le grain de froment ne meurt, après qu’on l’a jeté en terre, il demeure seul ; mais quand il est mort, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24-25).

Jean Tauler : « En toute vérité, il en est ainsi. Celui qui veut produire tous les fruits de vie doit mourir de toutes les morts possibles. Or c’est là ce que fait, et lui seul, le pauvre d’esprit. Il disait vrai ce maître de la vie spirituelle enseignant qu’une vie conforme à l’Evangile est une croix et un véritable martyre. Seul le vrai pauvre d’esprit porte cette croix et endure ce martyre ; seul aussi, il recueille tous les fruits de la vie. Au-delà de la mort physique apparente, se situent la mort spirituelle (l’unité de la vie en soi), la mort ontologique (l’incarnation du Verbe, Amour du Dieu Vivant), la mort essentielle (le retour à l’Un). Le pauvre d’esprit jouit d’une mort si multiple qu’il vit de plus en plus éternellement. Pour lui, chaque instant se transforme en une présence de Dieu. Il meurt aux contingences de l’existentiel pour croître et fructifier dans la Conscience de l’essentiel. Sa croissance est le fruit de son retour à l’essence, au Un. Le pauvre d’esprit aspire à une mort intérieure qui le libère de l’horreur d’une mort extérieure. Cette mort intérieure lui procure une joie pure. Celui qui en fait l’expérience est le sage par excellence. »

La mort spirituelle consiste à ne vouloir que ce que Dieu veut, autrement dit tout ce que l’homme ne veut pas, ne souhaite pas, ne désire pas !

 

A propos du don de force :

Isaïe (11,2) : « Enumère la force parmi les dons du Saint Esprit. »

La force implique une certaine fermeté d’âme qui est requise pour faire le bien comme pour résister au mal. Mais l’âme est entrainée plus haut par le Saint Esprit afin de pouvoir achever toute entreprise commencée dans sa vie terrestre. C’est ainsi que la force se place dans le dépassement de la nature humaine. C’est le Saint Esprit qui opère cela dans l’homme lorsqu’il conduit son âme et son esprit jusqu’à la vie éternelle, qui est la fin de toutes les œuvres bonnes que l’homme avait à accomplir durant sa vie terrestre, lui faisant échapper ainsi à tous les périls à travers son corps mortel. C’est pourquoi le Saint Esprit infuse dans l’âme une maîtrise et une confiance à toute épreuve garanties par la foi gardée en Dieu ; seule et véritable expression de la force.

La force en chaque homme n’est que grâce de l’Esprit Saint qui se donne pleinement aux cœurs purs. Heureux les cœurs purs, le royaume des cieux est à eux !

Pour l’être matériel, le sens de la force ne s’applique qu’à des situations difficiles pour lui à concevoir ; pour l’être spirituel, la force n’a pour but que la contemplation de l’Homme et de Dieu.

La force de l’Homme n’est plus de résister au diable, mais d’aimer Dieu …

 

L’AMOUR EST FORT COMME LA MORT …

Comme la mort nous coupe de la vie, l’amour coupe de la mort !

L’amour est l’acte qui génère en soi et crée autour de soi la vie, la Vraie Vie, Transcendance du fait, « Au-delà » du fait, Elle est le fruit de l’amour ; de l’acte accompli selon la Parole vivante : le Verbe de Dieu qui s’incarne en l’Homme, en son cœur, pour lui parler et le rendre vivant pour que le monde demeure éternellement vivant…

« Jésus n’est pas venu apporter la paix mais le glaive ! » dit Jean. Et, « celui qui demeure en lui voit le Fils comme le Père demeurer en lui ! » .C’est Dieu qui est Amour. L’amour de l’Homme n’est qu’une grâce de l’Amour de Dieu. Il est conscience de l’unique nécessaire à la vie sur terre : d’être, de dire, de faire, pour toujours créer une vie meilleure, un monde meilleur ; « Devenir meilleur est une nécessité » dit Confucius.

Par l’amour l’Homme passe de l’Image que Dieu a de lui (sa configuration à Lui) à Sa Ressemblance ; Or, il n’y a que Dieu qui puisse ressembler à Dieu! Saint Paul : « Je peux toutes choses avec Dieu qui me fortifie ». Saint Jean : « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes ; sans l’Amour de Dieu vous ne faites rien ! ». C’est l’Amour qui donne aux actes le sens de la vie, de leur au-delà…Quand la raison ne peut aller plus loin, c’est la force de la foi qui amène la volonté à prendre son essor au-dessus d’elle.

A l’écoute et à la vision de la Lumière essentielle, l’homme quitte la lumière apparente pour recouvrer la lumière naturelle de la grâce. Il renonce à sa nature ordinaire pour retrouver sa nature divine originelle pénétrée de sa nature essentielle, sa surnature. «  Celui qui s’attachera à sa vie la perdra ; et celui qui renoncera à sa vie la gagnera pour la vie éternelle » dit le Christ aux Apôtres. Isaïe : « C’est Dieu qui opère toutes nos œuvres ! »La vocation de l’homme à Dieu n’est que reconnaissance de Sa Grâce qui consiste à Lui rendre gloire. Dans la hauteur de Dieu se résorbent la bassesse et la petitesse de toutes les créatures. Ce qui est cher à Dieu c’est l’Unité. L’unité révèle la force ; la dualité la faiblesse. La faiblesse entraîne inexorablement vers la mort ; l’amour élève l’âme à la vie éternelle. La pureté et la simplicité de la vie, dès cette vie sur terre, témoignent de la divinisation et de la déification de l’âme et de l’esprit de l’Homme, de son image et de sa ressemblance. Saint Paul : «  Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme ? C’est pour que l’Homme devienne dieu » ; « Par l’amour vous êtes des dieux auprès de Dieu ». C’est la mort spirituelle (le détachement) qui fait accéder l’homme à la vie éternelle dès cette vie sur terre. Le Baptême est le commencement de sa résurrection…L’homme de désir est converti à l’Homme du Désir (de Dieu). Il redevient tel que Dieu le veut pour participation à Son Grand Œuvre, de genèse et de création infinies et éternelles…de ce qui est, qui était et qui vient !