LE CHEMIN DE LA LUMIERE

LE CHEMIN DE LA LUMIERE

LE PREMIER JOUR : Le Principe Unique de toute chose – l’Appel- l’éveil à la conscience de la divinité endormie au cœur de l’Homme. C’est le Jour de l’Initiation au Baptême, de la conversion (du détachement) : « Laissez venir à moi les petits enfants » (les humbles de cœur et d’esprit) dit Jésus aux Apôtres. Dans les miracles du Christ, Jésus réveille ceux qui n’étaient pas morts mais seulement endormis…

LE DEUXIÈME JOUR : Le regard de l’Autre. « Saluer l’autre c’est saluer Dieu qui est en l’autre ! » affirme Saint Paul. C’est le marcher ensemble : la dualité se transforme, avec le cœur, l’Amour de Dieu, en unité de vie…Le 2 se meurt dans le 1 pour donner le 3 !

LE TROISIÈME JOUR : « Celui qui va au cœur de lui-même voit le bois du supplice se transformer en Arbre de Vie ! »Saint Paul. « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » dit Jésus. La Sainte Trinité éclaire les pas de celui qui rentre sur le chemin du : « Viens et suis-moi ! » Le culte de la Parole vivante devient récolte de vie infinie et éternelle…

LE QUATRIÈME JOUR : La persévérance dans la constance amène à la stabilité ; La Lumière devient genèse et création : le Manifesté (le 4) reçoit le 10 (le Yod : la Lumière des Hébreux). C’est l’Arche d’Alliance, de la Présence dans la traversée du désert de l’intériorité …

LE CINQUIÈME JOUR : La Quintessence de la Vie : La main de l’Homme tendue à nouveau vers Dieu- La Main de Dieu donnée à l’Homme. La Quintessence c’est la main de Dieu qui redonne sens à la vie de l’Homme. « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes ; sans l’Amour de Dieu vous ne faites rien ! » Saint Paul.

LE SIXIÈME JOUR : Le jour du non-encore accompli. Chaque nouveau jour (le 2) se transforme en Jour nouveau grâce à l’Esprit (le 3) : c’est la vie parfaite ; de l’être parfaitement dans l’esprit. L’Amour a vaincu la Mort. Le non encore-accompli fait passer l’Homme de la vue du fait à l’infinitude de la vision du cœur, à la Lumière de la Sainte Trinité. Le nombre se transforme en son au-delà : la multitude…

LE SEPTIÈME JOUR: Le jour du Sabbat ; le jour du repos. Le Jour de la Communion ; de l’Incorporation, de l’Incarnation du Verbe. L’Homme repose en christ, reçoit le Christ, la Lumière infinie et éternelle : « Il n’y aura plus de jour ni de nuit, ni le soleil ni la lune, mais une Seule et Même Lumière : le Christ »…  « Je suis ce que je suis » et « J’étais bien avant qu’Abraham ne fut » : le vieil Adam annonce ( la Prophétie) le Nouvel Adam ..

LE HUITIÈME JOUR : Le sens de l’Au-delà : l’élévation, la verticalisation de l’être parti à la rencontre de l’Être suprême.  C’est le Jour de la Résurrection (le 8 : l’Infini céleste) avec le Christ Vivant et Ressuscité d’entre les morts ; et maintenant assis à la droite du Père. Saint Paul aux chrétiens : « Au lieu de regarder les réalités d’en bas, vous feriez bien de regarder les réalités d’en haut! ». C’est le jour de la Révélation, de la transformation de la vue en vision ; de la Transfiguration du Christ en vue de l’Evangélisation … « Qui a vu le Fils voit le Père ! ».

LE NEUVIÈME JOUR : Le jour de la Sanctification, de la Confirmation de la Grâce de l’Esprit Saint : « Celui qui vient après moi accomplira des œuvres bien plus grandes que moi » dit le Christ. Désormais tout se passe sur la Terre comme au Ciel ! L’Homme redevient à l’Image et à la Ressemblance de Dieu : c’est la sainteté de son humanité. L’Homme devient sur terre l’au-delà du Christ… C’est la Béatitude : « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des Cieux est à eux !

LE DIXIÈME JOUR : Le face-à-face avec Dieu : « Seigneur ce n’est que devant ta face que mes yeux seront ouverts » dit Saint Augustin. Le jour du Seigneur : de Sa Seule Volonté. Le jour de la levée des 70 voiles qui ennuageaient le cœur (Ruzbehan) : le jour de son inconnaissance … La rencontre de l’Alpha et de l’Oméga : il n’y a plus ni commencement ni fin ; il n’y a plus qu’un Seul et Même Jour : Dieu Lui-même ! La Lumière de l’Au-delà …

LES NOCES DE CANA

THEOLOGIE ET MYSTIQUE DU MIRACLE DES NOCES DE CANA

« Le troisième jour, il y eut un mariage » : le troisième jour symbolise la trinité, mais aussi le temps présent, qui était et qui vient.

Le temps présent, qui était et qui vient ; c’est-à-dire les trois temps qui en présence de Jésus, qui n’est pas encore le Christ, ne font qu’un.

Ce qui préfigure le temps de Marie qui vient, mais n’est pas encore venu …

« Il y eut … » : ce n’est pas encore le temps présent.

« La mère de Jésus était là » : la présence de Marie à ce mariage symbolise bien la pureté de l’intention, la simplicité, l’humilité, la virginité, et signifie que c’est une volonté de Dieu qui s’accomplit. En effet, l’homme « se marie » pour la vie car c’est Dieu qui unit. Marie symbolise déjà les épousailles du Christ bien que la « mère de Jésus » ne soit pas encore Marie, la Mère de Dieu, de tous les vivants.

« Jésus aussi avait été invité » : c’est la reconnaissance inconsciente de Dieu qui fait que Jésus et ses disciples sont invités. Dieu est invité à travers Jésus, mais à travers Jésus  c’est l’Homme qui est invité. Comme Jésus répond à cette invitation, l’homme devra répondre à l’invitation de Dieu, comme Dieu a ici répondu à l’invitation de l’homme. Cette invitation est exprimée par Saint Luc 18, 18-27 : « viens et suis-moi ».

« On manqua de vin » : « on » signifie l’homme encore impersonnel, qui n’est rien sans les trois personnes qui transforment l’eau en vin, ce qui préfigure la transformation de l’homme en Dieu. Il n’a pas été visité comme Marie par l’archange Gabriel. Par le détachement du fait, l’homme va au cœur de lui-même et le vin qui symbolise le partage, est le premier signe d’amour.

« La mère de Jésus dit : ils n’ont pas de vin » : ils n’ont pas encore été transformés parce qu’ils n’ont pas reçu la Lumière. La mère de Jésus veut signifier : ils n’ont pas encore été transformés comme moi, autrement dit, ils ne sont pas encore disciples de Dieu. La conversion de l’homme par l’Eau du Baptême, le ramène à sa divinité, à son principe créateur symbolisé par l’eau transformée en vin.

« Femme que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue » : la mère de Jésus lui parle « d’avoir » alors que Jésus symbolise l’homme appelé à être.

« Mon heure n’est pas encore venue » : signifie que Jésus qui renferme en lui le Y (iod) des hébreux, la Lumière Divine, n’a pas encore suivi Sa Passion pour être Christ et passer véritablement, au regard des hommes éclairés, conscientisés, de l’avoir à l’être; et dont le sens est de ne plus être pour que Dieu soit. Jesus symbolise le pouvoir de la transformation, du miracle qui s’accomplit en l’Homme, à travers l’Homme. Le Christ symbolise la Transfiguration: la Foi de ce « que l’homme n’a pas vu, n’a pas entendu, n’est pas venu à l’esprit de l’homme » selon Saint Paul.

« Sa mère dit à ceux qui servaient : tout ce qu’il vous dira, faites-le » : sa mère (qui n’est plus la maman de Jésus), signifie ainsi sa soumission à la Parole de Dieu. Sa soumission est une invitation à l’autre à se soumettre à cette même Parole. Quand l’homme est à l’écoute de la Parole de Dieu, tout se transforme (« faites tout ce qu’il vous dira »). Ce mariage qui s’arrêtait faute de vin va pouvoir se poursuivre. La mère de Jésus qui en est consciente préfigure Marie, Mère de Dieu et Mère de tous les Hommes. Le besoin d’avoir du vin, se transforme avec Marie appelée à être la Mère de toute l’humanité, en nécessité d’être.

« Tout ce qu’il vous dira » : ce totum exclut toute pensée, croyance, discussion.

« Six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures » : les six jarres symbolisent les 6 jours de la Création et l’Homme encore inaccompli. Elles servaient aux baptêmes des Juifs c’est-à-dire à la purification du corps des souillures du monde. Ces ablutions devaient être rituellement répétées. Elles symbolisent le besoin de purification pour les Hébreux avant chaque cérémonie, eux qui n’ont pas encore connu le seul baptême pour le chrétien,  accompli par Jean le Baptiste.

Si le jour du Shabbath pour les Hébreux est le jour de l’inactivité, pour le Chrétien c’est le jour du repos, le jour où l’homme se repose, se recentre dans son cœur pour rentrer en religion avec Dieu. C’est sa vie en Christ au cœur de lui-même qui lui apporte la vision du Christ de la Lumière du monde qui constitue le septième jour, l’Homme parfait, c’est-à-dire perfectionné chaque jour davantage par l’amour inconditionnel, infini et éternel de Dieu le Père, car « qui a vu le Fils voit le Père » Jean 1.

Le Baptême pour le Chrétien n’est pas purification du corps des souillures du péché originel, mais libération de l’âme et de l’esprit par le détachement du fait, en l’absence de tout jugement. Le Baptême chrétien dans son intégralité symbolise le Principe Divin : le Principe Unique de toute chose.

Le Baptême n’est pas don d’une bonne conscience, mais élévation de la conscience à une toute autre Conscience; une Conscience au-delà de toute conscience : La Volonté de Dieu!

La Puissance de Dieu incarnée par Jésus et l’eau transformée en vin, symbolisent le passage de l’Ancien au Nouveau Testament. Le fait que Jésus se serve de ces jarres de pierre signifie qu’il ne renie  pas l’Ancien Testament, mais qu’il l’intègre, l’incorpore pleinement pour le transcender en vin c’est-à-dire en sang de l’Alliance Nouvelle et Eternelle qui sera versé une fois pour toute l’humanité. Le sang versé est la vie du chrétien dans sa relation à l’autre (qui va « vers » le « et »)

L’eau symbolise le Baptême, ou libération.

Le vin symbolise la Communion, ou transformation de l’homme en Christ.

L’homme est confirmé en Dieu par le sang versé du Christ : du flanc droit transpercé par la lance du Centurion Romain, s’écoule l’eau et le sang.

Ce sang versé du Christ, c’est la Communion d’âme et d’esprit entre Jésus et l’Homme.

C’est alors la Confirmation de l’Homme vivant en Christ et dont la vie est totalement consacrée à Dieu par la Grâce qui lui est donnée et à laquelle il rend grâce éternellement.

Le « sang versé » est la vie de l’Homme tourné vers le Et, vers l’Unité : « aimer l’autre, c’est aimer Dieu qui est en l’autre » Saint Paul.

L’Homme ne peut se figurer ce qu’est l’Amour de Dieu, c’est pourquoi il en est transfiguré.

Si la Communion est la Théologie de l’Amour, la Confirmation en est la Mystique.

Le temps du mariage préfigure (« mon heure n’est pas encore venue ») les épousailles du Christ.

La préparation du mariage prédispose aux épousailles du Christ, de la vie en soi comme en l’autre.

L’être éclairé n’épouse pas l’autre, il épouse la vie en lui comme en l’autre, pour lui comme pour l’autre, selon le commandement de Dieu d’aimer son prochain comme soi-même. L’Amour est l’acte créateur de la vie: l’écoute nouvelle, la vision nouvelle, l’action nouvelle, qui transforme chaque jour en Jour (en Lumière) Nouveau.

L’Amour transforme la créature en être créateur : la seule et véritable transfiguration.

L’homme ne sait pas ce à quoi Dieu l’appellera, l’amènera, l’invitera à être, à dire, à faire, pour la vie de l’autre.

« Chacune contenait deux à trois mesures » : certains sont naturellement et volontairement selon Dieu, prédisposés. D’autres demeurent encore dans la dualité et nécessitent d’être convertis.

Le cœur de l’homme n’est Temple de Dieu que si celui-ci est Juif (juste) pour devenir Chrétien (amour) et ensuite Musulman (purement spirituel). Car selon Saint Paul, au lieu de chercher à plaire aux hommes (à quelques hommes seulement) vous feriez bien de plaire à Dieu (à tous les hommes).

« Les jarres furent remplies jusqu’au bord » : c’est le plérome de l’esprit, c’est-à-dire la plénitude de l’esprit ; autrement dit quand l’homme est pleinement dans l’esprit, c’est la grâce de l’Esprit Saint qui s’accomplit.

« Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas » : les serviteurs de Dieu portent en eux l’écoute, la vision et la compréhension nécessaire à celui qui veut devenir maître pour pouvoir partager (le repas).

Les serviteurs des hommes à travers le sens de l’eau transformée en vin, autrement dit du Baptême, sont devenus des serviteurs de Dieu, et sans le seul et véritable Maître qu’est le Christ, aucun homme ne peut se prétendre maître.

Le Seul et Véritable Maître, c’est Dieu ; et aucun homme ne peut être maître si ce n’est Dieu qui est Maître en lui.

Jésus par le miracle des noces de Cana vient appeler les faux maîtres et les faux prophètes à la Vérité.

« Le maître du repas ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau » : celui qui ne va pas puiser au plus profond de son être ne peut pas savoir, c’est-à-dire ne peut pas recevoir la Lumière (l’Intelligence Suprême) car il n’a pas l’intelligence du cœur. Le maître du repas symbolise l’homme dans le fait, condamné à ne faire que constater le fait en bien comme en mal,  sans en comprendre le sens (il ne savait pas d’où venait ce vin).

Le devenir de l’être n’est défini que par le sens qu’il reçoit au cœur de lui-même. L’homme ne peut rien voir et donc rien savoir s’il ne va pas au coeur de lui-même (le Baptême), s’il n’est pas (la Communion), et s’il ne demeure pas (la Confirmation) pleinement et parfaitement en lui. C’est son passage du futile et de l’éphémère, à l’essentiel et à l’éternel : des noces de Cana aux Epousailles du Christ.

C’est parce que l’homme continue à participer aux noces de Cana que Dieu espère le voir participer à nouveau aux noces de la vie céleste.

« Alors le maître du repas appelle le marié » : comme le maître du repas a été appelé à voir, il appelle le marié à comprendre ; cela signifie le passage de l’illusion et du sentiment, de la dualité de la fonction à la compréhension de la nécessité du partage.

Par la présence de Jésus, l’ivresse de l’homme, son avidité, se transforme en soif de Dieu. Le marié symbolise l’homme qui vient épouser et qui n’accomplit parfaitement son mariage que par la grâce de la Présence de Dieu qui l’appelle à participer aux épousailles du Christ, c’est-à-dire à épouser la vie en lui comme en l’autre.

Les noces de Cana préfigurent les épousailles du Christ pour la vie éternelle.

  • L’ivresse de l’homme : le besoin
  • La soif de Dieu : la nécessité

La présence de Marie symbolise véritablement le mariage de l’homme qui se prépare à épouser la pureté, la virginité, la simplicité, la fécondité. C’est dans ce sens que Marie est la mère de tous les hommes.

« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » : Jésus était Dieu, il est à la fois l’alpha et l’omega, le commencement et la fin. Ce miracle des noces de Cana n’est que le symbole et la synthèse de tous les autres miracles que Jésus a accomplis dans son Christ historique et qu’il ne cessera jamais d’accomplir dans son Christ ontologique, c’est-à-dire au cœur de tout homme vivant et ressuscité en Dieu.

Le miracle des noces de Cana symbolise le commencement de l’écoute, de la vision et de la compréhension nécessaire au mariage : à l’unité des hommes qui constitue l’Eglise.

Les jarres de pierre remplies d’eau symbolisent la transformation du cœur de pierre en cœur de chair. Sans la vie spirituelle, qui émane de Dieu, l’homme ne peut répondre à l’injonction du Christ lui demandant de devenir une pierre vivante pour participer à la construction de l’édifice. Les noces de Cana invitent, comme Jésus a été invité, à la participation du sens de l’au-delà. Le miracle ne s’accomplit pas dans le fait, dans le futile et l’éphémère, mais dans la révélation de la connaissance de l’essentiel : « heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » Jean 20, 24-29.

LA FORCE

La Force

Après l’étude de la Justice vient logiquement celle de la Force, qui se subdivise ainsi :

  • La Force en elle-même
  • Son acte principal qui est le Martyre
  • Les vices qui lui sont contraires

La Force est-elle une vertu ?

Il semble que non car « La vertu ne se déploie que dans la faiblesse » Saint Paul 2 Cor 12:9.

De même : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » Saint Paul 2 Cor 12:10.

Quand Saint Paul écrit « dans la faiblesse », il faut comprendre « dans mon humanité ».

C’est dans mon humanité que Dieu déploie sa Force (c’est-à-dire exprime sa Force).

La conscience de la faiblesse est la reconnaissance d’une humanité qui ne trouve sa force qu’en Dieu.

La Force de l’Esprit de Dieu ne s’exprime pas dans un  par-rapport à la faiblesse, mais pour  transcender et  transformer celle-ci en force. Cette transformation est le passage pour l’homme de son humanité à sa divinité. C’est une force qui aspire l’homme vers une transcendance de son fait (sa faiblesse) en Dieu (sa force).

C’est quand l’homme prend conscience de sa faiblesse qu’il libère son âme de sa condition humaine.

La véritable force ne trouve pas son expression dans le fait, mais pour la vie au-delà du fait. L’homme ordinaire se place toujours dans un rapport de force, de pouvoir, de potentialité de l’un par rapport à l’autre.

L’homme ordinaire se plaçant dans l’éphémère, ce pouvoir n’est que potentialité éphémère et temporaire.

L’homme retourné (par la conversion) au plan divin, devient l’expression même de la Force de Dieu, de sa puissance créatrice, (référence au Grand Architecte), qui est infinie et éternelle. C’est cette Force même (cette Force qui aime !) qui fait passer l’homme de l’image à la ressemblance.

La notion de force, pour l’homme encore dans le manifesté, apparait comme une dimension temporelle émanant de la limitation due à son existence terrestre. Ce n’est que dans les cœurs purs que cette dimension, dès cette vie sur terre, devient éternelle.

La force de l’homme éclairé et initié est qu’il n’a plus de raison particulière. Il n’a plus à faire preuve de raison car il n’a plus de volonté propre, et qu’il tient sa force uniquement de la Volonté de Dieu. Il n’y a donc strictement aucune force dans celui qui pense ou qui croit. Il n’y a qu’un besoin illusoire de penser la force. Or la force ne se pense pas, elle se donne !

Saint Thomas d’Aquin : « Que l’homme reconnaisse sa propre faiblesse, cela relève de la perfection que l’on appelle l’humilité ».

L’humilité est la conscience de l’homme ; l’orgueil son inconscience.

Dans le Livre de la Sagesse 8-7, il est dit que la sagesse enseigne tempérance et prudence, justice et vertu ; ce mot désignant ici la force.

Il est donc normal que la force soit considérée comme une vertu au regard des hommes.

Toujours au regard des hommes, la force apparait comme expression d’une solidité, d’une fermeté. Ce que confirme Aristote disant que toute vertu doit être ferme.

Pour l’être éclairé et initié, la force n’est que la traduction d’une fermeté de l’âme à qui Dieu a conféré la Force.

C’est dans l’agir ferme et inébranlable que se traduit l’immutabilité de l’âme.

Il revient à la vertu de force d’écarter l’empêchement qui retient la volonté de suivre la raison.

La raison, dit Jean Tauler (disciple de Maître Eckhart, mystique du moyen âge), est le stade intermédiaire tout puissant qui ramène à Dieu.

C’est pourquoi la force s’appuie sur la crainte de Dieu, qui libère l’âme de la crainte des choses difficiles, susceptibles de retenir la volonté de suivre la raison.

Au fur et à mesure que l’homme se détache du fait pour arriver au détachement impassible, la force est le soutien indispensable à l’âme et à l’esprit pour atteindre le cœur de l’homme.

La crainte de Dieu est donnée par la force, qui libère l’âme et l’esprit de la crainte des hommes.

Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas : l’homme parvenu au cœur de lui-même a rejoint la Justice de Dieu et sa toute puissance créatrice, devant laquelle s’efface la nécessité de la force qui conduit la raison jusqu’à Lui.

Saint Grégoire parle de la force des justes quand il dit : « Aimez les épreuves de ce monde, en vue des récompenses éternelles. » C’est la force des hommes qui se rendent à la Justice. La force du juste a pour vocation les récompenses éternelles. Elle est alors le fruit de l’Espérance de Dieu ; du Père qui a fait sortir l’homme de l’errance.

La véritable force n’est pas une opposition à la contrainte, elle est capacité de libération en vue du salut.

Tel est le sens du martyre.

Saint Augustin déclare que « la force est un amour qui supporte facilement tout pour ceux qui l’aiment », et que « c’est un don qui ne craint ni la mort ni aucune adversité. »

Par la force, (par la grâce de l’Esprit), Dieu s’est emparé de l’âme pour la sauver.

Thomas d’Aquin écrit : « Il faut que toutes les passions de l’âme soient amenées au juste milieu par une vertu. » Cette vertu, c’est la force. Aucune vertu ne se situe aux extrêmes. Or la crainte de la mort qui est  la crainte la plus forte chez les hommes, est à l’extrême, selon Aristote. Donc la vertu de force ne se limite pas aux craintes mortelles. Il revient à la vertu de force de protéger la volonté de l’homme afin qu’elle ne recule pas devant un bien raisonnable par crainte d’un mal corporel.

La justice, pour l’être éclairé et initié, est de bénéficier de la force qui, dès cette vie sur terre, le fait passer de la mort à la vie, du fait à l’esprit, alors que le but de la faiblesse est de faire de l’homme un humain. Nous pouvons définir l’humain comme étant l’homme qui a perdu la main (de Dieu) c’est-à-dire l’amen ! Ayant perdu l’humilité de se laisser amener par la main de Dieu à l’écoute et à la vision de ce qui est juste et bon pour la vie, il donne au Satan le pouvoir de s’emparer de son âme et de son esprit pour le faire tomber en enfer. La faiblesse de l’humain le prive d’un retour possible à l’image en vue de recevoir la grâce de la promesse qui lui a été faite à l’origine de vivre selon la ressemblance.

L’homme n’est pas appelé fort au sens absolu, parce qu’il supporte bien les plus grands maux ; mais parce qu’il les transcende. Il est le témoin de l’inconditionnalité de la force.

Ce qui est dur me rend fort, l’épreuve me fait faire l’expérience du salut. D’où la compréhension de la soumission du martyr à son supplice.

Le supplice du martyr est la porte de salut de toute l’humanité. En effet, pour être sauvé, il faut être sauveur ; mais pour être sauveur, il faut être sauvé.

Le martyre est le symbole de l’humanité sauvée de son inhumanité dans son retour à sa divinité. C’est pour cette raison que le martyr prie pour ses bourreaux en reconnaissance de la volonté suprême de Dieu de faire le Sacré. Le Sacrifice de Dieu est de faire le Sacré, l’unité entre les hommes selon sa Foi : la certitude que demain sera meilleur.

Le meilleur pour l’homme, c’est son cœur. Il n’y a rien d’autre de meilleur.

Dieu donne l’exemple de ce qui est bien et de ce qui est mal ; à l’homme libre de faire son choix.

L’homme éclairé et initié, libéré de tout concept humain, retrouve la pleine conscience que c’est là sa propre liberté. Liberté qui ne consiste qu’à exprimer la Parole en paix : « Père, Ta Volonté et non la mienne. » L’homme ne retrouve sa pleine liberté qu’au jardin d’Eden symbolisé par son cœur.

La liberté de l’homme n’est rien d’autre que sa libération de plus en plus juste, de plus en plus pure, de plus en plus vraie, selon la Parole du Christ : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. »

Il s’en suit que si l’homme ne s’enfuit pas devant les dangers mortels, c’est que sa vie se place déjà dans l’au – delà.

Il faudrait que l’homme soit dépourvu d’esprit pour pouvoir craindre la mort.

Jean Tauler : « Pour l’être spirituel, l’esprit guide le corps ; pour l’être matériel, le corps commande la tête. » La vie spirituelle étant l’au-delà de la vie matérielle.

Les martyrs ne peuvent supporter les sévices corporels que par la connaissance du Souverain Bien qui est Dieu. Ils ne font que signifier que si leur corps appartient à la terre, et encore de manière éphémère et temporelle, leur âme et leur esprit, dès cette vie sur terre, n’appartiennent qu’à Dieu.

Cette appartenance à Dieu est la seule véritable raison de leur persécution par des gens, (tous ceux qui n’ont pas été appelés à être), qui appartiennent au Satan.

Dieu a créé le Satan, l’Adversaire (le Satan Ontologique) qui se dresse devant l’homme pour que l’homme se redresse et pour le mettre à l’épreuve de la tentation. Le Satan, c’est ce qui tend vers l’extériorité.

Confucius : « Quand le cœur s’en va où la passion l’entraîne, le cœur n’est pas réglé mais agité et troublé ».

C’est pour cette raison que Dieu le Père a envoyé son Fils sur terre pour que cette passion que l’homme a de l’extériorité soit transformée, par le rappel de l’homme à Dieu, en Passion du Christ.

« Nul ne pourra retourner à Dieu sans passer par moi » dit le Christ.

Dans la Passion du Christ, la faiblesse de l’humain se transforme et est transcendée par la Force du Divin.

L’humain tombé en tentation donne au Satan le pouvoir qui était en lui pour en faire le diable.

Et comme l’exprime Jean Tauler : « Si le démon pouvait retourner à Dieu et se remettre sous son obéissance, il ne resterait pas dans l’affreux malheur du péché .Or les hommes qui eux ont cette volonté, lorsqu’ils le refusent sont réellement pires que le démon. »

C’est la Passion du Christ qui permet à l’homme de recouvrer les forces de sa nature divine originelle, sa surnature.

Le Christ est venu sur terre pour révéler dans Son humanité la nature divine de l’homme.

La Passion du Christ n’est que le rappel de l’homme à la Vraie Vie (une vie qui n’est plus relative au fait). L’homme vivant en suivant les pas du Christ retrouve la force, c’est-à-dire la possibilité de combattre le Satan.

Saint Augustin : « Point de salut sans combat dans son intériorité ».

L’homme qui a combattu et vaincu le Satan par le Sang de l’Agneau, c’est-à-dire sa vocation divine, et par son témoignage de la Parole, ne peut plus exprimer que de l’amour. Il ne peut rien faire d’autre que d’aimer ses ennemis.

 

La force procure à l’homme la possibilité de combattre. En effet, pour l’homme déchu, il est plus difficile de combattre que de supporter. Supporter ses faiblesses comme celles de l’autre, c’est signifier le manque de la force d’aimer. C’est exprimer le pouvoir du diable dans le reniement de Dieu.

La force de l’homme n’est qu’une manifestation de la Toute-Puissance de Dieu.

La plus grande et la plus belle preuve de la force est l’amour de son prochain.

C’est ainsi que la force émane de l’intérieur et s’exprime à l’extérieur dans l’amour de la vie : sa genèse et sa création.

L’homme fort est celui qui a reçu le pouvoir d’aimer. La seule et véritable force est la force d’aimer. L’homme fort ne fait qu’exprimer sa nature divine.

Saint Ambroise : « Les œuvres des vertus, et en particulier de la force, sont appelées des fruits parce qu’elles réconfortent l’esprit de l’homme par une délectation sainte et pure. »

Dans tout acte, l’homme fort n’éprouve aucune délectation particulière. Tous ses actes ne sont que les fruits d’un Esprit de charité, de paix et de joie.

La beauté de la force trouve sa pleine expression dans le Véritable Amour, l’amour désintéressé du fait.

Avec la force, l’homme touche au sens véritable de la vie. C’est la force d’aimer qui crée la vie ; le sens du sacrifice, c’est de faire le sacré c’est-à-dire que ce qui est cher au regard de Dieu, ce qui importe, ce n’est pas le fait mais toujours l’au-delà du fait. Tel est le sens du plan divin, du Grand Architecte de l’Univers.

« La conversion de l’homme est chose bien plus admirable que la création du ciel et de la terre » selon Jean Tauler, mystique du moyen-âge et disciple de Maître Eckhart. Pourquoi ? Parce-que Dieu a créé l’homme à Son Image et que par l’amour, il est à Sa Ressemblance ; et que Dieu selon le livre de la Genèse, au commencement de l’humanité, a placé l’homme au centre de Sa Création. Le Centre de Sa Création est le cœur de l’Homme, et le cœur de l’Homme c’est le Christ. Tout homme vivant en christ voit le Christ vivant et ressuscité d’entre les morts.

Jean Tauler : « Lorsqu’un homme vit dans la Passion du Christ, le Christ s’empare de lui, en fait un autre christ, l’unit au Christ ; et tant que son âme demeure dans cette union amoureuse, elle ne peut ni errer, ni déchoir, ni s’arrêter ».

Jean Tauler ne fait qu’évoquer cette parole de Saint Paul (1-Corinthiens) : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ».

Le salut de l’homme le mène à son apostolat.

Nous comprenons mieux Marc 5,18 : « Vous avez des yeux et vous ne regardez pas, vous avez des oreilles et vous n’écoutez pas parce-que l’amour vous fait peur ».

Cette parole du Christ aux apôtres les rappelle à la foi exprimée par cette injonction : « Ne craignez plus, un monde nouveau s’offre à vous ».

L’homme rendu vertueux par la grâce de la vie de son âme, ne connait plus que la force d’aimer.

Le vice est d’accepter que sa vie soit toujours relative au fait. La vertu consiste à signifier que la vie c’est l’au-delà du fait.

Le retour à la force est symbolisé par la maîtrise en toutes circonstances. Cette maîtrise est le fruit du détachement, jusqu’au détachement impassible qui peut, au regard des humains, paraitre indifférence ou  insensibilité alors qu’il n’est que pureté et capacité à recevoir la Seule et Véritable Lumière capable d’aimer : le Christ.

Le témoignage de la force n’est que paix, calme, sérénité, fermeté.

Quand la porte du ciel est ouverte (le cœur de l’homme), c’est parce-que les portes de la fragilité, de l’affectivité, de la faiblesse, sont fermées.

L’homme ne retrouve la vraie vie qu’au cœur de lui-même.

La force est-elle une vertu cardinale ?

Une vertu cardinale concerne les problèmes autour desquels tourne la vie humaine, de même qu’une porte tourne sur ses gonds (du latin « cardine »). Cependant  la force ne concerne pas les périls mortels mais le pouvoir recouvré de la création d’une vie et d’un monde meilleurs.

Pour cette raison, Saint Grégoire, Saint Ambroise et Saint Augustin comptent la force parmi les quatre vertus cardinales, c’est-à-dire primordiales.

Depuis la chute de l’homme sur terre, la primauté des vertus cardinales redonne à l’homme la possibilité de l’Imitation de Jésus Christ selon sa Parole.

L’ensemble de ces vertus de tempérance, de clémence, de prudence, de justice sont unies et rassemblées dans la force. Cette force est le cœur, le centre ontologique de ces quatre vertus qui vont faire passer progressivement de l’humain à l’homme, de l’Homme au Christ, et du Christ à Dieu.

Ces quatre vertus centralisées par la force préfigurent les trois vertus théologales, car émanant purement et uniquement de Dieu, c’est-à-dire d’Espérance, de Foi et de Charité. Ces trois vertus à venir sont l’expression de l’Amour éternel et infini de Dieu.

Ces quatre vertus cardinales empêchent l’homme de tourner en rond dans le fait, et lui permettent de sortir de la quadrature du cercle (de l’esprit enfermé, emprisonné dans la matière) en retournant au centre ontologique de sa vie qui est son cœur. Ce qui nous est confirmé par la parole de Saint Paul Corinthiens 1 : « Le Christ viendra ouvrir vos tombeaux pour vous en faire sortir. Il viendra libérer, sauver vos âmes et votre esprit enfermés, emprisonnés dans des terres d’exil. »

De même pour Plotin (néo Platonicien du IIème siècle) : « Cessons de tourner en rond autour du fait, prenons le rayon qui nous ramène au centre. »

Comparaison entre la force et les autres vertus cardinales :

Selon Saint Ambroise : « la force est plus élevée que les autres vertus. La vertu concerne le difficile et le bon ; or la force concerne ce qu’il y a de plus difficile pour l’homme qui est d’aimer. »

La force est la plus élevée de toutes les vertus cardinales car si elles sont toutes relatives au fait, seule la force concerne l’au-delà du fait par la genèse et la création de la vie.

La véritable force ne concerne que l’amour

Elle est à la mesure de la bonté par la sauvegarde de la justice. La force sans la justice favorise l’iniquité, l’opposition. Dans les mains de la justice, la force procure la bonté, l’équilibre, l’harmonie, la vérité. « Ce qui est juste est bon ! » : le livre de la genèse nous rappelle que la bonté ne se réfère qu’à la création.

A propos du martyre, le sens du martyre est d’être témoin du Christ (martyr voulant dire témoin).

Les souffrances corporelles des martyrs subies jusqu’à la mort, rendent témoignage non à une vérité quelconque, mais à la vérité religieuse que le Christ nous a révélée. Aussi sont-ils appelés martyrs du Christ, comme étant ses témoins. Le martyre ne concerne pas l’individu, mais l’ensemble de la communauté fraternelle vivant en christ. De plus ce n’est pas une volonté propre de subir, mais un témoignage d’une possibilité qu’a l’homme, de vivre pleinement et parfaitement en christ avec le Christ, en se détachant de tout fait, y compris de son propre fait.

Jean Tauler : « La volonté est parfaite quand l’homme a renoncé à tout ce qui n’est pas Dieu, et qu’il s’est éloigné de toutes les créatures. »

Le Christ aux apôtres : « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes y compris vous-mêmes,  pour porter ma croix dans le monde. »

Aussi : « Vous serez tous jugés, condamnés et traînés devant les tribunaux, à cause de mon nom. »

Tout véritable chrétien dans la force d’aimer, est un martyr du Christ. Ce qui le concerne ne peut être que le salut de l’autre et non le sien.

La foi seule est cause du martyre.

Matthieu 5,10 : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. »

Au – delà de sa volonté, le martyr témoigne de l’imitation la plus pure de la vie en christ, allant jusqu’à sa mort et sa résurrection.

Saint Maxime de Turin dit dans un panégyrique : « Il est vainqueur en mourant pour la foi, alors qu’il aurait été vaincu en vivant sans la foi. »

L’œuvre du martyre nous propose de mépriser le monde visible, quand l’homme n’a pas su s’en détacher à l’écoute de l’intelligence de Dieu, selon la Lettre aux Hébreux (11.34).

Si le bourreau peut prendre le corps du martyr, il ne peut lui prendre ni son âme, ni son esprit, qui appartiennent depuis toujours à Dieu.

Galates 2,19b-20 : « Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. »

Le martyre symbolise la méditation constante et permanente de la Passion et de la mort de notre Seigneur.

Celui qui vit en martyr est sauvé. Celui qui ne vit pas en martyr est martyrisé.

Il semble que la mort ne soit pas incluse dans la raison de martyre car Saint Jérôme écrit : « Je dirais à bon droit que la Mère de Dieu fut vierge et martyr, bien qu’elle ait terminé sa vie dans la paix. »

Saint Grégoire : « Bien qu’il y manque l’occasion de mourir, la paix a son martyre, car si nous ne livrons pas notre tête à l’arme du bourreau, nous mettons à mort, par le glaive spirituel, les désirs de notre chair. »

Saint Augustin : « Le martyre est un acte de la vertu de force, et il appartient à celle-ci de ne pas craindre non seulement la mort, mais non plus les autres adversités. » Il y a en effet beaucoup d’adversités autres que la mort, que l’on peut supporter pour la foi au Christ. Le martyre est un acte méritoire, mais un acte méritoire ne peut être postérieur à la mort. Il la précède donc, et ainsi la mort n’est pas essentielle au martyre. Le martyre pour la foi est donc essentiellement une mort symbolique à tout ce qui n’est pas Dieu.

Saint Augustin évoque ici la Passion du Christ qui est le chemin, qui d’étape en étape remet l’homme sur le chemin de la vérité pour se retourner et recouvrer la Vraie Vie.

« Est appelé martyr celui qui est témoin de la foi chrétienne, qui nous propose de mépriser le monde visible pour les réalités invisibles », selon la Lettre aux Hébreux 11,34.

Il appartient au martyre que l’homme témoigne de sa foi, en montrant par ses actes qu’il méprise toutes les choses présentes, pour parvenir au bien futur et invisible.

D’où cette insinuation de Satan contre Job (Jb 2,4) : « Peau pour peau, tout ce que l’homme possède, il le donnera pour son âme » ;  c’est-à-dire pour sa vie physique. C’est pourquoi, afin de réaliser parfaitement la raison de martyre, il est requis de choisir la mort pour le Christ : le détachement du fait, de tout fait y compris de son propre fait ; la mort pour vivre en christ afin que le Christ soit, ce qui est la condition nécessaire à sa deuxième venue sur terre.

Cette volonté n’est parfaite que parce qu’elle émane de Dieu.

Cette raison de martyre n’est déterminée que par l’utilité de la mort pour atteindre à la résurrection.

« Pour Dieu qui pénètre les cœurs, la raison de martyre a valeur de récompense », comme le dit Sainte Lucie.

Le mérite du martyr (ce qui lui mérite sa place au Ciel), ne se situe ni dans la mort ni après la mort, mais dans l’acceptation de la mort infligée par les hommes et tant désirée par les chrétiens. La mort du martyr n’est là que pour signifier aux yeux des hommes sa volonté de ne plus s’appartenir pour n’appartenir qu’à Dieu. De ce fait, ne peut être appelé chrétien que celui qui n’a pour toute vie que la foi au Christ.

Si Jésus signifie le « Je Suis », autrement dit la Présence de Dieu sur terre, le Christ symbolise la seule porte de passage de la mort à la Résurrection. Si le Christ est vivant et ressuscité d’entre les morts, ce n’est que pour ramener l’homme de la mort à la Vraie Vie car Lui seul ici, maintenant, et depuis toujours, est et demeure éternellement vivant. Nous comprenons ainsi que  martyr signifie témoin de ce qui était, de ce qui est, et de ce qui vient ; car on ne rend témoignage qu’à la Vérité.

La conscience du martyr de la Vraie Vie fait qu’il ne connait pas la mort. Si la mort vient se faire connaitre à lui, ce n’est que pour qu’il soit ressuscité d’entre les morts. Il passe d’une simple mort existentielle à une mort et à une résurrection.

Si la mort physique est nécessaire à la plupart des hommes, pour que leur âme et leur esprit soient libérés d’un corps attaché au fait, le martyr dont la chair accède, dès cette vie sur terre, à la résurrection, voit sa mort mener son âme et son esprit au paradis pour s’assoir à la droite du Père et du Fils. Celui qui voue sa vie à Dieu se voit rectifié par la foi, qui le mène tout droit pour vivre désormais après la mort auprès de Dieu. L’homme d’aujourd’hui, initié et éclairé, ne peut plus perdre la mémoire du jugement dernier où le Christ viendra sur terre pour juger les vivants et les morts.

« Si le grain de froment ne meurt, après qu’on l’a jeté en terre, il demeure seul ; mais quand il est mort, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24-25).

Jean Tauler : « En toute vérité, il en est ainsi. Celui qui veut produire tous les fruits de vie doit mourir de toutes les morts possibles. Or c’est là ce que fait, et lui seul, le pauvre d’esprit. Il disait vrai ce maître de la vie spirituelle enseignant qu’une vie conforme à l’Evangile est une croix et un véritable martyre. Seul le vrai pauvre d’esprit porte cette croix et endure ce martyre ; seul aussi, il recueille tous les fruits de la vie. Au-delà de la mort physique apparente, se situent la mort spirituelle (l’unité de la vie en soi), la mort ontologique (l’incarnation du Verbe, Amour du Dieu Vivant), la mort essentielle (le retour à l’Un). Le pauvre d’esprit jouit d’une mort si multiple qu’il vit de plus en plus éternellement. Pour lui, chaque instant se transforme en une présence de Dieu. Il meurt aux contingences de l’existentiel pour croître et fructifier dans la Conscience de l’essentiel. Sa croissance est le fruit de son retour à l’essence, au Un. Le pauvre d’esprit aspire à une mort intérieure qui le libère de l’horreur d’une mort extérieure. Cette mort intérieure lui procure une joie pure. Celui qui en fait l’expérience est le sage par excellence. »

La mort spirituelle consiste à ne vouloir que ce que Dieu veut, autrement dit tout ce que l’homme ne veut pas, ne souhaite pas, ne désire pas !

 

A propos du don de force :

Isaïe (11,2) : « Enumère la force parmi les dons du Saint Esprit. »

La force implique une certaine fermeté d’âme qui est requise pour faire le bien comme pour résister au mal. Mais l’âme est entrainée plus haut par le Saint Esprit afin de pouvoir achever toute entreprise commencée dans sa vie terrestre. C’est ainsi que la force se place dans le dépassement de la nature humaine. C’est le Saint Esprit qui opère cela dans l’homme lorsqu’il conduit son âme et son esprit jusqu’à la vie éternelle, qui est la fin de toutes les œuvres bonnes que l’homme avait à accomplir durant sa vie terrestre, lui faisant échapper ainsi à tous les périls à travers son corps mortel. C’est pourquoi le Saint Esprit infuse dans l’âme une maîtrise et une confiance à toute épreuve garanties par la foi gardée en Dieu ; seule et véritable expression de la force.

La force en chaque homme n’est que grâce de l’Esprit Saint qui se donne pleinement aux cœurs purs. Heureux les cœurs purs, le royaume des cieux est à eux !

Pour l’être matériel, le sens de la force ne s’applique qu’à des situations difficiles pour lui à concevoir ; pour l’être spirituel, la force n’a pour but que la contemplation de l’Homme et de Dieu.

La force de l’Homme n’est plus de résister au diable, mais d’aimer Dieu …

 

L’AMOUR EST FORT COMME LA MORT …

Comme la mort nous coupe de la vie, l’amour coupe de la mort !

L’amour est l’acte qui génère en soi et crée autour de soi la vie, la Vraie Vie, Transcendance du fait, « Au-delà » du fait, Elle est le fruit de l’amour ; de l’acte accompli selon la Parole vivante : le Verbe de Dieu qui s’incarne en l’Homme, en son cœur, pour lui parler et le rendre vivant pour que le monde demeure éternellement vivant…

« Jésus n’est pas venu apporter la paix mais le glaive ! » dit Jean. Et, « celui qui demeure en lui voit le Fils comme le Père demeurer en lui ! » .C’est Dieu qui est Amour. L’amour de l’Homme n’est qu’une grâce de l’Amour de Dieu. Il est conscience de l’unique nécessaire à la vie sur terre : d’être, de dire, de faire, pour toujours créer une vie meilleure, un monde meilleur ; « Devenir meilleur est une nécessité » dit Confucius.

Par l’amour l’Homme passe de l’Image que Dieu a de lui (sa configuration à Lui) à Sa Ressemblance ; Or, il n’y a que Dieu qui puisse ressembler à Dieu! Saint Paul : « Je peux toutes choses avec Dieu qui me fortifie ». Saint Jean : « Vous pouvez avoir une foi à déplacer les montagnes ; sans l’Amour de Dieu vous ne faites rien ! ». C’est l’Amour qui donne aux actes le sens de la vie, de leur au-delà…Quand la raison ne peut aller plus loin, c’est la force de la foi qui amène la volonté à prendre son essor au-dessus d’elle.

A l’écoute et à la vision de la Lumière essentielle, l’homme quitte la lumière apparente pour recouvrer la lumière naturelle de la grâce. Il renonce à sa nature ordinaire pour retrouver sa nature divine originelle pénétrée de sa nature essentielle, sa surnature. «  Celui qui s’attachera à sa vie la perdra ; et celui qui renoncera à sa vie la gagnera pour la vie éternelle » dit le Christ aux Apôtres. Isaïe : « C’est Dieu qui opère toutes nos œuvres ! »La vocation de l’homme à Dieu n’est que reconnaissance de Sa Grâce qui consiste à Lui rendre gloire. Dans la hauteur de Dieu se résorbent la bassesse et la petitesse de toutes les créatures. Ce qui est cher à Dieu c’est l’Unité. L’unité révèle la force ; la dualité la faiblesse. La faiblesse entraîne inexorablement vers la mort ; l’amour élève l’âme à la vie éternelle. La pureté et la simplicité de la vie, dès cette vie sur terre, témoignent de la divinisation et de la déification de l’âme et de l’esprit de l’Homme, de son image et de sa ressemblance. Saint Paul : «  Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme ? C’est pour que l’Homme devienne dieu » ; « Par l’amour vous êtes des dieux auprès de Dieu ». C’est la mort spirituelle (le détachement) qui fait accéder l’homme à la vie éternelle dès cette vie sur terre. Le Baptême est le commencement de sa résurrection…L’homme de désir est converti à l’Homme du Désir (de Dieu). Il redevient tel que Dieu le veut pour participation à Son Grand Œuvre, de genèse et de création infinies et éternelles…de ce qui est, qui était et qui vient !

LES QUATRE MORTS

LES   QUATRE  MORTS

 

 

Si la mort physique est la destinée de chacun sur terre, à plus ou moins long terme, l’âme et l’esprit sont voués à d’autres morts selon le degré de conscience de l’être…

La mort physique appartient à la nature même de l’être, qu’elle soit minérale, végétale, animale ou humaine, selon la théorie de l’impermanence des choses, la théorie de l’évolution, de l’éphémère de la manifestation ; comme le soulignent les Bouddhistes : « Naître c’est commencer à mourir ! »

On pourrait, dès lors, pousser le raisonnement inverse que: mourir c’est commencer à vivre !

En fait, la justesse de la réflexion, ne peut se réaliser qu’en terme de dynamique, d’ « énergies », de potentialités de passage d’une porte qui ouvrirait sur le manifesté ; et d’une autre porte qui ouvrirait sur le non- manifesté. Une, qui nous mènerait dans la manifestation ; l’autre, au-delà de la manifestation.L’une qui nous tournerait vers l’extérieur ; l’autre vers l’intérieur. L’une qui demande la vue avec des yeux de chair ; l’autre qui exige la vision du cœur.Le besoin de voir s’efface devant la  grâce de la vision du cœur : « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu !»

 

Accueillir la Mort comme un principe et non comme un simple état de fait, c’est comme accueillir un enfant lors de sa venue sur terre et le voir se transformer de jour en jour. Et si la marche du corps matériel (du corps manifesté) se fait dans l’horizontalité ; la marche du corps spirituel, s’effectue dans la verticalité.

Au-delà de toute croyance ou incroyance, fruits de la pensée humaine, qu’il est doux d’écouter avec le cœur la Parole du Christ affirmant que : « Maintenant tout se passe sur la Terre comme au Ciel » ; que  l’Unité (divine-universelle) triomphe toujours de la dualité (terrestre- humaine) !

« Je suis le Chemin- la Vérité- et la Vie » dit le Christ : l’Amour a vaincu la mort.

Ainsi, il est difficile de séparer, lors de la mort d’un proche, ce qui tient à l’accompagnement du mourant, de ce qu’il nous amène à vivre ; tant sa présence se fait de plus en plus pressante dans notre cœur !

 

Au delà du principe universel de la mort physique, dans lequel nous pouvons tous nous retrouver, le paradoxe de la Mort c’est d’offrir aux hommes 4 possibilités de vivre : Une vie strictement matérielle, conditionnée par sa relativité au fait.

           Une vie purement spirituelle, définie par le seul désir d’établir l’unité avec ses semblables.

           Une vie qui engloberait une partie de chacune de ces deux formes de vie terrestre.

           Une vie essentielle, consacrée à la prière de l’Au-delà, par la méditation, pour le bien de toute l’humanité.

 

La Mort comme la Vie mène à des transformations que les bouddhistes appellent « Bardos » : avant la mort- au moment de la mort- après la mort. Elle est comme l’enfant qui se transforme et nous transforme, pour nous transporter dans l’Univers de la Présence : un Au-delà de ce qui apparaît encore quelquefois, pour ceux qui n’ont pas reçu encore la Grâce de l’élévation, comme une absence.L’élévation ne se faisant en effet qu’au cœur de l’être, dans un coeur-à-coeur avec l’Autre. « Qui s’élèvera sera abaissé ; qui s ‘abaissera sera élevé ! ». L’absence de fait, devient présence au cœur de  l’être.

La seule vue de la chair, abaisse la conscience de l’homme ; la vision du cœur, l’élève…

 

 LA MORT MATERIELLE

 C’est la perte de l’âme et de l’esprit, par l’intellect et ses discussions stériles, la rationalité d’une vie relative au fait, esclave du fait ( du Satan).C’est le désir de biens matériels, de plaisirs, de désirs compensatoires de vides, de manques, d’absences, dans sa relation à soi, dans sa relation à l’autre. C’est la fuite du temps personnel, conjugal, familial, dans la profession de la quête du pouvoir intellectuel, social,économique, politique, religieux…etc.C’est  le mode d’existence de « l’enfant de l’homme ».

N’ayant plus la connaissance des valeurs morales, sous-tendues par les valeurs spirituelles, l’insouciant, l’inconscient, ne fait que courir après son besoin de reconnaissance.C’est l’homme extérieur qui court à sa ruine et précipite, par là, le monde en enfer. « On court précipitamment et on tombe dans les filets, les fosses, les pièges à la manière des animaux sauvages ; nul ne peut échapper »Livre de la Sagesse de Confucius.

« L’homme extérieur court à sa ruine. L’homme intérieur se renouvelle sans cesse. Or nous ne sommes pas, nous, de ceux qui abandonnent et vont à leur perte, mais de ceux qui ont la foi et sauvegardent leur âme ». Lettre aux Hébreux(10), Saint Paul.

La mort matérielle symbolise « la chute de l’homme en enfer » par sa volonté égotique de servir ses intérêts. Elle est la cause constante de la tristesse de ce monde qui s’égare à la recherche de biens existentiels, sans se préoccuper de la sagesse  des anciens et de la jouissance d’un cœur rempli d’amour…

 

La mort matérielle est responsable de la plupart des morts physiques : la mort due à la folie meurtrière des hommes- la mort obligée ou subie des fatalités-la mort libératrice des douleurs morales ou physiques.

               

                        -La mort due à la folie meurtrière : Depuis des générations, pour ne pas dire depuis toujours, l’homme qui a perdu la volonté du culte de la vie, a le culte de la mort…Né lui-même dans un monde de plus en plus mortifère, ses enfants ont de plus en plus en plus le culte de la mort : leur ego s’empare du pouvoir eux-mêmes de mourir et de tuer ce monde au lieu d’être tué par lui. Les morts personnelles (les absences de père et de mère), entraînent les morts conjugales, familiales, sociales, culturelles, économiques…etc, plongeant l’enfant, dès sa naissance, dans un monde mortifère.La médiatisation à outrance de la mort détourne de plus en plus les humains, dès leur plus jeune âge, de la médiation de leur cœur. Ils peuvent de moins en moins, au fil des générations successives, passer la « Porte des hommes » : celle de leur intériorité. Le formatage collectif, au nom d’un principe d’égalité, empêche le développement de la personnalité même de l’enfant, de la personne qu’il est censé devenir ! Il n’a plus de propre vie ; de vie « propre », pure, simple, véritable…La culture de la « res publica », de la chose publique, ne lui permet plus de se plonger dans les eaux du Baptême, de la libération, de la purification, de la simplification de sa vie.Tout est de plus en plus dur pour lui, impossible, infernal. Les générations qui ont précédé sa venue sur terre ont continué à faire le choix de la mort ; Que la mort, en effet, est généreuse : elle nous évite d’écouter, de voir, de comprendre, pour être, dire ou faire. Qu’il est doux et agréable, sur le moment, de se contenter d’exister sans vivre, sans bouger, changer, évoluer, progresser, en attendant je ne sais quoi, sinon la fatalité !

L’homme moderne depuis son plus jeune-âge joue, tellement, virtuellement, à tuer l’autre, qu’il finit par ne plus «  vivre » que pour le tuer réellement.

Le degré grandissant de l’insouciance, de l’inconscience , de l’incapacité à aimer leur propre vie, fait, des parents « des animaux privés de raison » disait Maître Eckhart au Moyen-âge, et de leurs enfants des monstres  au service de la violence !

C’est par le retour aux valeurs spirituelles de la religion, que les hommes redeviendront de véritables hommes avec des valeurs morales qui recréeront des valeurs familiales, sociales, universelles de sagesse et d ‘amour.

« Le malheur pour l’homme c’est son inculture » dit Platon. Le malheur, encore plus grand, tient au fait que l’intellect de l’homme, son ego, s’est emparé du pouvoir de la culture au détriment de l’esprit.

Mais le drame essentiel de l’humanité c’est son ignorance des Commandements de Dieu, et par voie de conséquences de leur vécu. Cela tient au fait que dans un monde matériel , les seuls dieux sont l’argent et le sexe. Un monde qui voudrait nous faire croire qu’il n’y a plus de place pour le salut de l’âme ou l’amour de son prochain…

 La laïcité de nos différentes républiques est venue proposée un nivellement des valeurs dans un totalitarisme égalitaire strictement horizontal, autrement dit complètement mortifère.La laïcité n’étant que le laïcat (l’ horizontalité comme la verticalité, l’horizontalité et la verticalité) amputé de la spiritualité. C’est le monde de la science (le savoir intellectuel) sans la connaissance (fruit de l’élévation de la conscience).C’est le monde de la division, de la séparation, de la dualité, génératrices des guerres idéologiques, engendré par le reniement de la spiritualité des hommes dans le combat à mener pour « le vivre ensemble ». La religion c’est ce qui relie ; il n’y a donc pas de guerres de religions, comme les commentateurs de l’existence continuent à l’affirmer . Ce n’est pas la religion qui fait peur aux hommes ; ce ne sont pas des hommes qui vivent en eux, avec eux, pour eux, comme avec l’autre, pour l’autre, qui peuvent contribuer à la destruction de ce monde ! Ce sont les hommes de la religiosité, du sentiment religieux, qui s’accaparent le pouvoir « religieux » et entraînent des guerres qui ne servent toujours qu’au profit de quelques uns aux détriments de tous les autres.

Le combat de l’être religieux ? Il est intérieur. « Point de salut sans combat dans son intériorité » dit Saint Augustin.Il n’est pas d’aller faire la guerre ; ou de riposter à la guerre par la guerre. «  Cessons de tourner en rond autour du fait prenons le rayon qui nous ramène au centre » dit Plotin. « Là où il y a de la haine, de la colère, de l’agressivité, il faut mettre de la paix, de la sagesse, de l’amour ». « L’amour est fort comme la mort » : comme la mort nous coupe de la vie, l’amour nous coupe de la mort . Cantique des cantiques, ch 8.

Tant que l’homme ne combattra pas intérieurement son ego, il n’aura pas l’humilité, la simplicité, pour vivre dans l’amour et le respect de l’un comme de l’autre.

Dans l’horizontalité de l’existence, tout est prétexte pour la division, la séparation, la dualité ; dans la verticalité de l’esprit, tout fait est matière à un écoute nouvelle, une vision nouvelle, pour transcender le fait (la libération, la purification) et recevoir la Lumière pour créer une vie meilleure, un monde meilleur…

 

                                   – La mort obligée (ou subie) : Dans une vie de servitude, d’esclavage du monde moderne ; dans une vie toujours relative au fait, en fuite dans des terres extérieures à la recherche de systèmes compensatoires aux vides, manques, absence de lui en lui, absences d’écoute, de vision de ce qui est juste et bon , l’homme fait inconsciemment le choix du fait par rapport à son propre fait. Il se vide « de sa substantifique moelle » disait Rabelais, de sa capacité à vivre en lui. Sa vie est faite d’obligations, de contraintes, de goûts, d’envie, de besoins, égotiques qui le mènent au mal, au mal-être, à la maladie et assurément à la mort ! C’est la victimologie de l’homme de son propre négatif. C’est le culte du fait qui nous fait faire le choix inconscient de la fatalité. C’est la mort obligée avant l’heure…c’est la conséquence de tout ce qui nous arrive,maladies, accidents, drames, catastrophes. « En ce qui concerne les actes dont nous ne sommes apparemment responsables : les calamités naturelles, les tourments occasionnés par autrui, les maladies, les accidents ; ces faits ne sont dus ni au hasard, ni à une volonté divine, ni à une prédestination inéluctable. Elles sont la conséquence de nos propres actions : des flèches que nous avons tirées et qui reviennent sur nous ». «  Il n’y a pas de bien ni de mal, il n’y a que le bien et le mal que nos pensées et nos actes engendrent ; nous sommes responsables de nos vies comme l’architecte, l’intention, et le maçon, l ‘acte, répondent de la qualité d’une maison ! » dit Matthieu Ricard, moine tibétain. Pour cette raison les bouddhistes nous disent que «  passer du sommeil à l’éveil, c’est veiller à toujours être dans l’esprit, pour ne pas tomber dans le jeu du fait. »

                           

                           -La  mort libératrice : c’est la mort qui vient libérer le corps psychique ou physique de douleurs devenues insupportables pour le commun des mortels. Ces douleurs reflétant elles-mêmes toutes les autres douleurs : mentales, morales,affectives, comportementales, conjugales, familiales, sociales, matérielles, professionnelles…etc.L’accumulation de tous les maux rend parfois la douleur  tellement atroce qu’ elle amène au désir de la mort tant de la part du mourant, qui attend la mort comme une délivrance, que de la part des accompagnants qui ne peuvent plus supporter la déchéance de l’humanité de l’être cher. Cette seule constatation du fait, pose la question récurrente de l’euthanasie, pour tous ceux qui n’ont pas la symbolique de la vie, qui confondent toujours existence et vie ; et qui ont perdu, depuis des générations, la notion de l’âme et de l’esprit.

C’est ce sens de la vie, qui  a permis la mise en place de soins palliatifs, pour rendre le passage de la vie terrestre à la mort, le plus « confortable »possible. Ils excluent complètement le maintien artificiellement en vie, par une « machination » de prouesses technologiques, d’un être cliniquement mort !

La mort imminente, ou réelle, met le praticien à l’épreuve de sa volonté, de son courage, de sa force, de son autorité, dans l’aide si nécessaire à apporter aux proches. C’est sa connaissance de la vie, son combat quotidien pour la préserver le mieux possible, le plus longtemps possible, qui lui procure la force de sa vocation à la vie de l’autre ; et à ceux qui l’entourent.Devant la mort, encore plus que face à la maladie, le docteur fait place au médecin qui remédie aux maux de l’âme et de l’esprit…

Mais le médecin d’aujourd’hui, dans son vrai rôle préventif, devrait, pour cela, redevenir le prêtre qu ‘il était autrefois ! « Prêtre au sens de guide et de maître, et non pas, d’arbitre de la morale » dit A. de Souzenelle, dans le symbolisme du corps humain. Et, « c’est par l’effet d’un véritable renversement de la vapeur qu’il aurait, tout d’abord opéré en lui-même, que ce maître pourrait amener l’autre à stopper son processus d’involution et le mettre ensuite sur un chemin d’évolution. Toute autre médecine laisse l’homme dans une impasse, ou sur un palier nécessaire pendant un temps, mais qui de toute manière appelle toujours un autre palier. »

Pour cette raison, «  l’être spirituel est le médecin de sa vie, et celui qui est en capacité d’opérer la rupture, n’a plus besoin d’être opéré ». Cette rupture n’étant rien d’autre que le passage du besoin à la nécessité. Il ne s ‘effectue qu’avec l’aide d’un guide, d’un maître, dont la présence n’a pour but que de nous amener à cette dimension en nous-même. La présence du maître n’étant là que pour nous sauver d’un ego qui condamne la vie en nous comme autour ; la force de l’ego est de nous en nous amener à penser ou à croire, ou à nous penser ou à nous croire, parce que l’on n’est pas !

« Le Maître est un compagnon, un garde-fou ; car l’ego est tellement puissant qu’il peut nous égarer à chaque instant et celui qui a la prétention de cheminer seul à toutes les chances de se perdre ! »dit Khaled Bentounès , Maître soufi. Le maître est l’accompagnant de la vie pour la Vie :de la vie qui précède la mort ; de la vie du défunt après la mort ; de la vie de tous ces proches…Ces trois temps sont les trois « bardos » des bouddhistes : le temps avant la mort- le temps de la mort-le temps après la mort. « A côté des dépouilles mortelles se tiennent toujours des dépouilles vivantes » dit Sogyal Rinpoché, dans le Livre tibétain de  la vie et de la mort. Dépouillé de l’écoute et de la vision de la sagesse et de l’amour, l’homme existe mais ne vit pas. Il n’est plus le maître de la création, tel qu’il a été créé dans le Livre de la Genèse, il est devenu esclave de la matière… 

 

La mort matérielle concerne « l’enfant de l’homme ».

 

 LA  MORT  SPIRITUELLE

 « Qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car  déjà il passe de la mort à la vie…L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix : alors ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre ; ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés. » Jean 5, 17-30

 » Amen, Amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » Jean 12, 24-26

« Il faut mourir au fait, pour  ne pas mourir dans le fait… »disent les théologiens. Il faut mourir au fait, signifie le détachement du fait : le non-besoin que dans le fait les choses se passent de telle manière qu’elles satisfassent notre ego, notre besoin.

« L’esprit perd sa liberté et gémit sous un lourd fardeau, toutes les fois qu’il se charge des choses terrestres et fragiles. N’est-ce-pas là en effet un lourd fardeau qui rend l’esprit aveugle et débile, qui lui enlève toute sa force et toute sa vertu ? Qu’il y renonce donc, qu’il rejette bien de lui tout fardeau terrestre, s’il veut être noble et libre, car seule la pauvreté est libre de tout. Seule, par conséquent ,elle est la véritable grandeur de l’âme ; seule, la vraie liberté.

Cette liberté est un complet détachement, un entier dépouillement de tout:elle s’étend jusqu’à l’éternité. Sans doute, l’être qui ne dépend de rien, qui n’a besoin de rien, est propre à Dieu et à Dieu seul ; c’est pourquoi la pauvreté est est une qualité de l’être et non de la créature ordinaire.Voilà pourquoi c’est aussi une vraie liberté.Un esprit libre a renoncé à tout ce qui est périssable et créé, il est entré dans le bien incréé qui est Dieu Lui-même ! ( Le livre de la pauvreté spirituelle de Jean Tauler)

La mort spirituelle est le temps de la méditation des « orientaux », de ceux qui réorientent leur vie vers leur cœur. Il consiste à ramener l’esprit en lui-même, à porter une attention particulière, princeps à sa vie intérieure. La méditation est un état de calme, vigilant et spacieux.

La pratique de l’attention, grâce à laquelle nous ramenons en lui-même l’esprit dispersé et rassemblons ainsi les différents aspects de notre être, est appelée « demeurer paisiblement » par les bouddhistes. Cette pratique permet d’accomplir trois choses : -Premièrement, les divers aspects fragmentés de nous-mêmes, qui étaient en conflit, déposent leurs armes, se dissolvent et s’harmonisent. L’être intérieur commence alors à apercevoir la splendeur de sa nature fondamentale.

                      -Deuxièmement, la pratique de l’attention désamorce notre négativité, notre agressivité et la turbulence de nos émotions, héritées directement de notre manque d’initiation et des nombreuses vies qui ont précédées la notre. Plutôt que de les refouler ou de nous y complaire, il importe ici d’en reprendre le pouvoir, la maîtrise, avec une sympathie, une générosité et une reconnaissance aussi ouvertes et vastes que possible.  Tout malheur est bon quand on sait l’interpréter. La bonne interprétation est celle de la vie qui s’offre à partir du fait dans l’au-delà du fait ; du fait qui n’est plus subi mais transcendé. « Cette générosité est si chaleureuse, si douce et si agréable qu’on se sent enveloppé et protégé par elle comme par un manteau de soleil » disent les maîtres tibétains.

                       -Troisièmement, cette pratique dissout et élimine en nous le mal et la dureté, dévoilant et révélant ainsi notre Bon Coeur fondamental. Alors seulement commencerons- nous à être utile à autrui. Nous aurons quitter notre «  tunique de peau », l’apparent, le futile, pour revêtir l’essentiel : le Christ. L’essentiel, l’utile c’est l’Amour. «  En supprimant graduellement en nous toute dureté et agressivité grâce à la pratique de l’action, nous permettrons à notre Bon Cœur authentique, à cette Bonté fondamentale- notre vraie nature- de resplendir et de créer l’environnement chaleureux au sein duquel s’épanouira la vie de tout être véritable »dit Sogyal Rinpoché. La méditation est une cause puissante d’éveil de soi-même pour autrui! En effet, l’esprit ordinaire ne reçoit que des apparences d’intensité et de profondeur très différentes de la nature de l’esprit.

 Le travail de libération de notre vie de son conditionnement au fait, lui permet de passer la porte des hommes, celle de l’intériorité, et quitter la terre d’exil, de la servitude, pour rentrer dans celle de la maîtrise. C’est le passage de l’insouciance, de l’inconscience, de l’incapacité, de l’irresponsabilité, à la volonté, le courage, la force, le pouvoir de prendre de plus en plus, de mieux en mieux, toutes ses responsabilités.

« Laissez venir à moi les petits enfants » dit le Christ. L’enfant plongé dans les eaux du Baptême, passe de la mort à la vie, par la libération et la purification (l’eau, la vie) de son âme et de son esprit, du péché originel, la tentation de l’extériorité qui entraîne sa chute. « Si,par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi,comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. »Romains 6,4. Grâce au Baptême, la Résurrection apparaît, dès cette vie sur terre, dans le « Ici et Maintenant » du Christ, comme la possibilité de revivre en soi, selon Sa Parole : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». L’intériorité de l’homme est la transcendance de son humanité.

C’est le temps de la Passion du Christ, du redressement de l’homme, de son passage de l’horizontalité à la verticalité, de son retour à la conscience, de son élévation spirituelle (sa croissance) qui définit le « lèves-toi et marches » du Christ au paralytique. L’homme responsable est un homme debout et en marche, qui chaque jour, franchit de nouvelles étapes dans sa vie, dans sa relation à lui comme à l’autre. Il réoriente sa vie par une marche libératrice vers son cœur, l’ « orient » de sa vie. C’est une résurrection, une capacité retrouvée à vivre en lui, avec lui, pour lui ; « charité bien ordonnée commence par soi-même! » ; C’est « l’Ordo ab Chao »:l’ordre intérieur dégagé du désordre extérieur. Chaque détachement d’un fait, est une mort et résurrection. Ces morts et résurrections successives transforment l’homme pour que le monde se transforme autour de lui !

La mort spirituelle est une libération croissante  qui mène l’Homme à l’unité de la vie en lui, avec lui, pour lui, en vue de s’unir de plus en plus, de mieux en mieux, au monde.C’est le retour au Vivant (à l’être qui vit « en »lui). « L’homme ordinaire est en vie. Seul le sage est vivant » ; dit Sénèque dans la vie heureuse.

La mort spirituelle est le Chemin de la Sagesse ; c’est la mort initiatique qui ramène l’Homme au Christ (au cœur de lui-même) ; c’est la mort symbolique, qui redonne du sens à la vie par le détachement du fait. C’est l’Exode du peuple juif : du peuple qui quitte la Terre d’exil (l’extériorité) pour la Terre sainte (l’intériorité).Elle libère l’homme des goûts, des envies, des besoins,des illusions, des sentiments, des concepts intellectuels, de son ego, pour vivre le sens de la nécessité du devoir (des deux voirs)…

« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »Jean 3, 35-36.

« Écoutes Israël ! Quand donc écouteras -tu ma Parole avec ton cœur ? Sans quoi il n’y aura sur cette terre que pleurs et grincements de dents » Deut, 8.

 

« Tout au long de l’histoire, les saints et les mystiques ont paré leurs réalisations de  noms divers et leur ont donné des visages et des interprétations variés ; mais fondamentalement, leur expérience est celle de la nature essentielle de l’esprit. Les chrétiens et les juifs l’appellent « Dieu », les hindous « le Soi », « Shiva », « Brahman », « Vishnou » ; les mystiques soufis la nomment « l’Essence cachée » et les bouddhistes « la Nature de Bouddha ». Au cœur de toutes les religions se trouve la certitude qu’il existe une Vérité fondamentale, et que cette vie, ici et maintenant, offre une opportunité sacrée d ‘évoluer et de la réaliser ». (Sogyal Rinpoché)

Le mystère de la foi dès lors s’accomplit…

 

La mort spirituelle concerne «  l’enfant de Dieu ».

 

LA   MORT  DIVINE

 » Ceux qui veulent connaitre la perfection du bonheur (il n’y a pas de bonheur sans perfectionnement) et la beauté qui est cachée aux yeux des hommes, doivent cultiver cette qualité de l’amour : vous devez être détaché de tout et cependant tout aimer  »  dit Krishnamurti.

C’est la mort ontologique, génératrice et créatrice de vie. A l’écoute de Saint Paul nous disant : « ce n’est pas moi qui vit ; c’est le Christ qui vit en moi », l’Homme qui vit en christ reçoit la vision du Christ vivant et ressuscité d’entre les morts.

« Nous nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères ». (1 Jean 3-11)

L’Homme ne rencontre l’Amour Infini et Éternel de Dieu qu’en plongeant  dans l’abîme insondable de son être qui le mène à son cœur. « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-mêmes, pour porter ma croix dans le monde » dit le Christ aux Apôtres. La croix du Christ symbolise la verticalité de l’être ; l’esprit de l’homme tourné vers le Ciel (l’Esprit) et non vers la Terre (la Matière) . La vocation divine, c’est la voix de l’action qui participe à la création d’une vie meilleure, d’un monde meilleur. « Au lieu de chercher à plaire aux hommes, vous feriez mieux de chercher à plaire à Dieu ! » dit le Christ. « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et l’argent ». « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des Cieux est à eux! ». Pour cette raison et toute autre, le Seul et Véritable Maître c’est le Christ ! Car, « nul ne pourra retourner au Père sans passer par moi », dit Jésus. Ce qui plaît à Dieu c’est l’unité. C’est l’unité de la vie en soi comme en l’autre qui constitue le corps mystique du Christ dont Il est la tête. Cette unité de vie est le fruit de l’Amour de Dieu établi selon Ses Commandements : « Tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force ; et, tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

« Ce qui fait que Dieu est Dieu cela repose sur son détachement impassible : de là, sa pureté, sa simplicité, son immutabilité. Si donc l’homme doit devenir semblable à Dieu, cela ne peut être que par le détachement : de là, sa pureté, sa simplicité, son immutabilité. Et ces qualités produisent une ressemblance entre Dieu et l’Homme. Cette ressemblance est produite par la Grâce, qui ne fait qu’élever l’Homme au- dessus du temporel  et le purifie de tout ce qui est passager. » dit Maître Eckhart.

Ce détachement impassible est la mort divine qui rend l’incarnation du Verbe possible. « Pourquoi Dieu s’incarne en l’Homme ? C’est pour que l’Homme devienne dieu. L’Amour manifesté en l’Homme, à travers l’Homme,est la divinité de l’Homme. C’est le pur amour, l’amour désintéressé de l’Homme pour l’homme… C’est le cœur pur, Marie, la Matrice de Feu de l’arbre des Séphiroths des Hébreux (l’Arbre de la Sagesse de l’Homme : son arbre de vie).

La mort divine c’est la vie de la symbolique opérative : celle de la Bonne Nouvelle ; celle qui consiste à l’écoute nouvelle, la vision nouvelle, pour une vie sans cesse renouvelée. « Celui qui vient à moi, n’aura plus jamais faim ni jamais soif, car il sera devenu lui-même la source d’eau vive et éternelle ». A l’écoute de la Parole, il devient le « Bon Samaritain ». C’est le passage de l’avoir à l’être…

L’amour est une grâce : c’est la Miséricorde de Dieu. « Même si  le méditant abandonne la  méditation, la méditation n’abandonne pas le méditant. »dit Dudjom Rinpoché. La méditation, la prière, ne sont pas stagnations mais actions à la source de l’action. « Celui qui se dénude de soi-même et de Dieu, est dégagé de tout agir. Alors Dieu agit Lui-même en lui, libre qu’Il est d’agir »dit Jean Tauler.

La mort divine est celle de la Transfiguration : « Croyez-moi : je suis dans le Père , et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles -mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom,moi, je le ferai. »Jean, 14.

Les «  parfaits »  sont ceux qui cherchent sans cesse la perfection : plaire à Dieu ! Car, « comment voulez-vous aimer Dieu que vous ne voyez pas, si vous n’aimez pas l’autre que vous voyez ? » dit Saint Paul.

La vie est respiration : inspiration et expiration. La mort survient quand l’inspiration ne fait plus suite à l’expiration ; quand l’expir, l ‘amour des hommes, ne reçoit plus l’inspir, la lumière de l’esprit.

 

La  mort divine  concerne « le fils de l’Homme ».  

 

LA  MORT  ESSENTIELLE

C’est la mort mystique de l’homme qui vit éternellement en christ…

Apocalypse14,13 : J’ai entendu une voix qui venait du Ciel. Elle disait :Écris : Heureux dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur. Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent ! » C’est la Grâce de l’Esprit Saint qui sauve le monde !

« Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là  qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.Quand paraîtra le christ, votre Vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire ». Lettre de Saint Paul apôtre aux Colossiens3, 1-4.

« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé !»L’orgueil de l’homme depuis la Genèse entraîne sa chute.Son humilité (sa pauvreté)permet son élévation. Le mystère de Dieu s’accomplit dans le cœur du fidèle qui a su faire taire son ego dans son retournement au Père. « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des Cieux est à eux »dit le texte des Béatitudes. L’âme de l’Homme parvenu au tréfonds de son être, est élevée par la main de Dieu à des champs de conscience dont il ne peut avoir conscience, car « comme Dieu est constitué ,l’âme l’est aussi ; car ci elle ne l’était pas , elle ne pourrait pas devenir Dieu, ni par la Grâce ni au-dessus de toute grâce. Et pourtant  l’âme doit devenir plus grande encore, à l’image de l’Amour divin »dit Maître Eckhart. C’est le Temps de la Contemplation où le cœur de l’Homme devient le Temple de l’Homme et le Temple de Dieu.

La mort essentielle, c’est la vie de l’Homme couronnée de la Sagesse et de l’Intelligence de Dieu.C’est l’esprit de l’Homme tourné vers le Ciel, à la quête du Sens qui vient du Ciel. « Demandez on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira !» Ev de Matthieu. La mort essentielle est le passage de l’être individuel à l’être personnel :celui qui prend conscience qu’il n’est personne sans l’Autre ; et que s’il n’est personne pour l’autre, c’est qu’il n’est encore personne pour lui. C’est celui qui sait Maintenant qu’il n’est personne sans les trois Personnes : le Père, le Fils  et le Saint Esprit.

La mort essentielle est la Matrice du crâne de l’Arbre des séphiroths des Hébreux : le Christ ressuscité et vivant au cœur de l’apôtre.C’est le prisme qui donne à la vie de l’homme la Seule et Véritable Lumière…

« Ne laisse jamais nos vies tout au long du jour manquer à la Lumière ; recharge-les du poids d’amour qui les entraînent vers le Père » demandent les apôtres au Christ.

La mort essentielle est la mort salvatrice qui ouvre les portes de la vie éternelle.

« Les dons que le Christ a faits, ce sont les Apôtres et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le Corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la Foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans Sa plénitude. » Éphésiens, 4.

« Même parmi ceux qui obtiennent une naissance humaine, rares sont ceux qui ont la bonne fortune d’entrer en contact avec les enseignements. Et ceux qui prennent véritablement ces enseignements à cœur et les concrétisent par leurs actes sont encore plus rares ; aussi rares, en vérité, que des étoiles en plein jour »dit Sogyal Rinpoché.

« Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec Lui dans la gloire. » Colossiens 3, 1-4  La mort essentielle est le retour auprès du Dieu Vivant … 

 » C’est en vous séparant et vous délivrant de toutes choses, en dérobant entièrement et sans réserve votre esprit à vous-même et à tout le reste que vous monterez vers le rayon suressentiel des divines ténèbres « . Jean Tauler ( Le Livre de la pauvreté spirituelle ). C’est la  » nuit mystique  » signifiée par Saint Jean de la croix.                                                                                                                                                                                                                              

 La mort essentielle concerne « le fils de Dieu ».

 

 

Les différentes morts symboliques sont autant de portes de passage à de nouveaux champs de conscience qui changent le cours de la vie des hommes sauvés par le Pardon du Père accordé au Fils sur la croix disant : « pardonnes leur Seigneur… ils ne savent pas ce qu’ils font! ».

Il faut mourir à son ego pour renaître à la vraie vie : passer de la mortification à l’ombre du fait, à la vie éternelle;de la faillite de l’être matériel, à la richesse de l’être spirituel ;de la complexité de la dualité, à la simplicité de l’unité ; du sommeil, à l’éveil de la conscience par la découverte de la symbolique ; du sentiment, à l’amour;de la sensibilité, à l’intelligence du cœur ;de l’inconscience animale, à la connaissance réelle de la nature de l’esprit ; de la chute dans les ténèbres, à l’élévation à la Conscience Suprême…

 Les bases de cet entraînement constituent ce que l’on appelle « les trois outils de la sagesse »:la sagesse de l’écoute et de l’entente, la sagesse de la contemplation et de la réflexion, et la sagesse de la méditation.Grâce à ces outils, nous sommes amenés à nous éveiller de nouveau à notre vraie nature et à découvrir, puis à personnifier, la joie et la liberté de notre être véritable – ce que nous appelons la sagesse du non-ego », dit Sogyal Rinpoché. Nous échapperons ainsi à la tragédie que constitue la chute continuelle dans l’illusion et le retour incessant dans la ronde douloureuse des naissances et des morts, des compensations et des décompensations. Cette vie représente la seule occasion et le seul lieu qui nous soient offerts pour nous préparer au salut de nos âmes, et nous ne pourrons le faire que par une pratique spirituelle assidue et fervente. « Nous devons vivre chaque jour comme si nous allions mourir demain »disent les bouddhistes. C’est la Méditation du Bouddha, la Sagesse de Confucius, l’Ésotérisme des maîtres soufis, l’Amour du Christ… qui donnent le sens de la vie sur terre : faire des mortels des vivants…

Quand l’homme redevient vivant, il rend le monde vivant et l’univers tout entier se rend vivant en son cœur : c’est une grâce de L’Esprit que de voir et de savoir que si les petits-enfants sont le fleuve, les enfants la rivière, les parents le torrent, les grands-parents le ruisseau, les arrières grands- parents la source, de la vie sur terre, et que cette source à son origine au ciel, car tout vient du Ciel, pour se jeter dans l’Océan infini de la vie. Les uns ne peuvent exister sans les autres : c’est l’interdépendance du monde essentiel et du monde phénoménal. Il ne s’agit donc pas , pour ceux que nous considérons comme disparus physiquement, de ne pas continuer à vivre…et de les voir vivants au cœur des vivants !  

 

En résumé, les trois morts sont des champs de conscience essentiels à la vie : « la mort spirituelle » est renaissance à la vraie vie, la vie intérieure, la vie en soi, avec soi, pour soi ; « la mort méditative » est accession à la vie spirituelle faite de partage et d’amour ; « la mort contemplative » est renaissance(résurrection) à la vie céleste, à l’élévation de la nature immortelle et infinie de l’esprit à la Conscience Suprême.

Blake écrit : « Si les portes de la perception étaient purifiées, toute chose apparaîtrait…telle qu’elle, infinie ».

 » Les processus de purification, aussi douloureux que nécessaires, traversent toute l’histoire; ils traversent la vie des hommes qui se sont donnés au Christ. Dans cette purification, le mystère de la mort et de la résurrection est toujours présent. Les hommes vont souvent trop loin dans leur quête d’expansion ; ce qui a trop poussé, à travers l’exaltation de l’homme, doit être, comme la vigne, émondé.  » De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus si vous ne demeurez pas en moi  » ( Jean 15, 1-8). C’est seulement à travers ces processus de mort que la fécondité se préserve et se renouvelle « . Benoît XVI

Les eaux du Baptême, l’Initiation, régénèrent la vie de l’être humain, vouée autrement à la mort, à la dénaturation, à la chute en suivant l’instinct de son animalité. Par son intériorisation, par la reconstruction du temple de sa vie intérieure, l’homme retrouve sa nature divine originelle par l’Amour du Christ, il est racheté du péché originel et élevé à la conscience de sa surnature essentielle.  » Il est vrai qu’avec le temps et petit à petit, on peut arriver à n’avoir plus besoin de mourir au péché, en ce sens qu’on aura pu atteindre un tel degré de perfection que les créatures et les hommes ne trouveront plus rien à mortifier ; on se sera tellement détaché  de soi-même  et de tout  ce qui est créé que tout sera devenu, selon l’expression de Saint Paul,  » ordure et balayure de la rue « . Mais encore faut-il convenir que cette mort multiple et variée est tellement secrète et cachée que les hommes ne peuvent en juger. Toutefois, ce qui est certain et ce qu’on ne doit pas oublier, c’est que jamais en ce monde l’homme n’arrive à un tel état de mort spirituelle, à une telle perfection de vie que Dieu ne trouve quelque chose encore à mortifier en lui. Par conséquent, l’homme pauvre et détaché de tout se livrera bien à l’action mortifiante de Dieu, mais non à celle de la créature qui ne trouve plus rien à détruire en cette âme « . Jean Tauler

N’oublions pas que nous sommes des voyageurs du temps hors du temps. La vie sur terre n’est qu’une étape ; nos corps un refuge temporaire !

                        

VEILLEZ  ET  PRIEZ

Beaucoup sont enlevés par une mort soudaine et imprévue : Car le Fils de l’homme viendra à l’heure qu’on ne pense pas. Quand viendra cette dernière heure, vous commencerez à juger tout autrement de votre vie passée, et vous gémirez amèrement d’avoir été si négligent et si lâche.

Qu’heureux et sage  est celui qui s’efforce d’être tel dans la vie qu’il souhaite d’être trouvé à La mort ! Car rien ne donnera une si grande confiance de mourir heureusement, que le parfait mépris du monde, le désir ardent d’avancer dans la vertu, l’amour de la régularité, le travail de la pénitence, l’abnégation de soi-même et la constance à souffrir toutes sortes d’adversités pour l’amour de Jésus-Christ.

Etudiez-vous maintenant à vivre de telle sorte qu’à l’heure de la mort vous ayez plus sujet de vous réjouir que de craindre. Apprenez maintenant à mourir au monde afin de commencer alors à vivre avec Jésus Christ. Apprenez maintenant à tout mépriser, afin de pouvoir aller librement à Jésus Christ. Vivez sur la terre comme un voyageur et un étranger à qui les chose du monde ne sont rien. Conservez votre cœur libre et toujours élevé vers Dieu, parce que vous n’avez point ici-bas de demeure permanente.

Trop de vies donnent la mort ; alors qu’une seule mort suffit à donner toute la vie …

 

LA PRUDENCE

LA PRUDENCE

Les 4 vertus cardinales (Clémence – tempérance – Prudence – Force) figurent les quatre points du carré, qui est le symbole de la matière et dont le centre est la Justice (le 5).

Ces 5 vertus sont la quintessence de la vie sur terre. Elles portent en elles et donnent le sens de l’équilibre et de l’harmonie entre la vie intérieure et la vie extérieure, la Justice symbolisant le centre de cette vie intérieure.

Les vertus qui montrent la voie de l’intériorisation, le seul chemin menant à la Justice, sont la Clémence et la Tempérance. La Prudence et la Force sont l’expression, dans la Création, de la Justice.

L’homme n’est pas vertueux, il est rendu vertueux.

Toutes les vertus sont théologales. Elles viennent du Ciel, de Dieu qui en est la source. Le Théos, c’est à dire le verbe de Dieu, l’incarnation de l’Esprit de Dieu, se transforme dans la matière de l’homme en Logos, en parole vivante et en acte d’amour.

La Prudence appartient à la faculté appétitive et non cognitive. La faculté appétitive est la réponse à la saveur de la quête dans la relation à Dieu. La faculté appétitive fait référence au texte de l’Evangile de Jean 6 : « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ni jamais soif car il sera devenu lui-même la source d’eau vive et éternelle ». La faculté cognitive émane du besoin intellectuel. L’une ramène à la connaissance ; l’autre se rattache au besoin de savoir.

Saint Augustin : « La Prudence est un amour qui choisit avec sagacité ce qui lui est utile de ce qui lui fait obstacle ». « La Prudence est la connaissance des choses qu’il faut vouloir et des choses qu’il faut fuir ».

Le prudent, c’est le prude à ce qui ment : le chaste – le pur – l’humble. Son détachement lui procure la vision de l’au-delà en vue de l’action.

Le prudent est le maître qui signifie le choix de l’amour. Il incarne le Un fondateur, l’Image (l’Unité rétablie entre Dieu et l’homme), fondement de la Vraie Vie dans le monde (la Ressemblance). Le prudent est celui qui n’agit que par la Grâce de l’Amour de Dieu.

Saint Isidore : Le prudent est le « porro videns » (comme voyant loin). Le prudent est le clairvoyant ; il lui est donné la vision du lointain, de l’au-delà du fait.

Saint Augustin : « La Prudence est un amour discernant bien ce qui amène à tendre vers Dieu de ce qui peut l’en empêcher ».

La Prudence symbolise cette intention pure de communiquer, de vivre et partager la Vraie Vie.

Le prudent considère le devenir et non le présent.

La Prudence ne concerne pas le conseil dans la raison ni l’élection dans l’appétit : la Prudence n’est concernée ni par le goût ou l’envie, ni par le choix de la raison. La Prudence ne s’applique pas au fait ; elle est vision de l’au-delà du fait. La réussite de la Prudence ne consiste pas dans la simple considération mais dans la participation au Grand Œuvre de la Création. C’est la Prudence de Maître Hiram, dans le silence de sa mort, qui permet la construction du Temple de Salomon (du temple de la vie intérieure de chacun dans le secret de la relation à Dieu). Le Silence est le symbole du secret, de ce qui se crée dans la relation de l’homme à Dieu.

« Devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’Edifice » dit Jésus aux Apôtres. Le sens de cette pierre vivante est de se rendre vivante dans sa relation à l’autre. Le vivant est l’être universel qui vivant en lui, vit avec l’autre pour l’autre, en lui comme en l’autre, en l’autre comme en lui. Et là, la reconstruction du Temple de Salomon s’accomplit au regard de Dieu.

Maître Hiram est la Pierre Angulaire fondamentale de l’Edifice qu’est la Création de la Vie ; Jésus est la Pierre Angulaire Triomphale, et c’est une seule et même pierre. Maître Hiram, comme Jésus, est éternellement vivant, car étant mort au fait, il est mort à sa mort dans le fait.

Le prudent a une volonté propre car détachée de tout fait. C’est la Volonté de Dieu qui le rend prudent. Il n’est prudent que grâce à Dieu. Le prudent n’est ni dans l’avoir ni dans l’être ; il se positionne (se pose dans Sion) dans l’au-delà. Sa vision est verticale même si sa traduction peut apparaitre horizontalement.

Est-ce une « faculté appétitive » ou une « faculté cognitive » ?

Faculté appétitive : ce par quoi nous sommes nourris. Elle est déterminée par la réponse à l’Appel de la vie intérieure. Cela évoque la Manne du désert (Deutéronome). L’homme a écouté la Parole de Dieu qui le ramène à la Jérusalem terrestre de son cœur, parce-que l’homme initié prend conscience qu’il a déserté son cœur. Cette Manne du désert, c’est la Parole de Dieu qui suffit à nourrir, non plus son corps qui est dans le besoin d’avoir, mais son âme et son esprit pour qu’il soit ramené à la nécessité d’être. L’être matériel a toujours besoin de nourrir son corps sans que jamais cela soit suffisant. L’être spirituel est appelé à enrichir son âme et son esprit de la Parole de Dieu.

Faculté cognitive : ce qui émane de la conscience de l’homme (intellect inférieur) dans sa vision claire du monde. L’Intelligence Supérieure met l’être en relation avec la Conscience Supérieure ; c’est l’Être conscientisé, celui qui a reçu la Conscience, en vue de l’amour.

Le prudent est le pur, le chaste, le prude détaché de ce qui ment.

« Seulement dans la raison pratique, ou aussi dans la sagesse spéculative ? »

Prov (10,3) : « La prudence est sagesse pour l’homme ! »

Or la sagesse consiste principalement dans la contemplation. Donc de même la prudence. La contemplation se situe au cœur de l’Homme qui devient à la fois le temple de l’homme et le Temple de Dieu. Ces deux temples sont les deux sens de la relation de l’Homme à Dieu et de Dieu à l’Homme. Au cœur de l’Homme, il n’y a plus que le Sens qui se traduit en symbole, en reflet du Sens dans la création. Le Maçon spéculatif est celui qu’espère Dieu dans le reflet de Son Image. L’Image est la pureté de l’Homme. L’Image de Dieu c’est l’Image de l’Au-delà, c’est le Sens de l’Au-delà. L’Au-delà de l’Image, c’est la Ressemblance. La Ressemblance est le Sens de l’Image. Le Maçon spéculatif reflète le Sens. L’opératif signifie l’union de l’Esprit et de la Matière. Le Spéculatif signifie l’union de Dieu à l’Homme : Dieu s’unit à l’Homme et lui confère Son Image en vue de refléter Son Esprit. La Prudence s’occupe de la recherche du Vrai.

L’imprudent est dans le déterminisme de sa vie par le fait. Le prudent vit dans la ferme détermination, c’est-à-dire la ferme volonté à l’action. Le premier est passif, le second acteur.

Prov (23,4) : « Mets une mesure à ta prudence », ce qui veut dire « Sois prudent pour mesurer ! ».

A propos des vertus en général : « La vertu rend bon celui qui la reçoit, et bonne l’œuvre qu’il accomplit » (L’œuvre qui s’accomplit à travers lui, autrement dit la participation au Grand Œuvre).

L’art est ordonné à une fin particulière (guerre, médecine, …) alors que la prudence en mesure l’au-delà. La Parole des Proverbes n’est pas à entendre comme si la prudence devait être elle-même mesurée ; mais en ce sens qu’il faut toujours imposer à toute chose la mesure de la prudence. Seule la prudence permet de mesurer ! La justesse découle de la prudence : c’est la sagesse du juste.

La Prudence n’est pas une vertu particulière car elle n’a pas d’objet propre. Elle est la « droite raison de l’action » dit Aristote. La Prudence permet de mesurer le degré de l’action ; c’est donc une sagesse car elle s’établit dans le pour, et non pas une raison établie par rapport, d’où sa droiture. La « juste mesure » est la mesure (la Prudence) de l’application de la Justice. La Justice témoigne de la Prudence : elle en est l’application. Depuis la venue du Christ, la Justice s’applique grâce à l’Homme, l’homme parvenu au cœur de lui-même pour se rendre à la Justice. Rendu à la Justice, il lui est rendu la justice d’être juste : la capacité retrouvée d’être Juste, d’être capable d’œuvrer grâce à la Justice. Le Tempérant se rend à la Justice. La fin de la Tempérance est signifiée par la Prudence. L’Homme, c’est le tempérant parvenu à la Justice du cœur où il est rendu prudent. C’est le vivant en christ ressuscité, à la croisée des chemins de l’humain et du divin. La Justice appliquée au monde, c’est l’Amour (horizontalité). Et, dans sa relation à Dieu c’est la Force (verticalité).

Le sens de la Prudence est de permettre à l’Homme d’illuminer sans aveugler. Elle filtre et canalise la Lumière de la Justice. Le cœur de l’Homme est le diaphragme de l’Amour de Dieu en vue de la Justice. La Prudence n’est pas une vertu car elle ne ramène pas l’homme à Dieu. C’est une grâce divine en vue de l’amour dans l’Esprit de Dieu. La Tempérance – la Justice – la Force sont des vertus dans le sens qu’elles transforment l’Homme en Être tempérant, juste et fort par la grâce de la Prudence. Toute vertu émane de Dieu pour ramener l’homme à Dieu. C’est pourquoi la prudence est une qualité et non une vertu !

L’Espérance, la Foi et la Charité n’appartiennent qu’à Dieu : ce sont des attributs de Dieu. Les vertus sont données à l’homme en vue du don de l’Homme dans sa ressemblance à Dieu. La nudité de l’Homme tient à son dépouillement de Dieu. En revêtant l’armure du Christ, il retrouve la Puissance de l’Esprit qui l’unit à Dieu. Maître Eckhart : « L’homme arrivé au cœur de lui-même est par grâce ce que Dieu est par nature ».

Il n’y a donc pas de vertus morales et théologales : il n’y a que des attributs de Dieu reçus en grâce par l’Homme en union à Dieu.

La Prudence est donc une qualité appétitive (qui suscite la faim) pour un esprit de Justice épris de l’Amour de Dieu. La Prudence a pour Principe de rendre les vertus vivantes. La vision du cœur nous donne à voir ce qui est juste, car ce qui est juste c’est « Ce qui parle » (la Parole) au cœur de l’Homme, ce qui se révèle à manifester. La manifestation pour l’Elu c’est le manifeste (la Loi) dans l’action. L’Homme épris de Justice est celui qui oriente sa vie vers l’amour inconditionnel, selon la Loi : « Aimes ton prochain comme toi-même (comme toi-même tu es aimé de Dieu).

L’Homme qui reçoit la vision du cœur donne à voir ce qu’est le cœur ; et à travers lui ce que c’est que d’être vivant …

Selon la Parole du Christ : « Devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’édifice », la Maçonnerie est l’acte qui participe de cette construction  (et non pas à cette construction). L’homme vertueux est un homme construit et façonné par la Sagesse et l’Amour de Dieu. Et c’est cette construction qui participe à la construction d’une vie meilleure et d’un monde meilleur.

La reconstruction du temple de sa vie intérieure, sortie des décombres de sa déstructuration mentale, affective et comportementale par le monde sensible, ramène l’homme à la sainteté d’une vie purement spirituelle.

Un travail passionnant est un travail qui nous ramène à la Passion du Christ.

Pour le Christ, ne sont semblables, autrement dit frères, que ceux qui marchent ensemble vers leur cœur dans le seul but de rendre gloire à Dieu et de vivre selon Sa Ressemblance. Les « Semblables » sont ceux qui vivent en esprit. C’est le « Et » de la Vie Spirituelle par la grâce de l’Esprit Saint qui constitue l’ensemble, c’est-à-dire l’Edifice.

Au regard de Dieu, les semblables sont ceux qui sont en capacité d’être assemblés, et non pas de s’assembler. « Partout où vous vous réunirez en mon nom (la raison pour laquelle nous sommes assemblés), je serai parmi vous » Paroles du Christ.

N’est vertueux que celui qui ne peut plus se penser ni être perçu comme vertueux. Il n’est rendu vertueux que par la Grâce de Dieu.

La Prudence établit-elle le milieu des vertus morales ? Non, car elle est établie au milieu des vertus morales c’est-à-dire au cœur de l’Homme. Les vertus sont une exigence de Dieu ; la Prudence un don. « Rares sont ceux qui vivent dans l’exigence de sens absolu qui les habite ! » A. Abécassis (théologien Juif).

La Prudence est la droite règle des actions ! En ce sens elle est impérative. C’est-à-dire qu’avant l’action il faut veiller à la Prudence. Sans la Prudence (le détachement) l’homme ne peut que réagir et non agir. La Prudence permet l’agir divin par le non-agir humain. Le prude (le chaste, le pur) n’a aucune intention propre. C’est l’amour qui signifie la Prudence.

Toutes les vertus sont des actes : le « ce », la dernière syllabe des quatre vertus cardinales, est ce qui « signifie » la connaissance de l’Être : L’Être qui voit naître en lui comme dans le monde « ce qui » est juste – tempérant – prudent et fort. Le « ce » est le signe de la Présence de Celui qui est à travers l’être. Tous ces actes sont amour car, émanant du cœur ils sont inconditionnels. Ils sont sources de vie dans la Création. Ce que l’homme ordinaire appelle « fait », l’Initié le nomme Matière : matière à écouter, à voir, à comprendre, à vivre. Le profane en appelle à tout autre que lui ; l’éclairé est porteur du Saint Nom qui nomme toute chose « amour ». La Matière est pour l’être, invitation à la « Participation de la construction de l’Edifice », au Grand œuvre de Dieu. Ce qui était extérieur devient intérieur pour transformer l’être en « pierre vivante ».

En conclusion : Le Prudent, dans sa relation au monde, est le symbole du maître, qui met de la mesure et de l’évaluation dans tout ce qui doit être.

 

 

LE CARÊME

LE CAREME

 

Ou, pourquoi Jésus a prié pendant quarante jours dans le désert ?

 

Le mot carême a la même étymologie que les mots charisme et kérygme. L’être charismatique est celui qui vit la chrismation, l’incarnation du Verbe dans sa vie en christ ; le kérygme étant l’évangélisation, la révélation de la Lumière des fidèles aux incroyants.

Le Carême est cette chair (le charisme) que Dieu aime et qui aime ! Ce qui est « cher » au regard de Dieu, c’est le « Monos », l’Unité : l’unité de l’esprit, de l’âme et du corps ; unité de vie de soi en soi ; unité de vie de soi en Dieu, de Dieu en soi.

Le Temps du Carême est défini par les 40 jours de Jésus en prière dans le désert : Dieu (Jésus) nous prie de ne plus déserter notre cœur pour vivre en christ et être sauvé de la tentation du Satan qui s’emparerait, avec la faiblesse de l’homme, de son âme et de son esprit, pour devenir le « Diabolos », le diviseur, le séparateur.

 

Le temps de la prière est invitation au détachement du monde extérieur, à la libération de l’âme et de l’esprit du conditionnement de la vie à la matière, de la pureté et de la simplicité de l’intention de mettre sa vie dans les mains de la Volonté de Dieu.

Elle est symbole de l’incarnation de l’homme en l’Homme- de Dieu en l’Homme, pour que l’Homme devienne dieu. « Dans l’Amour, nous sommes des dieux auprès de Dieu » selon Saint Paul.

 

Avec la venue de Jésus, les 40 ans de l’Ancien Testament se sont transformés en 40 jours du Nouveau Testament ; comme si, avec la venue de Dieu sur terre, avec Sa Présence, son aide, tout devenait plus à la portée des hommes, plus proche !

En fait il s’agit toujours d’un Seul et Même Temps, d’un Seul et Même Jour ; D’une Seule et Vraie Lumière : une Lumière au-delà de toute lumière ; un temps en dehors de toute temporalité.

Les « ans » signifiant le « En », l’intériorité ; les « jours », la Lumière qui transforme le cœur de l’Homme en Vérité.

« 40 » c’est le carré de la Matière ; le « 10 », c’est le Yod des Hébreux, l’Incarnation du Verbe, au cœur de l’Homme, de la Manifestation de Dieu dans Sa Création. Ce 10, c’est le Un, c’est Dieu au cœur de l’Homme ; le centre de la croix du Christ qui étend Sa Sagesse et Son Amour dans les 4 directions de l’Espace.

 

Lorsque le Satan, le Révélateur, vient reprocher à Jésus de demeurer en prière, alors qu’Il est censé venir sauver le monde, c’est pour signifier que « nul ne pourra sauver le monde », si ce n’est Dieu par la Grâce de L’Esprit Saint en chaque homme !

La prière de Jésus est de signifier qu’Il est le Chemin du cœur, la Vérité libérée des illusions, et la Vie : l’Au-delà de tout fait. Le temps de la prière est le temps du premier Au-delà, le temps de l’Au-dedans, de l’Eau du dedans, de l’intériorité, du Baptême. Dieu ne reconnaît pas les siens aux mérites de leurs activités, mais à leur vie selon la Foi qu’Il a placé en chacun d’eux : la Révélation de la Foi se fait au cœur de l’Homme ; et dans le monde à partir du cœur de l’Homme : sa prudence c’est de voir toute chose avec son cœur ; sa force, c’est sa justice qui est de toujours agir avec son cœur, avec l’aide de « sa » Conscience Suprême !

Lorsque le Satan encore, lui dit « qu’Il va mourir de faim et de soif », c’est oublier qu’Il est le Pain de la Vie Nouvelle et Éternelle ; et  que, « celui qui vient à moi, n’aura plus jamais faim, ni jamais soif, car il sera devenu, lui-même, la source d’eau vive et éternelle… »

C’est la « Manne du Désert » : la Parole de Dieu qui nourrit l’âme et l’esprit de l’Homme, qui lui donne et redonne sans cesse la volonté et le courage d’aimer. Elle est le passage de l’avoir à l’être, du besoin à la nécessité, de l’extériorité à l’intériorité, où l’Homme doit puiser au plus profond de son être la force que Dieu lui donne dans Sa Fidélité. C’est la Foi que Dieu place en l’Homme, en chaque homme. L’incroyant n’est rien d’autre que celui qui ne s’est pas encore rendu au cœur de lui-même, au centre de sa propre vie : à la croix du Yod (le « Y »), du Saint Nom de Dieu, YHWH, qui donne du sens à sa vie qui n’est plus dès lors limitée à son seul fait !

Le Temps du Carême est le temps du détachement de tout fait, y compris de notre propre fait ; tel est le sens du Jeûne, de mourir au fait de ce que nous étions (nos cendres), et renaître à Pâques, avec le Christ, Grâce au Christ, à la Vie Éternelle…

« Au cœur de l’Homme, le bois du supplice se transforme en Arbre de Vie » St Paul.

 

 

HYMNE : Pour accueillir sa grâce, voici le désert immense :

                   Le lieu de nos refus est le lieu de sa patience.

                  Le Christ attire à Lui tout homme :

                   Le temps du désir se prolonge encore ;

 

                  Pour nous mener vers l’aube, voici qu’une nuit commence.

                  Demeure notre cœur dans la paix et le silence :

                 Le Christ est près de nous, Il veille,

                  Lumière promise au monde qui dort.

 

 

21 Mars 2017

 

 

NOËL

NOËL

Mot magique qui renferme beaucoup de sens, qui suscite, génère, crée Le Sens.

Le « Noun » est le symbole de la sur-vie dans d’autres dimensions. En hébreu, le « Noun » est le poisson. Le N de Noël annonce l’ère des poissons ; de l’unité rétablie entre les Eaux d’En-haut et les Eaux d’En- bas : c’est le rétablissement de la Vraie Vie sur Terre. Elle est l’unificatrice des multiples. Elle est établie par la Connaissance du « El », de Lui, de Dieu dans Sa Volonté permanente d’Amour pour l’Homme.

Ce qui est nouveau à Noël c’est que ce nouveau pour l’Un est nouveau pour tous. Ce qui est nouveau c’est que ce qui était loin de nous, dans l’au-delà de l’au-delà, ce qui échappait à nos sens devient présent au regard de notre intelligence à tel point qu’elle s’en trouve transformée en véritable Intelligence : celle du cœur. Le mystère de Noël c’est le mystère de l’Incarnation qui ne peut être perçu que par celui qui choisit de s’intérioriser, pour aller au cœur de lui-même, là où crèche l’Amour.  C’est le symbole de la crèche qui marque le passage du temps ordinaire au temps hors du temps. La Fête de  Noël est celle de notre cœur qui retrouve la joie de nous voir vivre pleinement en nous-mêmes, avec nous-mêmes. Noël c’est le temps pour tous, le temps qui a été promis pour générer la vie, le temps nécessaire pour transformer la créature en créateur. L’absence de temps, ou le temps limité par le fait, devient un temps infini, éternel. Avec la naissance de Jésus commence notre résurrection, notre passage du fait à l’esprit, notre retour au Ciel, au plan divin. Résurrection qui trouvera sa plénitude avec Pâques. Avec la Fête de la Résurrection du Seigneur Jésus. Enfants de Dieu, en suivant Sa Parole nous devenons Ses Fils, membres de Son Corps dont Il est la Tête. Plénitude donc et non fin car participant Toute entière à la Vraie Vie.

 Avec Noël nous ne fêtons pas une ère nouvelle mais l’Ere Nouvelle et Eternelle : celle de l’Incarnation de l’Esprit Saint. En transformant son corps en crèche vivante, en crèche intérieure à l’image de la Crèche qu’il laissait toujours extérieure, l’homme se prépare à recevoir l’Esprit Saint sans lequel il ne peut « comprendre » (recevoir et vivre) l’Amour. L’Esprit Saint peut alors s’incarner comme Jésus s’incarne en Marie. C’est la Lumière divine qui se manifeste dans la nuit pour transformer les ténèbres en lumière de vie : c’est « le Jour Nouveau ».

Il y a ainsi trois manières pour l’homme de fêter Noël :

  • Une manière païenne
  • Dans le fait religieux (la religiosité)
  • Dans l’esprit de la Religion

 

Les deux premières manifestent d’éducations différentes. Quant à la dernière elle exige une entière liberté vis-à-vis de tout concept reçu depuis des générations. Une liberté qui est le fruit de l’Amour de Dieu dans l’exigence pour l’homme de sa mort à son ego. Chaque Noël devient alors « un miroir » dans lequel il est nécessaire de vérifier que nous sommes bien toujours vivants, que nous incarnons véritablement cet « Homme Nouveau ». A partir de Noel le bonheur de vivre se transforme en joie  profonde de se vivre pour celui qui cherche avec un cœur sincère et pur.

Pour l’homme qui fête la Nativité (la Volonté de Dieu de naître en l’Homme pour le faire renaître à la Vraie Vie) tout ce qui est nouveau devient une nouvelle source de vie, de joie et de paix…

Le Sacrifice du Fils témoigne de l’effacement de Dieu pour que l’Esprit Saint s’incarne en l’Homme, en chaque homme retourné à la Bethléem (« La Maison de la Paix ») de son cœur pour marcher vers sa Jérusalem (« Le Shalom –le salut- par le retournement à Dieu- le Je »). «  Il faut se laisser pénétrer du Yod (de la semence divine) et le laisser croître en nous » dit Annick de Souzenelle. Noël est alors fête de la Présence, pour l’Homme qui revit en lui, avec lui, avec Lui. C’est le sens de la réponse à la question du Christ sur la croix : « Père pourquoi, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Le vide de son humanité appelle l’Incarnation de l’Esprit et l’accueil du Verbe créateur.

Noël est la Fête qui annonce le retour possible de la créature à son Créateur (l’Espérance) en suivant le Chemin (Le Christ) qui le ramène à  l’Image (l’Être pur) pour aller à la Ressemblance  par l’Incarnation du Verbe qui témoigne de la Grace de l’Amour…

 Dieu se fait tout petit dans «  l’étable » (symbole de l’humilité nécessaire pour l’établi-ssement de la Loi : « Maintenant que Tout est établi, J’ai soif » Parole du Christ sur la croix) en présence de l’âne – symbole de la fidélité à la Parole- et du bœuf symbolisant le souffle divin- pour que l’Homme devienne grand !

Dans la Grace de Noël l’Homme retrouve le sens de l’Au-delà…Le cœur de l’Homme devient alors centre ontologique de la vie dans la Création…

Avec Noël s’ouvre la porte du Salut de l’humanité. Le cœur de l’Homme retrouve la joie par le retour du non-être à l’Être. Noël annonce la Pâque et le Corps Glorieux du Christ contre la mort. L’Incarnation porte en elle le message de l’ex carnation. L’Être charismatique est porteur de la bannière de la Résurrection. Retourné à son cœur l’Homme retrouve son âme et le sens de l’Être par l’élévation de son esprit en communion avec Dieu. C’est la « Grande Nouvelle » : avec la venue du Christ, tout ce qui est nouveau tient au cœur de l’Homme…

 

« Mon beau sapin, roi des forêts… » L’homme a tôt fait de s’approprier les dons de la nature ! Dans chaque maison il est coutume de «  faire le sapin » pour Noël ; de faire rentrer la nature dans la demeure familiale. Son feuillage persistant toujours vert, porte l’espérance d’une vie meilleure, comme une flèche tendue vers le ciel, le Royaume… Sa forme triangulaire représente la vie trinitaire de la famille : le père, la mère, l’enfant.

Si la crèche est le point de rencontre avec l’Autre, le sapin est le point de rassemblement de toute la famille réunie en cercle autour de lui. Les guirlandes symbolisent le lien familial, la continuité de la vie familiale de génération en génération ; les lumières qui l’illuminent, l’esprit, la volonté de se retrouver tous ensemble ! L’étoile à la pointe du sapin est « l’étoile du matin », le Christ retourné vers le Père, grâce auquel l’Esprit Saint viendra éclairer le cœur des initiés, de ceux qui ont fait le chemin vers leur cœur… C’est l’éveil, au matin, des petits-enfants aux cadeaux de la vie.

La crèche représente la descente de l’Esprit sur terre ( l’Immanence) ; Le sapin représente la Transcendance de la vie terrestre, de l’esprit de l’homme tourné vers le ciel, vers l’au-delà, vers la vie quittant les ténèbres de l’hiver pour le renouveau du printemps. L’incarnation de la vie devient, avec le temps, élévation de la conscience pour les uns ; de l’âme et de l’esprit pour d’autres !

La fête de Noël est totale pour ceux qui ne séparent pas l’existence de la vie, l’esprit de la matière, « en faisant » la crèche et le sapin… Le cœur de l’Homme est éternellement rempli de joie de voir la vie terrestre comme céleste : la Vraie Vie !

LA TEMPERANCE

LA TEMPERANCE

La tempérance est une vertu humaine, émanant du fait, et est, par conséquent, considérée comme la moins digne des vertus cardinales.

« Cardinale » vient de « cardo-inis » : gond, pivot, point d’ancrage ; ce qui signifie le cœur de l’homme, c’est-à-dire le centre ontologique où la vertu cardinale devient le principe initiatique qui rend l’homme vertueux. Plus l’homme est proche de son cœur, plus il est stable et plus il est fort.

Les vertus morales (humaines) sont le fruit des vertus fondamentales (divines) d’Espérance, de Foi et de Charité. Ces vertus morales permettent l’ouverture des portes du cœur et de l’esprit, à la Vraie Vie.

La tempérance est une « belle » vertu, pour l’être qui se trouve encore dans le besoin de reconnaissance. Mais étant une vertu relative au fait, elle est aussi un voile au désir profond qui anime le cherchant de la béatitude. C’est une vertu qui demeure « extérieure » à son cœur. Elle signifie l’acquisition de la rationalité par une « aptitude naturelle à la vertu », selon Aristote. La tempérance n’est pas spirituelle, mais rationnelle.

A toute vertu correspond un don. Il n’y a pas de don qui corresponde à la tempérance. Le don signifie la Vertu. Elle est en cela Don de Dieu. C’est l’au-delà du Don. Le Don céleste se transforme en don terrestre.

La tempérance est le « temps fini de l’errance » : le temps qui signifie que l’homme n’est pas encore parvenu au cœur de lui-même, mais qu’il tend vers celui-ci. La tempérance ne témoigne d’aucune évolution verticale : elle est progression constante de la vie en soi, contribuant à son amélioration dans sa relation au monde. Elle est le reflet dans le monde du rétablissement de la vie intérieure, ce qui favorise le calme et la douceur extérieure. La marche vers l’unité permet le détachement de la dualité. C’est l’ordre intérieur qui fait sortir du chaos extérieur. La tempérance est une vertu qui permet de s’extraire du chaos.

La tempérance redonne à l’homme la crainte de Dieu.

La Crainte de Dieu : Dieu craint que l’homme ne conforme pas sa vie à Sa Parole de Sagesse et d’Amour, et qu’il continue à vivre selon ses gouts, ses envies, ses besoins. Le « don de crainte » invite à éviter d’offenser Dieu en permettant à l’homme d’aller à la rencontre de l’expression de la tempérance. La crainte de Dieu est salutaire parce qu’elle libère l’âme et l’esprit de l’homme des doutes, des angoisses, des craintes et des peurs relatives au fait. Elle correspond à la vertu d’Espérance. La Loi fait autorité pour rendre l’homme vertueux. Ce qui reprend le principe qu’ « il n’y a pas de loi sans autorité ; ni d’autorité sans crainte ! ».

La tempérance a donc le pouvoir de ramener l’homme à Dieu en retrouvant la crainte de Dieu.

La tempérance est honorable en ce sens qu’elle résulte du combat mené contre la tentation.       Saint Augustin : « Point de salut sans combat dans son intériorité ».

Saint Augustin : « Il appartient à la tempérance de se garder pour Dieu intègre et irréprochable ».

Saint Ambroise : « Dans la tempérance, c’est surtout la sérénité (la paix) de l’âme qui est considérée et recherchée ».

L’Homme retrouve son âme au cœur de lui-même ; et retrouvant son âme, il retrouve ensuite l’esprit. Pour le Maçon, les trois principes réunis, corps-âme-esprit, constituent « l’équerre » de sa vie.

La Beauté est la traduction de la Justice. Elle est l’image de la Vérité. La tempérance écarte de la tentation ; la Force maintient sur le chemin qui mène au cœur ; la faiblesse en détourne. La Force rend l’être inébranlable. La tempérance, en effet, écarte ce qui allèche l’appétit à l’encontre de la raison. La tempérance est le fruit de la raison ; la Force, le fruit de l’esprit. Un être qui a perdu la raison ne peut plus être tempérant, et au fur et à mesure de la tempérance, la raison s’efface. Le besoin de la raison est relatif à la force du fait devant la faiblesse de l’esprit. La Force est le fruit de l’esprit, ce qui signifie qu’en tant que fruit de la raison, la tempérance est la moins digne des vertus. La « faiblesse » de la tempérance est d’avoir besoin, au commencement de la vie initiatique, de la raison.

La tempérance a une beauté relative : elle tient au raisonnement par rapport au fait ; c’est une beauté du besoin. La véritable beauté appartient à la contemplation. « A la tempérance appartient la grâce de la modération » dit Saint Ambroise. Il appartient à la vertu morale de conserver le bien de la raison contre les passions qui s’opposent à la raison. Une vertu morale permet la mesure, l’évaluation du sens. La connaissance du sens permet la mesure (la raison) devant le non-sens. Dans la tempérance, on est dans un sens relatif et non absolu. La force permet de rester ferme, inébranlable, devant les difficultés. La force est de ne pas fuir, mais de combattre le non-sens. La tempérance permet de garder la raison devant les tentations. Les deux, tempérance et force, contribuent à l’intégrité de l’Homme au regard de Dieu, de Sa Justice, dans la perspective du Salut. Plus l’homme est tempérant, plus il recouvre la force. La tempérance dans son principe, renferme la nécessité de l’intériorisation de l’homme, dans le but de le rendre tempérant dans sa relation au monde. L’homme tempérant signifie et symbolise, au regard de l’autre, sa nécessaire intériorisation.

L’être tempérant s’attriste de moins en moins de l’absence des biens désirables. La Force permet l’affermissement dans la confrontation avec les maux. La tempérance concerne les convoitises, et la Force les craintes et les faiblesses. L’existence n’est que la traduction de la résultante entre ces deux vertus : l’une rationnelle et morale (humaine), et l’autre spirituelle (génératrice et créatrice de vie) et théologale (divine).

Tant que l’homme n’est pas parvenu au cœur de lui-même, tant qu’il est sur le chemin de la tempérance, la dualité entre la faiblesse de l’humain et la force du divin peuvent encore s’opposer en lui.

Tant que l’homme est sur le chemin de la tempérance, il demeure injuste dans sa relation à lui, dans sa relation au monde ; certes de moins en moins, mais tant qu’il sera tempérant, il sera injuste, et ce jusqu’à qu’il parvienne au cœur de lui-même. Au cœur de l’homme, la tempérance s’efface devant la Justice, l’homme s’efface devant Dieu. De la même manière que la tempérance s’efface devant la raison, au cœur de l’homme la tempérance s’efface devant la Justice. Au cœur il n’y a plus de tempérance.

Dans l’Ancien Testament, l’exode du peuple juif symbolise la tempérance qui est notre traversée du désert, pour nous rendre dans la terre sainte de notre intériorité.

Dans le Nouveau Testament, la tempérance est symbolisée par la Passion du Christ, en particulier lorsqu’il dit : « vous devez renoncer à tout ce que vous avez, vous êtes, y compris vous-mêmes, pour porter ma croix dans le monde. » En suivant la Passion du Christ, l’homme passe de l’horizontalité de la tempérance à la verticalité de la Justice.

L’homme a été doté par Dieu de la raison, pour qu’il puisse vivre selon la sagesse. Cette sagesse est manifestée non par la tempérance, mais par le chemin de la tempérance. La tempérance est le chemin de la sagesse.

La raison de l’homme est intellectuelle ; sa sagesse retrouvée est spirituelle. Le chemin de la sagesse de l’Ancien Testament, c’est le retour en Terre Sainte. La sagesse du Nouveau Testament est l’exigence de vie de la Passion du Christ.

Si l’homme est doté de la raison, il est doué de la sagesse ! La tempérance est le chemin de la Sagesse de Dieu. Par le suivi de ce chemin, l’homme manifeste la sagesse, et non plus la raison.

Quelle est la règle de la tempérance ? Il ne semble pas que la règle de la tempérance doive tenir compte des nécessités de la vie présente : la tempérance ne s’exprime pas par rapport au fait, mais essentiellement pour la vie de l’homme. En effet, ce qui est supérieur ne prend pas sa règle dans l’inférieur ! Or la tempérance, puisqu’elle est une vertu de l’âme, est supérieure aux nécessités du corps. La règle de la tempérance ne doit donc pas être prise selon les nécessités du corps. La tempérance ordonne la vie en dehors des exigences de l’existence. La tempérance elle-même a pour fin et pour règle la béatitude, mais les choses dont la tempérance fait usage ont pour fin et pour règles les nécessités de la vie humaine. La tempérance considère la nécessité dans son rapport de convenance à la vie : elle n’est pas reniement ni tolérance, mais prise en considération de l’évènement en vue du perfectionnement relationnel à soi et au monde.

La tempérance est une vertu morale et non théologale car elle permet la mesure. Elle doit être toutefois évoquée sur deux plans : dans son principe et dans sa manifestation.

Le tempérant est celui qui a repris le chemin de son cœur (le Principe) pour pouvoir être tempérant dans sa relation au monde. Elle n’œuvre dans la relation au monde qu’en tant qu’expression du temps fini de l’errance. Sans l’unité intérieure retrouvée, il n’y a pas d’unité extérieure possible. Dieu ne peut être Tempérant que pour son peuple, qui suivant la Loi de Moïse retourne en Terre Sainte … Moïse est le prophète qui a fait sortir le peuple Juif (des Justes) de l’errance. Dans l’esprit la tempérance est, comme toute vertu, principielle (Principe descendant du Ciel).

Toute acquisition intérieure doit porter son fruit à l’extérieur. « Vous avez été choisis afin que vous alliez au cœur de vous-mêmes, et que vous portiez du fruit » Parole du Christ aux Apôtres.

La tempérance est-elle une vertu cardinale ? Les vertus cardinales concernant la vie terrestre de l’homme, trouvent leur source dans la vie céleste. En ce sens, elles sont aussi théologales. La tempérance terrestre est le reflet de l’Espérance céleste. L’Espérance de Dieu est la Vision du Père faisant sortir l’homme de l’errance. La tempérance est la réponse de l’homme à l’attente de Dieu, car « retourner à soi c’est retourner à Dieu qui est en soi » dit Annick de Souzenelle. L’espoir, à l’inverse, signifie le conditionnement de la vie au fait.

La tempérance est le chemin horizontal du retour du fils vers le Père ; la crucifixion étant le chemin vertical.

La primauté de la tempérance tient à la force de la raison pour un retour à sa vie intérieure. L’ « Homme de Désir » est l’homme qui se laisse désirer par Dieu. Il est celui qui ne désire rien de par lui-même. C’est du Désir de Dieu que vient le désir de l’homme d’aimer, car seul Dieu est Amour.

La tempérance est-elle la plus importante des vertus ? Il est plus facile de porter un jugement que de réfréner ses pulsions et ses convoitises. La tempérance apparait (extériorité) comme d’autant plus nécessaire et meilleure qu’elle est d’un usage plus fréquent. C’est elle qui mène à la prudence et à la force dans la soif de la Justice. Elle ne prime sur la force que dans le sens où elle est première sur le chemin de l’exode. La tempérance fait appel à la persévérance dans la constance ; la force à la temporalité. La tempérance est un retour à la source de sa vie pour y puiser la force d’aimer dans la multitude car l’Amour de Dieu est inconditionnel.

Vices opposés : insensibilité et intempérance.

L’être tempérant n’est pas insensible, mais détaché du sensible pour pénétrer le royaume de l’intelligible. Le pouvoir de la tempérance est de permettre à l’homme de dominer, de maîtriser de plus en plus sa sensibilité. La symbolique de l’être parvenu à la Justice est de témoigner dans le monde de la transformation de ses sentiments en pur amour de Dieu, dans l’amour inconditionnel de l’autre. Plus l’homme se rapproche de son cœur, plus il est discipliné, rigoureux, ferme, sévère ; ce qui ne signifie nullement qu’il serait devenu insensible ou indifférent. Le combat intérieur contre les convoitises ne signifie pas l’insensibilité par rapport au monde extérieur. L’existence n’étant que le reflet de la vie intérieure ! Il est donc nécessaire d’œuvrer dans son intériorité comme dans son extériorité. Le point définissant le cercle ; le cercle signifiant le centre. L’esprit ne peut être dissocié de la matière. L’intempérance est puérile puisqu’elle est relative au fait, occultant la grandeur d’âme et d’esprit. La tempérance, à l’inverse, ramène l’homme vers une possibilité de croissance, de verticalisation de l’esprit par le salut de son âme. La tempérance redonne le sens de la nécessité. L’intempérant est celui qui a perdu sa volonté, son courage. Le lâche est celui qui renonce à la volonté.

La lâcheté : c’est lâcher le principe d’aimer. Elle est manque de volonté nécessaire (faiblesse) pour créer le lien qui nécessite la force.

Les vertus cardinales mènent au cœur et émanent du cœur. Elles sont le garant et la source de l’harmonie à partir du point d’équilibre.

Les vertus potentielles d’une vertu principale sont les vertus secondaires ; en certaines autres matières où l’on ne rencontre pas la même difficulté. Elles observent une mesure identique à celle qu’observe la vertu principale envers la matière principale qui est l’homme lui-même. Il faut distinguer en cela la tempérance, qui émane de l’ordre intérieur- de la modération, de la continence ou de la clémence qui se réfèrent à l’ordre extérieur.

La principale difficulté que rencontre l’homme, c’est l’homme lui-même. La tempérance est d’une exigence absolue ; ces vertus potentielles ne sont que relatives. Le sens de la modération trouve sa plénitude dans la sagesse de Confucius : « Celui qui n’exige rien de lui ne peut rien demander à l’autre. »

 

Les 4 vertus cardinales (la Clémence – la Tempérance – la Prudence – la Force) figurent les 4 points du carré, symbole de la matière et dont le centre est la Justice. La quadrature du cercle, c’est quand l’esprit est enfermé dans la matière. Il ne sort de ce labyrinthe infernal que par le cœur-centre à partir  duquel il trace un rayon d’action qui définit la vie au-delà de la matière. Il est sorti de son rayon d’activité pour accomplir sa divinité (son acte d’amour dans le monde).

Les vertus qui maintiennent l’équilibre et l’harmonie de la vie dans la création sont la Clémence, la Tempérance et la Prudence. Elles montrent la voie de l’intériorisation.

La Justice avec la Force sont sources de vie dans la création. Le sens de la vie, c’est l’au-delà. La Force et la Justice sont l’au-delà de la Clémence, de la Tempérance, et de la Prudence.

 

L’essentiel de la lumière portée sur la tempérance émane d’un travail de synthèse de la Somme Théologique de Saint Thomas d’Aquin.

 

L’ EFFET PAPILLON

L’   EFFET   PAPILLON

Ou comment se transformer pour transformer le monde

 

 

«  Le battement d’aile d’un papillon à l’équateur peut entraîner un tremblement de terre à l’autre bout du monde … ». Cette réflexion bouddhiste nous signifie l’interdépendance des phénomènes terrestres ; de là, la nécessité pour l’avenir de l’humanité de ne plus s’enfermer dans ses égoïsmes respectifs.

Avant de voir un papillon battre des ailes, la chenille doit se transformer ; et pour cela, elle s’intériorise dans sa chrysalide, sorte de chambre de conscience nécessaire pour passer de la chenille condamnée à ramper sur le sol, à la beauté du papillon qui vole dans le ciel.

 

Le monde matériel, terrestre, est essentiellement réactionnel, c’est-à-dire mortifère ; le Royaume spirituel est transcendant, strictement amour ; autrement dit générateur et créateur de vie.

« Nul ne pourra rentrer dans le Royaume, s’il ne redevient petit enfant… »Les quatre Évangélistes rappellent cet ordre fondamental du Christ. « Le véritable adulte est celui qui sait redevenir petit enfant, abolir son mental et se laisser porter par l’événement vers la Terre nouvelle de son être, en acceptant de ne rien comprendre (de ne plus se faire prendre par le fait pour ne plus tomber dans le jeu du fait). Là sur cette Terre nouvelle l’Intelligence lui sera donné ( l’Intelligence de Dieu : Sa Sagesse , Son Amour) ; il n’accusera personne, mais se remettra totalement en question pour que la lumière la plus pure pénètre en lui et que « les œuvres de Dieu se manifestent en lui » nous dit Annick de Souzenelle. La Sagesse de Confucius est de nous dire la même chose : « Celui qui se juge avec rigueur et  sévérité et reprend l’autre avec complaisance, évite les mécontentements ». Mécontentements de soi et mécontentements de l’autre.

Bouleversante aventure que celle de l’Homme !

Plus bouleversante encore celle du Fils de Dieu, le Christ, Je Suis, poursuivant sa Kenosis (sa « contraction » divine) jusque dans le corps animal de celui qu’Il crée : c’est l’Incarnation de Dieu en l’Homme pour que l’Homme devienne dieu, dit Saint Paul : c’est la genèse de l’Homme-dieu.

 

Mais l’homme dans le péché (l’extériorité) régresse dans la situation de sixième jour de la Genèse et reste confondu avec le monde animal, esclave de ses pulsions et proie du Satan. Son esprit dévoyé investit l’éros dans le seul monde extérieur de la sexualité et de l’acte procréateur : l’Éros divin générateur et créateur de vie au-delà de la création a disparu de son cœur. Son âme psychique est dévorée par le Satan qui en mange la poussière (multiplicité de ce qui pouvait devenir unité et fécondité) car, « quand le cœur s’en va où la passion l’entraîne, le cœur n’est pas réglé mais agité et troublé » dit Confucius ; et son corps que ne soutiennent plus ses corps plus subtils (âme et esprit),éteints, s’éteint à son tour. L’homme se livre à un processus de mort et son corps n’est plus qu’un objet de plaisir et de désir, dans lequel et pour lequel l’amour est absent. Sans les valeurs morales et spirituelles, la vie de l’homme n’est plus définie que par les valeurs matérielles qui font que l’homme existe mais ne vit pas. L’homme se livre à un processus de mort et l’on comprend que ce corps animal soit appelé en hébreu, Goph, cadavre. Le Christ le signifie pleinement en disant à l’un des siens : « Laisse les morts enterrer les morts, toi suis-moi. Va porter la Nouvelle du Royaume de Dieu. »

 

 L’immensité, malheureusement, des humains font le choix inconsciemment de la mort : ils refusent d’écouter, de voir, de comprendre ce qui est juste et bon d’être, de dire, de faire, ce qui est  nécessaire à la vie du monde à venir. Le besoin de satisfaire à des goûts, des envies, des besoins d’avoir, prévaut sur le sens de la nécessité d’être. Les illusions, les sentiments, les besoins de reconnaissance, les différentes actions dans lesquelles il est facile de se donner bonne conscience ; toutes ces satisfactions de l’Ego, prévalent sur la nécessité d’aimer son prochain comme soi-même. La sensiblerie témoigne chaque jour davantage de l’incapacité de l’homme à s’aimer, à transcender sa sensibilité, pour témoigner de cet amour à son conjoint, ses enfants, sa famille, ses amis, ses compagnons du devoir… Et ce, pour une simple raison que l’homme ne croit plus en Dieu. Or c’est Dieu Seul qui est Amour. « Sans l’Amour de Dieu, vous ne pouvez rien faire ! » Jn, 15.

 « Laissez venir à moi les petits enfants », ou«  Heureux les cœurs purs le Royaume de Cieux est à eux ! »Cette phrase du Christ signifie la pleine nécessité du Baptême. Les Enfants, au regard de Dieu, sont les êtres qui travaillent à redevenir humbles, simples et purs. Les « purs »sont ceux qui œuvrent pour la vie de l’autre, des autres,comme de la leur, qui font le sacrifice de leur vie : qui font de leur vie une union sacrée à Dieu pour la vie du monde.Nous voyons, comme fruit de l’inconscience des générations passées, de plus en plus d’êtres privés de la raison d’aimer ; qui sacrifient leur existence et celle des autres.

« Je suis le Semeur ; ma Parole est la Semence ; Vous devez porter le fruit de cette Semence » dit le Christ. Celui qui s’aime peut semer de l’amour. La colère, la jalousie,la valorisation des uns par rapport aux autres, sème la haine dans toutes les familles du monde entier !

« Qui n’a ni Dieu, ni maître, a Satan pour Maître » dit Saint Augustin. Depuis la genèse de l’humanité, l’homme a fait inconsciemment le choix du Satan qui entraîne sa chute en enfer ! Son inconscience transmise de génération en génération le fait tomber en enfer ; dans lequel il devient lui-même l’enfer pour lui et tous les autres, et crée l’enfer. C’est « le peuple d’Israël qui a toujours, comme du temps de Moïse, la nuque raide » : « Vous avez beau avoir des oreilles, vous n’écoutez pas ; vous avez beau avoir des yeux, vous ne regardez pas ; car l’amour vous fait peur !»Mc, 5. Pour recevoir l’Amour de Dieu, « vous devez renoncer à tout ce que vous avez, à tout ce que vous êtes, y compris vous -mêmes, pour porter ma croix dans le monde » dit Jésus; la Croix, étant la verticalisation de l’être. « Renoncer »signifie « se détacher »:sortir de l’esclavage pour retrouver la maîtrise.

Depuis la chute d’Adam et Eve, l’homme est condamné à se penser, à se croire, parce qu’il n’est pas (parce qu’il n’est plus).Il a fait le choix de la fausseté : des illusions, des sentiments, des besoins de penser, de croire, en oubliant de témoigner de ce qu’il est, en témoin de son amour inconditionnel de la vie. C’est pour cette raison que Dieu nous a envoyé Son Fils nous dire : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». La Sagesse et l’Amour de Dieu étant universels, ce Chemin est celui qui ramène l’Homme au cœur de sa « propre vie » où il est juif, parce qu’il est juste ; chrétien, parce qu’il consacre sa vie à la création d’un monde meilleur (« Devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’édifice) ; et musulman, parce qu’il se met sous le regard de Dieu à l’écoute de Sa Parole de Sagesse et d’Amour. « Celui qui se soumet » (étymologie du mot « musulman ») , c’est celui qui est humble, qui a « tué l’infidèle »(22e sourate du Coran), c’est-à-dire son propre ego, pour accomplir la troisième et dernière des prophéties : celle de la Vie Céleste, de l’Homme qui tourne toujours son regard vers Dieu.

La verticalité de la Croix du Christ en montrait le sens ; le pur esprit de l’Homme est le témoin de la Vérité dès cette vie sur terre, dans cette vie sur terre, pour cette vie sur terre.

L’intellect de l’homme le détourne de cette vérité, pour faire de la religiosité, qui n’est pas la religion, un instrument de division, de séparation, de conflit, et de guerre infinie, au service du Satan. Tant que l’homme sera gouverné par son orgueil, qu’il n’aura pas aboli son mental, il continuera à se penser, à se croire, à penser et à croire, qu’il a raison et que l’autre a tort. Il pratiquera le non-sens du « baptême » civil sans Jean le Baptiste ; et du « mariage civil » qui ne peut être qu’union civile. Les défenseurs de la laïcité ( du laïcat amputé de la spiritualité) s’acharnent à défendre le droit de l’horizontalité en opposition catégorique à la verticalité ! Comme si les êtres spirituels s’opposaient à travers le Mariage (l’Age de Marie)  à l’union civique ; comme si l’Esprit s’opposait à la Matière !

L’être matériel est condamné à se penser et à se croire parce qu’il n’est pas ; car si il était il ne se penserait pas. La pensée de l’homme occulte sa vie  dans l’esprit: la vie spirituelle est la vie au-delà du fait de ce qu’est ou n’est pas l’autre, de ce qu’il fait ou ne fait pas. Le sens de la vie spirituelle amène l’Homme à faire dans une quête inconditionnelle de l’unité. Il ne conditionne pas sa vie au fait ; il fait. « L’Amour est fort comme la mort »Cantique des cantiques , Ch 8 : comme la mort coupe de la vie ; l’amour coupe de la mort !

« Jésus n’est pas venu apporter la paix mais le glaive »Jn, 3. Ce glaive est la Parole de Dieu qui coupe l’homme du fait, de ses attaches au monde matériel. C’est par méconnaissance de la Parole que l’homme transgresse Ses lois de Sagesse et d’Amour! Il se retrouve, dès lors, sous la coupe de faux-maîtres, de faux prophètes, qui les assujettissent à des pensées, des croyances, diaboliques car mortifères.

L’homme inconscient est la proie du Satan-Ennemi à qui il confère la puissance, même s’il ne le sait pas, car : « qui n’est pas avec moi est contre moi » dit le Christ, dont les paroles appellent « une oreille qui entende… » une oreille qui peut-être est capable d’entendre : « celui qui ne reçoit pas l’Épée tue par l’épée ».

Le corps de l’homme est au service de l’une ou de l’autre ; il n’y a pas d’intermédiaire. Mais lorsque l’Homme reçoit l’Épée du Verbe de Dieu, il est empoigné dans la totalité de son être – Esprit, âme et corps – dans un souffle de vie illuminant, le souffle du Ressuscité.D’illuminé il est rendu illuminant. Le maître est celui qui reçoit, vit et transmet la Parole, selon le Seul et Véritable Maître. « Ce n’est plus moi qui vit ; c’est le Christ qui vit en moi » dit Saint Paul.

 

 « Celui qui retourne au cœur de lui-même n’a de cesse de combattre son ego pour combattre celui de l’autre « Il est facile d’aimer vos amis ; mais vous devez aimer vos ennemis » : les aider, les amener à l’écoute de la Parole qui est Amour. Ces ennemis sont là, c’est le miroir, le Satan, l’Adversaire que Dieu a créé, pour nous signifier que nous sommes d’abord nos propres ennemis, par nos manques d’écoute, de vision, de compréhension, de ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire, pour la vie de ce monde.

C’est notre Karma hérité de nos parents depuis des générations, des siècles, des millénaires. «  En ce qui concerne les maux dont nous ne sommes apparemment responsables : les calamités naturelles (le Déluge de Noé), les tourments occasionnés par autrui, les maladies, les accidents ; ces faits ne sont dus ni au hasard, ni à une volonté divine, ni à une prédisposition inéluctable ( les gènes), elles sont les conséquences de nos propres actions (ou inactions) ; des flèches que nous avons tirées et qui reviennent sur nous ». Matthieu Ricard (« le moine et le philosophe »). De même, Confucius : « Celui qui se juge avec rigueur et sévérité et reprend l’autre avec complaisance, évite les mécontentements ». Par le Dharma (l’enseignement des sages, des maîtres), nous allons au Samsara, à la vie meilleure.

 

« En toute chose il y a du Yin et du Yang ». Le maître est celui qui domine sa force intérieure (le Yin) comme sa force extérieure (le Yang). Ce Yin c’est le principe féminin de l’être, son Ischa, des hébreux. Le Yang, son principe masculin ; le Isch, des hébreux. L’Homme est séparé de son cœur et du Yod ( le germe divin) par le serpent (la tentation de l’extériorité).

L’homme «  marche de plus en plus sur la tête », parce qu’il occulte le plan spirituel qui est l’unité retrouvée depuis la chute du Paradis par Adam (Principe masculin de la Force, de la créature à l’Image de Son Créateur, pour la Création) et Eve ( Son Principe Féminin, pour la Genèse).

Sans l’unité retrouvée en lui , il ne peut s’unir à l’autre. « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! » : la genèse (intérieure) et la création (extérieure) sont le sens de la Création de l’Homme !

Les Eaux du Baptême sont le sens de la conversion qui s’opère en l’Homme qui veille à toujours être dans l’esprit ; ce qui libère sa vie de l’esclavage d’une vie toujours conditionnée au fait. Ces libérations et purifications successives de l’âme et de l’esprit permettent à l’Homme de reprendre le chemin d’une marche à l’endroit, d’un chemin qui le ramène au cœur de lui-même, en sa vie en christ, où le « bois du supplice » (les combats pour la vie) se transforme en Arbre de Vie. Ce sont les Apôtres « qui ont été choisis afin qu’ils aillent et qu’ils portent du fruit ».

Malheureusement la Parole s’est perdue par le manque de Culture et de Tradition, et avec Elle l’unité entre les hommes. Et ainsi tout ce qui est sensé, originellement, être force, se transforme de plus en plus en faiblesse, et l’amour de son prochain se transforme en haine. « Si ces énergies potentielles ne sont pas retournées dans un travail d’intégration en forces de lumière, ce sont celles-là qui se retournent contre l’homme et déterminent maladies, accidents ou déferlements de violence. » dit A. de Souzenelle.

Nous avons tous un négatif qui est là pour nous empêcher d’être bien, de nous faire du bien, de faire le Bien (la genèse et la création) et nous pousser à nous faire du mal et à faire le mal…Il est là pour nous rendre de plus en plus aveugle et sourd à ce qu’il est juste et bon d’être, de dire, de faire, pour l’humanité d’aujourd’hui et, par voie de conséquence, pour celle de demain.

C’est le temps de la présence en soi qui crée le temps présent, et met l’Homme en présence de Dieu. Sans le temps présent il n’y a pas d’avenir…

Prisonnier de son ego (de son égoïsme, de son égocentrisme), dans son besoin de reconnaissance, en compensation de ses doutes, de ses angoisses, l’homme a perdu le sens de sa propre vie ; et sans vie intérieure, la vie extérieure disparaît provoquant le déluge, le déferlement de fatalités de plus en plus terrifiantes : la terreur s’empare des âmes des faibles, des humains !

 « Le Déluge, dit A. de Souzenelle, c’est l’inconscience de chacun d’entre nous. »

L’insouciance, l’inconscience de l’homme le rendent de plus en plus immature. C’est pourquoi A. de Souzenelle affirme : « L’adolescent et l’adolescente humanité d’aujourd’hui ne se rendent pas compte que celui qui n’enracine pas sa vie au plus profond de son être, ne l’enracine pas dans des terres extérieures ! » Elle ajoute : «  l’humanité toute entière n’a pas encore passé la Porte des Hommes ! » Ce qui signifie que nous sommes tous, à des niveaux différents, pour des raisons existentielles différentes, des exilés de la Vie. La Porte des Hommes est celle, qui nous permet de quitter nos terres d’Exil, pour retrouver la Terre Sainte de notre intériorité. Dans ces conditions, l’homme quitte ses yeux de chair, de faiblesse humaine, de dualité, pour se rendre à la vision du cœur. « Dans cette perspective, l’œil peut être identifié à la flèche qui traverse notre « tunique de peau » et lui assure la vision d’un monde qui transcende celui où nous emprisonne notre état de chute.Le transpercement de notre peau d’animal symbolise celui de notre conditionnement au monde phénoménal. L’œil se définit alors comme l’organe du monde transcendantal, du monde divin.

 

Nous devons rentrer dans ce renouveau charismatique qui est la Résurrection de la Chair : ce qui est cher au regard de Dieu, c’est l’unité retrouvée en soi comme en l’autre, grâce aux deux commandements du Christ : 

           -le Premier : « Tu aimeras Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit »

            -le Deuxième : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »

 

Plus que jamais il est temps de ne plus penser ou de croire, mais d’agir au quotidien et porter sa croix dans le monde : le sens de la verticalité de l’être.

l’Amour est un acte qui engendre la vie ; le reste n’est que du sentiment ! Et le sentiment c’est ce qui ment ; ça n’amène que des ressentiments. L’éphémère doit s’effacer devant l’éternel ; le virtuel devant le réel ; l’homme devant Dieu…Ev selon St Matthieu : « les paroles sans les actes ne sont rien ! »

Le témoignage de la Foi c’est l’œuvre qu’elle accomplit pour la Vie. C’est la participation au Grand Oeuvre de Dieu.

C’est cette Foi qui « soulève des montagnes… ». Ces montagnes sont les Hommes fortifiés dans la Foi de Dieu : « Lui seul est mon rocher imprenable, mon salut, ma citadelle inébranlable » dit le Christ dans le psaume 61.

Cette Foi (fides,ei en latin) pour l’homme c’est sa fidélité à la Parole des sages, des maîtres, de Dieu. « Le malheur pour l’homme c’est son inculture » dit Platon. Comment alors ne pas transgresser les lois de sagesse et d’amour si on ne les connaît pas ? Alors, « demandez et vous obtiendrez ; cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira » dit Matthieu.

Cherchez le maître qui vous conduira. Car comme le dit Khaled Bentounès , maître soufi : « Le maître est un compagnon, un garde-fou, car l’orgueil est tellement puissant que celui qui a la prétention de cheminer seul a toutes les chances de se perdre ».Et « le maître extérieur n’est vrai que dans la mesure où il nous amène à cette dimension en nous-mêmes » dit A. de Souzenelle.

Les théologiens nous disent sans cesse: « Pour être sauvé il faut être sauveur ; et pour être sauveur, il faut être sauvé » . Le Sauveur c’est le Christ. Le Salut passe par le Christ ; par le retour de l’Homme à sa vie en christ : au cœur de lui-même ; où il reçoit la pleine Lumière que s’il n’est pas juif (juste), il n’est pas chrétien(aimant); et s’il n’est pas chrétien, il ne peut pas être musulman (vrai).

La Religion c’est l’Amour de Dieu Universel, Éternel, Inconditionnel…

Sans la religion, « ce qui relie » à soi comme à Dieu, il n’y a pas de religiosité possible. La religiosité est le reflet, au regard des hommes, de la religion intérieure de l’être à lui-même comme à Dieu. S’il n’est pas christique, il n’est pas chrétien ! Le Baptême mène à la Communion d’âme et d’esprit avec Dieu ; la Communion, à l’amour ; et l’amour à la Confirmation, dans la grâce de l’Esprit Saint, à la Ressemblance, qui est la genèse et la création.

Cette Religion est définie originellement par la connaissance de la Parole et de Ses commandements. Ils sont le Chemin de la Sagesse qui ramène l’Homme à Dieu : « Tu ne tueras point-Tu ne voleras point- Tu ne commettras pas d’adultère…etc » Ces dix Commandements sont le Chemin de l’Exode pour tout homme qui risque de continuer à perdre son âme, son esprit, sa vie, dans la Terre d’Exil de son extériorité. Quand Jésus est venu affirmer aux prêtres juifs, qu’Il était prêtre selon l’ordre de Melkidsédek ( de celui qui fait le sacré, c’est-à-dire l’unité), c’est pour signifier et témoigner par les miracles « qu’Il n’était pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir ! »

 

Si Allah est Grand c’est pour que l’Homme soit grand, c’est parce que l’Homme est grand : c’est l’Homme plein de Sagesse et d’Amour de Dieu, pour que Sa Volonté s’accomplisse sur la Terre comme au Ciel.

« L’Esprit Saint, l’avez-vous reçu pour avoir pratiqué la Loi, ou pour avoir écouté le Message de la Foi ? Comment pouvez-vous êtres aussi fous ? Après avoir commencé par l’Esprit, allez-vous maintenant finir par la chair (Au lieu de vous tourner vers le Ciel, allez-vous vous tourner vers l’Enfer?) Auriez-vous vécu de si grandes choses en vain (Renieriez-vous le passé de vos ancêtres) ? Si encore ce n’était qu’en vain (si vous vous contentiez tout seuls de renier) ! Celui qui vous fait don de l’Esprit et qui réalise des miracles pour vous, le fait-il parce que vous pratiquez la Loi, ou parce que vous écoutez le Message de la Foi ? » Lettre de St Paul Apôtre aux Galates, 3 .

« Retourner à soi, c’est retourner à Dieu qui est en soi »dit A. de Souzenelle, c’est retrouver le Saint Nom de Dieu, Yahvé (YHWH), « Ce qui est, ce qui était et ce qui vient ». Quand l’Homme se coupe de ses racines, il n’est plus cet arbre de vie qui croit et porte du fruit. La croyance, la Croix du Yod, du germe divin, se transforme au cœur de l’Homme en croissance, en croix du sens à donner à la vie de ce monde…Et quand l’Homme déserte son cœur, il quitte sa relation à Dieu,et, au lieu d’enfanter de la vie, se génère à travers lui, le mal, le mal-être sur terre (le mal à être), la violence et la mort.

« Vous avez été choisis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit » dit le Christ aux Apôtres. Et « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ni jamais soif, car il sera devenu la Source d’Eau vive et éternelle » .

La méconnaissance de la Parole rend l’homme in -connaissant, c’est-à-dire incapable de faire naître en lui, comme autour de lui, de la vie.

L’homme marche de plus en plus à l’envers, les pieds sur terre et la tête tournée vers l’enfer ! et c’est par un véritable renversement de la vapeur qu’il doit opérer en lui-même, en tournant à nouveau sa tête vers le Ciel, vers la Vraie Lumière, qu’il  pourra stopper ses processus d’involution et remettre l’humanité toute entière sur le chemin d’évolution. C’est le point qui définit le cercle ; c’est le cercle qui signifie le centre. C’est le un dans le tout ; c’est le Tout (Dieu) dans le un.

 

 C’est l’amour qui sort vainqueur de la mort, si toutefois l’homme reprend conscience qu’il « ne peut pas servir deux maîtres à la fois : Dieu et l’argent ». Le renoncement à l’Avoir, à avoir toujours plus, ramène l’homme à la conscience de l’être.

Comme Abram prêt à sacrifier son fils, par sa simple soumission à la Loi, sans l’intervention de Dieu il ne peut le sauver. La symbolique d’aller au sommet de la montagne est celle de l’élévation spirituelle de l’homme, celle qui fait qu’Abram devient AbraHam. Son renoncement à son fils tant désiré, est le passage de l’avoir à l’être. L’ascension, (l’accès à la montagne de Sion), transcende sa paternité biologique en Père de l’Humanité.Le sacrifice de l’agneau biologique, l’holocauste, signifie le besoin de l’homme de renoncer à l’avoir pour vivre la transcendance de son être. Il préfigure le Sacrifice de l’Agneau, le Christ, l’Être pur par essence, le passage, par la mort de l’être voué à la vie matérielle, à la vie éternellement spirituelle, « purement »divine. L’ Excarnation est le sens de l’Incarnation !

Oui ! « Dieu est grand ». Parce qu’Il est Seul à être Sagesse et Amour pour l’Homme !

Lettre de Saint Paul aux Galates,3 : « Frères, l’Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus-Christ que la promesse s’accomplisse pour les croyants. Avant que vienne la foi en Jésus-Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu’au temps où cette foi devait être révélée. Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification. Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide (la Loi). Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le Baptême a unis au Christ, vous avez revêtus le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre , il n’y a plus ni l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ-Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse ».

« Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. » Luc, 11.

 

La justification par la Loi doit laisser place à la justice de la Foi.

« Frères, si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mènent la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le Royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix,patience,bonté,bienveillance,fidélité,douceur et maîtrise de soi. En ces domaines la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit. » Galates, 5.

L’homme d’aujourd’hui au service d’une vie de plus en plus égotique, se place sous la coupe du Prince de ce monde ; Ce qui a pour but de créer les conditions favorables à l’escalade de la violence et de précipiter l’humanité toute entière en enfer.

L’insouciance, l’inconscience de l’homme matériel, sont les autels sacrificateurs de la vie de ses enfants. Tant que l’homme se pensera, se croira, et ne se mettra pas à l’écoute de la Parole des sages, des maîtres, de Dieu, par son manque d’humilité, son insouciance, son inconscience, son incapacité, voire son refus catégorique d’écouter et de voir ce qui est juste et bon d’être, de dire et de faire pour la vie du monde qui l’entoure, seront autant d’autels sacrificateurs de la vie de ses enfants. Sans la certitude de la Foi, la vie du monde à venir n’est plus assurée !

 L’homme matériel prend toujours des mesures d’arrière-garde, compensatoires, sans jamais prendre la mesure de son être, et de la nécessité du devenir de son être. Quand l’homme reverra le monde avec son cœur et plus avec ses yeux de chair, il réalisera que comme il est « l’un » il peut être le « tout » ; et que ce tout signifiera qu’il est bien «  un ». Uni pleinement, parfaitement à lui-même, il s’unira au monde.  D’être strictement matériel il redeviendra essentiellement spirituel et donc universel ! Pour cela il faut que l’homme redevienne conscient que sans la Miséricorde de Dieu, son cœur comme son esprit, sont miséreux. Le « pauvre » n’est pas le « miséreux » ! Le « pauvre » est celui qui sait détacher son âme et son esprit du fait. « Heureux les pauvres de cœur et d’esprit, le Royaume des cieux est à eux ». Ev, de Matthieu. Le « miséreux » est celui qui ne possède plus rien.

Mais la misère matérielle n’est là que pour signifier, révéler la misère de cœur et d’esprit de toute l’humanité ; l’un n’étant que le reflet de tout ce que n’est pas l’autre ! Tant que l’homme continuera à construire des tours de la finance à côté de bidonvilles ou à leur place ; tant que l’homme volera, tuera,violera, assassinera, il perdra son humanité qui régressera au monde animal du 6e jour de la Genèse. Les animaux privés de raison que sont devenus les humains, disait Maître Echkart au Moyen-âge, créeront de plus en plus de bêtes sauvages et féroces. C’est par le retournement du 6e jour de la genèse en 9e jour (l’image du Yin et du Yang) que l’homme revivra dans la pleine Lumière de la Vie.

 

« Qui s’élèvera sera abaissé ; qui s’abaissera sera élevé ! »dit l’Évangile. « Les grands de ce monde »font le choix du paraître, à défaut d’être. Leur conscience, sous couvert d’humanité ou même de religiosité,n’est au service que d’intérêts plus grands, c’est-à-dire plus obscurs, pour la vie de l’humanité. « A quoi cela vous sert-il de construire de nouveaux silos quand les vôtres sont déjà pleins?Vous ne pourrez pas tout emporter ! »dit encore l’Évangile.

Le réchauffement de la planète, au-delà de l’avis des scientifiques, n’est que le reflet des flammes de l’Enfer dans lesquelles l’homme brûle le peu qu’il lui reste de sens de la vie. L’image médiatique de l’apologie de la mort, cultive la mort depuis le plus jeune âge, et crée des êtres encore plus forts qui ont désormais le culte de «  la mort extrême »! L’imaginaire devient actuel de la vie quotidienne ; le virtuel se transforme de plus en plus en réel.

« Le sens de la vie c’est de la rendre vivante »disent les théologiens. « La porte de salut c’est l’intériorité ». Le vivant est celui qui vit en lui, avec lui et pour lui ; et cette « résurrection de la chair (de l’unité de la vie en soi, pour soi) pourra rendre ce monde, de plus en plus mortifère, à nouveau vivant. C’est par le détachement impassible, par des morts symboliques qui amènent à des résurrections successives, que l’homme est rendu de plus en plus vivant…Si « l’homme ordinaire est en vie ; seul le sage est vivant » dit Confucius.

Ne cherchons plus les moyens de survivre aux désastres de l’apocalypse ; cherchons à revivre à la lumière de l’Apocalypse de Jean et de Daniel qui nous révèlent la Lumière de la Vraie Vie : tant que l’homme désertera son cœur, il créera de véritables déserts conjugaux, familiaux, sociaux, spirituels, qui créeront les déserts existentiels de la planète terre.La terre d’exil de l’homme c’est son extériorité. S’il laisse ses terres intérieures en jachère, il ne récoltera plus que ronces et épines. Il faut qu’il quitte la petite histoire de l’humanité, pour suivre le Chemin de l’Exode qui le ramène à la Terre Sainte de son intériorité pour participer à la Grande Histoire Biblique de l’Humanité. Son esprit sera alors couronné par la Grâce de l’Esprit Saint pour la sanctification de la vie du monde qui l’entoure. Par le passage de la Porte des Hommes, du sensible à l’intelligible, l’homme retrouve la symbolique de la vie. L’homme dans le fait est condamné à ne faire que constater le fait et à chercher des moyens compensatoires au fait ; l’homme éclairé reçoit le sens de la vie dans l’au-delà du fait. Et, le premier au-delà, c’est l’au-dedans (l’Eau du dedans du Baptême).

Les problèmes d’augmentation croissante de la démographie et de diminutions des richesses nécessaires à la survie des populations sont consécutifs à la désertification du cœur et de l’esprit de chacun ! L’orgueil de l’homme lui a fait quitter les terres fertiles de son cœur et de son esprit, pour les chimères d’un ailleurs qui n’est, en aucun cas, un au-delà !

La multiplication des voyages extérieurs et leur pollution atmosphérique n’a pas pour destination première de remédier à la misère du monde ! Partout dans le monde,le Satan s’est emparé de l’âme et de l’esprit de l’homme pour en faire un être strictement matériel, dont la revendication du « dieu profit » ne s’ établit que sur le terrain de la misère. Il l’a privé, vidé, de sa «  substantifique moelle » : la capacité de vivre en lui, avec lui, pour lui ; et selon la Loi « d’aimer son prochain comme soi-même », de vivre avec l’autre, pour l’autre.

Les martyrs, au contraire, dans tous les âges et toutes les cultures, ont affirmé par leur vocation de leur vie à Dieu, qu’on pourrait prendre leur vie, mais pas leur âme ni leur esprit qui appartiennent à Dieu. L’appartenance à Dieu est signifiée pleinement par le Christ sur la croix : « Père ! Ta Volonté, non la mienne ! »

Mais heureusement que les nano-technologies arrivent pour traiter toutes les maladies ! La manipulation des consciences par les médias, nous préparent, avec l’aide des instituts de recherche très compétitifs (entre eux) à la robotisation de notre vie, en attendant la robotisation de l’homme lui-même : sa transformation en robot…

Les centres de recherche sont tous des centres d’intérêts pour les hommes de la finance; est-ce-qu’ils sont tous intéressants pour la santé de l’homme et son avenir ? Le progressisme en la matière n’est pas le progrès de l’homme, en l’homme, pour l’homme. Quand l’homme cherche à se donner bonne conscience, c’est que sa conscience n’est pas pure, n’est pas porteuse de vérité, mais d’illusions ! Le transhumanisme que revendique bon nombre de « responsables » dans « un tout sécuritaire » est un progrès de la matière qui fait de plus en plus de l’homme un être matériel, esclave de la matière qu’il crée. Les biens qu’elle apporte sont de plus en plus séduisants, de plus en plus efficaces et toujours plus éphémères.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »dit Rabelais ; et « celui dont la clairvoyance ne s’étant pas loin sera bientôt dans l’embarras »dit Confucius.Si l’homme a perdu la raison, il ne pourra pas prendre à nouveau le chemin de la tempérance, du temps fini de l’errance…

Sans les quatre vertus cardinales de Justice et de son pendant la Clémence- de Tempérance- de Force et de Prudence, les hommes opposeront toujours entre eux des valeurs économiques, sociales, politiques, familiales ou religieuses…etc, définies par leur appartenance à telle culture, à telle tradition, ou à tel milieu social, sans jamais porter de regard sur l’autre avec son cœur.

 

L’avenir de l’homme ne peut passer que par l’homme, avec l’homme en l’homme. Le respect de l’homme pour la Nature passe par le retour à son humanité (sa vie intérieure) et à sa nature divine originelle ; car sans la création de la vie en lui, il ne pourra plus créer de vie autour de lui ; Il deviendra de plus « l’ homme cancer qui se détruit et qui détruit » au lieu de devenir, de redevenir, « l’homme-dieu » qui se crée et qui crée. « Pourquoi Dieu s’incarne en l’homme c’est pour que l’homme devienne dieu »dit Saint Paul.

Si l’homme n’est pas rendu à nouveau vertueux par son retour aux vertus cardinales, il ne retrouvera pas la dignité qui est sensé être la sienne. Il ne pourra dans ce cas recevoir la Grâce des trois vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité ; « la plus grande étant la Charité. » affirme le Christ. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »Et,« Partout où vous vous réunirez en mon nom, je serai parmi vous. »

 

« Le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas ! » dit Malraux. Dieu nous enseigne sans cesse le sens véritable des mots amour, vérité, justice et paix. Ce que nous rappelle le Psaume 84 :

« Amour et Vérité se rencontrent,

Justice et Paix s ’embrassent ;

La Vérité germera de la Terre

Et du Ciel se penchera la Justice. »

Rappelons- nous encore cette intervention de Dieu pour son peuple d’Israël (du Ish, masculin de l’être, qui retourne au El, à Lui, à Dieu) : « Écoutes Israël ! Quand donc écouteras-tu ma Parole avec ton cœur ?… Sans quoi il n’y aura sur cette terre que pleurs et grincements de dents. »

La Terre Sainte de l’Humanité toute entière c’est le cœur de l’Homme, de chaque homme.

« Vous tous, enfin, vivez en parfait accord, dans la sympathie, l’amour fraternel, la compassion et l’esprit d’humilité. Ne rendez pas le mal pour le mal, ni l’insulte pour l’insulte ; au contraire, invoquez sur les autres la bénédiction, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin de recevoir en héritage cette bénédiction. » 1 Pierre.

L’homme dans le fait fait le choix de la fatalité ; l’homme dans l’esprit, de la spiritualité ! « Que celui qui a des oreilles entende ! » Les 22 chapitres de l’Apocalypse de Jean sont ponctués de cette parole.

 

L’Espérance de Dieu, c’est le Père qui fait sortir l’Homme de l’errance en lui envoyant Son Fils … Elle remplit l’homme d’espoir : Elle est la Lumière qui apparaît dans le noir des ténèbres, comme le signifie ce Proverbe bouddhiste : « Si je mets ma goutte d’eau dans le creux d’une main, le soleil aura tôt fait de l’assécher ; mais si je mets ma goutte d’eau dans l’océan, le soleil devra assécher l’océan entier pour assécher ma goutte d’eau ! »

« Nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ; car notre détresse du moment est légère par rapport au poids vraiment incomparable de gloire éternelle qu’elle produit pour nous. Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel ». Ev de St Paul Apôtre aux Corinthiens (ch 2)

Nos transmutations successives au cœur de nous-mêmes par le détachement du fait, nous transforment et nous rétablissent dans la volonté, le courage et la force pour transformer le monde …

L’Homme rétabli dans son intégrité est redevenu le Temple de Dieu, le Temple de le Création !

« Détruisez ce temple ; je le rebâtirais en trois jours » … Que celui qui a des oreilles entende !

 

LA JUSTICE

La Justice

 

Saint Augustin : « Si tu ne renonces jamais à la vie vertueuse, ta bouche est muette mais ta vie est une acclamation. »

L’homme vertueux est celui qui retrouve la volonté et le courage de combattre l’Ego (l’orgueil de l’homme).

Saint Augustin : « Point de salut sans combat dans son intériorité ! »

Charité bien ordonnée commence par soi-même …

 

Par l’immersion dans les eaux du baptême, l’homme passe la Porte des Hommes, il revit en lui avec lui et pour lui. Il retrouve le plan divin de l’universel, du un qui va vers le El (Lui en hébreux). L’Homme retrouve le sens de la vie qui le ramène à Dieu le Père par la Filiation du Christ selon sa Parole « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ». l’Homme redevient ainsi le Temple de Dieu. Il est ce rempart impénétrable au vice (la tentation de l’extériorité), l’asile de la vertu, (de celui qui va vers le tu), c’est-à-dire l’intimité, la familiarité, la fraternité universelle. L’Homme vertueux est celui qui tutoie, qui approche de la face de Dieu, selon l’esprit de Saint Augustin : « Seigneur, ce n’est que devant ta face que mes yeux seront ouverts ».

Les différentes vertus « cardinales » de Justice, de Tempérance, de Prudence et de Force, et les trois vertus théologales d’Espérance, de Foi et de Charité font de l’Homme le sanctuaire de la Vérité. L’Homme libéré de la fausseté de son égo rentre en religion avec lui-même  pour se retrouver en religion avec Dieu. L’unité rétablie dès cette vie sur Terre, en soi, avec soi pour soi comme pour tous les hommes, rétablit le lien entre Dieu et l’Homme.

 

Dans notre étude, sur la quête du sens des vertus cardinales, nous nous sommes référés à la Somme Théologique de Thomas d’Aquin, et à la lumière des sages et des maîtres, des théologiens, des mystiques dont nous avons reçu la connaissance. Nous avons tenté d’apporter pour la vie du monde à venir une lumière peut être plus adaptée au monde d’aujourd’hui, ce qui a nécessité et donc initié une dispute de ces textes.

 

Les vertus sont des puissances créatrices de vie données par ce que les Maçons nomment le Grand Architecte de l’Univers, (Principe créateur de toute chose, Esprit Saint de Dieu), et qui rendent l’homme vertueux, volontaire, courageux et plein de force pour accomplir son devoir. La somme des vertus ne fait qu’un au cœur de l’Homme. Elles définissent, dans le cœur et l’esprit, des lois et des règles de sagesse et d’amour pour la création de la vie dans la Création. Ce principe est défini par la Parole du Christ « Devenez une Pierre Vivante pour participer à la construction de l’édifice ». Matthieu Ricard, moine boudhiste, dit « Il n’y a pas de bien ni de mal, il n’y a que le bien et le mal que nos pensées et nos actes engendrent. Nous sommes  responsables de nos vies comme l’architecte l’intention et le maçon l’acte, répondent de la qualité d’une maison ». L’Homme passe de l’Image à la Ressemblance par la Grâce de l’Amour de Dieu. Seul Dieu est Amour !

La Justice de Dieu est création : l’amour est acte créateur.

L’être vertueux n’est pas une finitude, mais est porteur du sens de l’infinitude. L’homme n’est jamais vertueux, il est rendu vertueux. La vertu est une capacité de l’être qui retrouve Son Image et Sa Ressemblance car le sens de l’être est de ne plus être, pour que Dieu soit. Le renoncement de l’être est la libération pour l’être, de sa vie, de toute finitude.

La vertu donne à l’homme le sens de l’au-delà. Elle porte en elle le sens de l’Universel et de l’Eternel. La vertu rend l’homme éternellement vivant. Elle porte en elle le sens de la nécessité de vivre en Dieu.

 

La première vertu à laquelle est rappelé l’homme est la Justice.

Définir le sens de la Justice de Dieu, c’est définir le sens de l’au-delà, car la Justice est divine (Dieu Seul a le sens de ce qui est juste).

L’homme ne peut plus continuer à prétendre établir ou rétablir la Justice de Dieu car Dieu Seul se rend Juste au cœur de l’Homme. La Justice de Dieu est intérieure, c’est son Amour qui en témoigne dans le monde pour le monde. Sans l’Amour inconditionnel de Dieu, l’homme demeure injuste dans sa relation à lui, dans sa relation au monde. Sénèque dans la vie heureuse dit « L’être ordinaire se mortifie à l’ombre du fait, l’être éclairé ressuscite à la lumière de l’esprit ». La Justice de Dieu ramène l’homme par la Filiation, de la finitude (la mort) à l’infinitude (la vie éternelle). C’est l’amour qui crée la vie, et la vie mène à l’au-delà du fait. Dans sa Volonté de guérir l’humanité de tous ses maux, Dieu dit à travers son Fils « qui m’aime me suive ». En Maçonnerie spéculative, c’est-à-dire en véritable miroir de l’Esprit de Dieu, la Justice est signifiée à l’apprenti lors de son intronisation.

 

L’Homme n’accède à la Justice que par la Tempérance, le temps fini de l’errance. Les Portes de la Justice ne s’ouvrent que par la Clémence (la clé à ce qui ment). L’humain vit de sentiments, de contentements, de jugements, car son âme, volée par le Satan (l’ange déchu) ne lui donne à voir que ce qui ment. La Justice de Dieu, dans son Parfait Amour a été d’envoyer son Fils pour ramener l’homme sur le chemin de la Vérité. L’intériorisation de l’homme est vérité ; son extériorité est illusion et mensonge. Lorsque apparaît la Justice, au regard de l’initié, c’est pour lui signifier qu’il est bien rentré dans le Temple de sa vie intérieure, en vue de devenir Temple de l’Homme comme Temple de Dieu ; tel est le sens de la contemplation.

 

La Justice ne peut être témoignée dans le monde qu’avec la Prudence. N’est prudent que celui qui est au cœur de lui-même. Cette Prudence symbolise le prude : le chaste, le pur, c’est-à-dire le détaché de manière impassible, de ce qui ment. La Prudence est donc une qualité de l’être sans laquelle la Justice ne peut s’accomplir.

Les vertus sont interdépendantes et contribuent pour l’Homme à son unité rétablie pour sa vie dans le monde. L’Homme juste est témoin du Christ dans le monde, pour le monde.

L’Homme juste est l’homme qui vit en christ.

Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. »

 

Parce que l’homme a retrouvé le sens de la Clémence, il frappe à la Porte du Temple, à la Porte des Hommes, et c’est avec la persévérance (parce qu’il a perçu l’errance) qu’il suit le chemin de la Tempérance qui le ramène à la Justice.

 

La Justice traduit la Prudence et s’exprime par la Force. Cette Force n’est plus comme pour les profanes (c’est-à-dire les humains) un système d’opposition, de réaction, de division, de pouvoir des uns par rapport aux autres, de guerre, mais c’est une puissance transcendantale pour la vie.

 

Ces quatre vertus cardinales, la Tempérance, la Prudence, la Justice, et la Force, sont les piliers de la Vie de l’Homme. Elles sont les quatre conditions nécessaires à la manifestation de la vie par la grâce de l’Esprit (le cercle) dans le carré de la Terre. Elles sont des messages de Dieu adressés à l’Homme dans Sa Volonté de le sauver.

La stabilité et l’harmonie dans la Création ne se font que grâce à ces vertus cardinales qui perpétuent la Création ; la création de vie nouvelle dans la Création ne se fait que grâce aux vertus théologales qui rendent la Création vivante.

L’enseignement de la théologie a pour mission de rendre la vie vivante, dans sa relation à soi, dans sa relation au monde. Le Logos, l’Incarnation du Verbe, signifie la Présence Eternelle de Dieu au sein de Sa Création.

Ces quatre vertus cardinales pour l’homme, sont en réalité théologales ! Elles émanent de Dieu, car « c’est par Lui que tout a été fait ». Elles permettent de retrouver son âme et son esprit (cheminement initiatique) en combattant et vainquant ses passions, comme le signifie la citation de Saint Augustin reprise en préambule.

 

Dans sa quête de la Justice, l’Homme ne peut pas se tromper et croire que c’est lui qui vient frapper à la Porte ; c’est la Volonté de Dieu qui l’amène. Lorsque l’homme croit que c’est de sa propre volonté, il est sous l’emprise de son égo. Par la Clémence, Dieu révèle à l’humain ses potentialités divines. Dieu est la clé à tout ce qui ment.

La Justice donne le sens de la Clémence, et la Clémence a pour vertu de ramener à la Justice placée symboliquement à l’Orient ; la Clémence figurant à l’Occident.

Le Christ est le soleil de Justice qui se lève à l’Orient, au cœur de l’Homme.

Pour l’humain la clémence vient après la Justice, pour l’Homme, la Clémence précède la Justice.

Le Plan Divin, depuis la chute d’Adam et Eve du paradis, est de tout ramener à l’intériorité de l’Homme pour un retour à la Genèse et à la Création.

Le Principe Créateur est Divin. Le principe destructeur est satanique.

L’un est générateur et créateur de vie, l’autre est mortifère.

 

Dans l’initiation Maçonnique, la première vertu qui est signifiée à l’Apprenti est la Justice.

Selon le rituel, le futur Apprenti prend conscience, à travers les trois voyages qu’il doit effectuer, de l’exigence du cheminement nécessaire pour se rendre à la Justice.

La divinité de la Justice est de rétablir l’unité entre l’Esprit, l’Âme, et le Corps.

 

Lors de l’initiation, il est dit : « Les lois de la justice sont éternelles et immuables. Celui, qui étant effrayé des sacrifices qu’elle exige, refuse de s’y soumettre, est un lâche qui se déshonore et se perd. »

Par la repentance et la conversion, le futur initié à la Lumière trouve la possibilité de libérer sa vie du remord.

Elle est la Vertu majeure. Sans les sacrifices qu’elle exige, l’initié ne recevra pas la Justice de Dieu, qui ne s’accomplira qu’avec la maîtrise. Au cœur de lui-même, il est rendu juste. La Justice est à la fois vision du chemin à accomplir, révélation de l’Amour de Dieu, et manifestation de Sa Bonté. La Justice est Lumière, elle éclaire le coeur de l’Homme.

Parvenu à la Justice, l’initié Franc-Maçon est élevé à la maîtrise par le Vivant, le Christ, et devient alors pierre vivante. « Devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’Edifice ».  Le Christ, Pierre Angulaire est le Maître d’œuvre de cet ouvrage, elle est Triomphale car sans la Gloire de Dieu rien n’est possible. Cette Pierre Angulaire a pour miroir la Pierre Fondamentale (HIRAM) ; fondamentale car symbolique. Hiram est le symbole du passage de la mort (l’horizontalité) à la résurrection (la verticalité) : L’Homme relevé de sa faute, son extériorité. « La chair quitte les os », l’esprit quitte la matière ; la maîtrise est signifiée par le détachement, l’inconditionnalité, c’est-à-dire la vie éternelle. Hiram, le Maître Maçon est le symbole de l’Homme-christ, de celui qui vit en christ. C’est le Christ en l’Homme, et non plus l’homme lui-même, rappelant la Parole : « L’Homme se fait tout petit pour que Dieu soit », « Il faut que je diminue pour qu’Il croisse » (la croissance étant le sens de la croix). Hiram est la Pierre Fondamentale qui préfigure la 2° venue du Christ sur Terre. L’humain ne peut pas se figurer. L’Homme au cœur de lui-même préfigure : il se prépare à figurer quelque chose que lui-même ne peut pas se figurer. Il se tient prêt, à l’image des vierges sages, à figurer selon la Volonté de Dieu, pour signifier  dans la création.

Au cœur de lui-même, devenu réceptacle de la Lumière, l’Homme n’est plus … pour être ! Le Christ s’incarne au cœur de l’Homme. Hiram est la matrice et nous retrouvons Marie.

Cette élévation, passage de la Pierre Angulaire Fondamentale, à la Pierre Angulaire Triomphale, est signifiée par la perpendiculaire (la verticalité). Le Maître est bien l’éternel Apprenti. La Maçonnerie ne commence qu’au grade de Maître ! Le seul véritable Maître étant le Christ.

La Justice est le commencement véritable de la vie Maçonnique, et elle en donne le sens.

A travers la justice se pose le problème de la Maçonnerie. Dans la temporalité, elle apparaît comme la première vertu, et n’est que la dernière à « être atteinte », si toutefois elle est accessible. Alors qu’elle est la première révélée, elle est la dernière qui se donne à vivre.

 

La Justice, bien que révélée le jour de l’initiation, ne sera vécue que lorsque le Maçon aura atteint son cœur. Alors il ne la verra plus (extérieure à lui), il la vivra : rendu à la Justice, il sera rendu juste. L’Apprenti ne peut se rendre à la Justice qu’avec la main de Dieu, des justes qui doivent refléter la Lumière qu’ils reçoivent (reflet de l’image de Dieu). Comme il a été rendu juste par Dieu, il se rend juste dans sa relation à l’autre. Ces voyages nous font passer de l’âge de la temporalité à l’âge de l’intemporalité. La Porte de la Justice est la Porte du Ciel.

Le rituel Maçonnique est le reflet de la Parole de Dieu et de son Esprit de Justice signifié par la Parole contenue dans la Bible, la Lumière du Monde.

Le Principe ne devient réalité que si la Parole révélée est véritablement vécue. La preuve de l’amour, c’est le témoignage !

Ce sens de la Justice révèle à l’homme son cœur, son centre ontologique, à partir duquel se crée la vie. L’Amour signifie la Justice par son universalité dans les quatre dimensions de l’espace. L’Amour, (à ne pas confondre avec le sentiment), acte créateur, est symbole de la Justice ; son universalité dans les 4 dimensions de l’espace en fait une vertu cardinale.

Tout est sous tendu par la Justice, elle est révélation et accomplissement de la Loi. Elle est en ce sens l’alpha et l’oméga : elle émane de Dieu. Elle est retournement à Dieu signifié à l’Apprenti dès son entrée dans le Temple, et manifestation de l’Amour de Dieu à travers la Chaîne d’Union, fraternelle et universelle.

La Justice serait pour l’homme la fin de son injustice, le but ultime à atteindre pour l’homme sur Terre, car l’homme non centré est perdu. Avec la Justice l’Homme atteint sa finitude, c’est-à-dire qu’il a fini d’être injuste dans sa relation à lui, dans sa relation à Dieu.

La Justice est pour l’être le commencement de sa vie nouvelle : la Justice étant cette Porte du Ciel porte de passage de l’Homme à l’Etre.

Cette révélation de la Justice à l’initié est en fait une formidable et exigeante invitation, qui ouvre la porte de la Vie.

Cette première vertu cardinale, et son sens théologal, permet de comprendre que les trois autres vertus de Tempérance, de Prudence et de Force, qui amènent et rendent la Justice possible, de par leur imbrication mutuelle, sont en vérité toutes théologales : la Lumière venant toujours du Ciel, le principe émanant du Principiel.

Les vertus théologales sont devenues cardinales pour permettre à l’homme sa conversion. Elles ne font pas de l’homme une personne vertueuse, elles le ramènent à la Justice, à Dieu lui même.

Le travail d’architecture est de révéler la Lumière qui mène à la Justice. Les transmutations successives, les transcendances de chaque épreuve à travers lesquelles l’initié fait l’expérience du Salut le transforment peu à peu pour que le monde se transforme autour de lui. La Clémence de Dieu mène à la Porte du Temple pour que l’impétrant entende selon Saint Matthieu : « demandez et vous obtiendrez, cherchez et vous trouverez, frappez et la Porte s’ouvrira »

 

Le cherchant de la Lumière suit la voie de la Sagesse (voie de l’intériorisation) ; il passe de l’esclavage (de l’extériorité, de la Terre d’exil) à la libération ; à l’exode qui le mène à la Terre Sainte de son intériorité, du peuple hébreux au peuple juif (au peuple d’Israël). Le Ish (principe masculin de l’être) retourne au El, et en retournant au El il retrouve son Isha, principe féminin de l’être. « Dieu créa l’Homme à son Image, Homme et Femme il les créa » Livre de la Genèse.

Le plan divin (unité de fait et de Principe) se rétablit au cœur de l’Homme, symbole depuis la venue du Christ sur terre, du paradis dans lequel tout se passe sur la terre comme au ciel.  La Justice se donne à celui qui se rend à sa rencontre. La Justice se donne à l’Homme pour l’Homme, et à travers l’Homme au monde qui l’entoure. La Justice, qui se donne au centre de la Révélation, au cœur de l’Homme, est vision de la Volonté de Dieu (de Son Esprit Créateur) dans Sa Création. Nous rappelons ainsi que Dieu a bien placé l’Homme au centre de Sa Création, et que le centre de Sa Création est le cœur de l’Homme. La Justice relève de l’Absolu, de l’Esprit et de sa Loi, alors que le jugement tient à la rationalité du profane. La vie du profane s’exprime dans le sens relatif au fait, la vie de l’initié concerne sa quête de l’Absolu. L’Esprit et sa Loi en dicte le sens.

La Justice est une connaissance que l’Initié reçoit, de ce qui est juste et bon, de dire, de faire selon la Parole de Dieu manifestée dans la Sagesse de l’Ancien Testament, dans l’Amour du Nouveau Testament, dans la Vision céleste de l’Islam. Le Juste est à la fois Juif, Chrétien et Musulman au regard de Dieu.

La Justice est signifiée par cette étincelle de vie pour tous ceux qui cherchent la Lumière, et qui au fur et à mesure de leur persévérance, dans leur volonté de suivre leur chemin initiatique, devient flamme de vie, puis pure lumière au-delà de toute lumière. L’humain (la faiblesse) devient de plus en plus Homme (la Force) pour ne plus regarder le monde avec ses yeux de chair, mais avec son cœur ; ce qui est signifié par la parabole de la femme adultère. Les transmutations, par ces libérations successives de tout conditionnement de sa vie au fait, transforment l’Homme parvenu au cœur de lui-même en Etoile Flamboyante, qui brille désormais éternellement dans les ténèbres. La religiosité est désormais l’expression terrestre de sa religion. Elle est le chemin initiatique qu’il est nécessaire de faire dans sa relation à soi, dans sa relation à Dieu, dans sa relation à l’autre. Elle est pour chaque chrétien, ce corps mystique du Christ (du Christ faisant corps avec celui qui vit en christ), constituant l’Eglise (Corps Mystique du Christ), et dont la tête est le Christ lui-même. Parvenu au cœur de lui-même, l’Homme est élevé par la main de Dieu à la conscience de l’être ; pour l’élever à une Conscience au-delà de toute conscience ! Affirmée par la Parole du Christ « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ». L’Esprit de Justice fait de l’être vivant un être conscientisé par la Grâce de l’Esprit Saint. Cette Grâce ne se révèle à l’être, en dehors de toute appartenance, que pour lui permettre de retourner à l’Être Suprême : « Nous rendons Grâce à Dieu », et « Vous devez renoncer à tout ce que vous avez, tout ce que vous êtes, y compris vous-mêmes, pour porter ma croix dans le monde » Luc 17.

 

C’est pour cette raison que l’initié est épris (esprit) de Justice, car il est dans une relation amoureuse à Dieu qui est la Justice Elle-même.

L’Esprit de Justice, contenu dans la Parole manifestée (la Prophétie), comme non manifestée (la Révélation), s’incarne dans l’être vivant en christ (le véritable initié) ressuscité d’entre les morts (monde profane) et redonne à l’Homme l’unité entre ses deux natures. L’Homme est le fruit de la rencontre entre son humanité (faiblesse) et sa divinité (Force)

Le juste de l’Ancien Testament par la conformité de sa vie à la Parole, redevient bon par la grâce de l’Amour.

La Justice consiste à conformer sa vie à la Parole, en vue de son propre salut et de tous les siens : le premier Arche d’Alliance de Noé est constitué par la conformité de la vie de l’homme à la Parole de Dieu.

Le deuxième Arche d’Alliance éternelle et toute puissante, est constitué par la vie de l’homme en christ, disposée ainsi à recevoir l’Amour inconditionnel de Dieu.

Telle est la Révélation du Nouveau Testament !

La vie n’est plus soumise à la Loi (infantilisation de l’être), elle est accomplissement de la Loi (l’âge « Adulte »).

La Justice de Dieu lave le Vieil Adam de sa faute originelle : c’est le sens du Baptême.

La Justice est principe, c’est pour cela qu’elle figure à l’Orient. Son pendant, la Clémence, figure à l’Occident pour signifier qu’elle est aussi acte. La Clémence est douceur, chaleur, « la clé à ce qui ment » dans le sens où elle ouvre la Porte du Temple. Elle est la Porte de passage du mensonge, de l’illusion temporaire du fait, à la Vérité éternelle de l’Esprit.

Le Juste voue sa vie à Dieu dans l’établissement du « pour » le monde, dans le « et », l’unité dans le monde. A l’inverse, celui qui juge l’autre (dans le par rapport) se condamne lui-même par son sens relatif au fait, obéissant à des lois psychologiques et passionnelles, en lieu et place des lois ontologiques (de genèse et de création de vie). Le jugement des hommes est mortifère ; la Justice de Dieu est libératrice, salvatrice et créatrice. Dans le monde éclairé et initié, la vie est sacrée, car elle est exclusivement consacrée à l’autre, selon la Parole du Christ « devenez une pierre vivante pour participer à la construction de l’Edifice ».

La Maçonnerie est une expérience universelle extra-ordinaire, au-delà de l’ordinaire, car elle est consacrée exclusivement à la création d’une vie meilleure, et d’un monde meilleur. La Maçonnerie spéculative est le reflet de l’Amour de Dieu dans Sa Création. Il est demandé aux Maçons : « Allez porter dans le monde toutes les vertus dont vous avez juré de donner l’exemple » en parallèle de la Parole du Christ aux apôtres : « Je vous envoie partout dans le monde guérir les lépreux » (ceux qui vivent selon les apparencesen référence à la « tunique de peau », « ressusciter les morts » (ramener ceux qui étaient mortifiés « à l’ombre du fait, à la Lumière de l’Esprit » dit Sénèque dans La vie heureuse – « et à chasser les démons des esprits impurs » (toutes les insouciances, inconsciences, incapacités, de tous ceux qui vivent en faux maîtres, en faux prophètes, pour assouvir leur besoin de reconnaissance.)

Le Juste est intègre car il a ré-intégré son cœur : son cœur fait partie entière de sa vie. Il est le Un qui devient le tout, pour que le Tout dignifie le Un.

Tel est le sens de l’être universel. Au cœur de sa vie, l’homme touche à l’infini et à l’éternel.

 

Dieu ne rend pas justice à l’Homme, il rend l’Homme juste. Rendre Justice à l’homme reviendrait à conditionner l’esprit au fait, au sens du mérite. L’Homme est rendu juste non par rapport au passé, mais en perspective de l’au-delà : son devenir est celui du monde qui l’entoure. Chaque prophète de l’Ancien Testament se voit, dans la Justice de Dieu, donner une Terre Nouvelle.

 

Dans l’Ancien Testament, la Justice fait appel à l’intellect, à la conscience de l’homme, d’où la Crainte de Dieu, car l’intellect s’attache à l’extériorité de l’homme. Le Crainte de Dieu vient du fait que si l’homme reste extérieur à sa vie, il ne peut se rendre à son cœur. Il craint ainsi que l’homme n’écoute pas Sa Parole. Psaume 94 : « Ecoute Israël, quand donc écouteras tu ma Parole avec ton cœur ? ». La crainte de Dieu devient la crainte de l’homme de ne pas conformer sa vie à Sa Parole. La crainte des humains est mortifère alors que la crainte de Dieu est salvatrice, libératrice, et créatrice de vie grâce à Sa Parole.

Dans le Nouveau Testament, la Justice fait appel à l’Intelligence du coeur : L’Amour est la Justice en action. L’Intelligence du cœur, c’est d’écouter son cœur pour pouvoir écouter le cœur de l’autre. Depuis le Nouveau Testament tout se passe dans un cœur à cœur. Il n’y a plus de rapport de force car la Force c’est l’Amour. Si l’amour révèle l’Intelligence du cœur, ce qui la signifie ce sont les qualités de l’être : l’humilité, la simplicité, l’immutabilité comme l’écrit Maître Eckhart.

Dans la nécessité de l’écoute de la Parole et de la pratique, Saint Matthieu reprend une question du Christ  (7.21) : « Pourquoi m’appelez-vous « Seigneur, Seigneur », et ne faites vous pas ce que je dis ? »; puis sa réponse (7.24-27) : « Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à quoi il est comparable. Il est comparable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profond et posé les fondations sur le roc. La crue survenant, le torrent s’est rué sur cette maison, mais il n’a pu l’ébranler, parce qu’elle était bien bâtie. Mais celui au contraire qui a écouté et n’a pas mis en pratique est comparable à un homme qui aurait bâti sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est rué sur elle, et aussitôt elle s’est écroulée ; et le désastre survenu à cette maison a été grand ! »

Le Juste devient bon par la Grâce de l’Amour. La Bonté est le sens de l’au-delà de la Justice. La Bonté devient symbole ; elle est la traduction, dans le monde, de la Justice. Dans le livre de la Genèse, Dieu dans son Esprit de Justice « vit que cela était Bon », c’est-à-dire que cette bonté est acte créateur. Comme Dieu est Esprit, cette Bonté n’est pas un état de fait, mais genèse et création. C’est Bon car c’est pour la Vie !

L’homme n’est ni bon ni mauvais, il est rendu juste pour que la vie soit bonne. Ce qui est bon pour l’homme c’est qu’il soit rendu juste. Il est bon pour l’homme que d’être juste car la justice est salutaire et porteuse de sens créateur de vie. C’est dans Sa Création que Dieu voit qu’il est bon. La bonté pour l’Homme c’est d’être créateur : d’Image (la Justice), il devient Ressemblance (la Bonté).

La bonté de l’Homme est la création de la vie dans la Création. Le fait que l’homme soit créateur est le sens du pourquoi de sa création.

La Justice est la transformation au cœur de l’Homme de la puissance créatrice de Dieu, en tant que Grand Architecte. La Puissance Créatrice, le « puits biblique du sens », au cœur de l’Homme devient alors création. Le cœur de l’Homme devient ce puits biblique qui fait de lui une source d’eau vive et éternelle, selon la Parole du Christ : « celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ni  jamais soif, car il sera devenu lui-même la source d’eau vive et éternelle ». La Bonté, en tant qu’au-delà de la Justice, c’est d’être ce que l’on n’était pas, ce que l’on ne pouvait pas être, sans la Présence au cœur de l’Homme du Grand Architecte de l’Univers, du Principe Créateur Universel.

 

Le Maçon spéculatif reflète l’image de Dieu. Il est le reflet de l’intention de Dieu, car il répond à l’Espérance de Dieu, attente de Dieu de le voir revenir à Lui pour accomplir son dessein. Il est opératif par la grâce de l’Amour. Il n’est pas opératif dans la matière ; il est opératif pour la vie de la matière : l’esprit transforme les ténèbres en lumière. Tout fait est matière à une écoute, une vision, et une compréhension  nouvelles.

Dieu n’opère pas dans la matière, mais pour la matière, à travers l’Initié. Le Maçon est messager (messe) de tout ce qui est pour la vie, il est la promesse du témoignage de la lumière, il est celui qui fait l’unité entre l’Esprit et la matière. Sans le triangle supérieur (la vie spirituelle définie par le Père, le Fils, le Saint Esprit), le carré de la matière se transforme en tombeau. Au 3° jour, le tombeau du Christ est vide car la matière ne peut contenir l’Esprit qui en symbolise l’au-delà.

La Justice du Maçon consiste à sortir de la quadrature du cercle, c’est-à-dire quitter la vie matérielle pour la vie spirituelle ; donner vie à la matière et la transformer. C’est dégager l’esprit du fait pour que l’esprit puisse donner vie au fait.

La vie du Maçon n’échappe pas au principe éternel de la Mort et de la Résurrection. Se dépouiller, renoncer à son propre fait pour renaître à la vraie vie en suivant le chemin qui ramène au cœur de son intériorité, centre ontologique de sa vie…

La Justice est transmutation en transformations successives dans une élévation édifiante et constructive de la vie, pour la construction d’un monde meilleur. Devenir meilleur est une nécessité, car « qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour » dit Confucius.

La Justice est invitation au merveilleux voyage initiatique de la vie…

 

 

 

 

Références bibliques qui ont étayé ce travail sur la Justice :

 

Lettre de Saint Paul apôtre aux Romains (8, 28-30)

« Frère, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux qu’il connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l’image de son Fils, pour faire de ce Fils l’aîné d’une multitude de frères. Ceux qu’il destinait à cette ressemblance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a justifiés, il leur a donné sa gloire. »

Commentaires :

« Quand les hommes aiment Dieu » signifie que quand les hommes retournent à Dieu, ne nient plus Dieu, ils sont rappelés pour être ses serviteurs, des êtres libérés de l’esclavage du monde. « Aimer Dieu » c’est être créateur de vie dans Sa Création ; ce que Saint Paul appelle : « l’économie de Dieu » : l’homme redevenu capable d’entreprendre au sein de ses différentes formes de vie, participe à l’entreprise du Grand Œuvre de Dieu.

« Ceux qu’il connaissait par avance » : Dieu créa l’homme à Son Image ; cette Image reflétant dans l’Esprit de Dieu l’Image de son Fils. La multitude de ceux qui reflètent sur terre l’image de Son Fils sont appelés Frères. Tous ceux, élevés par la Grâce de l’Esprit, sont appelés Justes dans le Corps Glorieux de Son Fils : « je suis la tête, vous êtes le corps ».

Le sens de la vraie vie retrouvée dans les Eaux du Baptême, du royaume de la Prêtrise et de la Prophétie, transforme le communiant en apôtre confirmé.

 

Psaume 96 « Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ! »

Une lumière est semée pour le juste,

et pour le cœur simple, une joie.

Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes !

Commentaires :

Ce psaume est à vivre en parallèle avec le Prologue de Saint Jean « au commencement était le verbe… » C’est l’Incarnation du Verbe.

 

Baruc (5, 1-4)

Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Eternel. Dieu va déployer ta splendeur partout dans le ciel, car Dieu, pour toujours te donnera ces noms : « Paix de la Justice » et « Gloire de la piété envers Dieu »

Commentaires :

Jérusalem, (le shalom, le salut par le retournement au Je) : L’Homme quitte les apparences de l’humain pour revêtir le Christ, « je suis ce que je suis ».

 

Saint Paul apôtre aux Romains (3, 21-30)

Frères, aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté en quoi consiste sa justice : la Loi et les prophètes en sont témoins. Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est offerte à tous ceux qui croient. En effet, il n’y a pas de différence : tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu, et lui gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. Car le projet de Dieu était que le Christ soit instrument de pardon, en son sang, par le moyen de la foi. C’est ainsi que Dieu voulait manifester sa justice, lui qui, dans sa longanimité, avait fermé les yeux sur les péchés commis autrefois. Il voulait manifester, au temps présent, en quoi consiste sa justice, montrer qu’il est juste et rend juste celui qui a foi en Jésus…

Commentaires :

« indépendamment de la Loi » : Le salut de l’Homme ne passe pas par la reconnaissance par Dieu de ses mérites, mais par le sens de la Vie qui est l’au-delà. L’Amour de Dieu est inconditionnel, il se manifeste pour l’Homme pour sa vie et non en fonction de son fait.

 

Sagesse (1, 1-2)

Aimez la justice, vous qui gouvernez la terre,  ayez sur le Seigneur des pensées droites, cherchez-le avec un cœur simple, car il se laisse trouver par ceux qui ne le mettent pas à l’épreuve, il se manifeste à ceux qui ne refusent pas de croire en lui.

Commentaires :

« Aimez la Justice », la Justice de Dieu est Amour pour tous ceux qui font preuve d’humilité et de simplicité « cherchez le avec un cœur simple ». L’Amour gouverne le Ciel comme la Terre.

Le Satan est Prince des ténèbres, des terres extérieures à l’homme (les insouciances, les inconsciences).

Le Christ symbolise les terres intérieures, l’élévation aux champs de conscience.

 

 

Isaïe (45, 22-24)

Tournez-vous vers moi : vous serez sauvés, tous les lointains de la terre ! Oui, je suis Dieu : il n’en est pas d’autres ! Je le jure par moi-même ! De ma bouche sort la justice, la parole irrévocable. Devant moi, tout genou fléchira, toute langue en fera le serment : Par le seigneur seulement – dira-t-elle de moi – la justice et la force ! Jusqu’à lui viendront couverts de honte, tous ceux qui s’enflammaient contre lui.

Commentaires :

Retourner à Dieu, c’est retourner au cœur de l’Homme. Les exilés se repentiront en marchant vers la Terre Sainte de leur intériorité (leur cœur) ou leur vie sera sanctifiée par la Grâce de l’Esprit Saint. Toute langue se taira pour que les Langues de Feu de l’Esprit Saint éclairent la vie de tous ceux qui demeurent encore dans les ténèbres.

 

 

Saint Clément de Rome  (troisième successeur de Saint Pierre)

Qu’ils sont heureux et admirables, les dons de Dieu, ô bien-aimés ! La vie dans l’immortalité, l’épanouissement dans la justice, la vérité dans la franchise, la foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la sanctification ; et toutes ces choses sont devenues accessibles à notre intelligence ! Quels sont donc les biens préparés par Dieu pour ceux qui l’attendent (cf parabole des vierges sages et des vierges folles). Le Créateur et Père de siècles, le Très-Saint en connaît seul le nombre et la beauté. Luttons donc afin d’être trouvés au nombre de ceux qui l’attendent, afin d’avoir part aux dons qu’il a promis.

Mais comment cela se fera- t-il, bien-aimés ? Si notre esprit est fixé sur Dieu avec foi, si nous recherchons ce qui lui plaît et ce qui lui est agréable, si nous accomplissons ce qui convient à sa volonté irréprochable et si nous suivons le chemin de la vérité, en rejetant loin de nous toute injustice (la crainte de Dieu).

Par lui, le Christ, nous fixons notre regard sur les hauteurs des cieux ; par lui nous contemplons comme en miroir la face immaculée et incomparable de Dieu ; par lui se sont ouverts les yeux de notre cœur ; par lui notre pensée inintelligente et enténébrée  refleurit à la lumière ; par lui, le Maître a voulu nous faire goûter à la connaissance immortelle !

Commentaires :

L’injustice de l’homme tient au seul fait qu’il ne vit pas encore, ou qu’il ne demeure pas au cœur de lui-même. A la vision du cœur, les ténèbres se transforment en lumière pour contempler la multitude et l’infinitude de la Grâce de l’Immaculée Conception : l’Homme ne peut concevoir la Volonté de Dieu ; il est nécessaire pour la vie qu’il en soit réceptacle. C’est à genoux (son humilité) qu’il fera de son cœur la terre fertile de toute spiritualité, c’est-à-dire de tout lien, de toute religion aux autres hommes.

 

Romains (4-    )

Il lui fut accordé d’être juste.

Commentaires :

La Justice ne concerne pas le fait, elle est bien une capacité de l’être.

 

Psaume 84  « Attente du salut »

 » Amour et vérité se rencontrent, Justice et paix s’embrassent; la Vérité germera de la terre et du ciel se penchera la Justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La Justice marchera devant lui et ses pas traceront le chemin… »

Dieu nous enseigne sans cesse le sens véritable des mots amour, vérité, justice, paix. Nous n’aurons jamais fini de découvrir les fruits qu’ils portent sur le chemin de la nécessité de l’être! Avec la Justice, le principe devient acte; et l’acte est principe (sens pour la vie)…Le Principiel (le Principe qui vient du Ciel) est Amour: il est acte générateur et créateur et pas seulement événement.