L’ESPERANCE
L’Espérance est une Volonté de Dieu, du Père de « faire sortir l’homme de l’errance », ce qui est rappelé par Saint Paul « Le Christ viendra ouvrir vos tombeaux pour vous en faire sortir, il viendra libérer vos âmes et vos esprits enfermés dans des terres d’exil », les terres d’exil étant la vie matérielle de l’homme.
Le Mystère de l’Incarnation réside dans la Sagesse de Dieu d’avoir envoyé son Fils, Sagesse vivante et manifestée, pour ramener l’homme à la Conscience Suprême de l’Esprit.
Les vertus théologales, qui n’appartiennent qu’à Dieu, d’Espérance, de Foi et de Charité, sous-tendent les vertus cardinales de Clémence, de Tempérance, de Prudence, de Justice et de Force, sans lesquelles l’Homme ne peut combattre les forces du mal qui entrainent sa chute. Les vertus théologales sont Principes et les vertus cardinales sont manifestations du Principe
L’espoir est tout autre, il appartient à l’homme qui sent au fond de lui-même les potentialités freinées, bloquées, inhibées. Potentialités qu’il voudrait bien libérer, depuis la chute, ce qui lui est impossible sans l’aide de Dieu dont il n’a jamais cessé de se détourner. L’espoir n’est que souhait éphémère d’une volonté, d’un désir ponctuel de sortir d’une situation de mal-être pour retrouver une situation de bien-être. Alors que l’Espérance de Dieu est Volonté pour l’Homme en quête d’Absolu, de vie infinie et éternelle : de Vraie Vie.
L’Espérance de Dieu ne s’applique qu’à l’Homme qui n’a plus de volonté propre pour que Sa Volonté s’accomplisse. Il ne se sauve que par l’écoute de la Sagesse du Fils : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » et de son affirmation : « nul ne peut retourner au Père sans passer par moi ». Ce retour au Père étant la conversion de la créature à l’Etre Créateur, le Baptême, pour retrouver sa nature divine originelle.
« N’ayons pas besoin de passer par le jeu des expériences amères » disent tous les sages et les maîtres. C’est pourquoi tous ceux qui ont succombé à la tentation (les goûts, les envies, les besoins) ne peuvent plus que mettre leur espoir en Dieu.
L’Espérance de Dieu est une grâce qui ne fait que signifier la soumission des êtres purs et simples à Sa Parole. L’élévation de leur âme et de leur esprit par la main de Dieu à la Conscience de l’unique nécessaire qu’est l’Amour, les plonge pleinement et parfaitement dans cette attente de Dieu pour l’Homme.
L’espoir de l’homme signifie d’une part qu’il ne peut plus compter que sur lui-même, « la chance ou la hasard », d’autre part qu’il garde en lui, au plus profond de lui-même, l’Espérance de Dieu. Ce qui signifie que l’homme n’a rien à espérer de véritable, de durable en dehors de la Volonté de Dieu : l’espérance d’être dieu en Dieu.
Si l’homme garde espoir, sans la véritable volonté de se soumettre à Dieu et à ses exigences, son espoir demeurera vain ; sans le Père, il ne sortira pas des ténèbres de son existence égotique, qui plonge de plus en plus son âme dans la nuit profonde de la désespérance.
La grande Miséricorde de Dieu se manifeste dans et par la venue de Son Fils sur Terre qui n’est autre que le Sauveur de toute l’humanité. Si Dieu est le Sauveur c’est parce qu’il n’a pas besoin d’être sauvé. L’homme, au contraire, vit dans l’espoir d’être sauvé. C’est pourquoi L’Homme n’est sauvé de manière essentielle, infinie et éternelle, qu’en Dieu.
Si l’espoir concerne l’homme, l’Espérance ne concerne que Dieu et l’Homme (l’homme vivant en Christ)
Pourquoi l’Espérance est la première des vertus théologales, avant la Foi et la Charité ?
C’est la Volonté du Père, à travers la venue du Christ que de faire sortir l’homme de l’errance, pour retrouver l’Intelligence de la Foi et la nécessité de la Charité.
L’Espérance de Dieu pour l’Homme témoigne de sa prédestination. Elle est le fruit de la Connaissance de Dieu de l’homme bien avant qu’il soit. Elle est le symbole du Saint Nom YHVH, de « ce qui est, ce qui était et ce qui vient ».
« Dieu ne donne pas son bien le plus précieux qu’est la Vie à la sensualité ; elle n’est pas capable de la recevoir » selon Jean Tauler. Cette Vie c’est la Charité de Dieu consacrée uniquement à l’Unité. L’Homme intérieur, vivant dans l’Espérance et de l’Espérance de Dieu, ne peut plus séparer (dualité) la Création de son Principe.
Les 3 vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité se révèlent pleinement dans le Yod, le Germe Divin, et l’Incarnation du Verbe, le don de Dieu lui-même.
Si Dieu ne se donne pas en totalité à l’homme, l’homme ne peut retrouver ce qui fait sa totalité. C’est dans cette unité de Dieu à l’Homme et de l’Homme à Dieu que l’Unité est rétablie et que s’accomplit la Vie infinie et éternelle.
C’est le Christ qui symbolise cette unité de vie infinie et éternelle entre Dieu et l’Homme.
C’est le Christ vivant, ressuscité d’entre les morts, en tout homme vivant dans son imitation par le recouvrement de Son Image et de Sa Ressemblance.
L’Espérance de Dieu a pour but de ramener l’Homme à Son Image et à Sa Ressemblance. Dès lors, au regard de l’homme vivant sur Terre, si l’espoir demeure toujours horizontal, l’Espérance, elle, est verticale. La science a verticalisé l’homme dans son corps, la Connaissance de Dieu l’a verticalisé dans son cœur. Tel est le symbole de la Croix du Christ, de la verticalité de son être tout entier tendu vers l’Intelligence Suprême de l’Au-delà. La vision spirituelle de l’Homme est celle de la perfection de la vie au-delà du fait et non d’un scientisme qui se veut toujours plus perfectionniste. La Perfection n’est vraiment pas de ce monde !
Le premier sens de l’Espérance est de libérer l’âme et l’esprit de l’Homme, entraîné dans sa chute mortelle par une vie relative au fait et dont la servitude croissante se manifeste à travers de plus en plus de goûts, d’envies de besoins.
C’est l’Espérance de Dieu qui permet à l’homme d’entrevoir la lumière de sa quête de l’Absolu.
L’Espérance de Dieu donne à l’Homme le pouvoir de soumettre sa sensualité à Sa Volonté afin de recevoir la Vérité. « Les sens, en effet, ne sont pas capables de recevoir la vérité, ils ne peuvent donner que la mort » Jean Tauler.
Aux cours des siècles et au regard de l’homme, l’Espérance a revêtu un sens différent.
Pour le grec qui juge le présent et oriente son action en conséquence, la mort ouvre sur un monde meilleur, pour celui qui vit dans le respect d’une certaine sagesse.
Tandis que pour le juif, fondant son espérance sur Dieu dont il se sent totalement dépendant, la mort ne laisse place à aucun avenir individuel.
Avec la venue du Christ, l’Espérance a changé de statut. Sans doute y avait-il de l’espérance dans l’Ancienne Alliance, une espérance collective, toute soumise à Dieu, mais dont l’horizon ne dépassait que rarement les désirs terrestres.
Dieu s’adressant à Noé lui dit « toi seul a été juste car toi seul a conformé ta vie à Ma Parole ; je te sauverai toi et toute ta descendance quant au reste de l’humanité je submergerai la terre des océans et je l’emporterai » C’est donc une espérance terrestre.
Avec la Résurrection, la vision de l’espérance est transformée. La Foi (la fidélité à la Parole du Dieu Vivant) entraîne le chrétien vers un monde divin auquel le Christ lui a donné accès et ce monde divin est le Christ Lui-même, porteur de l’Espérance du Père.
Si le juif fonde son espérance sur Dieu, le chrétien est l’Espérance de Dieu en Dieu pour Dieu.
L’Espérance vivante de Dieu selon saint Paul est l’apôtre du Christ : le chrétien vivant dans la plénitude de la Grâce de l’esprit Saint à l’Image et à la Ressemblance de Dieu.
Saint Paul nous dit : « Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme, c’est pour que l’Homme devienne Dieu » La béatitude pour Me ECKART c’est d’être dieu en Dieu. Or i n’y a que Dieu qui puisse être en Dieu.
« Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-mêmes pour porter ma croix dans le monde » dit le Christ aux Apôtres. La croix symbolise la verticalité de l’être porté à écouter, à voir, à comprendre pour être, pour dire, pour faire : en un mot aimer.
Cette Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint Esprit au coeur de l’Homme (dans le cœur du chrétien) est et devient chaque jour davantage Espérance, Foi et Charité par l’Amour de Dieu qui est infini, éternel et immuable pour l’humanité tout entière.
Si le juif fonde son espérance sur Dieu, dans le vécu de Sa Parole, Dieu fonde son Espérance en l’Homme, dans l’Homme et pour l’Homme.
L’Espérance de Dieu pour l’Homme est à la fois la source, la potentialité et la parfaite réalisation de la vie du chrétien.
La vie en Christ n’est que la porte qui s’ouvre sur un au-delà de l’au-delà (le Baptême)
L’homme ne peut aucunement concevoir le monde divin puisque la matérialité de son être le limite à ce que ne peut être à ses yeux que genèse et création.
Toute élévation de sa conscience par la Main de Dieu n’est qu’un ennuagement de son âme et de son esprit, de ce que peut être la Véritable Conscience c’est à dire la Volonté de Dieu. L’orgueil empêchant l’homme de voir sa conscience élevée à la Conscience de Dieu l’amène à le renier.
Or, si l’homme avait conscience de Dieu il ne pourrait pas être conscience de Dieu. L’être spirituel est un être conscientisé.
La Conscience de Dieu est bien pour l’Homme passage de l’avoir à l’être.
Selon les dires de Thomas d’Aquin, « le chrétien doit-il désespérer de ce monde plutôt que de s’y salir les mains ? » Le chrétien doit-il désespérer de ce monde et ne plus porter de regard sur lui ?
Le monde symbolise la vie extérieure de l’homme, et le royaume sa vie intérieure. Le chrétien établit cette unité de vie « par Lui, avec Lui et en Lui », tel est le sens de la liturgie et de son appel à la communion d’âme et d’esprit de l’Homme en Dieu, avec Dieu et pour Dieu.
Thomas d’Aquin veut nous rappeler ici que ce qui symbolise l’être spirituel au regard de ce monde est signifié par le port des gants blancs au cours des cérémonies religieuses. Ces gants blancs signifiant la pureté intentionnelle de l’être éclairé, initié. Ils symbolisent le détachement du fait sans lequel l’homme ne peut faire. Ce détachement signifie l’inconditionnalité de la volonté d’aimer.
Me Eckart « ce qui fait que Dieu est Dieu, cela repose sur son détachement impassible, de là sa pureté, sa simplicité, son immutabilité. Si donc l’Homme doit devenir semblable à Dieu cela ne peut être que par le détachement ; de là sa pureté, simplicité et immutabilité. Et ces qualités produisent une ressemblance entre Dieu et l’Homme. Cette ressemblance est produite par la Grâce qui ne fait qu’élever l’Homme au dessus du temporel, et le purifie de tout ce qui est passager ».
La vie du chrétien n’est qu’unité entre le Royaume (la vie céleste de l’homme, les eaux d’en haut, le Mi) et le monde (la vie terrestre de l’homme, la matière, les eaux d’en bas, le Ma).
Le chrétien ne peut désespérer de ce monde car pour lui tout est matière, depuis la venue du Christ sur terre, à une écoute nouvelle, vision nouvelle, compréhension nouvelle, selon la Volonté de Dieu de placer l’Homme au cœur de Sa Création, pour être à son Image et à Sa Ressemblance, un être créateur.
Pour le véritable chrétien, l’homme parvenu au cœur de lui-même pour vivre purement et simplement en Christ, tout se passe sur la Terre comme au Ciel.
Le Chrétien doit-il désespérer de ce monde ? La réponse constitue un bon test de la théologie de l’Espérance. La clé réside dans la distinction de l’avoir et de l’être. L’objet de notre espérance est l’accomplissement de notre être personnel en Dieu, c’est-à-dire de sa réalisation trinitaire dans laquelle il ne se réalise pas, mais voit la Volonté de Dieu se réaliser.
Tout ce qui promeut l être intérieur de l’homme, divinisé par l’Esprit du Christ, l’Espérance y travaille nécessairement. L’espérance de l’homme en Dieu est de ne plus rien vouloir pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse. L’expression de l’espérance de l’homme s’effectue à travers le renoncement de tout avoir, ou être, selon la Parole du Christ aux Apôtres : « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-même, pour porter ma croix dans le monde ». La Main de Dieu élève l’âme et l’esprit à une verticalité où l’écoute et la vision atteignent une telle pureté, une telle simplicité qui ne sont rien d’autre qu’une conscience toujours plus belle, toujours plus haute, recevant chaque jour davantage la seule et vraie lumière du Royaume qu’est l’Au-delà. Dans l’Au-Delà tout est Principe car il n’y a plus de fait. C’est le Principiel, le Principe qui vient du Ciel
Dans l’Espérance, les Eaux d’en Bas rejoignent les Eaux d’en Haut, ce qui fait qu’il n’y a pas contradiction mais continuité entre l’élévation de son âme et de son esprit et le désir de corporéité d’un monde meilleur sur Terre : c’est Jésus marchant sur les eaux, la Paix du Christ, paix intérieure qui se traduit par la paix extérieure. Ce n’est que par l’Amour de Dieu que l’homme se met en paix. Jean Chap 1 nous rappelle le commandement de Dieu « Aime ton prochain comme toi-même, car celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». L’Espérance est pour l’Homme Résurrection.
La vie sur terre du chrétien, de l’Homme élevé à la Conscience de Dieu, n’est que le reflet de l’élévation de son âme et de son esprit, pénétré dès lors de la Volonté de Dieu, d’exprimer tout Son Amour dans une Véritable Charité. C’est par l’Espérance de Dieu que l’Homme atteint la Foi qui s’exprime dans la Véritable Charité.
Selon Saint Augustin, « la vertu, Dieu l’opère en nous sans nous ». Grâce au Maitre d’Epone, nous comprenons pourquoi les vertus cardinales, pour l’homme vivant dans ce monde sont bien sous-tendues par les vertus théologales qui trouvent leur source dans le Royaume. (sous-tendues, signifiant qu’elles ne concernent que les hommes qui se placent sous la tente des Prophètes de l’Ancien Testament, en marche vers leur divinité)
Les vertus théologales dans leur totalité (Espérance, Foi, Charité) attestent le retour plénier de l’homme à sa divino-humanité. Saint Paul « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » et « Pourquoi Dieu s’incarne en l’homme, c’est pour que l’homme devienne dieu », à l’image selon Sa Foi, et à sa ressemblance selon Sa Charité. « Dieu se fait tout petit pour que l’homme devienne grand ». L’arche d’Alliance nouvelle et éternelle s’établit.
La vertu est une qualité propre à un être parfait d’après Aristote. Dès lors, l’Espérance est bien cette vertu qui appelle l’homme à la perfection. Au regard de l’Espérance, la vertu répond bien à cette qualité de l’être (sa perfection) dans le « Va vers toi » de Dieu à Moïse. Moïse symbolise la prophétie dans le passage de l’extériorité à l’intériorité. La quête de la vertu est passage de la faiblesse de l’homme à la force et à la dignité de l’Homme dans son retour à la Force et à la dignité de sa divinité. L’Espérance est bien cette vertu théologale qui rend l’homme à nouveau de plus en plus vertueux.
Elle fait sortir l’homme de son besoin de reconnaissance d’être vertueux au regard des hommes, pour se mettre humblement sous le regard de Dieu. C’est le besoin de reconnaissance qui coupe l’homme orgueilleux de toute connaissance de Dieu.
L’Espérance de Dieu est le passage du sensible à l’intelligible, du futile et l’éphémère à l’essentiel et éternel, de la fausseté à la vérité, du sentiment à l’Amour.
L’Espérance est principielle, elle est principe céleste du salut de l’homme tombé dans le péché originel.
L’Espérance est Exode dans l’Ancien Testament, pour devenir Passion dans le Nouveau testament. Elle n’est vertu pour l’homme que si elle répond à une attente de Dieu pour l’homme.
L’Espérance ne s’adresse qu’à l’homme qui n’a plus d’espoir, qui n’espère plus des ténèbres de ce monde.
L’Espérance de Dieu est de ramener l’homme des ténèbres du fait à la Lumière de l’Esprit, par le détachement impassible.
L’Espérance de Dieu est attente de l’homme par Dieu pour l’Homme. Dieu ne nie pas le fait, il est transcendance du fait. Dieu n’attend rien car il est le Tout.
L’Espérance de Dieu est rappel de l’homme à Dieu, de l’homme en Dieu, de Dieu en l’homme pour l’Homme : l’Amour de Dieu est infini, éternel et inconditionnel, ce qui parait paradoxal quand on parle de l’Incarnation de Dieu en l’Homme pour l’homme. C’est le scandale et la folie de l’Amour de Dieu pour l’Homme.
Inconditionnel signifiant au regard de Dieu d’un Amour pur, absolu sans aucune relativité. Cet Amour absolu s’est manifesté il y a 2000 ans par la venue du Fils de Dieu sur Terre pour être dans le temps eschatologique du Christ pleinement et parfaitement symbolisé par le « Ici et Maintenant du Christ », signifiant que désormais tout se passe sur la Terre comme au Ciel. Les Eaux d’en Bas pénétrées des Eaux d’en Haut sont à nouveaux rétablies dans leur unité dans le seul et même Amour : C’est le passage sur l’autre rive de l’humanité à la divinité.
Grâce à l’Espérance, il n’y a plus l’Amour de Dieu et l’amour de l’Homme, il y a un Seul et même Amour de Dieu en l’Homme, avec l’Homme et pour l’Homme, et de l’Homme pour Dieu. Comme Dieu s’incarne en l’Homme pour vivre en lui, avec lui et pour lui, l’Homme peut s’incarner en Dieu. Or comme nous le rappelle Me ECKART : « Il n’y a que Dieu qui puisse s’incarner en Dieu, et si Dieu s’incarne en l’Homme c’est pour que l’Homme ne soit plus Homme mais Dieu. L’humilité de l’être s’efface devant l’Etre Suprême : Rendons Gloire à Dieu, c’est l’Amour de Dieu qui fait de l’Homme son serviteur.
Dieu est le point culminant de la vie de l’Homme élevé à sa conscience pour ceindre ses reins de Sa ceinture, le point a défini le cercle. Dès lors le cercle signifie le centre, le Un définit le Tout, le tout signifie le un : « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». L’apôtre est devenu Apôtre. L’apostolat de l’homme d’aujourd’hui témoigne l’Espérance de Dieu.
L’Espérance est folie pour l’homme car sa seule raison est suprême et transcendante : Dieu Lui-même.
L’Espérance n’a d’autres raisons que d’amener l’homme et donc de permettre à l’homme de renoncer à toute volonté pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse.
Si la Tempérance redonne à l’homme le sens de l’intemporalité, l’Espérance est le chemin qui le mène à l’éternité.
Si celui qui espère est imparfait, celui qui vit dans l’Espérance est parfait car sa vision est celle de Dieu.
L’objet de l’Espérance est-il la béatitude éternelle ?
La béatitude éternelle est le fruit de l’Espérance de Dieu. Si la béatitude éternelle était une espérance de l’homme, elle ne serait qu’un vain espoir ; puisque l’Espérance de Dieu est de faire sortir l’homme de l’errance, c’est-à-dire d’une vie relative au fait.
La béatitude éternelle ne se donne qu’à l’Homme qui demeure centré sur lui pour contempler la vie que Dieu crée à travers lui.
L’Espérance est-elle une vertu théologale ?
Lorsque l’on parle de vertus théologales, l’Espérance, la Foi et la Charité, c’est parce qu’elles sont indissociables. Le sens de l’Espérance est la Foi et celui de la Foi, la Charité.
L’Espérance de Dieu ramène l’homme au cœur de lui-même dans lequel Il a placé Sa Foi. Par la parfaite fidélité à Sa Parole déjà manifestée, le Verbe peut s’incarner dans son « Ici et Maintenant », telle est la Charité.
Saint Paul nous dit « nous avons une espérance qui pénètre », c’est-à-dire qui nous fait pénétrer à l’intérieur du secret par la levée du voile de la Béatitude Céleste.
L’Espérance est de transformer, transfigurer l’homme en Homme-dieu.
La Béatitude Eternelle pour l’homme est de contempler l’Esprit et la Vie de Son Créateur.
L’Espérance est une attente de Dieu exprimée dans la Profession de Foi : « J’attends la Résurrection des morts et la Vie du monde à venir »
Il est commun de distinguer dans l’esprit de l’homme les trois vertus théologales. Au regard de Dieu, il est utile et nécessaire de voir qu’elles ne font qu’une.
C’est ce que l’Homme éclairé, initié peut s’aventurer à envisager comme étant l’Intelligence Suprême de Dieu.
La Foi, étant comme nous le rappelle l’Apôtre « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme »
L’Espérance est un appétit infini et éternel de Dieu de la vie de l’homme.
Elle est un bonheur de l’âme qui lui permet de rendre gloire à Dieu.
L’Espérance est une puissance appétitive de Dieu qui rend l’âme impassible et immortelle.
L’Espérance est ce qui mène l’Homme à la jouissance du cœur, en le remplissant de Foi et de Charité.
L’Espérance de Dieu est l’espérance en l’homme de l’Homme (le Baptême), de l’Homme en Dieu (la Communion) et de Dieu en l’Homme (la Confirmation)
Saint Paul aux Romains Chap 4, « Car ce n’est pas en vertu de la Loi que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham et à sa descendance, mais en vertu de la justice obtenue par la foi. » En effet, si l’on devient héritier par la Loi, alors la foi est sans contenu, et la promesse abolie. Voilà pourquoi on devient héritier par la Foi : c’est une Grâce et la promesse demeure ferme pour tous les descendants d’Abraham, non pour ceux qui se rattachent à la Loi mais ceux qui se rattachent à la Foi d’Abraham, lui qui est notre Père à tous, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas. Espérant contre toute espérance, ainsi est-il devenu le Père d’un grand nombre de nation selon cette Parole : « Telle sera la descendance que tu auras. »
Commentaire : La Foi est une grâce qui appelle l’Homme à l’Espérance de Dieu au-delà de toute espérance (Dieu qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas) ; ce qui fait de la descendance un principe céleste.
- Saint Augustin d’Epone « regardez les Apôtres eux-mêmes : s’ils n’avaient pas eu une grande Foi, ils n’auraient pas renoncé à tout ce qu’ils avaient, ils n’auraient pas foulé au pied les espoirs terrestres pour suivre le Christ et pourtant leur Foi n’était pas parfaite car ils n’auraient pas dit au Seigneur « augmente en nous la Foi »
Commentaire : L’Espérance de Dieu est au-delà (l’augmentation) de tout fait consacré à Dieu.
- Saint Paul, Ephésiens Chap 1 : « Bénis soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a béni et comblé des bénédictions de l’Esprit au Ciel, dans le Christ. Il nous a choisi dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons faits, immaculé devant lui dans l’amour. Il nous a prédestiné à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de Gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous a donnée dans le Fils Bien Aimé. En lui nous sommes devenus domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de Celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa Gloire, nous qui avons espéré dans le Christ. »
Commentaire : Parole du Christ aux Apôtres « Vous ne m’avez pas choisi, c’est moi qui vous ai choisi afin que vous alliez et que vous portiez du fruit »
L’Espérance de Dieu consacre cette 2eme Parole « Nul ne peut retourner au Père sans passer par moi » Parole qui concerne tout, ce tout espéré de Dieu pour avoir reçu la grâce d’avoir d’avance espéré dans le Christ
L’Espérance de Dieu devient dès lors pure vision au-delà de toute conception de ce qui était bien avant qu’il ne soit. Si le sens de l’être émane de Dieu, il ne peut être que si Dieu n’est pas, telle est la Seule et Véritable Espérance de Dieu.
- Méditation de Benoit XVI : « Le Christ a tué la mort qui tuait l’homme grâce à l’Esprit qui ne pouvait mourir » Ecrit un père de l’église.
Le Fils de Dieu a ainsi voulu partager notre condition humaine pour l’ouvrir à nouveau à l’Espérance. Il est né, non pour mourir mais pour pouvoir mourir.
Commentaire : C’est ce pouvoir de mourir qui libère de l’esclavage de la mort. Avec le Christ, la mort n’est plus douleur, malheur, mais libération porte de passage vers la vraie Vie ; vers une vie pure, simple, fécondée par la Grâce de l’Esprit. Tout cela symbolisé en Marie, l’Immaculée Conception qui par la Grâce, de femme devenue Epouse, nous invite à participer aux Noces du Christ. Par les Epousailles du Christ (de l’homme en l’Homme, de l’Homme en Dieu et Dieu en l’Homme) les Miracles commencent à s’accomplir.
- Saint Paul, Corinthiens Chap 1 : « L’Amour ne passera jamais », les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, les prophéties sont partielles, ce qui demeure aujourd’hui c’est l’Espérance, la Foi, la Charité, mais la plus importante des trois, c’est la Charité.
L’Espérance, c’est Dieu, la Foi c’est l’Amour, et la Charité, la Genèse et la Création.
Commentaire : ce qui est cher au regard de Dieu, c’est l’unité. L’Espérance de dieu, c’est sa Foi autrement dit sa fidélité en ce qui était ce qui est et ce qui vient. La Charité dans la Vérité. La Vérité c’est l’amour de Dieu infini et éternel.
- Pierre, Chap 1 : « Bénis soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ : Dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaitre pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. » Cet héritage vous est réservé dans les cieux à vous que la puissance de Dieu garde par la Foi pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps.
Commentaire : La mort et la résurrection du Christ c’est le temps escathologique, c’est à dire la finitude du temps de la finitude : le temps de la finitude s’efface devant le temps infini et éternel de la plénitude du Seul et même temps.
- Saint Paul, Colossiens Chap 1 : « Dieu vous a reconcilié avec lui dans le corps du Christ, son corps de chair, par sa mort, afin de vous introduire en sa présence. Saints Immaculés, Irréprochables, tout cela se réalise si vous étiez solidement fondé dans la Foi, sans vous détourner de l’Espérance que vous avez reçue en écoutant l’Evangile proclamé à toute créature sous le Ciel.
Saint Paul, Ephésiens Chap 4 « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent.
Commentaire : L’espérance de tous trouve son fondement dans l’amour de l’autre.
- L’Espérance de Dieu ou le retour du fils Prodigue, Luc Chap 15
En corolaire Jean Chap 1 « celui qui demeure en lui voit le Fils comme le Père demeurer en lui et sa maison est une demeure de Dieu ».
- Saint Paul Romains Chap 5, « Frères, nous qui sommes devenus justes par la Foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Allez dans la Paix du Christ. Nous mettons notre fierté dans l’Espérance d’avoir part à la Gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance, la persévérance produit la vertu éprouvée, la vertu éprouvée produit l’espérance, et l’espérance ne déçoit pas puisque l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
Commentaire : Saint Paul, « l’épreuve vous fait faire l’expérience du Salut, elle vient vérifier votre Foi. La Foi vous ramène (et non vous redonne) à l’Espérance pour vivre dans la Charité ».
Le vivant n’est vivant que pour le Vivant.
L’espérance de l’homme est l’Espérance de Dieu en l’Homme, qui n’est autre que le Christ lui-même.
Le christ est porteur, avec sa croix (la Passion), de l’Espérance de Dieu en l’Homme, avec l’Homme et pour l’Homme. L’Homme est le symbole vivant de l’Espérance de Dieu, car il est Charité, Amour.