L’épreuve du labyrinthe :
Thésée et le Minotaure :
L’épreuve du labyrinthe constitue l’élément central du mythe de « Thésée et le Minotaure ».
A travers le mythe, nous recherchons le symbole pour accéder à la symbolique, qui est la lumière que nous recevons afin de donner du sens à la vie du monde qui nous entoure.
Le mythe évoque ce qui était ;
Le symbole évoque ce qui est ;
La symbolique évoque ce qui vient.
C’est la conscience de l’être qui nous appelle à lever les voiles que renferme le mythe, qui nous donne le sens du mythe, qui au cœur de l’être va se transformer en symbolique.
Au regard de Dieu, les 3 temps que sont le passé, le présent et l’avenir, ne sont qu’un seul et même temps.
D’où l’importance de l’étude des mythes pour en découvrir les symboles, et en recevoir la symbolique.
Toute lecture et toute écoute ne pourra s’effectuer que dans la connaissance du Saint Nom de Dieu, YWHW.
Le centre du labyrinthe est le symbole du mythe de « Thésée et le Minotaure ».
Le fil d’Ariane est un fil qui ne mène à rien (le nom d’Ariane s’apparentant à « A rien ») parce qu’il ne mène pas au tout.
Pourquoi ne mène-t-il pas au tout ? C’est parce qu’il n’amène pas Thésée au centre de sa vie. Si ce fil lui permet de sortir d’un fait, d’un labyrinthe existentiel, ce sera pour retomber dans un autre labyrinthe existentiel, sans sauver ni sa vie ni celle du monde qui l’entoure.
Ce fil n’est que la compensation de la négativité d’un état de fait, pour se transformer en décompensation dans une vie relative à de nombreux autres faits.
Ce qui symbolise ce système de compensation et de décompensation, c’est que Thésée suit tellement le fil d’Ariane, qu’il en oublie Ariane !
Sans Ariane, Thésée aurait peut-être pu arriver au centre du labyrinthe, tuer le Minotaure et finir par mourir dans le labyrinthe.
Comment, sorti du labyrinthe, l’être sauvé peut-il oublier son sauveur ?
Tout simplement parce-que n’étant pas parvenu au centre du labyrinthe de sa propre existence qui est son cœur, n’étant pas redevenu connaissant de la Vie, il ne peut pas être re – connaissant.
Le fil d’Ariane symbolise cette filiation terrestre que reproduit inconsciemment Thésée, c’est-à-dire la séparation du père et de la mère, de l’homme et de la femme, du fils et de son père.
Se souvenir, se rappeler, c’est signifier ce cheminement intérieur, qui fait passer l’homme du vide, du manque et de l’absence, à la plénitude de la vie dans sa relation à soi comme dans sa relation à l’autre.
« Zakor » en Hébreu signifie cette force de pénétration mâle qui rejoint au cœur de lui-même son principe femelle, pour une fécondité infinie, éternelle et transcendantale, symbolisée par l’élévation, la verticalité de l’être dans la grandeur de son âme et la toute puissance créatrice de son esprit.
L’homme ne sort du labyrinthe de son existence que pour la genèse et la création d’une vie meilleure, dont sa descendance sera le témoin vivant de cette filiation céleste, qui distinguera mais ne séparera pas.
Dans le plan spirituel, céleste, tout est un, tout est père, et mère, et fils et fille, de l’Être Suprême.
L’homme matériel, existentiel, peut se sortir d’une situation périlleuse sans pour autant avoir sauvé la vie en lui, comme autour de lui.
Le retour du fils prodigue ne s’effectue qu’en la présence du Père, du Fils et du Saint Esprit, lequel vient visiter toute âme égarée, perdue, se voyant et se pensant, en pleine détresse, abandonnée par sa conscience pure et véritable.
Le fils (Thésée) ne peut retourner au père (Egée), ce qui est son but fixe, qu’en passant par son cœur, dans lequel aucun oubli ne peut trouver place : ni Ariane, ni le drapeau blanc, ni rien d’autre qui ne soit nécessaire pour la vie.
Dans sa relation au monde, l’homme s’oubliant, se perdant de vue lui-même, en arrive à ne plus voir ni la mère, ni le père, ni même celle qui est désirée par son cœur sensible.
Le père qui se nomme Egée, et non pas Agé, parce qu’il n’a pas l’ancienneté de l’écoute de la Parole, salvatrice de la vie en lui comme autour de lui, va plonger mentalement et moralement, dans le concept intellectuel du blanc et du noir, pour noyer sa vie dans une vie relative au fait, au lieu de se comporter en père, en source d’eau vive. Ainsi son corps existentiel va disparaitre dans l’océan de la négativité de ce monde.
La personne âgée est celle qui garde en toute circonstances le «A»-leph (Aleph : principe créateur) de l’âge-nèse ; et qui ne peut donc tomber dans l’immédiateté du besoin.
Egée coupé de la vie infinie et éternelle n’aura d’autre choix que la mort.
Le vrai fil, c’est la fil-iation céleste, le sens de la verticalité.
Mais attention : Ariane n’est pas rien ! Car elle existe, mais Thésée reste tellement dans le fait, qu’alors Ariane n’est rien.
Nous pouvons également faire le rapprochement entre Ariane et l’Arianisme, qui constitua, en son temps, un schisme, et donc une dualité.
Thésée sort de manière horizontale du labyrinthe.
De même, il ne peut sortir du labyrinthe que par l’extérieur.
Le labyrinthe de la Cathédrale de Chartres n’offre comme issue que son centre, c’est-à-dire le Christ, au cœur de nous-même.
Quand l’homme se contente de suivre le fil de son existence, qu’il se laisse mener par une vie relative au fait, il perd le fil, c’est-à-dire la conscience de ce qui est juste et bon pour la vie de monde.
Et l’existence n’est plus qu’un labyrinthe où l’on se perd définitivement.
Cette extériorité fait que Thésée en oublie Ariane ; autrement dit la connaissance est bien en lui, mais ne la vivant pas, il ne peut donc vivre et partager cette connaissance avec Ariane, ce qui établirait le lien de la Re-connaissance.
Son besoin de reconnaissance va tuer la Connaissance.
Ce besoin de reconnaissance du fils va aussi tuer le père.
Il n’y a pas d’amour sans partage, donc on ne peut partager en vérité qu’avec des gens connaissant de la Parole, de l’Epée d’Or.
Sans cette connaissance de la vie, c’est la mort. La connaissance de Dieu est genèse et création ; donc l’homme a tort de ne pas aller au cœur de lui-même, car il va se retrouver miné par tout un tas de faits ; et à l’image du Minotaure avec sa tête de taureau, il n’a pas fini de ruminer ses erreurs, qui ne sont que le fruit de ses errances extérieures.
Thésée suit tellement le fil d’Ariane, qu’il en arrive à oublier Ariane !
De la même manière, nous connaissons tous des gens qui suivent tellement leur docteur, qu’ils en oublient leur santé ; car le médecin n’est pas le docteur, qui a oublié de remédier à tous ses maux pour permettre à l’autre de remédier aux siens.
Pour être sauvé, il faut être sauveur ; et pour être sauveur il faut être sauvé.
L’oubli d’Ariane par Thésée révèle que Thésée s’oublie lui-même.
L’être au cœur de lui-même, tel le fils prodigue qui retourne au père, va ressusciter, contrairement à Thésée qui ne connaissant pas son père, ne pourra donc pas retrouver ce sens de la filiation qui établit l’unité, sur la terre comme au ciel.
Donc, en oubliant Ariane, il perd ce fil qui le relie à la Vie.
Le père terrestre n’est et ne se doit d’être que l’incarnation du Père Céleste suivant la phrase : « Qui a vu le Fils voit le Père ».
Le fil d’Ariane, lorsque l’homme retourne vers le Père, symbolise l’union de toutes les âmes et de tous les esprits, de tous les êtres demeurants au cœur d’eux-mêmes pour recevoir la vision de ce qui est juste et bon.
Ce sont les membres de la famille céleste, de la Sainte Famille ontologique, et non de la famille uniquement terrestre, biologique. La Sainteté de l’homme est la véritable écologie de sa mère nature.
Thésée a oublié de retourner au cœur de lui-même pour retrouver le féminin de son être, et réintégrer ce royaume dans lequel tout est union, et où rien n’est divisé, ni séparé.
Lorsque l’autre n’est qu’un besoin, une compensation de nos vides et de nos manques, et que nous avons tellement plongé dans ce besoin qui nous fait nous oublier nous-mêmes, nous finissons toujours par oublier l’autre. Ce n’est qu’en suivant le chemin de la Vérité de la Vie que ne s’oubliant plus, l’homme ne peut plus oublier l’autre.
Cette union entre Ariane, Thésée, Egée et la mère de Thésée, reproduit le schéma familial.
Malheureusement, Egée avait abandonné la mère de Thésée, et Thésée a délaissé Ariane.
Le mythe symbolise ce que nous étions avant notre conversion.
Le fil d’Ariane, c’est tout ce qui nous ramène à ce qui n’était pas : lorsque l’homme n’est pas, il ne peut pas retourner à ce qui était pour aller à ce qui vient ; s’il ne rétablit pas l’unité dans sa relation à l’autre dans le présent, il ne peut rétablir cette unité dans sa relation à l’autre dans le passé, avec les sages, les maîtres, les théologiens, les apôtres, les mystiques, sans la connaissance desquels il ne peut aller dans cet au-delà, à la rencontre de l’autre, établie par la Volonté de Dieu.
Après avoir oublié Ariane, Thésée oublie aussi de hisser le drapeau blanc lors de son retour, ce qui va provoquer la perte son père.
Le drapeau noir qui est reste hissé en haut du mat, signifie que Thésée n’est que ténèbres.
Dans l’horizontalité, lorsque l’on tue l’autre, on meurt à soi-même.
Thésée tue le minotaure avec la massue de cuir, et ne se sert pas de l’épée d’or.
La massue assomme, parce-que Thésée n’assume pas. Ceci parce qu’il n’est pas sorti du labyrinthe par le centre, mais par la porte extérieure, celle de la dualité ; et nous avons maintenant le fils à la place du père.
Cette épée d’or, c’est l’amour qui est fort comme la mort, qui nous coupe de la mort.
La massue est la force relative au fait.
L’épée d’or est la force d’aimer.
L’épée d’or ainsi que les sandales d’or avaient été cachées sous le rocher.
Ce rocher, c’est le cœur de l’Homme sous lequel se retrouve voilée la Lumière de la Révélation.
Egée reconnaitra son fils à l’épée d’or, et aux sandales d’or, qui symbolisent toute la richesse de la Parole et de la démarche pure et simple de l’être pénétré de la lumière de la Connaissance.
Ce sont les potentialités divines que l’homme retrouve lors de son retournement au cœur de lui-même, le préparant à son exode céleste pour son retour comme fis prodigue.
Thésée tue le minotaure avec la massue de cuir confisquée au brigand.
Etant méconnaissant de la Parole, il ne peut se servir de l’épée d’or, autrement dit du glaive.
Il se sert de la massue de cuir, donc animale, qui ne lui permet que de mener un combat extérieur, alors que l’épée d’or lui aurait imposé de mener le combat intérieur.
Le besoin de satisfaire son ego, car personne en dehors de lui n’avait pu tuer le Minotaure, anéantit en lui toute espérance de vie dans l’exigence de sens absolu qui l’habite.
C’est le combat intérieur que mène l’homme, qui lui ouvre la porte du salut, de lui comme de l’autre.
Car avec les sandales d’or et l’épée d’or, on tue le Minotaure ; mais ce Minotaure, c’est nous !
Autrement dit, on va tuer notre bestialité.
L’or dont il est question ici n’est pas l’or matériel, qui va plomber la vie de l’homme.
L’or matériel n’est qu’une conséquence chimique ; l’or spirituel résulte de la transformation alchimique.
Le masculin de l’être (Thésée) a donc oublié de retrouver le féminin de l’être (Ariane).
Si Ariane avait suivi Thésée dans le labyrinthe (pour éviter d’être oubliée), toute l’humanité aurait été détruite.
Elle est restée en dehors du labyrinthe, et ainsi la femme est restée l’avenir de l’homme.
Ariane, en dehors du labyrinthe, symbolise la résilience du féminin de l’être.
Le Minotaure tué par Thésée était endormi.
Le Minotaure qui dort ne s’attend pas à ce que l’on rentre dans son labyrinthe. Donc Thésée ne remporte aucune victoire pour la vie ; Netzah dans l’Arbre des Séphiroth.
Ce Minotaure endormi n’avait plus qu’à mourir.
Cette « victoire » n’a rien à voir avec la conversion.
Si nous nous souvenons de Jésus rendant vivant Lazare : Jésus transforme la mort de Lazare en sommeil, alors que le Minotaure passe du sommeil à la mort, car Thésée ne peut rendre vivant personne !
Dans une vie relative au fait, l’homme n’est pas en sommeil, il est mort.
Dans la filiation céleste, il n’y a plus d’attachement au fait, symbolisé ici par le fil d’Ariane.
- Filiation terrestre : sommeil symbole de mort.
- Filiation céleste : mort symbolique de vie
La verticalité de l’être est le symbole du fil qui nous ramène au père.
Les sandales d’or devaient permettre à Thésée d’entreprendre cette démarche qui consiste à retourner vers le père. Mais pour que l’unité s’établisse entre le retour du fils, et son père, il est nécessaire que la démarche du fils soit pure. Mais en choisissant la voie terrestre (la voie sèche) au lieu de la voie maritime (la voie humide), autrement dit l’océan céleste ou les eaux d’en haut, Thésée, symboliquement, va se priver de toute possibilité de conversion.
N’ayant pas reçu la Parole de son père terrestre, Thésée, par son retour vers son père, ne peut rétablir l’unité car il est coupé de son principe céleste et, comme pour tout homme menant une existence relative au fait, il participe au sacrifice de son père et des Saints Innocents ( les 7 jeunes garçons et les 7 jeunes filles) sacrifiés sur l’autel de l’inconscience de tout être qui, n’étant pas retourné au cœur de lui-même pour rétablir son unité de vie, ne peut établir le sacré : la vie infinie et éternelle. Ces 7 jeunes garçons et ces 7 jeunes filles symbolisent le 7ème jour, le jour du Shabbat, le Jour où Dieu se repose en l’homme pour voir l’Homme à Son Image et à Sa Ressemblance.
Le cœur de l’homme est le sanctuaire, le temple de Dieu dans sa relation au Père et au Fils.
La massue, l’instrument du massacre, est le symbole des fatalités qui tombent sur le monde extérieur, quand l’humanité n’a pas pris le chemin de la conversion qui lui permet d’incorporer pour dominer, et maîtriser son animalité (son ignorance des lois et des règles de justice, de bonté et de vérité), représentée par la monstruosité du Minotaure. La rectification du chemin intérieur est le « droit fil céleste » qui mène à l’Agneau triomphant au sommet de la Montagne de Sion (la vie paisible et douce de l’être éclairé, initié, dans le Royaume de l’Intelligible). Pour l’homme extérieur il en va autrement : il voit son âme dévorée par les « loups » de la finance, de la corruption, des intérêts particuliers qui compromettent l’avenir des jeunes générations : c’est le sacrifice des « Saints Innocents ». Le Pardon est celui de la conversion de tous ceux « qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient ». La filiation Céleste est celle de la Maîtrise retrouvée, à la suite du Seul et Véritable Maître, par l’appel de la Grâce à la « Quête de l’Absolu ».
Thésée, au contraire, enfermé inconsciemment dans un schéma parental mortifère, est rentré dans un royaume terrestre dans lequel les rois et les princes se succèdent ; toujours en quête de pouvoir existentiel, matériel, le futile et l’éphémère leur donnent toujours plus l’illusion de détenir des vérités qui ont pour conséquences d’infantiliser une populace malheureuse au plus haut point de son inculture de la parole des sages et des maîtres. « Le droit civil », profane, laïc, se pense, se croit, se veut tout puissant, dans une dictature volontaire démocratique, face aux « maîtres compagnons du devoir » de la nécessité « d’aimer son prochain comme soi-même. Car, celui qui n’aime pas demeure dans la mort ! » Jean, 4.
La mort d’Égée symbolise la chute et la disparition de tout royaume terrestre qui n’est pas le royaume des Cieux, dont les portes s’ouvrent sur « le règne de l’Imaginal », des Principautés, Souverainetés, Dominations, Puissances Célestes, Des Anges, Des Archanges…de Dieu lui-même.
Thésée n’étant pas un fils spirituel, il n’est que le symbole de la continuité de l’œuvre satanique de l’intellect de l’homme vidé du sens sacré de la vie. Les discussions stériles et donc mortifères en sont la traduction de plus en plus évidente… entretenues par des thèses (Thésée), des antithèses, des synthèses, qui n’aspirent qu’à encore d’autres thèses coupées (comme le fil d’Ariane) de toute genèse, de toute création de vie meilleure …C’est l’écoute, avec son cœur, de la Parole Vivante qui « coupe court » à toute discussion relative, égotique, égocentrique, belligérante, car ne pouvant plus, ne sachant plus, comment établir l’Union Sacrée entre la Vie et Son Principe !