LA TEMPERANCE

LA TEMPERANCE

La tempérance est une vertu humaine, émanant du fait, et est, par conséquent, considérée comme la moins digne des vertus cardinales.

« Cardinale » vient de « cardo-inis » : gond, pivot, point d’ancrage ; ce qui signifie le cœur de l’homme, c’est-à-dire le centre ontologique où la vertu cardinale devient le principe initiatique qui rend l’homme vertueux. Plus l’homme est proche de son cœur, plus il est stable et plus il est fort.

Les vertus morales (humaines) sont le fruit des vertus fondamentales (divines) d’Espérance, de Foi et de Charité. Ces vertus morales permettent l’ouverture des portes du cœur et de l’esprit, à la Vraie Vie.

La tempérance est une « belle » vertu, pour l’être qui se trouve encore dans le besoin de reconnaissance. Mais étant une vertu relative au fait, elle est aussi un voile au désir profond qui anime le cherchant de la béatitude. C’est une vertu qui demeure « extérieure » à son cœur. Elle signifie l’acquisition de la rationalité par une « aptitude naturelle à la vertu », selon Aristote. La tempérance n’est pas spirituelle, mais rationnelle.

A toute vertu correspond un don. Il n’y a pas de don qui corresponde à la tempérance. Le don signifie la Vertu. Elle est en cela Don de Dieu. C’est l’au-delà du Don. Le Don céleste se transforme en don terrestre.

La tempérance est le « temps fini de l’errance » : le temps qui signifie que l’homme n’est pas encore parvenu au cœur de lui-même, mais qu’il tend vers celui-ci. La tempérance ne témoigne d’aucune évolution verticale : elle est progression constante de la vie en soi, contribuant à son amélioration dans sa relation au monde. Elle est le reflet dans le monde du rétablissement de la vie intérieure, ce qui favorise le calme et la douceur extérieure. La marche vers l’unité permet le détachement de la dualité. C’est l’ordre intérieur qui fait sortir du chaos extérieur. La tempérance est une vertu qui permet de s’extraire du chaos.

La tempérance redonne à l’homme la crainte de Dieu.

La Crainte de Dieu : Dieu craint que l’homme ne conforme pas sa vie à Sa Parole de Sagesse et d’Amour, et qu’il continue à vivre selon ses gouts, ses envies, ses besoins. Le « don de crainte » invite à éviter d’offenser Dieu en permettant à l’homme d’aller à la rencontre de l’expression de la tempérance. La crainte de Dieu est salutaire parce qu’elle libère l’âme et l’esprit de l’homme des doutes, des angoisses, des craintes et des peurs relatives au fait. Elle correspond à la vertu d’Espérance. La Loi fait autorité pour rendre l’homme vertueux. Ce qui reprend le principe qu’ « il n’y a pas de loi sans autorité ; ni d’autorité sans crainte ! ».

La tempérance a donc le pouvoir de ramener l’homme à Dieu en retrouvant la crainte de Dieu.

La tempérance est honorable en ce sens qu’elle résulte du combat mené contre la tentation.       Saint Augustin : « Point de salut sans combat dans son intériorité ».

Saint Augustin : « Il appartient à la tempérance de se garder pour Dieu intègre et irréprochable ».

Saint Ambroise : « Dans la tempérance, c’est surtout la sérénité (la paix) de l’âme qui est considérée et recherchée ».

L’Homme retrouve son âme au cœur de lui-même ; et retrouvant son âme, il retrouve ensuite l’esprit. Pour le Maçon, les trois principes réunis, corps-âme-esprit, constituent « l’équerre » de sa vie.

La Beauté est la traduction de la Justice. Elle est l’image de la Vérité. La tempérance écarte de la tentation ; la Force maintient sur le chemin qui mène au cœur ; la faiblesse en détourne. La Force rend l’être inébranlable. La tempérance, en effet, écarte ce qui allèche l’appétit à l’encontre de la raison. La tempérance est le fruit de la raison ; la Force, le fruit de l’esprit. Un être qui a perdu la raison ne peut plus être tempérant, et au fur et à mesure de la tempérance, la raison s’efface. Le besoin de la raison est relatif à la force du fait devant la faiblesse de l’esprit. La Force est le fruit de l’esprit, ce qui signifie qu’en tant que fruit de la raison, la tempérance est la moins digne des vertus. La « faiblesse » de la tempérance est d’avoir besoin, au commencement de la vie initiatique, de la raison.

La tempérance a une beauté relative : elle tient au raisonnement par rapport au fait ; c’est une beauté du besoin. La véritable beauté appartient à la contemplation. « A la tempérance appartient la grâce de la modération » dit Saint Ambroise. Il appartient à la vertu morale de conserver le bien de la raison contre les passions qui s’opposent à la raison. Une vertu morale permet la mesure, l’évaluation du sens. La connaissance du sens permet la mesure (la raison) devant le non-sens. Dans la tempérance, on est dans un sens relatif et non absolu. La force permet de rester ferme, inébranlable, devant les difficultés. La force est de ne pas fuir, mais de combattre le non-sens. La tempérance permet de garder la raison devant les tentations. Les deux, tempérance et force, contribuent à l’intégrité de l’Homme au regard de Dieu, de Sa Justice, dans la perspective du Salut. Plus l’homme est tempérant, plus il recouvre la force. La tempérance dans son principe, renferme la nécessité de l’intériorisation de l’homme, dans le but de le rendre tempérant dans sa relation au monde. L’homme tempérant signifie et symbolise, au regard de l’autre, sa nécessaire intériorisation.

L’être tempérant s’attriste de moins en moins de l’absence des biens désirables. La Force permet l’affermissement dans la confrontation avec les maux. La tempérance concerne les convoitises, et la Force les craintes et les faiblesses. L’existence n’est que la traduction de la résultante entre ces deux vertus : l’une rationnelle et morale (humaine), et l’autre spirituelle (génératrice et créatrice de vie) et théologale (divine).

Tant que l’homme n’est pas parvenu au cœur de lui-même, tant qu’il est sur le chemin de la tempérance, la dualité entre la faiblesse de l’humain et la force du divin peuvent encore s’opposer en lui.

Tant que l’homme est sur le chemin de la tempérance, il demeure injuste dans sa relation à lui, dans sa relation au monde ; certes de moins en moins, mais tant qu’il sera tempérant, il sera injuste, et ce jusqu’à qu’il parvienne au cœur de lui-même. Au cœur de l’homme, la tempérance s’efface devant la Justice, l’homme s’efface devant Dieu. De la même manière que la tempérance s’efface devant la raison, au cœur de l’homme la tempérance s’efface devant la Justice. Au cœur il n’y a plus de tempérance.

Dans l’Ancien Testament, l’exode du peuple juif symbolise la tempérance qui est notre traversée du désert, pour nous rendre dans la terre sainte de notre intériorité.

Dans le Nouveau Testament, la tempérance est symbolisée par la Passion du Christ, en particulier lorsqu’il dit : « vous devez renoncer à tout ce que vous avez, vous êtes, y compris vous-mêmes, pour porter ma croix dans le monde. » En suivant la Passion du Christ, l’homme passe de l’horizontalité de la tempérance à la verticalité de la Justice.

L’homme a été doté par Dieu de la raison, pour qu’il puisse vivre selon la sagesse. Cette sagesse est manifestée non par la tempérance, mais par le chemin de la tempérance. La tempérance est le chemin de la sagesse.

La raison de l’homme est intellectuelle ; sa sagesse retrouvée est spirituelle. Le chemin de la sagesse de l’Ancien Testament, c’est le retour en Terre Sainte. La sagesse du Nouveau Testament est l’exigence de vie de la Passion du Christ.

Si l’homme est doté de la raison, il est doué de la sagesse ! La tempérance est le chemin de la Sagesse de Dieu. Par le suivi de ce chemin, l’homme manifeste la sagesse, et non plus la raison.

Quelle est la règle de la tempérance ? Il ne semble pas que la règle de la tempérance doive tenir compte des nécessités de la vie présente : la tempérance ne s’exprime pas par rapport au fait, mais essentiellement pour la vie de l’homme. En effet, ce qui est supérieur ne prend pas sa règle dans l’inférieur ! Or la tempérance, puisqu’elle est une vertu de l’âme, est supérieure aux nécessités du corps. La règle de la tempérance ne doit donc pas être prise selon les nécessités du corps. La tempérance ordonne la vie en dehors des exigences de l’existence. La tempérance elle-même a pour fin et pour règle la béatitude, mais les choses dont la tempérance fait usage ont pour fin et pour règles les nécessités de la vie humaine. La tempérance considère la nécessité dans son rapport de convenance à la vie : elle n’est pas reniement ni tolérance, mais prise en considération de l’évènement en vue du perfectionnement relationnel à soi et au monde.

La tempérance est une vertu morale et non théologale car elle permet la mesure. Elle doit être toutefois évoquée sur deux plans : dans son principe et dans sa manifestation.

Le tempérant est celui qui a repris le chemin de son cœur (le Principe) pour pouvoir être tempérant dans sa relation au monde. Elle n’œuvre dans la relation au monde qu’en tant qu’expression du temps fini de l’errance. Sans l’unité intérieure retrouvée, il n’y a pas d’unité extérieure possible. Dieu ne peut être Tempérant que pour son peuple, qui suivant la Loi de Moïse retourne en Terre Sainte … Moïse est le prophète qui a fait sortir le peuple Juif (des Justes) de l’errance. Dans l’esprit la tempérance est, comme toute vertu, principielle (Principe descendant du Ciel).

Toute acquisition intérieure doit porter son fruit à l’extérieur. « Vous avez été choisis afin que vous alliez au cœur de vous-mêmes, et que vous portiez du fruit » Parole du Christ aux Apôtres.

La tempérance est-elle une vertu cardinale ? Les vertus cardinales concernant la vie terrestre de l’homme, trouvent leur source dans la vie céleste. En ce sens, elles sont aussi théologales. La tempérance terrestre est le reflet de l’Espérance céleste. L’Espérance de Dieu est la Vision du Père faisant sortir l’homme de l’errance. La tempérance est la réponse de l’homme à l’attente de Dieu, car « retourner à soi c’est retourner à Dieu qui est en soi » dit Annick de Souzenelle. L’espoir, à l’inverse, signifie le conditionnement de la vie au fait.

La tempérance est le chemin horizontal du retour du fils vers le Père ; la crucifixion étant le chemin vertical.

La primauté de la tempérance tient à la force de la raison pour un retour à sa vie intérieure. L’ « Homme de Désir » est l’homme qui se laisse désirer par Dieu. Il est celui qui ne désire rien de par lui-même. C’est du Désir de Dieu que vient le désir de l’homme d’aimer, car seul Dieu est Amour.

La tempérance est-elle la plus importante des vertus ? Il est plus facile de porter un jugement que de réfréner ses pulsions et ses convoitises. La tempérance apparait (extériorité) comme d’autant plus nécessaire et meilleure qu’elle est d’un usage plus fréquent. C’est elle qui mène à la prudence et à la force dans la soif de la Justice. Elle ne prime sur la force que dans le sens où elle est première sur le chemin de l’exode. La tempérance fait appel à la persévérance dans la constance ; la force à la temporalité. La tempérance est un retour à la source de sa vie pour y puiser la force d’aimer dans la multitude car l’Amour de Dieu est inconditionnel.

Vices opposés : insensibilité et intempérance.

L’être tempérant n’est pas insensible, mais détaché du sensible pour pénétrer le royaume de l’intelligible. Le pouvoir de la tempérance est de permettre à l’homme de dominer, de maîtriser de plus en plus sa sensibilité. La symbolique de l’être parvenu à la Justice est de témoigner dans le monde de la transformation de ses sentiments en pur amour de Dieu, dans l’amour inconditionnel de l’autre. Plus l’homme se rapproche de son cœur, plus il est discipliné, rigoureux, ferme, sévère ; ce qui ne signifie nullement qu’il serait devenu insensible ou indifférent. Le combat intérieur contre les convoitises ne signifie pas l’insensibilité par rapport au monde extérieur. L’existence n’étant que le reflet de la vie intérieure ! Il est donc nécessaire d’œuvrer dans son intériorité comme dans son extériorité. Le point définissant le cercle ; le cercle signifiant le centre. L’esprit ne peut être dissocié de la matière. L’intempérance est puérile puisqu’elle est relative au fait, occultant la grandeur d’âme et d’esprit. La tempérance, à l’inverse, ramène l’homme vers une possibilité de croissance, de verticalisation de l’esprit par le salut de son âme. La tempérance redonne le sens de la nécessité. L’intempérant est celui qui a perdu sa volonté, son courage. Le lâche est celui qui renonce à la volonté.

La lâcheté : c’est lâcher le principe d’aimer. Elle est manque de volonté nécessaire (faiblesse) pour créer le lien qui nécessite la force.

Les vertus cardinales mènent au cœur et émanent du cœur. Elles sont le garant et la source de l’harmonie à partir du point d’équilibre.

Les vertus potentielles d’une vertu principale sont les vertus secondaires ; en certaines autres matières où l’on ne rencontre pas la même difficulté. Elles observent une mesure identique à celle qu’observe la vertu principale envers la matière principale qui est l’homme lui-même. Il faut distinguer en cela la tempérance, qui émane de l’ordre intérieur- de la modération, de la continence ou de la clémence qui se réfèrent à l’ordre extérieur.

La principale difficulté que rencontre l’homme, c’est l’homme lui-même. La tempérance est d’une exigence absolue ; ces vertus potentielles ne sont que relatives. Le sens de la modération trouve sa plénitude dans la sagesse de Confucius : « Celui qui n’exige rien de lui ne peut rien demander à l’autre. »

 

Les 4 vertus cardinales (la Clémence – la Tempérance – la Prudence – la Force) figurent les 4 points du carré, symbole de la matière et dont le centre est la Justice. La quadrature du cercle, c’est quand l’esprit est enfermé dans la matière. Il ne sort de ce labyrinthe infernal que par le cœur-centre à partir  duquel il trace un rayon d’action qui définit la vie au-delà de la matière. Il est sorti de son rayon d’activité pour accomplir sa divinité (son acte d’amour dans le monde).

Les vertus qui maintiennent l’équilibre et l’harmonie de la vie dans la création sont la Clémence, la Tempérance et la Prudence. Elles montrent la voie de l’intériorisation.

La Justice avec la Force sont sources de vie dans la création. Le sens de la vie, c’est l’au-delà. La Force et la Justice sont l’au-delà de la Clémence, de la Tempérance, et de la Prudence.

 

L’essentiel de la lumière portée sur la tempérance émane d’un travail de synthèse de la Somme Théologique de Saint Thomas d’Aquin.

 

L’ EFFET PAPILLON

L’   EFFET   PAPILLON

Ou comment se transformer pour transformer le monde

 

 

«  Le battement d’aile d’un papillon à l’équateur peut entraîner un tremblement de terre à l’autre bout du monde … ». Cette réflexion bouddhiste nous signifie l’interdépendance des phénomènes terrestres ; de là, la nécessité pour l’avenir de l’humanité de ne plus s’enfermer dans ses égoïsmes respectifs.

Avant de voir un papillon battre des ailes, la chenille doit se transformer ; et pour cela, elle s’intériorise dans sa chrysalide, sorte de chambre de conscience nécessaire pour passer de la chenille condamnée à ramper sur le sol, à la beauté du papillon qui vole dans le ciel.

 

Le monde matériel, terrestre, est essentiellement réactionnel, c’est-à-dire mortifère ; le Royaume spirituel est transcendant, strictement amour ; autrement dit générateur et créateur de vie.

« Nul ne pourra rentrer dans le Royaume, s’il ne redevient petit enfant… »Les quatre Évangélistes rappellent cet ordre fondamental du Christ. « Le véritable adulte est celui qui sait redevenir petit enfant, abolir son mental et se laisser porter par l’événement vers la Terre nouvelle de son être, en acceptant de ne rien comprendre (de ne plus se faire prendre par le fait pour ne plus tomber dans le jeu du fait). Là sur cette Terre nouvelle l’Intelligence lui sera donné ( l’Intelligence de Dieu : Sa Sagesse , Son Amour) ; il n’accusera personne, mais se remettra totalement en question pour que la lumière la plus pure pénètre en lui et que « les œuvres de Dieu se manifestent en lui » nous dit Annick de Souzenelle. La Sagesse de Confucius est de nous dire la même chose : « Celui qui se juge avec rigueur et  sévérité et reprend l’autre avec complaisance, évite les mécontentements ». Mécontentements de soi et mécontentements de l’autre.

Bouleversante aventure que celle de l’Homme !

Plus bouleversante encore celle du Fils de Dieu, le Christ, Je Suis, poursuivant sa Kenosis (sa « contraction » divine) jusque dans le corps animal de celui qu’Il crée : c’est l’Incarnation de Dieu en l’Homme pour que l’Homme devienne dieu, dit Saint Paul : c’est la genèse de l’Homme-dieu.

 

Mais l’homme dans le péché (l’extériorité) régresse dans la situation de sixième jour de la Genèse et reste confondu avec le monde animal, esclave de ses pulsions et proie du Satan. Son esprit dévoyé investit l’éros dans le seul monde extérieur de la sexualité et de l’acte procréateur : l’Éros divin générateur et créateur de vie au-delà de la création a disparu de son cœur. Son âme psychique est dévorée par le Satan qui en mange la poussière (multiplicité de ce qui pouvait devenir unité et fécondité) car, « quand le cœur s’en va où la passion l’entraîne, le cœur n’est pas réglé mais agité et troublé » dit Confucius ; et son corps que ne soutiennent plus ses corps plus subtils (âme et esprit),éteints, s’éteint à son tour. L’homme se livre à un processus de mort et son corps n’est plus qu’un objet de plaisir et de désir, dans lequel et pour lequel l’amour est absent. Sans les valeurs morales et spirituelles, la vie de l’homme n’est plus définie que par les valeurs matérielles qui font que l’homme existe mais ne vit pas. L’homme se livre à un processus de mort et l’on comprend que ce corps animal soit appelé en hébreu, Goph, cadavre. Le Christ le signifie pleinement en disant à l’un des siens : « Laisse les morts enterrer les morts, toi suis-moi. Va porter la Nouvelle du Royaume de Dieu. »

 

 L’immensité, malheureusement, des humains font le choix inconsciemment de la mort : ils refusent d’écouter, de voir, de comprendre ce qui est juste et bon d’être, de dire, de faire, ce qui est  nécessaire à la vie du monde à venir. Le besoin de satisfaire à des goûts, des envies, des besoins d’avoir, prévaut sur le sens de la nécessité d’être. Les illusions, les sentiments, les besoins de reconnaissance, les différentes actions dans lesquelles il est facile de se donner bonne conscience ; toutes ces satisfactions de l’Ego, prévalent sur la nécessité d’aimer son prochain comme soi-même. La sensiblerie témoigne chaque jour davantage de l’incapacité de l’homme à s’aimer, à transcender sa sensibilité, pour témoigner de cet amour à son conjoint, ses enfants, sa famille, ses amis, ses compagnons du devoir… Et ce, pour une simple raison que l’homme ne croit plus en Dieu. Or c’est Dieu Seul qui est Amour. « Sans l’Amour de Dieu, vous ne pouvez rien faire ! » Jn, 15.

 « Laissez venir à moi les petits enfants », ou«  Heureux les cœurs purs le Royaume de Cieux est à eux ! »Cette phrase du Christ signifie la pleine nécessité du Baptême. Les Enfants, au regard de Dieu, sont les êtres qui travaillent à redevenir humbles, simples et purs. Les « purs »sont ceux qui œuvrent pour la vie de l’autre, des autres,comme de la leur, qui font le sacrifice de leur vie : qui font de leur vie une union sacrée à Dieu pour la vie du monde.Nous voyons, comme fruit de l’inconscience des générations passées, de plus en plus d’êtres privés de la raison d’aimer ; qui sacrifient leur existence et celle des autres.

« Je suis le Semeur ; ma Parole est la Semence ; Vous devez porter le fruit de cette Semence » dit le Christ. Celui qui s’aime peut semer de l’amour. La colère, la jalousie,la valorisation des uns par rapport aux autres, sème la haine dans toutes les familles du monde entier !

« Qui n’a ni Dieu, ni maître, a Satan pour Maître » dit Saint Augustin. Depuis la genèse de l’humanité, l’homme a fait inconsciemment le choix du Satan qui entraîne sa chute en enfer ! Son inconscience transmise de génération en génération le fait tomber en enfer ; dans lequel il devient lui-même l’enfer pour lui et tous les autres, et crée l’enfer. C’est « le peuple d’Israël qui a toujours, comme du temps de Moïse, la nuque raide » : « Vous avez beau avoir des oreilles, vous n’écoutez pas ; vous avez beau avoir des yeux, vous ne regardez pas ; car l’amour vous fait peur !»Mc, 5. Pour recevoir l’Amour de Dieu, « vous devez renoncer à tout ce que vous avez, à tout ce que vous êtes, y compris vous -mêmes, pour porter ma croix dans le monde » dit Jésus; la Croix, étant la verticalisation de l’être. « Renoncer »signifie « se détacher »:sortir de l’esclavage pour retrouver la maîtrise.

Depuis la chute d’Adam et Eve, l’homme est condamné à se penser, à se croire, parce qu’il n’est pas (parce qu’il n’est plus).Il a fait le choix de la fausseté : des illusions, des sentiments, des besoins de penser, de croire, en oubliant de témoigner de ce qu’il est, en témoin de son amour inconditionnel de la vie. C’est pour cette raison que Dieu nous a envoyé Son Fils nous dire : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». La Sagesse et l’Amour de Dieu étant universels, ce Chemin est celui qui ramène l’Homme au cœur de sa « propre vie » où il est juif, parce qu’il est juste ; chrétien, parce qu’il consacre sa vie à la création d’un monde meilleur (« Devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’édifice) ; et musulman, parce qu’il se met sous le regard de Dieu à l’écoute de Sa Parole de Sagesse et d’Amour. « Celui qui se soumet » (étymologie du mot « musulman ») , c’est celui qui est humble, qui a « tué l’infidèle »(22e sourate du Coran), c’est-à-dire son propre ego, pour accomplir la troisième et dernière des prophéties : celle de la Vie Céleste, de l’Homme qui tourne toujours son regard vers Dieu.

La verticalité de la Croix du Christ en montrait le sens ; le pur esprit de l’Homme est le témoin de la Vérité dès cette vie sur terre, dans cette vie sur terre, pour cette vie sur terre.

L’intellect de l’homme le détourne de cette vérité, pour faire de la religiosité, qui n’est pas la religion, un instrument de division, de séparation, de conflit, et de guerre infinie, au service du Satan. Tant que l’homme sera gouverné par son orgueil, qu’il n’aura pas aboli son mental, il continuera à se penser, à se croire, à penser et à croire, qu’il a raison et que l’autre a tort. Il pratiquera le non-sens du « baptême » civil sans Jean le Baptiste ; et du « mariage civil » qui ne peut être qu’union civile. Les défenseurs de la laïcité ( du laïcat amputé de la spiritualité) s’acharnent à défendre le droit de l’horizontalité en opposition catégorique à la verticalité ! Comme si les êtres spirituels s’opposaient à travers le Mariage (l’Age de Marie)  à l’union civique ; comme si l’Esprit s’opposait à la Matière !

L’être matériel est condamné à se penser et à se croire parce qu’il n’est pas ; car si il était il ne se penserait pas. La pensée de l’homme occulte sa vie  dans l’esprit: la vie spirituelle est la vie au-delà du fait de ce qu’est ou n’est pas l’autre, de ce qu’il fait ou ne fait pas. Le sens de la vie spirituelle amène l’Homme à faire dans une quête inconditionnelle de l’unité. Il ne conditionne pas sa vie au fait ; il fait. « L’Amour est fort comme la mort »Cantique des cantiques , Ch 8 : comme la mort coupe de la vie ; l’amour coupe de la mort !

« Jésus n’est pas venu apporter la paix mais le glaive »Jn, 3. Ce glaive est la Parole de Dieu qui coupe l’homme du fait, de ses attaches au monde matériel. C’est par méconnaissance de la Parole que l’homme transgresse Ses lois de Sagesse et d’Amour! Il se retrouve, dès lors, sous la coupe de faux-maîtres, de faux prophètes, qui les assujettissent à des pensées, des croyances, diaboliques car mortifères.

L’homme inconscient est la proie du Satan-Ennemi à qui il confère la puissance, même s’il ne le sait pas, car : « qui n’est pas avec moi est contre moi » dit le Christ, dont les paroles appellent « une oreille qui entende… » une oreille qui peut-être est capable d’entendre : « celui qui ne reçoit pas l’Épée tue par l’épée ».

Le corps de l’homme est au service de l’une ou de l’autre ; il n’y a pas d’intermédiaire. Mais lorsque l’Homme reçoit l’Épée du Verbe de Dieu, il est empoigné dans la totalité de son être – Esprit, âme et corps – dans un souffle de vie illuminant, le souffle du Ressuscité.D’illuminé il est rendu illuminant. Le maître est celui qui reçoit, vit et transmet la Parole, selon le Seul et Véritable Maître. « Ce n’est plus moi qui vit ; c’est le Christ qui vit en moi » dit Saint Paul.

 

 « Celui qui retourne au cœur de lui-même n’a de cesse de combattre son ego pour combattre celui de l’autre « Il est facile d’aimer vos amis ; mais vous devez aimer vos ennemis » : les aider, les amener à l’écoute de la Parole qui est Amour. Ces ennemis sont là, c’est le miroir, le Satan, l’Adversaire que Dieu a créé, pour nous signifier que nous sommes d’abord nos propres ennemis, par nos manques d’écoute, de vision, de compréhension, de ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire, pour la vie de ce monde.

C’est notre Karma hérité de nos parents depuis des générations, des siècles, des millénaires. «  En ce qui concerne les maux dont nous ne sommes apparemment responsables : les calamités naturelles (le Déluge de Noé), les tourments occasionnés par autrui, les maladies, les accidents ; ces faits ne sont dus ni au hasard, ni à une volonté divine, ni à une prédisposition inéluctable ( les gènes), elles sont les conséquences de nos propres actions (ou inactions) ; des flèches que nous avons tirées et qui reviennent sur nous ». Matthieu Ricard (« le moine et le philosophe »). De même, Confucius : « Celui qui se juge avec rigueur et sévérité et reprend l’autre avec complaisance, évite les mécontentements ». Par le Dharma (l’enseignement des sages, des maîtres), nous allons au Samsara, à la vie meilleure.

 

« En toute chose il y a du Yin et du Yang ». Le maître est celui qui domine sa force intérieure (le Yin) comme sa force extérieure (le Yang). Ce Yin c’est le principe féminin de l’être, son Ischa, des hébreux. Le Yang, son principe masculin ; le Isch, des hébreux. L’Homme est séparé de son cœur et du Yod ( le germe divin) par le serpent (la tentation de l’extériorité).

L’homme «  marche de plus en plus sur la tête », parce qu’il occulte le plan spirituel qui est l’unité retrouvée depuis la chute du Paradis par Adam (Principe masculin de la Force, de la créature à l’Image de Son Créateur, pour la Création) et Eve ( Son Principe Féminin, pour la Genèse).

Sans l’unité retrouvée en lui , il ne peut s’unir à l’autre. « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! » : la genèse (intérieure) et la création (extérieure) sont le sens de la Création de l’Homme !

Les Eaux du Baptême sont le sens de la conversion qui s’opère en l’Homme qui veille à toujours être dans l’esprit ; ce qui libère sa vie de l’esclavage d’une vie toujours conditionnée au fait. Ces libérations et purifications successives de l’âme et de l’esprit permettent à l’Homme de reprendre le chemin d’une marche à l’endroit, d’un chemin qui le ramène au cœur de lui-même, en sa vie en christ, où le « bois du supplice » (les combats pour la vie) se transforme en Arbre de Vie. Ce sont les Apôtres « qui ont été choisis afin qu’ils aillent et qu’ils portent du fruit ».

Malheureusement la Parole s’est perdue par le manque de Culture et de Tradition, et avec Elle l’unité entre les hommes. Et ainsi tout ce qui est sensé, originellement, être force, se transforme de plus en plus en faiblesse, et l’amour de son prochain se transforme en haine. « Si ces énergies potentielles ne sont pas retournées dans un travail d’intégration en forces de lumière, ce sont celles-là qui se retournent contre l’homme et déterminent maladies, accidents ou déferlements de violence. » dit A. de Souzenelle.

Nous avons tous un négatif qui est là pour nous empêcher d’être bien, de nous faire du bien, de faire le Bien (la genèse et la création) et nous pousser à nous faire du mal et à faire le mal…Il est là pour nous rendre de plus en plus aveugle et sourd à ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire, pour l’humanité d’aujourd’hui et, par voie de conséquence, pour celle de demain.

C’est le temps de la présence en soi qui crée le temps présent, et met l’Homme en présence de Dieu. Sans le temps présent il n’y a pas d’avenir…

Prisonnier de son ego (de son égoïsme, de son égocentrisme), dans son besoin de reconnaissance, en compensation de ses doutes, de ses angoisses, l’homme a perdu le sens de sa propre vie ; et sans vie intérieure, la vie extérieure disparaît provoquant le déluge, le déferlement de fatalités de plus en plus terrifiantes : la terreur s’empare des âmes des faibles, des humains !

 « Le Déluge, dit A. de Souzenelle, c’est l’inconscience de chacun d’entre nous. »

L’insouciance, l’inconscience de l’homme le rendent de plus en plus immature. C’est pourquoi A. de Souzenelle affirme : « L’adolescent et l’adolescente humanité d’aujourd’hui ne se rendent pas compte que celui qui n’enracine pas sa vie au plus profond de son être, ne l’enracine pas dans des terres extérieures ! » Elle ajoute : «  l’humanité toute entière n’a pas encore passé la Porte des Hommes ! » Ce qui signifie que nous sommes tous, à des niveaux différents, pour des raisons existentielles différentes, des exilés de la Vie. La Porte des Hommes est celle, qui nous permet de quitter nos terres d’Exil, pour retrouver la Terre Sainte de notre intériorité. Dans ces conditions, l’homme quitte ses yeux de chair, de faiblesse humaine, de dualité, pour se rendre à la vision du cœur. « Dans cette perspective, l’œil peut être identifié à la flèche qui traverse notre « tunique de peau » et lui assure la vision d’un monde qui transcende celui où nous emprisonne notre état de chute.Le transpercement de notre peau d’animal symbolise celui de notre conditionnement au monde phénoménal. L’œil se définit alors comme l’organe du monde transcendantal, du monde divin.

 

Nous devons rentrer dans ce renouveau charismatique qui est la Résurrection de la Chair : ce qui est cher au regard de Dieu, c’est l’unité retrouvée en soi comme en l’autre, grâce aux deux commandements du Christ : 

           -le Premier : « Tu aimeras Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit »

            -le Deuxième : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

 

Plus que jamais il est temps de ne plus penser ou de croire, mais d’agir au quotidien et porter sa croix dans le monde : le sens de la verticalité de l’être.

l’Amour est un acte qui engendre la vie ; le reste n’est que du sentiment ! Et le sentiment c’est ce qui ment ; ça n’amène que des ressentiments. L’éphémère doit s’effacer devant l’éternel ; le virtuel devant le réel ; l’homme devant Dieu…Ev selon St Matthieu : « les paroles sans les actes ne sont rien ! »

Le témoignage de la Foi c’est l’œuvre qu’elle accomplit pour la Vie. C’est la participation au Grand Oeuvre de Dieu.

C’est cette Foi qui « soulève des montagnes… ». Ces montagnes sont les Hommes fortifiés dans la Foi de Dieu : « Lui seul est mon rocher imprenable, mon salut, ma citadelle inébranlable » dit le Christ dans le psaume 61.

Cette Foi (fides,ei en latin) pour l’homme c’est sa fidélité à la Parole des sages, des maîtres, de Dieu. « Le malheur pour l’homme c’est son inculture » dit Platon. Comment alors ne pas transgresser les lois de sagesse et d’amour si on ne les connaît pas ? Alors, « demandez et vous obtiendrez ; cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira » dit Matthieu.

Cherchez le maître qui vous conduira. Car comme le dit Khaled Bentounès , maître soufi : « Le maître est un compagnon, un garde-fou, car l’orgueil est tellement puissant que celui qui a la prétention de cheminer seul a toutes les chances de se perdre ».Et « le maître extérieur n’est vrai que dans la mesure où il nous amène à cette dimension en nous-mêmes » dit A. de Souzenelle.

Les théologiens nous disent sans cesse: « Pour être sauvé il faut être sauveur ; et pour être sauveur, il faut être sauvé » . Le Sauveur c’est le Christ. Le Salut passe par le Christ ; par le retour de l’Homme à sa vie en christ : au cœur de lui-même ; où il reçoit la pleine Lumière que s’il n’est pas juif (juste), il n’est pas chrétien(aimant); et s’il n’est pas chrétien, il ne peut pas être musulman (vrai).

La Religion c’est l’Amour de Dieu Universel, Éternel, Inconditionnel…

Sans la religion, « ce qui relie » à soi comme à Dieu, il n’y a pas de religiosité possible. La religiosité est le reflet, au regard des hommes, de la religion intérieure de l’être à lui-même comme à Dieu. S’il n’est pas christique, il n’est pas chrétien ! Le Baptême mène à la Communion d’âme et d’esprit avec Dieu ; la Communion, à l’amour ; et l’amour à la Confirmation, dans la grâce de l’Esprit Saint, à la Ressemblance, qui est la genèse et la création.

Cette Religion est définie originellement par la connaissance de la Parole et de Ses commandements. Ils sont le Chemin de la Sagesse qui ramène l’Homme à Dieu : « Tu ne tueras point-Tu ne voleras point- Tu ne commettras pas d’adultère…etc » Ces dix Commandements sont le Chemin de l’Exode pour tout homme qui risque de continuer à perdre son âme, son esprit, sa vie, dans la Terre d’Exil de son extériorité. Quand Jésus est venu affirmer aux prêtres juifs, qu’Il était prêtre selon l’ordre de Melkidsédek ( de celui qui fait le sacré, c’est-à-dire l’unité), c’est pour signifier et témoigner par les miracles « qu’Il n’était pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir ! »

 

Si Allah est Grand c’est pour que l’Homme soit grand, c’est parce que l’Homme est grand : c’est l’Homme plein de Sagesse et d’Amour de Dieu, pour que Sa Volonté s’accomplisse sur la Terre comme au Ciel.

« L’Esprit Saint, l’avez-vous reçu pour avoir pratiqué la Loi, ou pour avoir écouté le Message de la Foi ? Comment pouvez-vous êtres aussi fous ? Après avoir commencé par l’Esprit, allez-vous maintenant finir par la chair (Au lieu de vous tourner vers le Ciel, allez-vous vous tourner vers l’Enfer?) Auriez-vous vécu de si grandes choses en vain (Renieriez-vous le passé de vos ancêtres) ? Si encore ce n’était qu’en vain (si vous vous contentiez tout seuls de renier) ! Celui qui vous fait don de l’Esprit et qui réalise des miracles pour vous, le fait-il parce que vous pratiquez la Loi, ou parce que vous écoutez le Message de la Foi ? » Lettre de St Paul Apôtre aux Galates, 3 .

« Retourner à soi, c’est retourner à Dieu qui est en soi »dit A. de Souzenelle, c’est retrouver le Saint Nom de Dieu, Yahvé (YHWH), « Ce qui est, ce qui était et ce qui vient ». Quand l’Homme se coupe de ses racines, il n’est plus cet arbre de vie qui croit et porte du fruit. La croyance, la Croix du Yod, du germe divin, se transforme au cœur de l’Homme en croissance, en croix du sens à donner à la vie de ce monde…Et quand l’Homme déserte son cœur, il quitte sa relation à Dieu,et, au lieu d’enfanter de la vie, se génère à travers lui, le mal, le mal-être sur terre (le mal à être), la violence et la mort.

« Vous avez été choisis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit » dit le Christ aux Apôtres. Et « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ni jamais soif, car il sera devenu la Source d’Eau vive et éternelle » .

La méconnaissance de la Parole rend l’homme in -connaissant, c’est-à-dire incapable de faire naître en lui, comme autour de lui, de la vie.

L’homme marche de plus en plus à l’envers, les pieds sur terre et la tête tournée vers l’enfer ! et c’est par un véritable renversement de la vapeur qu’il doit opérer en lui-même, en tournant à nouveau sa tête vers le Ciel, vers la Vraie Lumière, qu’il  pourra stopper ses processus d’involution et remettre l’humanité toute entière sur le chemin d’évolution. C’est le point qui définit le cercle ; c’est le cercle qui signifie le centre. C’est le un dans le tout ; c’est le Tout (Dieu) dans le un.

 

 C’est l’amour qui sort vainqueur de la mort, si toutefois l’homme reprend conscience qu’il « ne peut pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et l’argent ». Le renoncement à l’Avoir, à avoir toujours plus, ramène l’homme à la conscience de l’être.

Comme Abram prêt à sacrifier son fils, par sa simple soumission à la Loi, sans l’intervention de Dieu il ne peut le sauver. La symbolique d’aller au sommet de la montagne est celle de l’élévation spirituelle de l’homme, celle qui fait qu’Abram devient AbraHam. Son renoncement à son fils tant désiré, est le passage de l’avoir à l’être. L’ascension, (l’accès à la montagne de Sion), transcende sa paternité biologique en Père de l’Humanité.Le sacrifice de l’agneau biologique, l’holocauste, signifie le besoin de l’homme de renoncer à l’avoir pour vivre la transcendance de son être. Il préfigure le Sacrifice de l’Agneau, le Christ, l’Être pur par essence, le passage, par la mort de l’être voué à la vie matérielle, à la vie éternellement spirituelle, « purement »divine. L’ Excarnation est le sens de l’Incarnation !

Oui ! « Dieu est grand ». Parce qu’Il est Seul à être Sagesse et Amour pour l’Homme !

Lettre de Saint Paul aux Galates,3 : « Frères, l’Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus-Christ que la promesse s’accomplisse pour les croyants. Avant que vienne la foi en Jésus-Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu’au temps où cette foi devait être révélée. Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification. Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide (la Loi). Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le Baptême a unis au Christ, vous avez revêtus le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre , il n’y a plus ni l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ-Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse ».

« Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. » Luc, 11.

 

La justification par la Loi doit laisser place à la justice de la Foi.

« Frères, si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mènent la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le Royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix,patience,bonté,bienveillance,fidélité,douceur et maîtrise de soi. En ces domaines la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » Galates, 5.

L’homme d’aujourd’hui au service d’une vie de plus en plus égotique, se place sous la coupe du Prince de ce monde ; Ce qui a pour but de créer les conditions favorables à l’escalade de la violence et de précipiter l’humanité toute entière en enfer.

L’insouciance, l’inconscience de l’homme matériel, sont les autels sacrificateurs de la vie de ses enfants. Tant que l’homme se pensera, se croira, et ne se mettra pas à l’écoute de la Parole des sages, des maîtres, de Dieu, par son manque d’humilité, son insouciance, son inconscience, son incapacité, voire son refus catégorique d’écouter et de voir ce qui est juste et bon d’être, de dire et de faire pour la vie du monde qui l’entoure, seront autant d’autels sacrificateurs de la vie de ses enfants. Sans la certitude de la Foi, la vie du monde à venir n’est plus assurée !

 L’homme matériel prend toujours des mesures d’arrière-garde, compensatoires, sans jamais prendre la mesure de son être, et de la nécessité du devenir de son être. Quand l’homme reverra le monde avec son cœur et plus avec ses yeux de chair, il réalisera que comme il est « l’un » il peut être le « tout » ; et que ce tout signifiera qu’il est bien «  un ». Uni pleinement, parfaitement à lui-même, il s’unira au monde.  D’être strictement matériel il redeviendra essentiellement spirituel et donc universel ! Pour cela il faut que l’homme redevienne conscient que sans la Miséricorde de Dieu, son cœur comme son esprit, sont miséreux. Le « pauvre » n’est pas le « miséreux » ! Le « pauvre » est celui qui sait détacher son âme et son esprit du fait. « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des cieux est à eux ». Ev, de Matthieu. Le « miséreux » est celui qui ne possède plus rien.

Mais la misère matérielle n’est là que pour signifier, révéler la misère de cœur et d’esprit de toute l’humanité ; l’un n’étant que le reflet de tout ce que n’est pas l’autre ! Tant que l’homme continuera à construire des tours de la finance à côté de bidonvilles ou à leur place ; tant que l’homme volera, tuera,violera, assassinera, il perdra son humanité qui régressera au monde animal du 6e jour de la Genèse. Les animaux privés de raison que sont devenus les humains, disait Maître Echkart au Moyen-âge, créeront de plus en plus de bêtes sauvages et féroces. C’est par le retournement du 6e jour de la genèse en 9e jour (l’image du Yin et du Yang) que l’homme revivra dans la pleine Lumière de la Vie.

 

« Qui s’élèvera sera abaissé ; qui s’abaissera sera élevé ! »dit l’Évangile. « Les grands de ce monde »font le choix du paraître, à défaut d’être. Leur conscience, sous couvert d’humanité ou même de religiosité,n’est au service que d’intérêts plus grands, c’est-à-dire plus obscurs, pour la vie de l’humanité. « A quoi cela vous sert-il de construire de nouveaux silos quand les vôtres sont déjà pleins?Vous ne pourrez pas tout emporter ! »dit encore l’Évangile.

Le réchauffement de la planète, au-delà de l’avis des scientifiques, n’est que le reflet des flammes de l’Enfer dans lesquelles l’homme brûle le peu qu’il lui reste de sens de la vie. L’image médiatique de l’apologie de la mort, cultive la mort depuis le plus jeune âge, et crée des êtres encore plus forts qui ont désormais le culte de «  la mort extrême »! L’imaginaire devient actuel de la vie quotidienne ; le virtuel se transforme de plus en plus en réel.

« Le sens de la vie c’est de la rendre vivante »disent les théologiens. « La porte de salut c’est l’intériorité ». Le vivant est celui qui vit en lui, avec lui et pour lui ; et cette « résurrection de la chair (de l’unité de la vie en soi, pour soi) pourra rendre ce monde, de plus en plus mortifère, à nouveau vivant. C’est par le détachement impassible, par des morts symboliques qui amènent à des résurrections successives, que l’homme est rendu de plus en plus vivant…Si « l’homme ordinaire est en vie ; seul le sage est vivant » dit Confucius.

Ne cherchons plus les moyens de survivre aux désastres de l’apocalypse ; cherchons à revivre à la lumière de l’Apocalypse de Jean et de Daniel qui nous révèlent la Lumière de la Vraie Vie : tant que l’homme désertera son cœur, il créera de véritables déserts conjugaux, familiaux, sociaux, spirituels, qui créeront les déserts existentiels de la planète terre.La terre d’exil de l’homme c’est son extériorité. S’il laisse ses terres intérieures en jachère, il ne récoltera plus que ronces et épines. Il faut qu’il quitte la petite histoire de l’humanité, pour suivre le Chemin de l’Exode qui le ramène à la Terre Sainte de son intériorité pour participer à la Grande Histoire Biblique de l’Humanité. Son esprit sera alors couronné par la Grâce de l’Esprit Saint pour la sanctification de la vie du monde qui l’entoure. Par le passage de la Porte des Hommes, du sensible à l’intelligible, l’homme retrouve la symbolique de la vie. L’homme dans le fait est condamné à ne faire que constater le fait et à chercher des moyens compensatoires au fait ; l’homme éclairé reçoit le sens de la vie dans l’au-delà du fait. Et, le premier au-delà, c’est l’au-dedans (l’Eau du dedans du Baptême).

Les problèmes d’augmentation croissante de la démographie et de diminutions des richesses nécessaires à la survie des populations sont consécutifs à la désertification du cœur et de l’esprit de chacun ! L’orgueil de l’homme lui a fait quitter les terres fertiles de son cœur et de son esprit, pour les chimères d’un ailleurs qui n’est, en aucun cas, un au-delà !

La multiplication des voyages extérieurs et leur pollution atmosphérique n’a pas pour destination première de remédier à la misère du monde ! Partout dans le monde,le Satan s’est emparé de l’âme et de l’esprit de l’homme pour en faire un être strictement matériel, dont la revendication du « dieu profit » ne s’ établit que sur le terrain de la misère. Il l’a privé, vidé, de sa «  substantifique moelle » : la capacité de vivre en lui, avec lui, pour lui ; et selon la Loi « d’aimer son prochain comme soi-même », de vivre avec l’autre, pour l’autre.

Les martyrs, au contraire, dans tous les âges et toutes les cultures, ont affirmé par leur vocation de leur vie à Dieu, qu’on pourrait prendre leur vie, mais pas leur âme ni leur esprit qui appartiennent à Dieu. L’appartenance à Dieu est signifiée pleinement par le Christ sur la croix : « Père ! Ta Volonté, non la mienne ! »

Mais heureusement que les nano-technologies arrivent pour traiter toutes les maladies ! La manipulation des consciences par les médias, nous préparent, avec l’aide des instituts de recherche très compétitifs (entre eux) à la robotisation de notre vie, en attendant la robotisation de l’homme lui-même : sa transformation en robot…

Les centres de recherche sont tous des centres d’intérêts pour les hommes de la finance; est-ce-qu’ils sont tous intéressants pour la santé de l’homme et son avenir ? Le progressisme en la matière n’est pas le progrès de l’homme, en l’homme, pour l’homme. Quand l’homme cherche à se donner bonne conscience, c’est que sa conscience n’est pas pure, n’est pas porteuse de vérité, mais d’illusions ! Le transhumanisme que revendique bon nombre de « responsables » dans « un tout sécuritaire » est un progrès de la matière qui fait de plus en plus de l’homme un être matériel, esclave de la matière qu’il crée. Les biens qu’elle apporte sont de plus en plus séduisants, de plus en plus efficaces et toujours plus éphémères.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »dit Rabelais ; et « celui dont la clairvoyance ne s’étant pas loin sera bientôt dans l’embarras »dit Confucius.Si l’homme a perdu la raison, il ne pourra pas prendre à nouveau le chemin de la tempérance, du temps fini de l’errance…

Sans les quatre vertus cardinales de Justice et de son pendant la Clémence- de Tempérance- de Force et de Prudence, les hommes opposeront toujours entre eux des valeurs économiques, sociales, politiques, familiales ou religieuses…etc, définies par leur appartenance à telle culture, à telle tradition, ou à tel milieu social, sans jamais porter de regard sur l’autre avec son cœur.

 

L’avenir de l’homme ne peut passer que par l’homme, avec l’homme en l’homme. Le respect de l’homme pour la Nature passe par le retour à son humanité (sa vie intérieure) et à sa nature divine originelle ; car sans la création de la vie en lui, il ne pourra plus créer de vie autour de lui ; Il deviendra de plus « l’ homme cancer qui se détruit et qui détruit » au lieu de devenir, de redevenir, « l’homme-dieu » qui se crée et qui crée. « Pourquoi Dieu s’incarne en l’homme c’est pour que l’homme devienne dieu »dit Saint Paul.

Si l’homme n’est pas rendu à nouveau vertueux par son retour aux vertus cardinales, il ne retrouvera pas la dignité qui est sensé être la sienne. Il ne pourra dans ce cas recevoir la Grâce des trois vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité ; « la plus grande étant la Charité. » affirme le Christ. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »Et,« Partout où vous vous réunirez en mon nom, je serai parmi vous. »

 

« Le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas ! » dit Malraux. Dieu nous enseigne sans cesse le sens véritable des mots amour, vérité, justice et paix. Ce que nous rappelle le Psaume 84 :

« Amour et Vérité se rencontrent,

Justice et Paix s ’embrassent ;

La Vérité germera de la Terre

Et du Ciel se penchera la Justice. »

Rappelons- nous encore cette intervention de Dieu pour son peuple d’Israël (du Ish, masculin de l’être, qui retourne au El, à Lui, à Dieu) : « Écoutes Israël ! Quand donc écouteras-tu ma Parole avec ton cœur ?… Sans quoi il n’y aura sur cette terre que pleurs et grincements de dents. »

La Terre Sainte de l’Humanité toute entière c’est le cœur de l’Homme, de chaque homme.

« Vous tous, enfin, vivez en parfait accord, dans la sympathie, l’amour fraternel, la compassion et l’esprit d’humilité. Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire, invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de recevoir en héritage cette bénédiction. » 1 Pierre.

L’homme dans le fait fait le choix de la fatalité ; l’homme dans l’esprit, de la spiritualité ! « Que celui qui a des oreilles entende ! » Les 22 chapitres de l’Apocalypse de Jean sont ponctués de cette parole.

 

L’Espérance de Dieu, c’est le Père qui fait sortir l’Homme de l’errance en lui envoyant Son Fils … Elle remplit l’homme d’espoir : Elle est la Lumière qui apparaît dans le noir des ténèbres, comme le signifie ce Proverbe bouddhiste : « Si je mets ma goutte d’eau dans le creux d’une main, le soleil aura tôt fait de l’assécher ; mais si je mets ma goutte d’eau dans l’océan, le soleil devra assécher l’océan entier pour assécher ma goutte d’eau ! »

« Nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ; car notre détresse du moment est légère par rapport au poids vraiment incomparable de gloire éternelle qu’elle produit pour nous. Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel ». Ev de St Paul Apôtre aux Corinthiens (ch 2)

Nos transmutations successives au cœur de nous-mêmes par le détachement du fait, nous transforment et nous rétablissent dans la volonté, le courage et la force pour transformer le monde …

L’Homme rétabli dans son intégrité est redevenu le Temple de Dieu, le Temple de le Création !

« Détruisez ce temple ; je le rebâtirais en trois jours » … Que celui qui a des oreilles entende !